jeudi 4 novembre 2021

Une chanson de Jacques Higelin (1976) reprise par John Warsen (2021)

Bon, avec vos conneries, on est déjà jeudi, et je n'ai rien de prêt à me mettre sur le blog. En Aout, je voulais faire une reprise guillerette de la chanson d'Higelin "Le courage de vivre", avec des choeurs gospel et des tambourins, traduisant l'allégresse et la légèreté de la fin de chantier de mon infection pulmonaire... j'ai enregistré des voix, quelques guitares molles, mais entretemps, Mohamed Mbougar Sarr a eu le prix Goncourt, et plus question pour les livreurs UberEats de me déposer un choeur gospel à prix coutant devant ma porte, ils ont tous chopé le melon, et puis mon infection, elle est revenue à petits pas, mais maintenant c'est juste une inflammation, vu comment mon système immunitaire a été bidouillé par des codeurs fous pendant mon immunothérapie, elle semble devoir durer presque aussi longtemps que mon système immunitaire me regardera de travers, avec son biais cognitif, le pauvre, et je suis pas encore sorti d'affaire, et je rebouffe des corticoïdes, ce qui pimente un peu ma vie intérieure, qui en novembre aurait tendance à s'étioler comme une plante verte laissée dehors au retour des frimas. 

Certes, c'est pas une excuse pour massacrer Higelin, mais je n'ai pas non plus été très inspiré en découvrant Logic Pro X, le successeur de Garage Band. Depuis le début, cette reprise est allée là où je voulais pas qu'elle aille, comme beaucoup d'autres avant elle, mais elle y est allée quand même, et y'a pas eu moyen de la faire revenir vers sa destination rêvée (le chant d'allégresse, alors que l'original est plutôt ordalique-destroy. Voilà, quand on enregistre on ne triche pas, même si la pratique musicale peut constituer un remède efficace à la mélancolie, et quand on réécoute, on se retrouve dans la Réalité Réelle Ratée, donc je vais recommencer à écouter de la musique et à écrire des bétises, et ça suffira comme ça.

jeudi 28 octobre 2021

Hector Zazou - Strong Currents (2003)

La pochette d'origine, classieuse
(je dis ça pour dissiper toute équivoque)

Il existe deux pochettes pour cet album, l'une assez élégante, l'autre beaucoup moins. C'est un des mystères de l'existence des directeurs artistiques à travers les âges. 

La réédition 6 mois plus tard, augmentée d'un titre
(pochette qui dissipe aussi toute équivoque, mais pas pareil)

Quand j'ai envie de pleurer sans prendre prétexte de réécouter Gérard Manset, j'écoute cet album d'Hector Zazou. Ou si je n'en ai pas l'opportunité, il me suffit de penser à la pochette version "mon cul sur la commode, avec la photo d'Hector mort au mur, et qui ne peut même pas en profiter, vu qu'il est du mauvais côté".
En effet, quand on est mort, la rigidité cadavérique nous interdit de nous retourner pour apprécier une paire de fesses dont nous n'avons pourtant plus l'usage (dans rigidité cadavérique, le mot clé c'est cadavérique, et non rigidité).
Voici un de ses projets les plus mélancoliques, sorte de symphonie trip-hop très 90's, tantôt anémiée, tantôt symphonique, réalisé avec une dizaine de chanteuses souffrant toutes d'une carence en lithium, l'ensemble se révélant d'une mélancolie brouillardeuse à ronger les os. Enfin, c'est l'effet que ça me fait, je ne veux forcer personne à ressentir mes états intérieurs qui sont copyright© moi.
Fragments d'une discographie zazouesque
Un article raisonnablement élogieux
où l'on peut en écouter des extraits, un peu comme à la Fnac quand le vendeur était d'accord pour fendre le cellophane du 33 tours sur la tranche et nous placer dans une cabine d'écoute, ce qui ne nous rajeunit pas.
Un autre
En tout une douzaine de titres souvent vaporeux, langoureux, cafardeux, mais le cafard susurré par une jolie voix féminine c'est quand même mieux que le cafard tout seul, des fois on jurerait entendre Björk, la chanteuse islandaise tellement ravagée qu'elle porte le nom d'un petit déjeuner aux céréales, d'autres fois la pulpeuse chanteuse de Elysian Fields, hé bien non, dans les deux cas on aurait tort. C'est pas elles. Mais on n'a pas peur d'avoir tort, ce qu'il faut craindre c'est le besoin d'avoir raison. 
Il y a sur l'album des chansons plus mortifères que d'autres. Mais le souci constant de Zazou de s'entourer de jolies femmes qui chantent avec suavité les effondrements de l'âme plaide en la faveur de quelqu'un qu'on ne peut vraiment suspecter de détester la vie, même s'il l'a quittée depuis. 
Parti pêcher le maquereau, Hector revint avec de belles morues. 
On pense aux remèdes à la mélancolie énumérés par Ramon Pipin dans Chèque baby chèque : "Je ne chante la solitude qu'entouré de vingt personnes / mes histoires d'amour sont prudes mais à tous les vices je m'adonne / les mélodies du malheur restent ma spécialité / et je mets toute ma ferveur à ne jamais rigoler." Certes, la stratégie d'Hector est plus subtile et n'inclut pas de dimension parodique; encore que, en contemplant la version 2 de la pochette, on puisse avoir des doutes. Et les photos du livret sont signées John B.Root, un pornographe qui eut son heure de gloire dans les milieuxXX autorisés; et alors ? Zazou est mouru en 2008, nous privant de la possibilité de l'interroger à ce sujet; s'est-il moqué du monde ou pas, avec ce trip-hop languide ? Rêvait-il de se taper son aréopage de chanteuses dépressives et mystérieuses, et ne le pouvant, il leur a sublimé des textes et des écrins musicaux pour les y enchâsser ? 
A la longue, la puissance vénéneuse des pièces du disque s'estompe, au profit d'un vague à l'âme complice. Si vous absorbez un champignon moyennement toxique tous les jours, l'effet du poison s'atténue. 
Autre cas : quand vous vivez avec un cancer, que vous apprivoisez, à condition d'être dépisté à temps, et que vous finissez par tutoyer. Si lui commence à vous parler, par contre, n'hésitez pas à consulter votre oncologue. Ou à lui passer Strong Currents. Les textes du disque semblent d'une insondable intimité. L'élégance le dispute-t-elle à la préciosité ? ou lui-colle-t-elle un atémi à la carotide, comme Chuck Norris ratatine Gérard Manset ? La gravité féminine qui nimbe le projet dans son ensemble est un peu intimidante, pour qui n'a jamais su parler aux femmes quand elles étaient en train d'enregistrer, parce qu'elles étaient bien capables de répondre "mais Chut-euh, tu vois pas que j'enregistre, connard ?"
Si l'on s'interroge sans fin, il faut alors scruter d'un oeil rougi par l'anxiété et le manque de sommeil les explications sur la genèse du projet :
qui n'expliquent rien en tout petit, mais évoquent bien le destin de Zazou, passeur.
Il faudrait sans doute fumer quelque chose de plus costaud que du CBD en écoutant ça pour avoir une révélation divine. Mais je ne fume pas de CBD, pour la même raison que je ne mange pas de cassoulet light.

