dimanche 29 août 2021

Hector Zazou - Chansons des Mers Froides (1995)

Hector Zazou (1948-2008), musicien et compositeur français.


« Les Anglais ont Peter Gabriel, les Américains David Byrne, les Français Hector Zazou » 
Jean-François Bizot

« A chacun ses ennuis. Nixon a l’affaire du Watergate, et moi je vais mourir. »  
Georges Pompidou
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Message de sa maison de disques suite à son décès
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Chers amis,
Nous vous annonçons avec une infinie tristesse que Hector Zazou nous a quittés le 8 septembre 2008 à Paris, dans sa soixantième année, à la veille de la parution d’un nouvel album enregistré en Inde (In The House Of Mirrors).
Explorateur fasciné des musiques du monde, pionnier des expérimentations électroniques, amoureux des voix féminines et des quatuors à cordes, arrangeur délicat et amateur de rock décalé, Hector Zazou n’a cessé de surprendre à chaque nouvel album, naviguant entre les genres pour créer les mélanges les plus subtils.
En témoigne une discographie riche d’albums originaux et souvent précurseurs, tels que Barricades 3 (1976,avec Joseph Racaille), Noir et Blanc (l’album qui posa les bases de la fusion afro-électronique,
enregistré en 1983, avec le chanteur congolais Bony Bikaye), Les Nouvelles Polyphonies Corses (lauréat d’une Victoire de la Musique en 1992), Chansons des Mers Froides (1994, avec Björk, Suzanne Vega, Siouxsie), Lights In The Dark (1998, avec Brendan Perry, Ryuichi Sakamoto, Peter Gabriel) et une quinzaine d’autres, qui lui confèrent une place de premier plan sur la scène internationale.
Réalisateur sollicité, il a entre autre travaillé avec les chanteuses Yungchen Lhamo (Tibet), Sevara Nazarkhan (Ouzbékistan) et Laurence Revey (Suisse), avec le flûtiste galicien Carlos Nuñez ou avec le groupe italien PGR.
Musicien respecté par ses pairs, il a collaboré avec Jon Hassell, Manu Dibango, John Cale, Harold Budd, Brian Eno, Peter Buck, Bill Rieflin, Nils Petter Molvaer, Laurie Anderson, Lisa Germano, David Sylvian, Jane Birkin, Lisa Gerrard, Asia Argento, Gérard Depardieu...
Crammed Discs a eu le bonheur d’entretenir une longue relation amicale et productive avec Hector Zazou, depuis le début des années 80, qui a donné lieu à la production et la publication de dix de ses albums. Le onzième est ‘In The House Of Mirrors’, un disque merveilleux et malheureusement posthume, qui paraîtra le 6 octobre. Nous nous associons à sa famille et à ses proches en ce moment de deuil..
Il nous manque déjà terriblement.

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Nous avons aussi reçu un message de John Warsen.

"Je suis ravi de la découverte de cet artiste en feuilletant un catalogue Crammed Discs à partir d'un article du webzine Rythmes croisés. Hector nous a quittés mais sa musique est vivante à chaque fois que je l'écoute. Cet homme a enregistré de quoi m'esbaubir pendant plusieurs vies. J'ai essayé d'acquérir "Chansons des Mers Froides" auprès de différents fournisseurs légaux, je ne l'ai trouvé nulle part. Qu'à cela ne tienne. Je l'ai pris sur un serveur russe, et le dépose ci-dessous, pour la joie du partage. C'est vraiment magnifique. Dès que je le retrouve au catalogue de quelqu'un, je l'achète. Et je vais en acheter plein d'autres en attendant. Et de toutes façons, je n'ai pas à me justifier auprès de mes lecteurs."

https://www.mediafire.com/file/7farord6j4j9kb6/HZ_SFTCS.zip/file

des liens pour en savoir plus :


https://www.takticmusic.com/portfolio-item/hector-zazou-2

http://www.crammed.be/index.php?id=34&art_id=62

https://crammed.greedbag.com/hectorzazou/

un lien pour en savoir moins :

https://www.youtube.com/channel/UClaa_CwoQEmSo9Mb_M1f91g

jeudi 26 août 2021

Le petit Steve Roach illustré : Une année 2019

Trance Archeology (2019)

Ca part un peu dans tous les sens, car il se livre ici un combat souterrain entre plusieurs factions de la musique qui rend nigaud. "Je suis continuellement fasciné", révèle Steve dans Jours de Trance, "par la juxtaposition du rythme et de l'atmosphère, de l'espace et du lieu. C'est le contrepoint entre les métagrooves psychoactives et la nourriture diaphane et immersive des zones texturales."
La nourriture diaphane et immersive des zones texturales, je sais pas trop, mais les métagrooves psychoactives où je suis bringuebalé dans une rame de métro délabrée qui parcourt le gros intestin du Grand Cthulhu en me secouant à mort tandis que je tente de relire les Invisibles de Grant Morrison en v.o. assis sur un strapontin cassé, en ayant hâte d’être sorti du boyau puant et regrettant amèrement l’achat de ma carte orange trois zones… oui, ça j’ai bien capté. Ça me parle.
Sans doute que tout cela fusionne, s’emboite et s’auto-engendre chaotiquement dans la plus grande harmonie cosmique et le respect des Anciens, Grands et Petits, les éléments se combinant sans que j’aie à m’en soucier pour ouvrir un sens hyperréel du moment. Comme quand le Vidéodrome de Cronenberg vous apparait comme un pamphlet absolument prophétique sur les effets mortifères de la pornographie qui crève le plafond de verre du cinéma de genre. Concernant les boyaux de Cthulhu parcourus à bord de ma carte orange trois zones, y’a des moments un peu pénibles, et d’autres plus plaisants. C’est toujours la même rengaine, on aimerait prolonger les seconds et voir disparaître les premiers, mais les lois de la thermodynamique et de l’impermanence ne sauraient le permettre. Houellebecq Akbar. Sans compter qu'en l'absence d'observateur, le Réel n'est pas loin de ficher le camp. 


(3,5/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/trance-archeology

HelioSphere (2019)
avec Radiant Mind

C’est pas mal, dans le genre nappes enveloppantes. L’invité Radiant Mind se retranche derrière son anonymat pour co-signer cet agrégat flaqueux lénifiant. Mais quelle légitimité pour produire un énième nappage languide et somnifère, quand tant d’autres sont déjà sortis du four, alors que d’autres artistes s’immiscent sur le créneau en y introduisant des options narratives un peu plus intrigantes ?
Le Aidan Baker de Dualism, par exemple.
https://aidanbaker.bandcamp.com/album/dualism

(3/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/heliosphere


Bloom Ascension (2019)

Kaléidoscopique, spiralé, frétillant dans l'onde pure et glacée, planant et lourdingue à la fois, le principal avantage de cet album est sa courte durée (41 minutes). Pour dire ce qu'il a à dire, c'est bien assez.


