L'autre soir, j'ai eu envie de revoir le sketch "La bougie" de Fernand Raynaud.
C'était une envie facile à satisfaire :
Actuellement en déplacement professionnel, j'ai pu convoyer mon récepteur à l'hôtel, en toute simplicité, grâce à sa poignée robuste et son poids modeste (19,8 kgs) |
Je crois même qu'il existe dans le commerce des enregistreurs de signal TNT, mais mon téléviseur de salon Black Trinitron ITT Océanic Couleur de 1982 ne dispose pas de prise USB pour mettre ma clé mp3 dedans.
Le DVD, ce support adulé au sortir de l'ère du VHS, ce grandiose passage de l'analogique au numérique prématurément décrié, honni, vilipendé, trahi, vieilli et oublié.
Un peu comme le CD-ROM interactif, idée géniale mais outil vite obsolète du fait de l'inflation galopante des données, qui n'aura duré que le temps d'un été.
Donc le DVD, c'est peut-être ringard, mais en attendant, va trouver Fernand Raynaud en BluRay.
Ou l'intégrale des Shadoks en 4K. Et pourtant, une remasterisation des Shadoks oeuvrerait pour le salut public et le bien commun : quand les Shadoks arrivent sur Terre, ils la trouvent en proie au Gégène, un insecte local qui ne s'appelait même pas Gégène puisqu'il n'y avait personne pour l'appeler, mais qui incarne tout à fait l'ancêtre vénérable du Covid conjugué au futur antérieur de cette fin des années 60 où l'ORTF disposait d'un service de recherche où s'épanouissaient des gens qui n'avaient même pas obligation de trouver quoi que ce soit, et du coup ils en trouvaient plein. (Le futur antérieur peut exprimer un fait considéré comme accompli dans le futur de manière certaine; exemple : Dans cinq ans, on aura tous été contaminés.)
Et du coup, si on étudiait comment les Shadoks ont réussi à éliminer Gégène, on serait pas obligés de s'acheminer vers le passeport vaccinal.
Bref. A la tombée de la nuit, je dérobai mon DVD de Fernand Raynaud, puis le convainquis de se laisser ripper puis recompresser en mp4 comme un chien dans une chanson de Jacques Brel, c'est à dire un chien qui ne joue à rien parce qu'il n'sait pas comment faut tricher. Après tout, seuls les voleurs peuvent se dérober eux-mêmes, comme le rappelait Tuxedomoon dans Blind. Fernand Raynaud ne trichait pas, mais il écrivait des sketchs à chute, dont l'ultime réplique vient souvent retourner comme une vieille chaussette tout ce qui a été énoncé précédemment, en le jetant à l'abîme dans un grand éclat de rire. Il adorait sans doute se travestir avec des maquillages outrés, pour incarner tous les personnages de ses petites saynettes, accentuant le côté burlesque qu'on retrouve aussi dans les scopitones de Henri Salvador, et qui a lui aussi totalement disparu. Alexandre Benalla fut le dernier grand acteur burlesque, lui aussi parti trop vite avec son passeport diplomatique.
Un tombereau d'expressions populaires sont nées de ses sketchs, et passés directement dans le domaine public. "Allo tonton ? pourquoi tu tousses ?" "C'est l'plombier !" "Chuis pas raciste mais..."
"La chatte à ma soeur"... ah non tiens, la chatte à ma soeur n'est pas devenu une expression populaire. Tant mieux, parce que ma soeur, en vrai, dans la Réalité Réelle Ratée, elle est ingénieur chez ErDF, alors ça la ficherait un peu mal.
A l'époque, succès public prodigieux.
Suivi d'un oubli tout aussi prodigieux.
Alors que les ombres de Coluche et Desproges ne nous ont jamais quittés.
Publicité d'époque dans "Le distrait" (1970) qui n'a rien à voir mais qu'on pourrait penser prémonitoire si on avait l'esprit mal tourné, et qui me sert à aérer un peu l'article. |
Mais Fernand Raynaud meurt en pleine gloire à bord de sa Rolls, qu'il n'aimait pas, en défonçant le mur du cimetière de à l'entrée de Cheix-sur-Morge (Puy-de-Dôme) et surtout son décès coïncide avec la fin des Trente Glorieuses. Il tombe ainsi dans le charnier des époques charnières : après sa disparition tragique en cercueil à roulettes/tombeau à moteur, c'est un nouveau monde qui s'ouvre avec le premier choc pétrolier de l'OPEP, suivi de ses successeurs, qui s'enchaînent comme des coups de boutoir, portant le prix du super jusqu'à 0.30 NF (nouveau Franc) le litre.
A partir de là, on ne rira plus ni des Arabes ni des racistes de la même façon que du temps de Fernand. Plus jamais.
Il manquait ce clou à mon cercueil.
Le voici.
http://www.mediafire.com/file/epi6gwqx2y44j17/LiFeRa.zip/fileC'est en même temps le clou du spectacle.
La compilation est produite par son fils, il y a des sketchs qui ont moins bien vieilli que d'autres. Vous vieillissez comment, vous ?
Il y manque au moins celui du douanier qui commence par "J'aime pas ces étrangers qui viennent manger le pain des français", encore plus immense que les sketchs les plus immenses de l'immense Fernand Raynaud.
Et avec ça, je vous mets le CD 5 de l'intégrale en 6 CD.
https://www.mediafire.com/file/05r0yp5e1a1giiv/FR_CD5.zip/file