jeudi 21 octobre 2021

Les voix du monde - florilège d'un podcast sans frontières (2021)

Les blogs de chanteurs morts : plus jamais ça !
Contrairement aux blogs de chanteurs morts et de Vénérables Variétés Verdâtres dont d'enthousiastes et cacochymes thuriféraires tentent de répandre les spores et les moisissures au-delà du cercle des aficionados disparus sous la neige à bord de leurs pantoufles à l'heure de la soupe froide à l'Ehpad de Champigny-sur-Morne où ils résidaient en pension complète, blogs qui sont autant d'ouvertures béantes, lépreuses et nécrosées donnant sur le mur décrépit de la prison d'en face, les podcasts de musique du monde peuvent être une formidable fenêtre sur l'ailleurs, un ailleurs vivant et vibrant, et chantant à en perdre Hélène par-dessus le marché, fenêtre à travers laquelle a soudain lieu (ou pas) la rencontre du Tout Autre, au hasard d'un cocktail musical bien frappé. Par exemple, si je suis un vieux mâle européen et que je chante faux, mon Tout Autre musical est une jeune bergère lettone qui fait des trilles dans la prairie comme des perles de rosée, tout en jonglant de l'autre main avec ses moutons sortis du Génie des Alpages. Ou pas.
Un ancien collègue de bureau anime depuis 18 ans (mais en fait de toute éternité) une émission de dépaysement sonore sur une radio rennaise, et confectionne l'air de rien une somme toujours augmentée en forme de magnifique podcast bimensuel au cours duquel il ouvre, tel un Rémy Kolpa Kopoul en chemise hawaïenne, cent mille fenêtres sur cet Ailleurs musical plein de bergères lettones, de Brésiliens déjantés et d'Afghans désappointés mais qui peuvent quand même se ressourcer ailleurs que sur youtube. 


Jean diffuse en léger différé de sa yourte, au Kazakhstan.
L'émetteur radio est alimenté grâce à un groupe électrogène au charbon de bois.

C'est très rafraîchissant. Et on sort du cadre. Celui que nous nous étions tracés pour nous rassurer, ignorants que nous étions qu'il deviendrait notre prison. Mais le griot même pas albinos et pas tellement nègre non plus n'a de cesse d'élargir nos horizons, en nous donnant à entendre le gai tintamarre des voix du monde, bien plus harmonieuses que ce qu'on pourrait croire si on restait frileusement ancré dans la brit-pop des 60's.
Son émission, c'est le contraire des incantations/injonctions à la reviviscence (retour à la vie active de formes vivantes (rotifères, tardigrades, anguillules, ciliés, amibes, mousses, graines, spores) qui étaient entrées en anhydrobiose (vie latente) sous l'effet de la dessiccation) des cultures mortes, puisque les traditions s'y révèlent vigoureuses, métissées, modernes, incarnées, et transnationales. 
Souvent, quand je crois pouvoir apporter de l'inédit, du farfelu voire du savoureux à l'auteur du podcast en question, en lui soumettant mes Tout Autres, comme  Turfu ou encore des Sibériens qui reprennent les Beatles dans un monde post-vergogne, il me dit souvent qu'il connait déjà, m'en sort trois dans la même veine, en mieux, et me rabat mon caquet sans peine, me renvoyant au Pléistocène (la première époque géologique du Quaternaire et l'avant-dernière sur l'échelle des temps géologiques. Elle s'étend de 2,58 millions d'années à 11 700 ans avant le présent), repoussant au loin, entre l'horizon évènementiel de la Réalité Réelle Ratée et les innombrables aux-delàs du Multivers de Grant Morrison les bornes de mon incrédulité sonique, et m'évitant l'enflure d'Ego (qui guette tous les bloggueurs au coin du bois, ne l'oublions pas et restons vigilants). Quand je pense aux aventures de Gérard Manset en Thaïlande, que je n'ai toujours pas lues mais que j'appréhende gravement, je me dis que la curiosité musicale est tout aussi légitime mais beaucoup moins dangereuse pour la santé que la curiosité sexuelle, et bien plus facile à satisfaire !

dans les années 80, on n'avait pas besoin de pass sanitaire pour partir en Turquie en moto.
Mais y'avait pas internet, et on s'y faisait chier un max. (Collection privée de désert)