(2/5)

lundi 23 août 2021

Desperate moudjahidines : le retour

Dans le temps d'avant la pandémie, l'article "Desperate moudjahidines" de la désencyclopédie, cet avatar parodique de wikipedia, m'avait bien fait rire.
Hélas : mes yeux aujourd'hui dessillés, je vois bien que l'humoriste s'est contenté de greffer quelques données sociales et historiques locales sur les ressorts mélodramatiques de la romance télévisée Desperate Housewifes pour créer du comique par contraste.

Surpris par les évènements d'Afghanistan, et désireux d'en savoir plus que ce que j'en lisais ici et là, j'ai trouvé "Afghanistan, pays meurtri par la guerre", une série en 4 fois 52 minutes produite l'an dernier par Arte et disponible jusqu'au...11 septembre (je ne crois pas qu'ils aient faix exprès mais c'est un peu drôle, si l'on a l'esprit mal tourné), qui raconte les guerres successives de ce pays depuis la monarchie des années 60, avec des archives et des témoins extra-ordinaires.
Dans la foulée, j'ai essayé d'attraper "Imprenable Afghanistan", un numéro de Manière de voir, le bimensuel hors-série du Monde Diplomatique, consacré à l'Afghanistan en 2010, et décidé de me réabonner au Monde Diplomatique, après des décennies de bouderie mutuelle parce que je trouvais que le journal était trop dépressif alors que lui trouvait que c'était moi, qui était trop dépressif, et on s'est réconciliés quand mon fils l'a ramené boire un café à la maison. Le Monde Diplomatique affiche quand même une hauteur de vue assez imprenable sur les sujets qu'il aborde, un surplomb appréciable, même si c'est moins facile à lire que la désencyclopédie. 

jeudi 19 août 2021

Le petit Steve Roach illustré : Une année 2018

Dreamtime Return (2018)

30th Anniversary High-Definition Remastered Edition de l’album de 1988

disponible en CD, vinyle, cassette audio, ampoules injectables, cataplasmes et suppositoires.

https://steveroach.bandcamp.com/album/dreamtime-return-30th-anniversary-remastered-edition

D'après Héry, c'est bien.



Slow Heat (2018)

20th Anniversary Remastered Legacy Edition de l’album de 1998

garanti sans bonus ni adjuvant de synthèse par rapport à l’original. A part la pochette, refaite à neuf, dont la photo est une publicité clandestine pour Lophophora williamsii, dont le nom latin m'est revenu avant son nom commun, le Peyotl, et pourtant je n'y ai jamais goûté.
Tout pour vous faire avoir ici :
https://www.zamnesia.fr/2314-peyote-lophophora-williamsii.html
Concernant le disque, d'après Héry, c'est pas bien.

Après Spiral Revelation, Molecules of Motion est le second album de Steve nominé aux Grammy Awards dans la catégorie Best New Age Album ! Vu les nombreux handicaps que cumule le bébé à la naissance - arpèges majeurs et mineurs annonés aux séquenceurs mille fois rebattus comme si c'était sa première maquette sur un home studio 4 pistes circa 1983, indigence mélodique qui confine à l'art naïf sauf qu'on peut suspecter Steve d’être tout sauf naïf après 40 ans passés à sculpter des mondes sonores, à moins qu'il soit, tout comme moi, le pilote autiste dans son astronef intersidéral désert, on peut légitimement se demander ce que les membres du jury ont dans les oreilles pour sélectionner cet album. Pour certains c’est peut-être un émouvant retour aux sources de son art, avec une frugalité de moyens qui confine à la précarité, pour moi c’est juste le degré zéro de la préhistoire du transport aérien. Pire que dans la version apocryphe et alternative de L'anomalie de Hervé Le Tellier, quand un âne afghan chargé comme un baudet du Poitou d’opium taliban, de roquettes périmées et de rations alimentaires pillées dans les stocks du HCR, décolle avec difficulté du tarmac de Kaboul en faisant tourner ses oreilles à l’horizontale comme un hélicoptère yankee, et disparait rapidement des radars. Il se rematérialise trois mois plus tard dans l’espace aérien de Bamako. Ce sera l’âne au Mali, sur lequel les experts de la force Barkhane se casseront les dents. Et macache bono pour choper le Goncourt, évidemment.

(1/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/molecules-of-motion

Return to the Dreamtime (2018)

Il ne s’agirait pas de confondre Return to the Dreamtime avec son ancêtre Dreamtime Return. Nous sommes ici en présence de morceaux homonymes de l'album de 1998 mais retravaillés en février 2018 au Galactic Center de Tucson, diffusés en direct sur SomaFM, la radio à ne pas écouter en voiture, car la musique ambiente n'est pas le mercurochrome de l'âme, comme l'a démontré Joe Exotic, qui prétendait jadis qu'il avait tenté de se suicider en écrasant son véhicule de police dans un pont en écoutant Steve Roach à donf, mais par la suite, sa version des faits a beaucoup évolué : en 1997, il déclarait au Dallas Morning News que l'accident avait été causé par un tiers lors d'une enquête policière liée à la drogue, mais les résidents locaux contactés n'avaient aucun souvenir de l'événement https://fr.wikipedia.org/wiki/Joe_Exotic comme s'ils sortaient des bonus DVD des "Documents interdits" de Jean-Teddy Filippe, récemment remasterisés et disponibles on-line. https://vimeo.com/ondemand/lesdocumentsinterdits
Concernant ce live normalement extra puisqu'enregistré au Galactic Center, lieu sanctifié de tant de succès passés, Steve précise qu'il a excavé les échantillons sonores et les enregistrements créés pour ce projet en 1987 et 1988. Les sources étaient toujours cataloguées et stockées dans mon studio, ayant voyagé avec moi à travers de nombreux mouvements et différents emplacements de la Timeroom au fil des ans. Tous les sons et échantillons essentiels étaient toujours en état de fonctionnement sur des disquettes de 512 Ko et des disques durs des années 80 pour les échantillonneurs Emu.
C'est ainsi que Towards The Dream (2018) qui ouvre le premier CD fait surtout entendre sa dette envers Klaus Schulze, qui fut une influence majeure du chaman de Tucson. Enfin, chaman, mais aussi médecin, garagiste et épicier, car il n’y a pas grand monde, à Tucson. On entend bien ici un « morceau » de « musique planante » électronique, comme à la fin des années 70, qui dure 39:57, ce qui n’aurait pas été possible à la fin des années 70, la durée maximum d’enregistrement recommandée n’excédant pas 22 minutes par face de microsillon, et il aurait fallu se relever au milieu de la transe pour retourner le disque, ce qui, dans l’état où on était quand on écoutait de la musique planante dans les années 70, relevait parfois du défi (et même du déni) envers les lois de la gravité et de l’inertie, puisque comme le rappelle poliment la première loi de Newton, en physique, l'inertie d'un corps, dans un référentiel galiléen (dit inertiel), est sa tendance à conserver sa vitesse : en l'absence d'influence extérieure, tout corps ponctuel perdure dans un mouvement rectiligne uniforme. En l’occurence, notre vitesse initiale de zéro millimètre/h était difficilement dépassable.
Le reste de la performance va vers du moins daté, sans séquenceurs, avec des grosses percus, des nappes, de la réverb, du didgeridoo. Mais il accuse l’âge de ses artères, et sent le new age old school, échantillonné à Villeneuve-la-Vieille.

