lundi 8 décembre 2014
Bonnes nouvelles posthumes
1/ Extrait de : « Toute une Vie Bien Ratée » Pierre Autin-Grenier, iBooks.
Poème du cancer des bronches
" C’est un peu comme un 110 mètres haies qui se disputerait d’une manière acharnée et sans concession aucune entre le cancer des bronches et moi. Le matin je commence à toussailler et un peu l’après-midi aussi ; mais quand même, je saute encore tous les obstacles pour le moment, je grille tous les feux rouges et fonce sans souci à travers les plaines stériles de l’ennui telle une vieille loco, crachant fumée et flammes, lancée à la conquête du Far West cependant que les Indiens de la tribu Nicotine arrosent le convoi de flèches empoisonnées et, narguant les wagons de queue, déjà entament la danse du scalp ! Mais j’ai bon espoir, je vous le dis, d’arriver au-delà du Mississippi avant que ces fils de sauvages n’aient eu le temps de me jeter un sort et me réduire à leur merci.
Avec toutes les allumettes que j’ai grattées pour embraser des bouts de mégots ou inaugurer une cigarette fraîche roulée, je crois que des bergers cévenols ou bien de jeunes vachers lozériens un peu habiles de leurs dix doigts pourraient sans peine, l’hiver à la veillée, confectionner des centaines de tours Eiffel modèles réduits[…] »
2/ article de cyber-journal, imprimé sur bois d'arbre et déprimé sur écran Rétina :
(...) L’auteur de "Toute une vie bien ratée" (Gallimard, 1997) a tiré sa révérence en avril 2014, vaincu par la cigarette non sans avoir préalablement causé lui-même bien des pertes dans les rangs de celle-ci. Ayant toujours préféré la forme brève de la nouvelle à l’interminable roman, il ne laisse pas sur sa table un épais manuscrit en vrac avec tous ses destins et ses énigmes en suspens, non, il aura même eu le temps de soigner les neuf textes du recueil qui paraît aujourd’hui, Analyser la situation. Et comme Pierre Autin-Grenier était un malin, il le dédie en partie « à [son] cancer du poumon ». Fine stratégie, car le meilleur moyen d’humilier son ennemi, de se venger de lui, consiste à lui faire des grâces. (...)
3/ Commentaires de blogueur :
Purée, pourquoi je tombe sur des articles comme ça dès le matin en allumant ma première clope ?
Pour ma part, je crois que la meilleure façon d'humilier son ennemi, dans le cas présent c'est de ne pas mourir au combat.
Et évidemment, c'est cette pauvre andouille auto-fictionnelle d'Eric Chevillard qui signe l'article.
http://www.lemonde.fr/livres/article/2014/11/20/bonnes-nouvelles-posthumes_4526205_3260.html
Quoi de mieux pour lutter contre la complaisance que de trouver son maitre en la matière ?
J'ai lu quelques nouvelles de Pierre Autin-Grenier, mais j'ai rapidement déchanté.
Un petit côté Brautigan franchouillard pas désagréable, encore que Brautigan s'est beaucoup complu dans la facilité, et pas grand chose de Pessoa.
Bref, je ne suis pas convaincu, et je pense à cette maxime de Pierre Dac : celui qui parti de rien, n'est arrivé nulle part, n'a de merci à dire à personne.
A moins que son karma fut de rater sa vie, et que ce faisant il la réussit, pour repartir du bon pied dans celle d'après ? A ce moment là on est plutôt du côté d' Henri Michaux : "Sois tranquille, il reste du limpide en toi. En une vie tu n'as pu tout salir."
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Heu... j'ai une petite suggestion; j'ai lu le même article que toi dans le Monde des livres mais pourquoi parler de celui-là, prendre du temps pour ça alors qu'il y a des choses bien plus intéressantes et positives...
RépondreSupprimerHeu...je ne sais pas si tu as remarqué la devise au frontispice de l'établissement : "Je suis une tombe". A ce titre, mon rédacteur en chef m'autorise une grande liberté éditoriale, et me laisse déblatérer sur des gens qui prétendent entrer en littérature en sortant de la vie, et réciproquement.
RépondreSupprimerA part ça, j'ai un tas de raisons masquées d'évoquer la vie soi-disant ratée de Pierre Autin-Grenier, la moins obscure étant que la différence entre lui et moi c'est que je ne suis pas lui, bien que je sois une tombe, chose qui ne m'est apparue évidente qu'après avoir écrit l'article.