Le problème de tous ces podcasts musicaux, qui infestent désormais le Web et relèguent les blogs de chanteurs morts au rang de ringardises innommables, c'est le flow des animateurs, qui essayent d'expliquer des trucs entre les morceaux, 
qui imaginent des transitions, qui s'évertuent à fournir l'arrière-plan culturel qui permet de resituer la musique dans son contexte. Un peu comme les vieux geeks sur les blogs de vieux geeks. On s'en lasse. L'arrière-plan culturel, on s'en cogne, on perçoit la musique directement par les chakras. Faites péter les skeuds, et fermez vos gueules, putain. La vie est si courte. Mais si on part à tronçonner leurs podcasts dans un éditeur audio, pour se débarrasser du bla-bla en ne conservant que la partie musicale, on se retrouve comme par enchantement (mais plutôt maléfique, donc ça s'appelle plutôt un sortilège) dans la peau du vieux geek qu'on essayait justement de s'extraire en ouvrant une fenêtre sonore sur le monde. Et les inimitables incantations des auteurs des podcasts finissent par nous manquer, car les échos de leurs voix détimbrées d'érudits mélomanes résonnent encore sur les plages qu'ils nous ont ouvertes, mais leur babil entré dans l’invisible n'a plus rien d'intelligible. 
Ça m'est arrivé avec les podcasts de l'herbe tendreceux de radio vedette, mais pas en écoutant celui de Fabrice Drouel sur l'histoire de Carbone 14. Faut dire que si je tronçonne les podcasts de Fabrice Drouel en enlevant les moments où il parle, il ne  va pas rester grand-chose à écouter. Quelle chance ils ont, pourtant, sur Inter, d'avoir le Pierre Bellemare de sa génération.

Pendant ce temps, en Inde, les enfants sont traités à tour de bras à l'ivermectine
en prévention du Covid, et des milliers de faux villages de Schtroumpfs
hâtivement montés vont pouvoir ouvrir pour contenter les touristes,
qui affluent comme avant-guerre. Gérard Manset a déjà pris son billet.  

J'ai écouté les 8 derniers épisodes du podcast "les voix du monde", soit de juin à septembre, j'ai un peu triché parce qu'il m'avait indiqué une émission spéciale "reprises" qui m'a beaucoup plu, j'ai sélectionné selon ma sensibilité, j'ai agité mes doigts et mes cutters au-dessus des pistes, et je ramène des musiques du monde entier, comme en témoigne la playlist ci-dessous. Au passage, j'ai bien peur d'avoir réinventé fip, sans les fipettes. Mais l'idée, c'est de suivre ces artistes, dont certains habitent près de chez moi malgré l'exotisme supposé de leur musique, et d'aller les voir en concert avant qu'arrive la nouvelle mutation du virus mutant qui nous clouera définitivement dans nos souterrains, pire que dans 10 Cloverfield Lane.  Voilà, vous ne pourrez pas dire que vous n'aurez pas été prévenus.
"Jean, à la technique" comme il se présente sobrement sur sa page d'accueil, est un passeur. Il fait son miel de l'émerveillement muet qu'il suscite auprès des auditeurs qui auront su laisser de côté leur incuriosité pour le temps de l'émission.
Il y a 189 épisodes disponibles en téléchargement. 





article sous licence Loisirs créatifs® avec utilisation raisonnée du clavier bien tempéré.

jeudi 14 octobre 2021

Entendu au Café Death Porc (2021)

A ma grande surprise, c'est surtout des femmes que j'entends par la fenêtre ouverte du café death porc, auquel j'avais jadis innocemment donné rendez-vous sans y avoir jamais mis les pieds, en ignorant qu'il était définitivement fermé.
Les femmes seraient-elles à nouveau l'avenir de l'homme, malgré ce que leur ont fait subir Arago(r)n et Jean Ferrat ? 
Bien qu’elles soient pleines de bonne volonté pour réparer nos bêtises de bipèdes bourrés de testostérone, je ne vois pas comment elles pourraient absorber les Gigatonnes de CO2 émises depuis le début de l’ère industrielle, même en mettant leur bouche en cul de poule et en aspirant très fort avec un bruit d'évier qui se vide. 
Et où les stockeraient-elles ?
Cessons de les idéaliser. Les femmes, on les entend sur le jukeboxe du bistrot, mais c'est rare qu'on les voie au comptoir, si elles ont perdu la liberté de ne pas boire après être devenues alcoolodépendantes, c'est bien fait pour leur gueule elles ne peuvent traîner dans les débits de boisson, ça les rendrait vulnérables à la prédation sexuelle, elles ne sont pas connes, elles vont donc acheter leurs bouteilles au Super U, avec un fort sentiment de honte, et se mettent minables chez elles. 
C'est un peu triste. 
Mais celles qui chantent dans ma compile ont trouvé mieux à faire que d'être accablées par le sentiment de finitude des choses avant même qu'elles aient commencé, et c'est tant mieux pour elles, et pour nous aussi. 
Seul Romain Bouteille, dont le nom l'a protégé toute sa vie de l'alcoolisme, vient casser l'ambiance à la fin du disque en rappelant que toutes choses se défont, comme le plâtre des plafonds. 
Ah non, pardon, ça c'est Gérard Mansué.

"Ta vie s'ra courte et c'est tant mieux
vu comment qu'elle est dure

On perd son temps à finir vieux
pour que ça dure.
Une enfance dans ces climats
à se bouffer les ongles
On n'a pas le coeur à te la
souhaiter longue.
Quand c'est déjà pas folichon
au temps des pirouettes,
Un an de plus sur les nichons
c'est pas la fête.
Mais devant tes jeunes attraits
c'est nous qui sont minables
Supporter ça longtemps serait
pas supportable.
Encore deux trois anniversaires
et tu changeras vite
Tes printemps contre des hivers
on sera quittes
quand ta beauté n'aura plus cours
on verra pour la suite
s'il faut choisir entre l'amour
ou bien la cuite."

