jeudi 13 juin 2024

Plus haut dans les ténèbres (sans La France Libre)

La semaine dernière, j'ironisais tristement sur ce pauvre Lalanne, l'écorché vif qu'on aimerait parfois finir à l'épluche-légumes. Cette semaine, Dieudonné et lui, ivres de chloroquine et de victimisation complotiste, auto-séquestrés au siège des cabinets de leur micro-parti La France Libre, n'ont pas été élus aux Européennes 2024.
On respire.
Enfin, presque.
Car on se trouve aussi face aux dégâts collatéraux du scrutin. 
Pas plus tard que cette nuit, un renard s'est introduit dans mon poulailler et il a emporté Blandine, Josette et Odette. C'est pas un truc qu'il aurait fait avant le résultat des élections de dimanche dernier. Le goupil s'est visiblement enhardi, d'autant plus que cette année la mairie a voté la "tonte écologique" du p'tit bois derrière chez moi, traduire "plus de tonte du tout", donc la biodiversité fait 1,50 m au garrot, crache ses pollens tant qu'elle peut, et sangliers et renards peuvent circuler à couvert, même avant le couvre-feu. J'aurais bien aimé accuser la fouine du quartier, qui m'a déjà baisé une poule il y a quelques années, mais justement, selon les indices retrouvés sur place, les fouines n'ont pas le même modus operandi (je vous passe les détails fournis par le médecin légiste, qui n'a retrouvé qu'un cadavre sur les trois)
https://johnwarsen.blogspot.com/2016/01/sale-temps-dans-la-filiere-volaille.html

Blandine, Josette et Odette vous accueillaient à toute heure à la porte d'entrée,
surtout si vous aviez des graines de tournesol dans la poche.

"Fn", le glyphe taggé par le renard comme un Furtif de Damasio au coin du poulailler pour faire injustement accuser la vermine judéo-fouineuse, c'est un peu gros comme pièce à conviction. Et puis si Fouine = Fn, on sait bien que Renard = Rn. On voit bien d'où est parti le coup : les nomades qui vivent dans des tunnels aux confins de la zone périurbaine, et qui tentent de survivre à la boboïsation rampante des campagnes. Les fouines et les renards ont aussi des petits à nourrir, et elles les aiment, comme nous aimons les notres. Bref. Ces poules pondeuses nous avaient adoptés depuis plusieurs années, elles avaient chacune leur petit caractère, car c'est assez intelligent, une poule, malgré un tout petit cerveau; nous avions appris à les connaitre et c'était d'excellents ovipares de compagnie. D'accord, Blandine (la rousse) était LFI et un peu chiante avec ses keffieh et ses drapeaux "Free Palestine" qu'elle étendait au coin du potager (où elle était interdite de séjour pour cause de harcèlement des salades), Josette soutenait Glücksmann en qui elle voyait un nouveau Hollande (sic) et Odette militait activement à Horizons, parce qu'elle avait flashé dans sa jeunesse sur l'alopécie d'Edouard Philippe, la maladie auto-immune qui fit blanchir sa barbe presque aussi vite que les cheveux de Leland Palmer dans Twin Peaks, mais finalement nous parlions très peu politique en leur portant nos restes de repas, et  malgré leur fin tragique elles vécurent une longue et belle vie de poulettes en plein air nourries au grain et sans regarder TFI sur les 1000 m2 de la parcelle dont elles réduisaient la biodiversité (lézards, insectes, rampants et volants) mais produisaient des oeufs, fertilisaient le compost et absorbaient la quasi totalité de nos déchets organiques, excepté nos eaux usées qui partaient vers la station d'épuration, un mot qui revient à la mode. 
On va pas sangloter comme des tafioles, nous consommons du poulet sans états d'âme. Mais là, c'était pas pareil. Jamais nous n'aurions mangé nos poules. 
Et ce gros pédé de chat, il aurait pas pu nous alerter, cette nuit ? il sort beaucoup en nocturne, et c'est aussi un ennemi résolu de la biodiversité, quoiqu'une enfance en zone de guerre ait durablement perturbé ses repères cognitifs. 