(2/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/return-to-the-dreamtime


Electron Birth (2018)


Une nouvelle chevauchée des Walkyries à 160 la noire, des séquences pentatoniques stakhanovistes s’entrechoquant et tentant de se dépasser dans un couloir trop étroit pour que ça ne courre pas à la catastrophe humanitaire. Irrespirable et sans grand intérêt.
Le second CD de l’album est plus introspectif, mais le mal est fait, et c’est pas après que la poule a pondu qu’elle doit serrer les fesses, comme on dit dans le Berry.


(1/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/electron-birth

Mercurius (2018)

Des nappes. Propres. Sèches. Repassées. Empilées jusqu’à l’infini, dans des armoires à linge de la taille d’un bras de la galaxie, comme si tous les restaurants devaient rouvrir demain, en faisant fi des jauges, en accueillant trois services par repas, et qu’une fois les terrasses bourrées on rouvre les salles, les arrière-salles, et qu’on serve copieusement jusqu'aux derniers clients arrivés et casés dans les cuisines.
Des nappes, vaguement célestes, méditantes, nommées « Immanent », « Aeon » ou « Mercurius ».
Comme si Steve Roach avait voulu créer un fond sonore à la fois frugal et cosmique pour se familiariser avec la nouvelle garde de la SF en lisant Eriophora de Peter Watts, dont la couverture peindue par Aurélien Police te fait pleurer de beauté, et c’est bien la première fois que la police te fait pleurer. C’est normal : tu viens de vérifier, en fait la pochette est de Manchu. http://manchu-sf.blogspot.com/
Mercurius est une expression sonore resplendissante d’empathie et de spiritualité afin de trouver du réconfort dans les espaces liminaux de l'entre-deux. Inutile de nous leurrer avec des fariboles : il fait un froid de gueux, dans ce disque. Les soleils sont trop distants, et leur lumière ne dépasse pas quelques lumens. A part au final un peu mieux pourvu en watts, « Mercurius » qui joue d’une alternance majeure/mineure du même accord et qui aurait fait un bon point de départ, alors qu’il est déjà l’heure de nous quitter.
Ce disque a fait partie de la sélection des Agony Awards ( les trophées des meilleures musiques d’accompagnement aux mourants ) 2018. Malheureusement, tous les membres du jury sont décédés avant la fin des auditions.


(2/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/mercurius

Atmosphere For Dreaming (2018)


L’album reprend le titre d’un morceau présent sur Australia - Sound Of The Earth (1990), mais on ne me la fait pas, à moi : nous voici emportés dans un flux atmosphérique empreint de sérénité et de pépiements d’oiseaux, un peu la bande-son idéale de votre anesthésie loco-régionale lors de l’extraction d’une dent de sagesse sous neuroleptiques, sauf que ni l’endormissement ni le chirurgien et sa paire de tenailles ne surviennent jamais tout au long des 73’ de quiétude bienheureuse loin des vallées dérangeantes https://fr.wikipedia.org/wiki/Vall%C3%A9e_de_l%27%C3%A9trange
même si à la longue on peut se demander si ce n’est pas un disque réalisé par un clone de Steve pendant que l’original dormait.

(2/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/atmosphere-for-dreaming

Time of the Earth (2018)


D’habitude on sort la musique du film, là il s’agit du DVD du film de la musique du film de la ressortie de Day Out of Time (2002), dont on vient de retrouver 200 copies, et pour la peine on a fait une nouvelle pochette.

D'après Warsen, c'est moyen.

(3/5)

dimanche 15 août 2021

Le petit Steve Roach illustré : Une année 2017

Spiral Revelation (2017)


Essai de cohabitation entre des séquences arpégées au séquenceur et des nappes ambientes. Ca ne m’a pas transporté très loin. J’ai trouvé ça ramollo et répétitif. Et sans doute vite fait sur le gaz. Si j’étais jeune, je fumerais un gros jarpouette dessus, et me forcerais à trouver ça génial; j’arrive trop tard. Ou alors, c’est le disque.

(1/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/spiral-revelation


Empetus 30th Anniversary Edition (Single CD) (2017)

Pour le trentième anniversaire de l'album, première pierre de touche angulaire de la clé de voûte de la cathédrale de l'oeuvre future, je retire le CD de Bonus de la réédition de 2008, et je le rends disponible sous forme d'un bonus digital sur Bandcamp. Il fallait y penser.
lien vers l’article de 2008
en bonus, le disque bonus qui a été soustrait de la 30th Anniversary Edition (collector)

https://steveroach.bandcamp.com/album/the-early-years-rarities-from-the-empetus-era



The Passing (2017)

Hanté par le souvenir d’une courte pièce consacrée au cycle d’accords harmoniques majeurs jadis créée pour une compilation hyper-secrète dont il ignore l’emplacement exact au sein de son empire de bunkers de dernières rafales de bandes magnétiques démonétisées, Steve s’enferme pendant 5 jours dans la Timeroom, négligeant le boire et le manger pour réaliser une longue pièce atmosphérique, tandis qu’à l’extérieur la vie continue d'être pleinement vécue, paradoxalement rehaussée par une série de décès dans la famille, parmi les amis et les compagnons animaux, toutes ces émotions confluant vers ce « Passage » qui peut prendre bien des sens pourvu qu’il ne soit ni unique, ni interdit, empreint de gravité, mais aussi de sérénité. Ecoute agréable. En plus, la pochette ressemble à une de ces marines à l'huile que peignait au couteau mon oncle Marcel le Toiser dans son atelier de Perros-Guirec.