Ce qui nous ramène élégamment au café death porc qui jouxte sur babord la salle de réunion des AA et à tribord l'atelier du crabe
Si Gérard Manchot avait connu Romain Bouteille, gageons qu'il se serait fait plus discret. D'autant plus que la voix de Romain Bouteille, comment dire ? 
il faut l'entendre pour la croire.
Merci à l'épatant antiquaire chez qui j'ai trouvé cette perle.
Le reste, je l'ai trouvé dans ma discothèque, et c'est pas mal non plus. Je vais éviter de me remercier publiquement sur mon blog, tant qu'il me reste un peu de décence.



N'ai pas peur de cliquer ! Mon porc n'est pas sale !



jeudi 7 octobre 2021

Lou Reed - New sensations (1984)

La pochette est bien moche, mais en 1984, otages consentants de la presse spécialisée et chair à canon de l'industrie du disque, on ne se laissait pas arrêter par ça, et on écoutait New sensations re-li-gieu-se-ment, et un peu à fond, dans les soirées entre potes croyants et pratiquants, sous le vague prétexte que Lou Reed avait participé à un groupe mythique quinze ans plus tôt, qu'il était parti de rien et revenu de tout, mais qu'est-ce qu'on en savait, et qu'est-ce qu'on y captait ? 
Sa biographie sur wikipedia n'existait pas, et même en déchiffrant les paroles des chansons sur la pochette, ça n'avait pas grand rapport avec la légende vivante du rock qu'il était censé incarner. 
On ignorait alors que si l'attitude rock'n'roll pouvait nous inspirer dans nos démarches au quotidien, comme le premier évêque de France quand il affirme que" le secret de la confession est plus fort que les lois de la République", les promesses du rock ne se réalisaient que pour ses apôtres les plus méritants, et encore plus rarement pour ses consommateurs/usagers ( succès => gloire => obtention de femmes et de drogues en quantités industrielles, bien au-delà de nos capacités d'absorption, et généralement suivies de n-1 divorces et de n-1 cures de sevrage)
Dans les années 80 Lou Reed jouait dans des pubs télés et était bankable. Mais en fait, créativement, il était cuit, c'était la traversée du désert, il clamait sa sobriété et sa nouvelle vie sans faire usage de produits, mais est-ce que c'était si excitant que ça ?
 Est-ce qu'il n'aurait pas mieux fait de mourir d'autre chose, après Berlin ou Rock'n'Roll Animal ? Je n'en sais rien, je n'y étais pas. La semaine dernière, je voulais juste retrouver le son de guitare, d'une saturation parfaite, crade mais propre, du morceau "Turn to me", sur New sensations. 


Manque de bol, je l'ai pas en CD, à la place j'ai acheté "The Blue Mask", (1982) encensé par les hyènes puantes de la critique, mais suffocant de suffisance et d'indigence musicale, je le sais parce que je viens de le réécouter, et que les oreilles m'en tombent. New sensations, je l'ai acheté plus tard, en vinyle, mais pourtant à l'époque je n'avais plus de platine, je ne sais pas ce que j'ai déconné. Je devais avoir la foi, ou être sacrément stoned. Ou les deux. Et pourquoi s'être collectivement entichés d'une icône aussi prétentieuse, sur la foi du fait qu'il avait survécu à des addictions réputées mortelles, dans le bouillon de culture de New York, ville dont les réalités semblaient si éloignées des nôtres ? Encore une histoire de séduction par la posture. Aujourd'hui, les témoignages concordent pour décrire Lou Reed comme un effroyable connard, dans tous les domaines de sa vie. Quelle idée d'avoir pris pour idole un type prédestiné à rejoindre le paradis des enculés alcooliques, plutôt que Schopenhauer, le Dalaï-Lama ou encore Hubert-Félix Thiéfaine ? Bêtise de jeunesse lourde de conséquences. Il n'est jamais trop tard pour refaire ses choix, mais des fois il est tard, quand même. Tant pis.

Concernant New sensations, j'ai trouvé toutes les raisons de me réjouir de mes préférences (rances) contre les rock critiques (tics), sur le site d'utilisateurs rateyourmusic, qui venge le public des enfumages des mélomanes assermentés par leur rédacteur en chef.
Les chansons sont simples, entrainantes et émouvantes, il y a un plaisir de jouer, c'est le Lou Reed sans rides, léger. Et le bassiste est absolument génial.



jeudi 30 septembre 2021

The Police - Flexible Strategies (2018)

Que penser de cet album tardif, dans le Landerneau de la bavure Policière ?
Il y a ceux qui aiment le Police première manière, des punks à peine dégrossis, qui rentrent chez vous sans mandat, avec une brillance et une énergie contagieuses, même avec le masque. Ils retrouveront avec avidité trois faces B de quarante-cinq tours de leurs débuts, les trois premiers titres de cette compilation de raretés. 