Comme Francis et Dieudonné, ce chat a été trop souvent menacé d'être écorché vif
à l'épluche-légumes quand il était petit, et ne s'en est jamais vraiment remis. 
Ici, ses tortionnaires s'en prennent à une innocente courgette du Modem.

Car ce chat était un réfugié assyrien provenant de la ville de Donges, dont le bourg a été anéanti durant les bombardements des 24 et 25 juillet 1944 et reconstruit à 1 km à l'intérieur des terres. La ville est classée en zone à risque Seveso 3 car elle comprend la deuxième raffinerie de pétrole de France et le plus grand terminal méthanier européen, ainsi qu'un certain nombre de sites industriels chimiques. De nuit, la traversée de la zone industrielle de Donges ressemble à un film de Wong Kar Wai sous acide revu par David Lynch sous méditation transcendantale. Si tu allumes ta clope au mauvais endroit au mauvais moment, tu fais un cratère de 50 km, et on entend l’explosion jusqu’à Bordeaux. 
C'est pourquoi les chats y sont réputés plus résistants. 
Le problème c'est que ce chat a conservé des séquelles psychologiques de cette première vie, que comme résistant il n'est pas très fiable, il est plus désormais plus Lacombe Lucien que Jean Moulin, et aussi que les Français ont complètement oublié la différence entre un résistant et un collabo, puisque le pays qui célébrait le Débarquement contre le fascisme il y a une semaine a massivement voté pour le fascisme trois jours plus tard.
https://www.legorafi.fr/2024/06/10/le-pays-qui-celebrait-le-debarquement-contre-le-fascisme-il-y-a-trois-jours-vote-massivement-pour-le-fascisme/
En tout cas la nuit du drame le chat n'a pas bronché, et encore moins lancé l'alerte enlèvement, peut-être qu'il s'est dit que comme il n'était pas ovipare, ça ne le concernait pas, comme nous leurs compagnons à deux pattes quand on a vu la Hongrie, l'Italie, la Slovaquie, être pris en main par l'extrême-droite, puisque nous n'étions ni slovaques ni ritals et encore moins hongrois.

Un camp de vacances pour chats sponsorisés par Royal Canin, j'aurais dû me méfier.

Maintenant que j'y pense, c'est un peu normal qu'il n'ait pas réagi, ça fait un mois qu'il est parti dans un de ces camp de vacances qui ouvrent un peu partout dans le pays, camps pour chats, camps pour islamo-gauchistes, pour musiciens de jazz transgenres (y'en a qui cumulent), dont pas grand-monde ne ressort après la fin du séjour, un peu comme dans le Complot contre l'Amérique de Philip Roth

Allons-nous réagir avant qu'il ne soit trop tard ? 
Sommes-nous promis à la destinée jadis esquissée par François Béranger dans Magouille Blues, et ferons-nous prochainement partie des gens qui s 'ront fichés / Et qui un jour vont s 'retrouver / Dans un stade militairement gardé / Où on pourra toujours chanter ?
En tout cas, c'est pas en râlant tout seul devant sa télé (ou son écran d'ordinateur) que ça va y changer quelque chose. 
Manifester non plus, c'est dans les urnes que ça va se passer. 
Et pas les funéraires. 
Pas tout de suite, en tout cas.
Ach, ach, ach.

J'ai cherché "Front populaire" sur le wiki, mais ça s'est pas très bien fini.
[EDIT du 14/6]

Malgré l'amertume du constat, et la vague brune comme une bébète qui monte qui monte, tout en sanglotant sur mes poules de gauche et en ramassant de l'autre main leurs plumes sur la pelouse parce que le renard en a vraiment foutu partout, je ne pense pas qu'on puisse en trois semaines faire changer d'avis les électeurs du FN de dimanche dernier, qui voteront sans doute pareil fin juin. Ils sont sur le fantasme d'essayer quelque chose d'inédit, après ce qu'ils pensent être l'échec de la gauche et de la droite, qui est surtout l'échec du capitalisme à ne pas nous faire crever
Ce sont les abstentionnistes des Européennes que nous devons essayer de mobiliser partout où nous les trouvons ; le quartier où nous vivons, l'entreprise où nous travaillons, le blog sur lequel nous suons, etc... A ce titre, je trouve plein d'arguments dans In Extremis : la newsletter sur les extrêmes droites que Mediapart diffuse gratuitement si on s'inscrit ici

