lundi 10 décembre 2018

Deux doigts dans la reprise (3)



Ode to Billie Joe - Bobbie Gentry (BBC Live 1968)

J'ignore tout de la période à laquelle Bobbie est entrée en phase de gentrification, mais j'ai pris la honte à regarder le Wiki de cette chanson en v.o., car il est remarquablement rédigé, avec une grande sobriété stylistique, bourré de liens affriolants, tout ça gratuit alors que j'ai même pas envoyé 10 euros à Wiki cette année tellement ils m'ont gonflé avec leur campagne de soutien, et ça me couperait presque toute envie de procrastiner, de sombrer dans l'indifference and unshared grief comme dans la chanson.

Quelques années plus tard, Joe Dassin en fait un remake particulièrement inspiré avec "Marie-Jeanne" puisqu'il n'ajoute rien à l'original, à part la nécessaire transposition géographique du Mississippi rural vers le Lot-et-Garonne en se livrant à de subtiles substitutions :
Tallahatchie Bridge -> Pont de la Garonne
Choctaw Ridge -> Bourg-les-Essonnes
Brother Taylor -> Marcel Dubrignoulet
Billie Joe McAllister -> Troy McClure
et à un détail près : It tells exactly the same story nearly word for word, but the lead characters are reversed. The narrator is one of the sons of the household, and the character who committed suicide is a girl named Marie-Jeanne Guillaume.

Un spécialiste mondial du chanteur de charme mort qui louche a fait de cette reprise une analyse textuelle pénétrante à plus d'un titre :

http://www.joedassin.info/fr/af-show1599.html


Mais là encore, ce maudit Wiki dame le pion à toute tentative de surenchère exégétique, qui passerait dès lors pour une supercherie :

Inexplicablement, quand Joe adaptera "The City of New Orleans" de Steve Goodman, ça donnera "Salut les amoureux", chanson favorite des dépressifs bipolaires qui n'a pas grand chose à voir avec la choucroute originale. Choucroute que Schmoll arborera néanmoins ostensiblement sur la tête lors de sa reprise de la reprise de Joe. Sacré Eddy.


Beau joueur, Joe Dassin saura s'éclipser d'une discrète crise cardiaque quelques années plus tard. Sa tombe humble et anonyme reste fleurie, été comme hiver, pas d'autres anonymes encore plus anonymes, si c'est humainement concevable.


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