Rien que l'expression "face B de 45 Tours", on peut s'en gargariser encore un moment, comme d'une langue morte, mais le mieux c'est encore de les écouter nous délivrer leur message en provenance d'un glorieux passé, elles résidaient sur les faces cachées des singles suivants : 'Can't Stand Losing You'  - 'Message In A Bottle' - 'Walking On The Moon' - entre Septembre 1978 et Novembre 1979.
Le reste des pièces à conviction est plus embarrassant, exhumé des dossiers officiels de l'Histoire de la Police, beaucoup plus convenue, le troisième album m'avait fâché, avec son odeur de soupe froide et de pétard mouillé, et ça fait des grand SLLûûûûrrrp, et Doo doo doo et da da daa, je n'ai pas craché dedans, j'éprouvais encore de la gratitude sous le dépit, après être allé acheter le vinyle de Regatta de Blanc au Mammouth de Palavas-les-Flots en vélo, tellement j’en pouvais plus d’attendre sa sortie, chauffé à blanc par un article dans Rock & Folk, 22 km aller-retour, et qui irait faire ça aujourd'hui ? On n'est pas sérieux quand on a 17 ans. A la première écoute, le disque me sembla chouette, bien que beaucoup plus élaboré que Outlandos d’Amour, mais je me rappelle surtout du plaisir de rentrer du Mammouth en vélo avec la précieuse promesse de bonheur musical sous le blouson, en essayant de ne pas l’abîmer. Un vinyle de 30 cm de côté, c’est pas facile à ne pas écorner, sous un blouson. Anyway, la Police a suivi son cours, les suspects ont coulé sous les ponts, je ne suis pas resté à attendre une hypothétique amélioration, la tolérance, y'a des maisons pour ça, mais je réécoute leurs deux premiers disques avec plaisir quand ça se présente. 
On n'a que la joie qu'on se donne.

samedi 25 septembre 2021

Gérard Manset - Royaume de Siam (1979)

Je n'aime pas du tout ce disque, hormis le titre qui ouvre l'album. Complaisance, prétention, facilités d'écriture et médiocrité des arrangements s'y donnent gaiement la main. Mais il y a quarante ans, je ne disais pas ça. Et sans celui-ci, il n'y aurait peut-être pas eu celui d'après, "l'atelier du crabe". Et j'ai mis quelques semaines à trouver des versions correctes des fichiers (il circule partout une version 160 kbps trop aiguë.) Et Gérard l'a mis au pilon, toutes les versions postérieures à 1983 sont tronquées, avec des titres empruntés à d'autres albums. Donc il doit quand même y avoir quelque chose de bon dedans.


https://www.mediafire.com/file/26tfphereqn43np/GM_1979_RdS.zip/file

jeudi 23 septembre 2021

Brigitte Fontaine & Areski Belkacem - Vous et nous (1977)

Dans Schnock, somptueuse revue de vioques qui parle aux vioques de trucs de vioques, périmés, obsolètes, caduques et surannés, les rédacteurs évoquent souvent avec malice des oeuvres artistiques (cinéma, musique, littérature) très recommandables, mais disparu(e)s depuis belle lurette des rayons de la Fnac. Je les suspecte d'y prendre un malin plaisir, genre " nous on les a, nananère, et pas toi, nanana." Bref. L'article de Schnock (dans le n° 39) consacré à Areski et Fontaine m'a rappelé leur disque de 1977, que je n'avais pas vraiment écouté à l'époque :



A l'époque, on les traitait de doux dingues. Musicalement, l'amalgame était vite fait. Claude Villers et/ou Jean-Louis Foulquier les passaient un peu sur Inter, surtout le "Vous et nous" qui donne son titre à l'album. Mais j'en garde un faux souvenir avec sitar et tablas, alors méfions-nous. Et l'époque était plus tolérante avec les loufs qu'aujourd'hui, ou alors il faut afficher une certaine radicalité exacerbée. Quarante-cinq ans plus tard, leurs chansons resplendissent en divergence, encore et encore, pour reprendre une expression entendue dans un disque pirate tout mal enregistré de Robert Fripp à l'époque où il glissait des fragments de l'enseignement de Gurdjeff dedans. Mais l'époque était plus tolérante qu'aujourd'hui.(1)
Nonobstant mon incessant babil, je voulus derechef réentendre l'album de Fontaine & Areski. Ce ne fut pas facile, même sur les serveurs russes farcis d' Ebola. 
Le voici déniché en écoute gratuite et à l'achat payant :

https://store.kythibong.org/album/vous-et-nous

Merci Internet, de rendre tout cela possible. L'époque était plus tolérante, mais y'avait pas Internet. C'est fromage ou dessert. Maintenant que j'y pense, faut que je vous dise, c'est un disque difficile à écouter. Exigeant. Eprouvant. On ne peut pas faire grand chose d'autre en même temps, contrairement à Steve Roach. Les textes, leur interprétation, les orchestrations, tout réclame une attention extrême. Il y a du gauchisme vintage, du féminisme outré, du rap préhistorique, limite situationniste, de la radicalité travestie en sagesse, de la déconne intransigeante, des comptines avec guitares en bois faussement hippies, pleines de chausses-trappes, de ce faux folk qui sera toujours d'avant-garde, et du mysticisme en fiches pratiques, encore mieux que comme s'il en pleuvait au rayon spiritualité vivante & développement personnel de la Fnac : "Oublie d'avoir raison et tu comprendras tout / Perds un peu ta raison / Tu ne perdras que ta prison" (Patriarcat). J'aimerais bien revenir en 77 pour élargir ma conscience cosmique en direct, là c'est un peu tard.
_________________________
(1)Oooh punaise, je viens de le retrouver, et y'avait aussi David Byrne dans le coup. David, laisse-moi te dire que ton concert filmé l'an dernier par Spike Lee dans une petite salle de New York est magnifique, et suscite un enthousiasme qu'on croyait englouti avec le GIEC et la pandémie. Je retire tout ce que j'ai dit sur l'époque. Ton concert sera d'ailleurs chroniqué dans Schnock n° 3956, à paraitre en 2277.

jeudi 16 septembre 2021

[Repost] Gérard Manset - l'atelier du crabe (1980)