J'ai retrouvé le dernier selfie que mon fidèle Pandémiaou m'a envoyé de son camp de vacances
avant de se murer dans un silence inquiétant. Il avait l'air de bien s'amuser, 
mais il y avait quand même des indices qui auraient dû me mettre la puce à l'oreille. 
J'étais peut-être trop occupé à militer sur les réseaux sociaux pour que les renards deviennent vegan,
ou encore à dénoncer l'addiction à la pornographie sur les forums consacrés à la dépendance sexuelle.
" On asservit les peuples plus facilement avec de la pornographie qu'avec des miradors."
disait Soljenitsyne. Finalement, si on fait rien, on aura les deux.


jeudi 6 juin 2024

Plus haut dans les ténèbres avec La France Libre

"Si Dieudonné était antisémite, je ne pourrais pas être son ami.
Tout le monde connait mon engagement pour Israël. 
Tous mes meilleurs amis sont juifs. 
Mon fils est juif."

Francis Lalanne dans : 

Alerté par téléphone et par ma femme Brunhilde Warsen, à qui je dois tout, y compris l'air que je respire, pour l'instant sans abonnement tant sa bienveillance est éclairée, elle qui est partie s'ébattre quelques jours sur les plages du débarquement de sa mère morte, j'ai consulté les professions de foi des candidats aux élections européennes, car il est à nouveau l'heure d'aller voter.

Au lieu d'aller voter Lalanne aux Européennes,
de Gaulle est allé à la plage : sous l'eau,
l'hydre national-socialiste joue les gros bras.
Comme disait Jordan, ça va barder, là. 
En 2019, on avait voté Lalanne, et on n'avait pas eu à le regretter, car il n'avait pas du tout été élu. Mais c'est de plus en plus rock'n'roll, de le soutenir. Lui qui incarna jadis l'incandescence de la jeunesse, il vient de s'acoquiner avec un ex-comique complotiste d'extrême droite (en situation de handicap car souffrant de multiples biais cognitifs) pour former une liste "France Libre" aux élections européennes. 
Abusé par Google, j'ai même cru un instant que le général de Gaulle appelait à voter pour eux.
Francis est sans doute une victime collatérale de la deuxième loi de la thermodynamique, qui énonce que dans un système isolé, l'entropie tend à augmenter au fil du temps... Il doit être un système isolé, comme nous le sommes tous, bien qu’aucun Terrien ne soit une île, ça devient carrément cringe (malaisant, gênant, embarrassant, inconfortable, incommode) de le croiser dans ses incarnations de plus en plus décrépites. Plus ridicule à lui tout seul que BHL tout entier. 

 https://www.dailymotion.com/video/x8zdyj2

Et puis, dans ces professions de foi, il y a des éléments de langage accablants.

https://programme-candidats.interieur.gouv.fr/index.html

Dès la première de la liste, "Pour Une Humanité Souveraine", ils parlent de "révoquer les juges et magistrats corrompus qui encourage le désordre familiale". Je dis pas que c'est pas légitime, comme idée, mais y'a deux fautes d'orthographe dans la phrase. Le niveau baisse. Depuis que Bernar Pivo é dcd, la Franss va à volo. 