(3/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/the-passing

Core (2017)

Réédition de l’album de 2001, garanti sans aucun bonus sur la face cachée.
Déjà chroniqué ici
:
http://jesuisunetombe.blogspot.com/2021/04/le-petit-steve-roach-illustre-une-annee.html

https://steveroach.bandcamp.com/album/core-legacy-edition

Traveler (2017)

Réédition de l’album de 1983 chroniqué par notre glorieux ancêtre Héry, et Dieu sait ce que les Héry sont.

https://www.rythmes-croises.org/steve-roach-retrospective-premiere-epoque-1982-2000/
Si vous n’avez pas le temps d’aller voir, il dit que c’est pas brillant, et qu’il ne faut surtout pas l’acheter. Si vous n'avez pas l'argent, on vous remontre la pochette, tellement elle est datée.

https://steveroach.bandcamp.com/album/traveler




Nostalgia for the Future (2017)

Bulletin de la météo marine. Situation générale et évolution : pas de coup de tabac en cours ni à venir sur la zone roacheuse. Longues plages enveloppantes en harmonies majeures, frangées d’océan azuréen et bienveillant. Mer : peu agitée, localement immobile. Consulter l’horaire des marées à Perros-Guirec pour plus de détails. Risques de somnolence accrus en cas d’écoute en boucle, et/ou en alternance avec son frère de lait Dynamic Stillness (2009). Pour l’accession aux Royaumes du rêve lucide, l’utilisation d’une lampe hypnagogique est un plus.

https://usbeketrica.com/fr/article/j-ai-teste-la-lampe-psychedelique-qui-fait-rever-eveille

https://www.neonmag.fr/lumiere-hypnagogique-on-a-teste-la-lampe-psychedelique-qui-fait-halluciner-comme-du-lsd-et-qui-relaxe-536707.html
Glissandos infinis force 1 à 7 sur l’échelle Beaufort acoustique. Sur le plan technique, bien que l’espoir ne soit pas un steak, il est sans doute plus sain d’éprouver de la nostalgie pour un futur non encore advenu que de regretter des trucs qui refusent de se reproduire (même en laboratoire), à moins qu'on se trouve dans un flux temporel inversé, auquel cas il vaut mieux revêtir son vieux masque de Pompidou en latex et attendre qu'il revienne à la mode, en relisant le Chronomachine lente de Ian Watson.
(3/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/nostalgia-for-the-future


Long Thoughts (2017)

Bienvenue à la nouvelle attraction de notre foire immersive. Cette Fontaine de Jouvence renouvellera votre âme tout au fond de la piscine d'auto-réflexion en 73 minutes chrono. The Dream Circle, Slow Heat, Bloodmoon Rising et les six heures de la série Immersion font tous partie de l'ADN sonore de ce Pensées Longues. Plusieurs utilisations peuvent être expérimentées, permettant à l'auditeur de découvrir de nombreuses façons de créer sa propre zone de longue pensées : regarder dans le ciel nocturne d'été, mode boucle sans fin dans la maison à faible volume, engagement direct à un volume plus fort, utilisé comme environnement de sommeil, ou pour « tenue de l'espace » comme une sorte d'encens auditif brûlant doucement de jour comme de nuit. Ne convient pas aux enfants de moins de 15 ans, de petites pièces pouvant être inhalées (le boitier du CD, le livret contenant la garantie décennale).


(3/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/long-thoughts

Eclipse Mix (2017)

Remix 
éhontément raboté et tronqué de Bloodmoon Rising The Complete 5-Hour Collection (2015) qui comptait 4 CD. On croit rêver. Je crois que je préfère encore la version Bloodmoon de Arthur H :
« La nuit était chaude et claire
Je sais j'ai beaucoup trop bu
La lune était pleine
Tu sais que je suis trop sensible
Beaucoup trop sensible, vraiment trop sensible
Je suis Beaucoup trop sensible
A la lune
(..) Qu'est-c'que j'ai pu faire comme connerie ?
Et sa mère, elle est où sa mère ?
Qu'est-ce que j'ai pu faire avec sa mère ? »

Arthur H, La lune

https://steveroach.bandcamp.com/album/eclipse-mix

Structures From Silence (2017)


Après la réédition du 30ème Anniversaire, augmentée de 2 CD (2014), voici enfin la ressortie de l’album légendaire, diminuée, réduite à la portion qu’on grute, sur cassette ferrochrome et vinyle expansé. Je préfère ne rien dire sur le temps circulaire, je ne suis pas Borges ni Bioy Casares.


Skeleton Keys (2017)


Encore plus fort : augmenté de 2 titres, revoici le Skeleton Keys de 2015 en cassette BASF Ferrochrom. Il faut savoir que la cassette audio représente un marché porteur, surtout dans les pays du Tiers-Monde, où elle constitue avec la radio, le principal support musical. Cette réalité recouvre plusieurs problèmes, à savoir celui du prix très accessible des cassettes pour un large public, et lié à ce fait, les facilités de duplication, et donc de piratage. Avec ce Skeleton Keys - Expanded, le risque est faible.


mardi 10 août 2021

Arno – Covers Cocktail #2 (Unreleased, 2021)

En 2008 parait un album du chanteur belge Arno composé uniquement de reprises : 
"Covers Cocktail ".
https://www.discogs.com/fr/Arno-Covers-Cocktail/release/4455530
Ce disque est réjouissant. 
Arno gauchit profondément les chansons qu'il reprend, et les emmène souvent plus loin qu'elles ne seraient allées sans lui. 
Il les dévore et se les incorpore, elles font corps et après ça fait pore.
Ce disque de 2008 est maintenant difficile à dénicher, mais sur discogs j'ai trouvé un petit vendeur de Saint Brieuc qui l'avait et qui me l'a livré pile poil le jour de l'anniversaire de ma femme. Trop la classe. 


A part l'album "Idiots Savants" (1993), on n'a jamais vraiment trippé sur les compositions d'Arno, mais la vénération de ses reprises est le ciment secret de notre couple. Chacun son truc. Par contre, pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour voir qu'il manque des titres sur cet album de vingt reprises. Y'avait sans doute pas la place. C'est pourquoi j'ai repris sa discographie, et j'ai rajouté 8 remakes d'Arno à mon petit cadeau d'anniversaire. Je ne sais pas si ça va entretenir mon illusion de toute-puissance, mais ça fait du bien par où ça passe.




dimanche 8 août 2021

Le petit Steve Roach illustré : Une année 2016

Live in Tucson: Pinnacle Moments (2016)

Les meilleurs moments du concert donné au Centre Galactique de Culture Solaire de Tucson en février 2015. Si vous le visitez un jour, dites que vous venez de ma part et ils vous feront 15% de ristourne sur le cocktail vénusien aux algues. Demandez-vous pourquoi je reconnais pour la première fois dans une prestation publique des vrais bouts de morceaux de disques studio, comme ici Desert Solitaire (1989) ou le Skeleton Passage de Skeleton Keys (2015), ou encore la boucle de gargouillis cosmique qui rend fou même l'arabe dément Abdul Al-Hazred dans « Going Gone » dont le titre m’évoque la célèbre blague de Christopher Priest « ce fut moi qui restai à l’atelier tandis que je retournais à l’appartement » dans Le Prestige, page 125, et que seul l'arabe dément Abdul Al-Hazred peut comprendre...
Mais que voulez-vous, quand on aime, on ne compte pas ses sous, ou alors c’est qu’on n’est pas vraiment amoureux, tout cela est sans doute reboutiqué avec de subtiles variations & modifications, et c’est si plaisant que je pourrais sans doute me lancer dans la confection d’une anthologie rétrospective de morceaux contenant le passage neurotoxique, tout comme on peut élaborer un très chouette album posthume de Frank Zappa en boutaboutant toutes les versions de « Torture never stops » au fil des âges. Avec Steve ça serait un peu plus compliqué car même ses patterns austères reçoivent des patronymes randomisés qui rendent malaisé l’identification des motifs.
Skeleton Passage et Spiral Passage closent la performance par un numéro de voltige de séquenceurs aériens, une Battlestar Galactica d'arpèges delayés dans la stricte application des règles apprises à l’école de Berlin.