24/09/2009

Tous les matins, le boss arrive le premier au bureau.
Sinon, c'est pas un bon boss.
J'ai ressorti ma platine vinyle, et à l'aide d'un simple câble minijack / cinch, du logiciel audacity et d'un peu de bon sens, j'ai rippé un vieux Manset de derrière les fagots. Peut-être son moins pire, empreint d'une certaine sobriété malgré le fil du rasoir de la complaisance... enfin bref, Manset selon la formule consacrée on aime ou on déteste, et que dire de ceux qui s'en moquent, en tout cas celui-ci me semble plus réussi (parce que plus léger) que beaucoup d'autres, on le devine même sourire sur le titre "l'atelier du crabe", ce qui est assez improbable... 
Des chansons comme Manteau rouge ou Les rendez-vous d'automne représentent peut-être la quintessence de son art fait d'angoisse existentielle ritualisée et traduite en lancinantes ritournelles. Et Marin'bar aurait pu être chantée par Julien Clerc, autre chèvre célèbre, bien que broutant dans une autre cour. Images mentales bien construites, arrangements dignes et implacables... Réjouissez-vous !

[Edit] 17/05/2014
Ils ont l'air contents. On dirait presque
qu'ils y ont pris du plaisir !

J'ai écouté son dernier ralbome d'auto-reprises, je n'en attendais rien, ben j'ai pas été déçu. Mais bon, il a bien le droit à la redite, ou à mutiler son oeuvre, il est Seigneur en son château comme chacun d'entre nouille. Ah, tiens, trente ans plus tard, il rajoute deux petits vers inédits et bien inutiles à "Manteau Rouge", poussant ma verson vers le collector.
M'enfin, il n'y a plus guère que cette ispice di counasse de Pascale Clarke qui se pâme d'aise quand elle l'invite en studio et qu'il condescend à répondre à ses questions de midinette.
Et pourtant, Manset on y revient, car on peut tout à fait l'aimer et le détester en même temps, et parler de lui c'est parler de nous. Je vous épargnerai pourtant ma conférence "Connaissance immonde" pour aujourd'hui parce que je sens bien que tout ce que je pourrais dire de pas sympa me reviendra dans la figure par la loi du karma, et qu'au fond cet album plutôt léger et guilleret se bonifie avec le temps. Mais si on ne s'est pas fait des nœuds dans la tête avec les chansons de Gérard quand on était petit, il est sans doute un peu tard pour commencer.
http://www72.zippyshare.com/v/90716229/file.html

[Edit] 08/06/2014

Jeepeedee a rippé tous les vinyls originaux ici :
http://jeepeedee.blogspot.fr/2014/06/gerard-mansetvu-ca.html
Ca durera ce que ça durera.
Moins longtemps que les impôts sans doute.

[Edit & Repost] 16/09/2021
Pulls jacquart et guitares demi-caisse...la classe à Dallas !
C'était l'bon temps. Et dans le studio d'enregistrement, 
le masque restait sur le mur !

Quand on reposte un article déjà reposté, on devrait pouvoir inscrire "Repost2" dans le titre, mais ça fait tout péter l'interface. Tant pis. La semaine dernière, j'ai tenté de faire écouter du Manset à quelqu'un qui en ignorait tout, et que je ne connais que par internet, c'est à dire pas très bien du tout. Dans ce cas, il vaut mieux y aller mollo, sauf quand on est en crise hypomaniaque et qu'on passe à l'ouest du sens des nuances, et alors là, priez pour que votre femme ne vous chope pas derrière votre ordi en train d'écrire des conneries impliquées à des inconnus. Je disais simplement à cette personne comme ça me venait que Gérard Manset, c’est l’équivalent d’un test PCR anti-dépression : si tu n’es pas mise à bas en l’écoutant, tu ne seras jamais dépressive. Et du coup, tu n’as pas besoin de vaccin. Tu génères assez d'anticorps. C'était un peu fallacieux, comme argument. J'avoue. Limite antivax. Personnellement, je l’appelle Gérard Manchié, mais c’est parce que je l’ai beaucoup écouté, à un âge où ça rentrait comme dans du beurre, et le beurre dans le kouign amann. Soyons sérieux : le kouign amann n'a jamais rendu quiconque dépressif. Mais du coup m'est reviendu l'Atelier du Crabe, cet album atypique, pas du tout déprimant, à part peut-être "les Rendez-vous d'Automne" qui enfile des images vertigineusement angoissées et qui file des métaphores relatives à une apocalypse que le protagoniste sent venir sans pouvoir ni lui donner corps ni s'en défaire, comme dans le film "Take Shelter", disque léger, alors que tant d'autres du Maître semblent enregistrés sur Jupiter, ou au coeur d'un trou noir dont même la lumière ne peut s'échapper tant la gravité y est forte, disque postérieurement renié, mutilé, par Gégé-la-Saumure, l'alter ego décati-vieillissant de Gérard, son Gainsbarre, disque démembré comme beaucoup d'autres, dont il ne subsiste dans l'Histoire Réécrite par Gégé qu'une " version reconstituée tirée du coffret MansetLandia 2016. Version remixée, des paroles gommées (Automne), Manset relit au lance-flamme sa période 1970 - 1983 dont seul Orion sort indemne. À l' instar d' Yves Simon qui rejette sa période 1967 - 1971, Manset ne s' intéresse et ne respecte ses parutions qu' à partir de Matrice. La technique remplace la création originale. Regrets et gâchis."
C'est un commentaire utilisateur par celui qui l'a mis en ligne sur un fofo bittorent, du coup je n'ose même pas la télécharger, ça sert au moins à ça.
Concernant cette ressortie du frigo des originaux de l'atelier du crabe, que dire ? d'habitude, quand on met un crabe au frigo, ça pue, hier j'ai mangé une araignée de mer qui y séjournait depuis dimanche, franchement j'ai failli ravaler mon pass sanitaire et ma femme était grave incommodée par l'odeur, alors que là, non, tout l'album reste d'une insoupçonnable fraicheur, dense mais toujours élégant
Marin'Bar dresse le portrait flatteur d'une splendide gamine, dans un pays exotique non précisé, portrait à la fois équivoque et sans aucune arrière-pensée. Et en plus, c'est une chanson enjouée. Thème et traitement à cent mille lieux des obsessions coutumières du monsieur. On est ici deux ans avant un an après Royaume de Siam, chanson pleine de déférence envers le caractère opiniâtre et résilient des habitants de la Thaïlande, sans doute la meilleure période de ce monsieur Manset qui se ballade alors beaucoup à l'extrême-étranger, avec nos sous, à l'époque où nous achetions ses disques étonnants, avant que de devenir un odieux connard et de saloper son oeuvre passée avec des remix de merde.
De toute façon, qu'est-ce qu'on en a à braire, que Warsen écoute un vieux Manset et le trouve moins pénible que les autres ? Il mourra moins bête, mais il mourra quand même