un roman pré-apo : tout s'effondre, 
mais l'apocalypse, comme Madeleine, n'arrive pas.
En plus d'être appelés aux urnes, les déclinistes le sont à se réjouir. Je ne détaille pas les 38 listes en lice, ça serait des pixels gâchés. Beaucoup d'entre elles sont pittoresques, mais nombreuses sont celles qui ne font pas rire. Et pourtant, il va bien falloir se décider en faveur d'un candidat ou autour d'un programme, en pensant à tous les pays où les élections sont un mythe ou un simulacre. Bien que l'idée soit aussi stimulante que quand on te disait enfant de finir ton assiette en pensant à tous les enfants qui mouraient de faim dans le monde. Par voie de conséquence, je cherche l'inspiration dans le roman "Plus haut dans les ténèbres " (How High We Go in the Dark) de Sequoia Nagamatsu, dans lequel beaucoup d'enfants meurent, et c'est assez triste de leur survivre, même quand c'est pas les votres. L'ouvrage semble suggérer que quoi que ce soit que je mette dans l'urne, réchauffement et pandémies modèleront notre futur un peu plus radicalement que ce scrutin des Européennes. 
On est ici plus dans l'anthropologie que dans la SF, et si l'on veut esquisser des accointances, plus proche du tragique et de la sensibilité de l'intime à la Station Eleven que du burlesque noirâtre de Des parasites comme nous
comment l'humanité va-t-elle évoluer, confrontée au deuil de masse ? 
C'est ce que nous saurons en lisant vivant le prochain épisode.

jeudi 30 mai 2024

Le petit Steve Roach illustré : Une année 2023

Jean-Jacques et Geneviève
(oui, la veuve à Michel) : 
priez pour qu'ils ne viennent pas 
jouer du Steve Roach chez vous.
"Il faut vérifier soigneusement les connexions de tous les câbles ainsi que le transfert du son de l’oreille gauche vers la droite pour que l’effet de relief hypnotique de ma voix puisse se produire. La lumière de la pièce baisse, les masques de nuit sont mis. L’hypnose peut commencer. Bon voyage ! La musique qui est diffusée en fond sonore est directement inspirée de celle de Steve Roach. Ce compositeur américain est, selon mon ami expérienceur Gilles Bédard le seul artiste parvenu à recréer l’ambiance sonore vécue lors de son EMP. Dix ans après son expérience, l’écoute de l’album Structures from Silence « le replongea instantanément de l’autre côté », dit-il avec un grand enthousiasme communicatif lorsqu’on l’interroge sur ce choix."
in "Contacter nos défunts par l'hypnose : 
La TransCommunication Hypnotique, une nouvelle thérapie pour le deuil", by Jean-Jacques Charbonier (voir post précédent)

Une musique directement inspirée de celle de Steve Roach ! Diable ! Lui qui si souvent s'inspire de ses anciens travaux, se plagie et se repompe lui-même ! Je n'en veux pour preuve que les 209 disques sur lesquels il a apposé sa signature ces quarante dernières années.

https://jesuisunetombe.blogspot.com/search/label/Steve%20Roach 

Alors, que s'est-il passé en 2023 dans la life du pape de la musique des sphères, meufs ?

Rest of Life (2023)

Genevière Delpech anonymisée
Parmi les innombrables disques d'ambiance texturée par des nappes synthétiques réverbérées dans des églises anglicanes désertes créés par Steve Roach au cours du dernier million d'années, pourquoi être attiré vers celui-ci plus qu'un autre ? Je ne sais pas. Peut-être que j'étais plus réceptif, lors de sa sortie, à la paix et la plénitude qu'il cherche à induire dans l'âme de l'auditeur, si tant est qu'il en ait une. Rien ne distingue cet album de ses milliers de frères et sœurs extirpés par wagons de l'Incréé, nébuleux, impalpables, poudre d'étoiles mortes, bande-son idéale à une soirée diapos si vous étiez en vacances dans la galaxie du Centaure et que vous avez assisté à la mort d'Orion.

(4/5)

The Weaving Way (2023)

Un disque de Steve de seulement 31 minutes, même s'il ne comporte qu'un seul morceau, c'est comme un 45 tours pour un artiste normal. Sur la page bancamp du disque, on apprend que le morceau est extrait de son premier concert en direct depuis la maison en 2020, qu'on peut le retrouver en vidéo, et mesurer combien le barde intemporel a vieilli.
A part ça, c'est assez schulzien : cascades d'arpèges,  fontaines de cristal etc... La routine, quoi.

(3,5/5)


Second Nature (2023)
par Steve Roach & Robert Logan 

ce disque ne m'inspire guère, et fut jadis chroniqué ici
car en vérité, il date de 2016 (je suis obligé de suivre l'historique bandcamp de l'artiste car le geek qui abondait la discographie de Steve sur son site d'origine a mis fin à ses jours, il trouvait que tout ça tournait un peu en rond.)