Heu... en plus court dans la suggestion...c'est bien aussi de ne pas ronchonner...j'ai remarqué qu'il arrivait un moment où les gens n'arrêtent pas de ronchonner et grogner...
SupprimerEt de toute façon, comme le murmure un collègue, réussir à échouer est impossible.
RépondreSupprimerje ne vois pas le rapport avec la choucroute....
Supprimer"Je les écoute m’expliquer avec une abondance de détails et de précisions de quelle façon je devrais m’y prendre s’il advenait qu’un jour je fusse enfermé dans le labyrinthe.Je les écoute sans les interrompre, car, au vrai, que pourrais-je leur dire, sinon que ce labyrinthe est mon oeuvre et que, depuis trente ans bientôt, je ne cesse d’en perfectionner les dédales."
RépondreSupprimerLouis Calaferte, Memento Mori.
Mémento mori...macabre...
Supprimerwiki : Memento mori est une locution latine qui signifie « souviens-toi que tu vas mourir ». Elle désigne un genre artistique de créations de toutes sortes, mais qui partagent toutes le même but, celui de rappeler aux hommes qu'ils sont mortels et la vanité de leurs activités ou intérêts terrestres.
RépondreSupprimerQuelle macabre découverte que notre mortalité, en effet !
Réflexion gothique : la vie est courte et elle se finit mal
SupprimerToi, t'as trop écouté ça :
RépondreSupprimerhttp://jesuisunetombe.blogspot.fr/2009/06/earth-bees-made-honey-in-lions-skull.html
Ou alors, tu trolles pour troller, tellement tu t'ennuies à l'aéroport...
Avant cet été et les explications de Seb sur son blog je ne savais pas ce qu'était le doom...
SupprimerAprès, je trouve l'aéroport CDG déprimant pour y passer une nuit et je ne parle pas du terminal 2 G(ore) qui essaie de faire du feng shui alors que c'est une boite de sardines, ni des sempiternels slogans de cette fameuse banque "dans le futur tous les marchés auront émergés", " dans le futur chaîne alimentaire et d'approvisionnement ne feront qu'une" que j'ai envie de taguer chaque fois que je passe devant....
Glups je commence à ronchonner comme toi... Il va falloir que je remédie à ça...
SupprimerT'as de la marge !
RépondreSupprimerhttp://johnwarsen.blogspot.fr/2013/01/on-en-tous-soupe-de-la-fin-du-monde.html
C'est bien parce que tu as toujours déjà écrit l'article qu'il faut quand il faut... Tu me fais rire avec tout ce que je lis...
SupprimerCeci dit, ça m'est arrivé d'être coincé 24 heures à CDG (avant de partir à Salt Lake City l'an dernier, pour cause de vol annulé à la dernière minute par Delta Airlines) et c'est vrai que ça rend un peu dépressif, mais c'est aussi l'occasion d'observer en live toute une civilisation méconnue, avec sa culture et ses rituels, ses peuplades aux moeurs étranges...
RépondreSupprimerCette occasion je l'ai très souvent eu et le meilleur endroit pour moi est le train, je regarde les gens autour de moi et j'imagine et parfois ecrit leur histoire pour m'amuser
SupprimerJ'aimais bien les petits textes de Chevillard dans le mensuel le Tigre, que je ne lis plus, malheureusement, depuis la disparition des marchands de journaux (en banlieue parisienne en tout cas). Je trouvais ça plein d'esprit, bien écrit, et je me reconnaissais souvent dans ces tranchettes de vie.
RépondreSupprimerQuant à Autin-Grenier, j'en avais lu beaucoup de bien dans un autre mensuel, satirique, que je trouve toujours celui-là, au Super U. C'est pas si terrible alors faut croire...
Moi aussi j'aimais bien les petits textes de Chevillard, et je m'y reconnaissais aussi... mais c'est quand même la mafia des Grands Prêtres de l'auto-apitoiement, non ? Je crois que Le Tigre existe encore sur le Net, et le blog de Chevillard que j'ai indiqué en lien voit son lot quotidien d'aphorismes... et c'est pas parce que je lui taille un short ici-même que t'es obligé de me croire sur parole. J'ai pas plus de légitimité que lui, sans déconner...
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