Et pendant ce temps, que devient Gérard Manset ?
Des fois, y vaut mieux pas savoir.
Faudrait pas que ça grandisse.

jeudi 2 septembre 2021

Le petit Steve Roach illustré : Une année 2020

Stillpoint (2020)

Overdose de vagues de sérénité en suspension pour $12.99, frais de port en sus. Tout cela est bien monotone, et finit par se révéler anxiogène face aux vagues successives de Covid_19, tout aussi insistantes à nous léchouiller les arpions quand les variants se grimpent dessus, se tirent à la courte paille et se font la courte échelle pour bouter l'Humain hors de la surface de la Terre, puisqu'aucun arrangement n'a pu être trouvé entre Gaïa et ses amants désunis. Le second cédé est plus intéressant en termes d’harmoniques et d’intensité, même si y’a pas d’quoi, en signe de joie, se passer les paupières à la crème de chester avec une tringle à rideau de fer. (Pierre Dac)


(3/5)
https://steveroach.bandcamp.com/album/stillpoint

Quiet Music 1/2/3
 35th Anniversary Remastered 3-Hour Collection (2020)

Joan Cornellà
La précédente rediffusion de la série Quiet Music ne date que de 2011.
En 2020 parait pourtant une version Telephone Explosion (Vinyl) de l'hommage( appuyé) que voulait rendre Steve au ... silence en 1986, sous la forme de trois cassettes audio. Consacrer tant de disques au silence, ça m'évoque une remarque assez juste de mon père sur "les bibliothèques entières qui ont été écrites sur les vertus de la prière." Et si je lui envoyais le disque, à Papounet ? En termes de contenu, si je compare les noms des  morceaux et leur durée, ils varient fort peu d'une réédition à l'autre, malgré les dénégations du service marketing qui vante les subtiles variations, troncatures et extensions des sorties successives. Honte à eux. Héry et moi avons de longue date proclamé l'insipidité de cette série. On va pas non plus se mettre la rate au court-bouillon devant cet hommage raté au silence. Mes blogs sont tout entiers un hommage raté au silence. Sauf quand je m'y tais.

(0/5)



The Sky Opens (2020)

Les grands succès du Maitre revisités en concert dans une église méthodiste de Pasadena. Les églises ont toujours réussi à Steve Roach.
Le premier cédé se caractérise par des pièces amples, placides comme un lac de montagne, comme ce Structures From Silence beaucoup entendu à travers ses incarnations successives ces dernières années, mais franchement, on ne s'en lasse pas. Qui se lasserait d'un lac de montagne, même si ses fenêtres donnaient sur icelui ?
Second Cédé : largement en dessous de tout ce que j'ai pu entendre dans le même genre (les live de 2011 à 2013), pour moi c'est l'album public à l'église du canyon  du coin de trop, celui du moins-disant culturel. En tout cas, je suis loin d'être transporté. Alors soit il cesse de produire des disques, soit je cesse de les écouter, mais il est temps d'en finir.

(2/5)


https://steveroach.bandcamp.com/album/the-sky-opens



Nectar Meditation (2020)

avec Serena Gabriel

Une collaboration avec une femme. Serena Gabriel (harmonium, voix, clochettes tibétaines et balayage du temple quand tout le monde est parti). C'est si rare qu'on se dit qu'il va y avoir du sang neuf dans l'astronef. Hélas, pendant 74 minutes, des masses nuageuses générées par l'harmonioume s'accumulent mais surtout se répètent dans le coin supérieur gauche de l'écran, vaguement épaulées par une pulsation tribale distante, mais qui reste à portée de biniou. Même la veillée funèbre de Nusrat Fatih Al Khan a dû être un peu plus enjouée que ça. La situation climatique n'évolue guère. C'est peut-être un disque à passer à bas volume en surveillant son curry de poulet vegan en train de bouillonner dans le caquelon de la tante Meera. Quand on pique du nez, bien avant la fin du disque, tante Meera nous envoie un petit coup de clochettes tibétaines, nous invitant à quitter notre transe, ou à y entrer, mais ça reste un effet d’annonce. Dommage.