Alive in the City of Angels (2023)

Qu'est-ce qui ressemble plus à un concert de Steve dans une cathédrale qu'un concert de Steve dans une cathédrale ? Envoyez vos réponses à la rédaction, le premier qui trouve la bonne réponse ("deux concerts de Steve dans une cathédrale ") recevra en cadeau un deux CD d'un concert de Steve dans une cathédrale.

(4/5)

Sanctuary of Desire (2023)

Vous parcourez timidement d'immenses halls de gare parsemés de coussins en mousse hypoallergéniques, qui accueillent mollement votre fessier. Une fois allongé, vous levez les yeux vers les voûtes, et en particulier la croisée du transept, parfois appelée intertransept, qui est la partie du plan d'une église située à l'intersection du transept et du vaisseau principal de la nef. Quand vous vous réveillez, vous avez un peu mal au cul, et votre portefeuille a disparu, mais vous ne regrettez pas ce moment de rencontre avec le Sacré.

(4/5)





Integration Being  (2023)
 
des versions "extended remix" de morceaux issus de l'album précédent.
Plus c'est long, plus c'est bon ? 
ça dépend avec qui.









Stream of Thought  (2023)
par Steve Roach & Erik Wollo

Qui va wollo va mollo, c'est une réédition de l'album violemment tiède chroniqué ici


En résumé, en 2023, Steve Roach est resté très actif, mais on ignore s'il a investi dans les cryptomonnaies. C'était Jean-Pierre Gaillard, en direct de la Bourse de Paris.

jeudi 23 mai 2024

Jean-Jacques Charbonier - Contacter nos défunts par l'hypnose (2018)

Tout est dit dans le titre.
Le Royaume du bullshit s'étend au delà.
Si j'avais réfléchi un peu,
je me serais épargné cette rédaction.
Je crois en avoir eu conscience un bref instant,
puis je suis parti à délirer.
extraits de mails
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27/02
salut gars !
...loin de moi l’idée de repiquer au vieux truc du canular téléphonique ou cybernétique, cette blague de jadis qu'on se faisait à deux, un farceur et un farcé, qui a été remplacée par les fake news, version à plusieurs infiniment triste dans laquelle le locuteur croit et surtout veut faire croire à la foutaise qu’il émet comme une « vérité alternative » ... mais quand même, ce matin j’étais au Leclerc culturel, en train de maugréer contre l’absence en rayon de l’intégrale de Raymond Chandler, et en passant devant le rayon « ésotérisme et bricolage », je remarque une couverture rigolote : « Contacter nos défunts par l’hypnose », alors je me dis « tiens, enfin une suggestion de mauvais goût à faire à LJ pour sa copine coincée dans son deuil », en plus la couverture s’orne d’une promesse du célèbre bonimenteur Guy Trédaniel, qui dit que ce livre va « contribuer à l’émergence d’une civilisation post-matérialiste et d’un monde meilleur » dont je venais de discuter avec le commis du Leclerc Poissonnerie, qui était bien d’accord que ça urgeait parce que si les dauphins venaient manger les poissons près des côtes et provoquaient l’interdiction de sortie des chalutiers, Guy Trédaniel était sans doute mieux placé que Michel-Edouard pour savoir qu’est-ce qui était bon pour la planète, et pour le remercier de ce moment d'échange je lui ai pris sa langouste royale vivante qui était en promo à 114€ le kilo. 
Mais je m’égare, car cinq minutes plus tard au rayon « marivaudage tantrique et épilation des chakras » , je dévore la quatrième de couverture de « Contacter nos défunts par l’hypnose », parce que je ne vois pas revenir ma femme du rayon littérature générale, elle est coincée sous un éboulivres (un éboulis de livres) de piles de Guillaume Musso et de Maxime Chattam qui se sont effondrés à son passage, mais j'en ignore tout, et je me mets à ricaner, car je découvre que Jean-Jacques Charbonier, l’auteur de « Contacter nos défunts par l’hypnose », a aussi écrit « J’ai envoyé dix mille personnes dans l’au-delà » et apparemment il n'est toujours pas en cabane !