(4/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/live-in-tucson-79-min-version


Second Nature (2016)
avec Robert Logan

Robert est un vieux fan de Steve encore très jeune qui s’est entiché de son idole malgré leur différence d’âge, mais leur amourette est compromise, car il est de trente-trois ans son cadet. Alors ils font de la musique ensemble, ce qui est une façon émotionnellement moins violente de prendre du bon temps. Encore que. Le problème c’est qu’après il faut trouver des couillons pour les acheter. C’est le père de Robert qui l’a initié à Steve Roach quand il était petit, et il y a pris goût, alors que moi, quand j’ai voulu faire découvrir The Magnificent Void à mes enfants, ils m’ont ensuite interdit d’approcher le tourne-disque à moins de cinquante mètres, et encore, sans faire de gestes brusques.
Vous souvenez-vous du Thursday Afternoon de Brian Eno ? il était constitué de circonvolutions mélodiques inlassablement répétitives et répétitées autour d’un accord majeur dont les notes étaient égrenées au piano (en agriculture, l'égrenage est la dispersion spontanée des graines d'une plante cultivée arrivées à maturité), égrenage sous-tendu par un tapis d’ambiance à gueule d’atmosphère et traversé de loin en loin par quelques zigouigouis cosmiques. On est bien ici dans ce type de proposition sonore, bien qu’à l’accord majeur ait été substitué une immensité atonale mollement inquiète et quinze tonnes d’écho supplémentaire pour faire genre. Nos deux compères redonnent ainsi leurs lettres de noblesse à la peinture tonale de la neurasthénie, sous prétexte de minimalisme romantique (sic). On ne doute pas qu’ils arpentent les territoires de l’invisible les yeux fermés comme qui rigole, main dans la main dans le piano accordé en fa dièze, sans doute aussi qu’à faire tourner ce disque en boucle on induit des transes corps-esprit subtils, mais ça fait déjà trois fois que je le remets au début et tout ce que je vois de ce que j’entends c’est Ryan Gosling tapotant les touches du piano qu’il découvre dans la luxueuse planque de Harrison Ford (baignant dans une lumière orangée permanente prompte à lui déclencher une dépression nerveuse de cyborg) dans Blade Runner 2049.

(2/5)

https://projektrecords.bandcamp.com/album/second-nature


Biosonic (2016)
avec Robert Logan

Surprise : sur Biosonic, ça stridule, ça warpe, ça craquette, ça pulse, ça breake et ça croustille (un peu comme chez Warp Records, justement) avec des éléments de noisy industriel inattendus sous ces latitudes; le projet est né d’une correspondance entre Robert et Steve au cours des ans, sous forme d’échanges de fichiers sons, avec des sessions téléphoniques régulières et des e-mails décrivant la vision et les pièces qui finiraient par donner corps à l’étonnant album, sombre mais extatique, finalisé lors des vacances d’été longtemps fantasmées du petit Robert dans le Timeroom Studio de son tonton Steve, oncle incarné de la modernité futuristique de la phrase qui ne veut rien dire (celle-ci en est un bon exemple) pour un résultat à mon avis dix fois meilleur que toutes les bouineries limbiques funèbro-constipées produites avec Vidna Obmana au début des années 2000. Le traditionnel bestiaire sonore d'insectes parasites hantant des jungles numériques ne s’accompagne pas, pour une fois, de râles chamaniques, et Byron Metcalf n’a pas été convié pour battre le rappel des troupes avec son petit tambourin un rien relou; la dimension chamanique de la transe n’est pas convoquée. On est plutôt dans les songes obscurs et tourmentés de racks de serveurs informatiques enterrés dans les infinis sous-sols de la basse-Californie et refroidis par des centrales nucléaires bioélectriques. Mais le labyrinthe est bourré de trouvailles biomécaniques.
Il y a des titres explicites «The Biomechanoid Lifecycle Revealed» qui évoque bien l’existence des termites numériques sans pour autant s’accompagner d’un tuto youtube donnant la solution pour vermifuger sa baraque une fois qu’on les a laissées s’installer dans le buffet de tante Henriette parce qu'on les trouvait trop mignons.


(4/5)

https://projektrecords.bandcamp.com/album/biosonic


This Place To Be (2016)


Après toutes ces bamboches & javas biosoniques riches en émotions fortes et ces parcours accidentés en auto-tamponneuses à la Foire du Trône des Vortex, c’est le retour à la maison, où après s’être confectionné un sandwich roboratif, Steve ressent le besoin de rejoindre la Paix Immersive Des Grands Fonds, là où il se sent chez lui, nulle part ailleurs qu'ici, et je vous souhaite vous aussi de trouver dans votre coeur ce lieu de sérénité où ressentir un sentiment d'apesanteur et de contentement parfaits. Et sans faire usage de Google Street View, sinon ça vaut pas.
Pour le seul membre d'équipage du sous-marin de poche Le Vigilant, un long huis clos commence. D'ultimes tests en surface, puis claque l'affirmation : « Bâtiment paré à plonger ! » La concentration est maximale. Le barreur appuie sur son manche, l'écume de la mer s’épuise en ultimes clapotis sur la coque. Le submersible s’enfonce dans les profondeurs où le soleil n’est plus que l’ancien dieu d’une religion agonisante.
Pourquoi cette appétence pour les insondables fosses sous-marines ? Il est vrai qu’on y croise sans doute moins de cons qu’ailleurs, hormis les équipages malchanceux car engloutis des sous-marins indonésiens, russes, français, chinois qui en jonchent le fond,
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d%27accidents_impliquant_des_sous-marins_depuis_2000
dont le compostage prend de très nombreuses années du fait qu’il se déroule dans un milieu anaérobie.
La pochette du disque induit l’idée du Grand Bleu, ce paysage sonore est plus hospitalier (dans tous les sens du terme) que beaucoup d’autres générés par Steve.