(2/5)


https://steveroach.bandcamp.com/album/nectar-meditation


POV2 : The Case For Square Waves While Searching For Happy Accidents (2020)

avec Peter Grenader et Miles Richmond

Inattendue, une triangulaire, avec de vrais instruments. On reconnait des guitares, et plein de sons qu'on ne reconnait pas.
On est ici dans le registre d'une certaine placidité, ouatée et bienveillante. Avec tout qui est un peu déphasé, je veux dire avec des échos qui semblent provenir du futur, comme dans Tenet mais en moins prise de tête.
Southwestern Businessmans's Association réinvente presque les Frippertronics. Hattusha encore plus. On est dans l'expérientiel, entre potes, comme l'indique le titre de l'oeuvre : Le cas des vagues carrées lors de la recherche d'accidents heureux.
"L'idée maîtresse de POV était de sculpter un paysage sonore multitimbral forgé à partir d'une confluence de sources sonores.(..) Ultimement, c'est à propos de la musique elle-même. Le point de vue fourni ici est le vôtre, ouvert à une myriade d'interprétations."
Avec ça, si la mutuelle nous rembourse pas, c'est à désespérer.

(2/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/pov2-the-case-for-square-waves-while-searching-for-happy-accidents



A Soul Ascends (2020)


Très contemplatif. Ca c'est sûr, madame Chaussure. Mais j'ai dépassé depuis trop longtemps la dose de trop. Je deviens allergique à ce minimalisme, que je trouve à présent d'un mortel ennui. Mon blog aussi, mais lui c'est une tombe, il s'en fout. Je suis néanmoins perdu pour la cause.

(1/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/a-soul-ascends





Timeroom Livestream 8 - 22 - 2020 (2020)


Sortie directe de la table de mixage du premier concert en direct depuis la Timeroom (le home-studio de Steve chez lui). Une demi-heure assez placide, jumelée avec une vidéo qui dévoile le faisage de la création : un gros plan des vieilles mains toutes burinées de Steve, pleines de ses doigts calleux, à force d'avoir sculpté tant de dièzes et tordu de bémols, ses grosses mains qui pèsent le poids discographique d'une bonne moitié de l'histoire de l'ambient music, que la caméra suit amoureusement en train d’effleurer les batteries de clavier disposées dans la Timeroom pour en extraire le suc de l'ambient-qui-flotte, tout calme et tintinnabulant ; ça commence à 4:35 sur la vidéo.
https://www.youtube.com/watch?v=fkOKOPQUU4Q
(3/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/timeroom-livestream-8-22-2020



Tomorrow (2020)


Des séquenceurs chromés et rutilants, avides d'aspirer tout l’espace sonore, déroulent leurs volutes harmoniques, tantôt cristallins, tantôt suffocants, engendrant la sensation acoustique du déjà vu, trop entendu. Je crois que je suis devenu allergique à Steve. Mais au moment où je m’apprête à fondre en larmes sur ma médiocrité d’écoutant blasé si chèrement acquise, l’océan des arpèges retire ses vagues et révèle la plage miroitante de HeartBreath à marée basse, suffocante de sérendipité, cristalline et ruisselante comme si Chloé et Hiromi venaient de faire pipi dessus, et alors là c’est tout de suite plaisant, serein, et carrément magique, comme une crème de jour passée à la tombée de la nuit. Où se cachait le magicien qui se révèle soudain ici ? La piste rachète le disque, et moi aussi.

(4/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/tomorrow


LiveStream 09 26 2020 The Desert Eternal


Les plus grands succès du cowboy solitaire de l’ambient atmosphérique exécutés « live » depuis son studio de l’Arizona. Au début, les pièces (extraites de Structures From Silence et de Dreamtime Return) sont chiches en oxygène et en cliffhangers : on est dans la nappe synthétique anaérobie méditative anxiogène de base.
A partir de Prometheus Rising, une section rythmique vient raffermir notre attention défaillante, toute en vrombissements, stridulations et criquètements. Des entités caverneuses affligées de gros problèmes respiratoires font de fugaces apparitions, faisant disparaitre à notre vue les membres de l’assistance. Et là, l'univers bascule : soudain, l'irruption de la vie dans la morne plaine pulvérulente. Bien sûr, ces séquences insectoïdes en évoquent très fortement d’autres, dont elles sont issues et dont on peine à retrouver le nom et la source, tant la discographie est labyrinthique et protéiforme, mais qu’importe ? On baigne dans une inquiétante étrangeté, et c’était le but. La section rythmique ectoplasmique nous escorte pendant le reste de la performance, plutôt variée, explorant les versants amont et aval du tourisme chamanique, avec didgeridoo et tout le tremblement (qu’on appelle « vibrations telluriques » dans le jargon new age), on peut parler de « rétrospective » à prix malin. Rien qu’on n’ait déjà entendu sous une forme ou une autre, mais rien d’inaudible non plus.

(3/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/livestream-09-26-2020-the-desert-eternal

Remembrance in Waves (2020)

avec Serena Gabriel

Nouvelle collaboration avec Serena Gabriel. Au début on entend sa jolie voix spatiale s'étirant dans l'éther.
L’aspect solennel de la pièce, de la part d'un duo peu porté sur la gaudriole, provient de son inspiration :
"Cette pièce a été créée à la mémoire de tous ceux qui ont honoré nos vies, sont passés de l'autre côté et dont la présence reste si profondément ancrée en nous." 
Vu de ma fenêtre, c'est une performance live à la gloire des morts, c'est pas mal pour clouter ce mémorial.
La vidéo est visible sur la chaine youtube de steve.
C’est pas mal, mais c’est un peu court, du coup.

(3,5/5)


Live at Ambicon (2020)

Pour une surprise, ça c'est une surprise : un concert de 2013 qu'on ne peut pas écouter sur bandcamp sans être abonné à la chaine des adorateurs de Steve ($10 par mois), mais qu'on peut voir sur Youtube.
Comme ça on peut envoyer $10 en Ukraine, au Soudan ou ailleurs, où ils feront plus de bien. Une exclu bandcamp, donc, mais aussi un concentré d'excellent raccourci de ce que Steve propose en concert ces derniers temps, en attendant les Temps Derniers.
(4/5)

https://steveroachexclusive.bandcamp.com/album/live-at-ambicon