La pochette est bien moche, mais en 1984, otages consentants de la presse spécialisée et chair à canon de l'industrie du disque, on ne se laissait pas arrêter par ça, et on écoutait New sensations re-li-gieu-se-ment, et un peu à fond, dans les soirées entre potes croyants et pratiquants, sous le vague prétexte que Lou Reed avait participé à un groupe mythique quinze ans plus tôt, qu'il était parti de rien et revenu de tout, mais qu'est-ce qu'on en savait, et qu'est-ce qu'on y captait ?
Sa biographie sur wikipedia n'existait pas, et même en déchiffrant les paroles des chansons sur la pochette, ça n'avait pas grand rapport avec la légende vivante du rock qu'il était censé incarner.
On ignorait alors que si l'attitude rock'n'roll pouvait nous inspirer dans nos démarches au quotidien, comme le premier évêque de France quand il affirme que" le secret de la confession est plus fort que les lois de la République", les promesses du rock ne se réalisaient que pour ses apôtres les plus méritants, et encore plus rarement pour ses consommateurs/usagers ( succès => gloire => obtention de femmes et de drogues en quantités industrielles, bien au-delà de nos capacités d'absorption, et généralement suivies de n-1 divorces et de n-1 cures de sevrage).
Dans les années 80 Lou Reed jouait dans des pubs télés et était bankable. Mais en fait, créativement, il était cuit, c'était la traversée du désert, il clamait sa sobriété et sa nouvelle vie sans faire usage de produits, mais est-ce que c'était si excitant que ça ?
Est-ce qu'il n'aurait pas mieux fait de mourir d'autre chose, après Berlin ou Rock'n'Roll Animal ? Je n'en sais rien, je n'y étais pas. La semaine dernière, je voulais juste retrouver le son de guitare, d'une saturation parfaite, crade mais propre, du morceau "Turn to me", sur New sensations.
Manque de bol, je l'ai pas en CD, à la place j'ai acheté "The Blue Mask", (1982) encensé par les hyènes puantes de la critique, mais suffocant de suffisance et d'indigence musicale, je le sais parce que je viens de le réécouter, et que les oreilles m'en tombent. New sensations, je l'ai acheté plus tard, en vinyle, mais pourtant à l'époque je n'avais plus de platine, je ne sais pas ce que j'ai déconné. Je devais avoir la foi, ou être sacrément stoned. Ou les deux. Et pourquoi s'être collectivement entichés d'une icône aussi prétentieuse, sur la foi du fait qu'il avait survécu à des addictions réputées mortelles, dans le bouillon de culture de New York, ville dont les réalités semblaient si éloignées des nôtres ? Encore une histoire de séduction par la posture. Aujourd'hui, les témoignages concordent pour décrire Lou Reed comme un effroyable connard, dans tous les domaines de sa vie. Quelle idée d'avoir pris pour idole un type prédestiné à rejoindre le paradis des enculés alcooliques, plutôt que Schopenhauer, le Dalaï-Lama ou encore Hubert-Félix Thiéfaine ? Bêtise de jeunesse lourde de conséquences. Il n'est jamais trop tard pour refaire ses choix, mais des fois il est tard, quand même. Tant pis.
Concernant New sensations, j'ai trouvé toutes les raisons de me réjouir de mes préférences (rances) contre les rock critiques (tics), sur le site d'utilisateurs rateyourmusic, qui venge le public des enfumages des mélomanes assermentés par leur rédacteur en chef.
Les chansons sont simples, entrainantes et émouvantes, il y a un plaisir de jouer, c'est le Lou Reed sans rides, léger. Et le bassiste est absolument génial.
Il aimait faire des pompes avant de passer sur scène et je me rappelle d’une interview dans Rock’n Folk où il déclarait qu’il aimait Abba pour son sens mélodique, ce que le journaliste avait du mal à avaler.
RépondreSupprimerÀ part son fameux album, je n’ai pas vraiment écouté et le Velvet ne m’aurait jamais l’idée de créer un groupe de rock. En même temps, les drogues et moi…
Il a aussi fait mieux après que Blue mask et New Sensation... New York, Songs for drella et même Magic and Loss que j'ai trop écouté... ensuite je ne déteste pas Ecstasy et Set the Twilight reeling contrairement à Lulu, franchement aller chercher metallica quelle idée?
RépondreSupprimerPas besoin d'avoir été droguiste pour avoir chacun "son fameux album" de Lou Raide. J'aurais du mal à me familiariser maintenant avec des albums de lui non-écoutés dans le passé. Déjà que je l'écoutais pour de mauvaises raisons, comme je l'explique au début de l'article.
RépondreSupprimerHier au bureau j'ai découvert quelqu'un qui était en train de scanner toute sa collection de Rock & Folk des années 70. Je ne suis pas sorti d'affaire.
Entièrement d'accord avec toi, est-ce en rapport avec une certaine nostalgie, sûrement vrai pour moi.
SupprimerOh, coney island baby forever...
Thierry
Attention à l'attachement à des chansons concernant des gonzesses qui n'ont peut-être même pas existé, sinon dans l'imagination de monsieur Reed, le Yves Montand du Nouillorque des années 60.
Supprimer;-))))
Le lien de l'attachement pend dans le vide.
https://johnwarsen.blogspot.com/2008/06/interruption-de-linterlude-virtuel.html
(Hors propos)
RépondreSupprimerJe viens de trouver le blog de ton petit frère .. Le sanctuaire des tombes (traduction française) ..
Ce garçon semble avoir une appétence pour le métal et les crânes. Dieu nous en préserve.
RépondreSupprimerAuriez-vous un don divinatoire ?
RépondreSupprimerLe feuilleton radio de 20h de France Culture est consacré à cette tête de lard de Lou Reed.
Et tout à fait d'accord sur "Blue Mask" qu'il faut oublier à jamais.
J.
Ah merci, je vais essayer de l'écouter pour voir si j'ai pas dit trop de bétises, en dissociant l'homme de l'oeuvre. Et sinon, je les attaquerai pour plagiat.
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