(4/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/this-place-to-be

Shadow of Time (2016)

Encore une de ces immenses pièces atonales entièrement vidées de leurs meubles et emplies de suites d’accords pianotés se succédant au ralenti avec beaucoup de résonances réverbérées, suggérant un recueillement compassé, en essayant de faire croire que le silence entre les notes est aussi de Steve Roach. Soit vous êtes friand de ces albums de guérison texturale qui sont pour vous autant de sanctuaires introspectifs, soit vous trouvez ça pompier, répétitif et un peu barbant. Quitte à penser que vous feriez à peu près pareil, voire carrément moins pire, en empruntant l’orgue Bontempi de votre petit-neveu hyperactif. Erreur à ne pas commettre : vous mettriez alors le doigt dans un engrenage fatal, qui vous mènerait à produire votre propre médecine sonore. Et vous cesseriez d’écouter Steve, pour vous écouter vous. Le risque étant de sombrer dans ce que Castaneda appelle l’auto-contemplation : « On est vide, et on ne peut pas se remplir avec de l’auto-satisfaction. Surtout pas, en fait. Car l’auto-contemplation est précisément ce qui empêche Dieu (l’état naturel) d’être présent. On essaie de se remplir de la pensée de soi, ce qui est impossible puisque la pensée est vide, comme le soi, mais le problème c’est qu’en attendant la place est prise, même si c’est par un fantôme. » (Flopinette de la Croisette, in « L'espoir n’est pas un steak » circa 2006)
On a largement le temps d’épuiser ces concepts pendant l’exécution, capitale, de Night Ascends, la seconde oeuvre du disque, qui fait 01:18:25 à elle toute seule, et qui ressemble bigrement à d’autres pièces profondément neurasthéniques de Steve comme « A Deeper Silence », ou « Darkest Before Dawn », ou encore « Throw this dark ambient CD away or my mother will shoot » mais je ne les connais pas tous par coeur, les ayant enclos dans un petit cabinet dont j’ai jeté la clé.


(1/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/shadow-of-time

Painting in the Dark (2016)


Encore une longue pièce atmosphérique aux horizons infinis comme on en a déjà beaucoup entendu chez Steve, période Landmass, Dynamic Stillness, la série des Immersions, Etheric Imprints, Soul Tones, The Hermetic Submarine Garage, n’en jetez plus, c’est pas avec mon écope que je vais vider son océan.
Ni pire ni meilleur qu’un autre parmi les éthérés immersifs.


(2,5/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/painting-in-the-dark



Fade to Gray (2016)


Cette année 2016 s’avère abondante en flux de magma ambiants sombres d'immersion harmonique ultra profonde. C’est ce que disent les gars du marketing, et ils n’ont pas tort, tant mieux, parce que moi, à partir d’ici, les mots me manquent, et les bras m’en tombent. Le Cinquante nuances de Gris de Steve. Sans présumer de l’impact du boniment des télévendeurs, je ne pense pas qu’il en vende autant que l’autre, le roman cochon proute-proute. Bien sûr, je pourrais faire des blagues, pour meubler, le temps que le disque finisse de s’écouler / s’évanouir, mi-liquide, mi-gazeux mais 100% plombant. « A faible volume et en lecture infinie, Fade To Grey est très efficace pour les voyages et le sommeil hypnogiques 
» . J’ai hâte de rêver que je pilote un drone dans un parking souterrain. « À un volume plus élevé, sur un système sonore qui prenne en charge l'impact émotionnel de la lecture en pleine résolution, la sensation d'un mouvement symphonique surréaliste amplifie et exprime la texture, l'humeur et l'émotion au niveau cellulaire. » Je ressens bien quelque chose de l’ordre du voyage intérieur dans un micro-ondes en mode décongélation, c’est certain. Mais est-ce bon pour ma santé ?

(2/5)

mardi 3 août 2021

The Young Person's Guide to Steve Roach (2004 - 2021)

J'ensevelis vite fait sur le gaz et sous ces éboulis numériques pulvérulents et humides à la tombée du jour de début aout qui raccourcit déjà, une compilation ignifugée dans une boite en inox issue d'un futur proche puisqu'elle inclut des morceaux d'albums parus en 2021 qui ne seront donc même pas chroniqués cet été sur ma tombe, souvenirs de quelques bons moments passés à la cave au contact de la discographie de Steve Roach, chaleureuse comme une barre d'uranium laissée au frigidaire bien au-delà de sa date de péremption. 


J'ai utilisé les dates de parution des albums pour réordonner chronologiquement les pistes de ce florilège, afin qu'on puisse mesurer la progression du musicien : y'en a pas. Il reste rigoureusement fidèle à lui-même, quoi que ces mots veuillent dire, du début à la fin de cette sélection (qu'on ne peut dire "interminable" que comme un jugement moral dont personne n'aurait rien à battre puisqu'elle ne dure que 6 heures 59 minutes TTC), ce qui en fait un fragment d'éternité très relatif, tandis que Steve reste immobile et imperturbable au milieu du fluide frigorigène, comme s'il était un électro-aimant qui laisse la limaille de fer s’orienter harmonieusement autour de lui selon les lignes du champ magnétique. 
J'ai évité tous les morceaux de tous les disques qui se présentaient comme des hommages un peu appuyés au silence, tout comme j'évite de lire les bibliothèques entières d'ouvrages consacrés aux vertus de la prière, comme dirait mon père.
Et pourtant, s'il y a une musique qui me connecte avec l'Incréé et le Sans Forme, c'est bien celle de Steve Roach. C'est dingue.



[MAJ février 2022]

Ajout de 2 titres issus de la magnitude roachienne 2021 :
- "In Another Time" from Temple Of The Melting Dawn
- "Movement 4 (Live)" from Live At SoundQuest Fest 2021

jeudi 29 juillet 2021

Le petit Steve Roach illustré : Une année 2015

Monuments of Ecstasy (2015)
avec Byron Metcalf et Rob Thomas

Encore un album de tribal-ambient rythmé et roboratif avec Byron Metcalf, encore un disque censé activer un état euphorique de conscience corps - esprit et l’expansion de l’attention par la conscience corporelle, encore un disque censé transporter l’auditeur dans un monde d’énergie pure et d’illumination - encore un disque que je trouve mou du didgeridoo - plus démonstratif que groovy.
Même avant que je prenne 18 kgs lors des confinements successifs et que mes Monuments d’Extase deviennent trop lourds à déplacer, cet album me laissait en rade. L’irruption molletonnée d’un thème qui n’est pas sans évoquer la mélodie et les orchestrations du générique d’Amicalement votre au milieu de l'avant-dernier titre de l’album est amusante, sans plus; les vieux routiers du roc tribal sont érodés. Ou alors, c'est l'auditeur qui s'effrite.


(2,5/5)

https://projektrecords.bandcamp.com/album/monuments-of-ecstasy

Invisible (2015)

Steve : « Voici une pièce sombre et mal ventilée de mon studio d’enregistrement Timeroom dans laquelle je m’allongeai accroupi par les dernières journées froides et pluvieuses de 2014, à la recherche de bobineaux perdus au début des années 80 dans lesquels on avait improvisé une longue mélopée chamanique sur des bols à punch un soir de pochetronerie védantique debout sur des chaises dans la cuisine avec Byron Metcalf et Jorge Reyes. Mais je ne les ai jamais retrouvées, sans doute que les étiquettes étaient écrites toutes de traviole alors de rage je me lançai dans Invisible, qui est un paysage de rêve primordial ultra-profond de zones de mercure changeantes. Des fantasmes amorphes enveloppés de brume apparaissent et s'éloignent au fur et à mesure que des murmures de substrats distants sont ressentis autant qu'ils sont entendus. C’est pour ça que ça fait un peu peur, on craint que Vidna Obmana surgisse de derrière les tentures écarlates où il se tapissait partout, même dans les toilettes. Quelques jours à peine après la création de cette pièce, le disque a été offert en cadeau sur mon site le soir du Nouvel An et beaucoup ont pu voyager profondément dans la nouvelle année dans une expérience sonore collective mondiale, puisqu’on les a retrouvés pendus dans une magnifique synchronicité dès le matin du 2 janvier. »
Dans la veine toxic-groovy limbo, l’improvisation ce jour-là à base de vapeurs plombées (mais toute la musique générée par Steve n’est-elle pas qu’une gigantesque empilement d’expériences délétères, coagulées puis renforcées au stratifié de 1,5 mm ?) s’inscrit dans la veine "méditation de cave à charbon" récemment illustrée par InnerZone (2002)
Un good-feeling movie, comme y disent, mais pour claustrophiles uniquement.

Bloodmoon Rising Night 3 (2015)

Il faut se rappeler qu’en français, la « lune cuivrée » parfois qualifiée abusivement de « lune de sang » ou « lune sanglante », par décalque bête et désir mimétique et crétin de singer l'expression anglaise correspondante « blood moon », désigne un phénomène optique de diffusion et de dispersion de la lumière qui se produit durant les éclipses de Lune mais aussi à d’autres occasions : la Lune prend une apparence cuivrée (parfois qualifiée à tort de rousse) à chaque fois qu'elle est basse sur l'horizon, car la lumière du Soleil qui l'éclaire est alors filtrée en passant au travers de l'atmosphère terrestre. La dernière lune de sang du 20 au 21 janvier 2019 a coïncidé avec une super lune et la pleine lune du loup, ce qui lui a valu le titre de «Super lune du loup de sang».
Evidemment, à côté, Bloodmoon Rising Night 3 fait pâle figure, n'a rien de sanglant, est très contemplatif, au moins autant que Bloodmoon Rising Night 2, et il ne s’y passe objectivement pas grand chose. Il remplit le cahier des charges : lunaire, amblent, planant en gravité zéro, perturbant légèrement la perception temporelle. Des éléments de nappes sans attaque y apparaissent, durent un certain temps, puis s'évanouissent on ne sait où. Sauf ceux qui les sous-tendent, et qui étaient là de toute éternité.
La prochaine lune de sang se produira lors de l'éclipse lunaire totale du 26 mai 2021, qui sera visible de certaines parties de l'Amérique du Nord, de l'Australie, du Pacifique et de l'Asie. Mais le temps que paraisse cet article, elle aura sans doute déjà eu lieu. Ce en quoi ce que je raconte est absolument fascinant d’ennui et de péremption rétrofuturiste. Méfions-nous : Steve n’a pas promis de ne pas faire de disque pour cette occasion.


(3/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/bloodmoon-rising-night-3

Skeleton Keys (2015)

Le renouveau des synthétiseurs modulaires analogiques bat son plein. Magie de ces armoires électriques lourdes comme le piano de mon grand-père, ornées de potentiomètres gradués jusqu’à 11 qu’on peut tourner à la main, vers la gauche ou bien la droite, sans même faire usage de nos pouces opposables, qui nous différencient pourtant du chimpanzé fan de tech hardcore, pour en expérimenter des effets variés en termes de tension, de fréquences, d’amplitude, d’oscillations rythmées.
Voici donc huit mandalas sonores en spirale entièrement façonnés avec des vrais doigts pianotant comme des oufs sur des boutons en plastique qui s’allument au passage comme dans les films de SF des années 60, programmant des séquenceurs vintage fleurant bon le modulaire des débuts de l’électronique, et que tu peux toi aussi acquérir auprès du fabricant Synthesizers.com comme l’a fait Steve, ça tombe rudement bien.
Il y a des morceaux magiques dans cet album comme It's All Connected; et d’autres plus prévisibles : guirlandes de séquences arpégées avec delay paramétrable, tout ce qu’on a aimé puis détesté dans la musique planante des années 70.

(3/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/skeleton-keys

The Skeleton Collection 2005 - 2015 (2015)

Simultanément sort un disques d’inédits, dont la moitié des pistes furent enregistrées dix ans plus tôt, célébrant elles aussi la pureté du son analogique et des machines galactiques qui carburaient au fioul lourd, comme les tanks Sherman. L’accent est mis sur l’immédiateté de la musique générée à la main sur de vrais instruments physiques (sans doute en bakélite) : « Ressentez-le, accompagnez-le, façonnez-le à la main, enregistrez-le, passez à autre chose. »
Comme toujours avec les propositions de Steve, pour en retirer le meilleur il suffit de vous autoriser à flotter avec lui partout où il va, et de ne pas trop y penser.

(3/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/the-skeleton-collection-2005-2015-companion-disc

Etheric Imprints (2015)

En arpentant les confins de son domaine, Steve glisse accidentellement dans un soupirail recouvert de branchages (comme dans un vieux Rahan) qui le précipite au fond d’une oubliette où gît un vieux piano. C’est l’occasion d’égrener quelques notes mélancoliques avec beaucoup de réverb, au risque de créer une mélodie, qui n’advient cependant pas dans l’effondrement introspectif Etheric Imprints, qui ouvre l’album sur de bien sombres perspectives existentielles. En l’absence de linge de rechange, la situation sanitaire se dégrade ensuite rapidement, et des arpèges atrocement disharmonieux s’échappent de la fosse, dans l’espoir d’attirer du monde et d’échapper à l’oubli (Indigo Shift). C’est pourtant une stratégie perdant/perdant, qui n’attire guère l’oreille du chaland vers le pavillon-témoin.
Dans un troisième temps, Steve a traversé les phases du deuil (Déni, Colère, Marchandage, Dépression, Acceptation) et les récapitule sobrement dans une pièce immersive un peu funèbre mais majestueuse : Holding Light. On sent que quel que soit son sort, il est prêt à partir. Puis, c’est le happy end de rigueur : en revenant aux sources de l’ambient light avec The Way Forward, Steve parvient à simuler une légèreté qui lui permet d’échapper à la gravité et de s’échapper à tire d’aile. Le problème étant qu'il va certainement recommencer à enregistrer.


(3/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/etheric-imprints


Bloodmoon Rising (2015)
The Complete 5-Hour Collection

L’intégrale des mélopées séléniques, pour sacrifier vos nuits blanches à la lune « cuivrée ». Si vos insommnies persistent après l’écoute successive de 2 fois l’intégrale, n’hésitez pas à retourner au bureau sans avoir dormi, vos collègues vous trouveront quand même un petit air lunaire, et c’est toujours ça d’pris.

Derrière le rideau rouge de Twin Peaks, je ne sais pas.
Mais devant, je sais : Blood Moon Rising.


(3/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/bloodmoon-rising-complete-5-hour-set

Now (2015)

Réassort du premier album de 1982. Influence plus que palpable de Tangerine Dream et Klaus Schulze, les 2 parrains de la mafia des aficionados de la non-dualité sonore.
Déjà chroniqué par le Vénérable Héry, qui en disait ici 
tout le néant qu'on peut s'autoriser à en penser : "Voici le premier album, aux séquenceurs, de Steve ROACH. Tout à fait dispensable."

Alive in the Vortex (2015)


L’expérience nous a appris que quand il y a « Vortex » dans le nom d’un disque OU d’un morceau de Steve ET qu’il est paru dans les années 2010 ET que c’est une prestation scénique, on peut y aller. En principe. C’est un savoir relatif, mais assez absolu. Pour celui-ci, un an de préparation, et un spectacle déjà rodé lors du festival Ambicon, spectacle dont la partie visuelle consistait à regarder Steve appuyer debout sur les boutons de ses machines du diable et tourner ses potentiomètres gradués jusqu’à onze pendant deux plombes, spectacle qui trouve son apothéose dans cette représentation unique en octobre 2013 sous le chapiteau du Vortex Dome de Los Angeles, une salle hémisphérique où il fait bon venir digérer une poêlée de champignons magiques quand Steve est assez inspiré pour y interpréter ses meilleurs musiques d’attente au téléphone. Gageons que la partie visuelle était au moins aussi spectaculaire que ce soundfest auquel le roi du minéral chantant ne nous convie qu’en de trop rares occasions (Journey of One en1996, Live Transmission en 2013) nous prouvant ainsi son génie alors que nous avions renoncé à l’y voir dans son Tour. Privés des images immersives de paramécies en rut grossies 10 000 fois et projetées à 360° sur la face interne du dôme,


il nous reste pour vibrer la partie électroacoustique du show, soit un son et lumière sans lumière mais dans lequel on retrouve le meilleur de la Quincaillerie Roach® : séquences rutilantes d’arpèges cristallins, nappes infinies d’aurores boréales scintillantes, drumboxes ethnoambient chamaniques. On est peut-être un peu en dessous de Live Transmission 2013, mais ça plane quand même très haut.
Après avoir écouté les bandes, et juste avant de les égarer dans le studio Timeroom pour prétendre les avoir retrouvées dans deux ans et les rééditer avec des bonus, Steve a déclaré « J'ai senti que c'était le témoignage que je voulais laisser derrière moi pour que quelqu'un l’expérimente dans 50 ans. »
Rendez-vous dans 50 ans, donc, pour voir s’il ne s’est pas moqué du monde.


(4/5)

Vortex Immersion Zone (2015)

Ce n’est pas une version en Réalité Augmentée ou Diminuée voire Ratée du concert précédent, mais plutôt un brouillon, inspiré par le projet de se produire au Vortex Dome de Los Angeles, et imaginé lors de la visite de repérages de cet espace géodésique en forme d'utérus, projet un peu virtuel, où d’autres peuvent s'y caresser langoureusement le projet de progresser dans l’intention de pratiquer le bouddhisme, quand on se retrouve dans un utérus, les idées les plus folles peuvent germer. La pièce immersive fut retravaillée après les performances historiques qui s’y déroulèrent, on y perçoit d’ailleurs des fragrances de Live Transmission (2013), comme la Boucle Irradiante Qui Rend Ouf, dont la dynamique et la texture particulières nous feraient acquérir les 132 versions si le producteur choisissait de les mettre en vente en ligne, mais sinon c’est aussi mou du genou que de diffuser les rushes du film en bonus DVD : ça ne vaut pas le Director’s Cut.
Comme il est dit par un chroniqueur anonyme à propos de ces deux albums autour du même évènement, la version live possède certaines propriétés magiques spéciales qui ne peuvent résulter que d'une interaction avec un public.

https://steveroach.bandcamp.com/album/vortex-immersion-zone-2

Skeleton - Spiral Passage (2015)

Version 2 titres (32 minutes) « Squelette / Passage en spirale » du concert « Live in Tucson : Pinnacle Moments » qui ne sortira qu’un mois plus tard, fin janvier 2016, c’est à dire dans le futur puisque nous ne sommes encore qu’en 2015 selon la discographie, alors que la sortie bandcamp porte l’estampille « 1 janvier 2016 ». De qui se moque-t-on ? Et pourquoi sortir une version longue de 2 titres plus courte que la version courte qui sera plus longue, à moins d’être dans un flux temporel inversé par rapport à nous ? A moins aussi que je n’aie pas bien lu l’argumentaire en le recopiant. Au demeurant, c’est pas inintéressant, comme cavalcade d’arpèges pentatoniques avec delay + friselis mélodique néo-schulzien, mais comme il sera intégralement inclus dans la nouvelle version de l’album numérique du Live in Tucson qui sortira incessamment sous peu dans le futur, l’avenir de ce disque est un peu indistinct, à ce degré spéculatif qui n’intéressera qu’une poignée de spécialistes et qu’on pensait réservé aux thuriféraires de Frank Zappa, car l’album - uniquement édité en numérique et réservé à ceux qui ont souscrit l’abonnement Prémioume - est crédité de 2015 dans la discographie mais daté du 1 janvier 2016 lors de sa sortie sur bandcamp, c’est ce que j’ai déjà dit plus haut mais comme Steve je crois qu’il faut beaucoup répéter les choses pour qu’elles s’impriment, et maintenant c’est trop tard pour corriger.

(3/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/skeleton-spiral-passage-extended-version-live-in-tucson-02-14-15

Emotions Revealed (2015)

Des bandes perdues des années 80, retrouvées de façon inespérée. Deux pièces, sans trop de cuisine, l’une héritée de séquenceurs cadencés période Structures From Silence, avec des sonorités bien vieillottes de 1983, c’est envoûtant, entêtant, ou juste saoulant, selon votre sensibilité. Disons que dans le genre Ecole de Berlin, je préfère le maitre Klaus Schulze à ses disciples z-ailés. Ensuite une pièce purement atmosphérique, l’embryon de la genèse de l’origine de la clé de voûte de ce qui donnera naissance à la division blindée de la Voie Contemplative de Steve. Evidemment en 1983 les moyens sont frugaux, mais l’idée du Steve atonal et arythmique est là, en essence. C’est aussi émouvant que de retrouver le brouillon des symphonies que Mozart écrivait dès six ans.
Ou pas.


(2/5)