Qui se souvient de Lobsang Rampa ?
Certainement pas les Tibétains.
Bien sûr, je lutte contre le sentiment de supériorité qui s’empare de moi devant cette réédition en poche et chez J’ai Lu de « Contacter nos défunts par l’hypnose »qui m’évoque les plus grands succès de leur ancienne collection "l'aventure mystérieuse", comme Le Troisième Oeil de Lobsang Rampa, dont me bassinait Arnaud J. (takavouar où ça l’a mené), et toutes les billevesées que nous ingurgitâmes goulûment lorsqu’adolescents nous fûmes pris de l’envie de chercher d’autres mythes que ceux que voulait nous imposer René Haby (ministre de l'éducation quand nous étions lycéens, NDLR)
Je ne peux pas me payer le luxe spirituel de mépriser spontanément les chercheurs en au-delà, les marchands de portes ouvertes sur l’infini et de vérandas karmiquement profitables. Le dernier Goossens devait révéler les secrets d'une pose réussie de la porte de l’univers, en fait il y a juste une blagounette terrible sur Corto Maltese que je t’ai mise là :
https://jesuisunetombe.blogspot.com/2022/06/daniel-goossens-la-porte-de-lunivers.html
Je revois très bien mon père suggérer d'un air entendu « on a écrit des bibliothèques entières sur les vertus de la prière » et je me rappelle avoir connu des temps difficiles où moi aussi j’errais au rayon spiritualité de la Fnac (le Leclerc culturel de l’époque, devenu le Darty de maintenant) dans l’espoir d’y trouver des ouvrages inspirés qui me réconcilieraient avec mes dysfonctionnements les plus gênants (pour moi et pour les autres) bon je m’arrête là sinon tu vas croire que j’ai repris des champis ou pire, des antideps. J’ai emprunté sur internet une version électronique du très saint livre « Contacter nos défunts par l’hypnose », je le lirai pendant ma sieste de midi et je te dirai si ça vaut kekchoze, surtout si comme je le suspecte t’en as moins que rien à taper ! Heureusement que je reprends le collier demain ! J’ai bien fait de me vanter hier que je n’écrivais plus !
a+

Y'en a que 7 de bonnes, 
mais une infinité de mauvaises. 
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19/04
D. va mieux. Il m'appelle beaucoup moins souvent, et il est plus posé; je ne le sens plus du tout dans l'émotionnel déconstruit dû aux effets secondaires de son trauma crânien; tu as sans doute constaté toi aussi une baisse de la fréquence des appels, et une volubilité moindre. Bon, hier soir il m'a appelé, je voyais pas trop le motif, et il a mis un moment à me cracher le morceau, il avait fait piquer son chat le jour même, son chat, putain, la seule personne avec qui il avait des rapports humains, donc je lui ai suggéré de prendre le temps du deuil, que c'était quand même difficile, 
qu'il fallait accepter la tristesse etc...

Le titre est du côté obscur de la farce.
10 000 personnes parties dans l'au-delà,
et pas un seul apparte qui se soit libéré ?
d'où la crise actuelle du logement d'occasion.



De mon côté, je chemine aussi vers la sobriété émotionnelle, surtout depuis que j'ai lu l'ouvrage dont je t'avais parlé, "Contacter nos défunts par l'hypnose", et la TransCommunication Hypnotique m'apparait encore plus sujette à caution après l'avoir parcouru qu'avant.
Sans doute qu'il faudrait mesurer la valeur de ces thérapies à l'aune des bienfaits qu'elles apportent aux hommes et femmes dévasté.e.s par l'affliction du deuil, plutôt qu'à leur absence totale de base scientifique; m'enfin, après avoir lu le bouquin, je trouve que ça craint un peu, et comme disait Clémenceau, la tolérance, y'a des maisons pour ça. J'ai l'impression que le docteur Charbonier s'adresse à des âmes simples, et exploite leur détresse née d'un chagrin sans remède. 
On pense à Macbeth, acte 5 scène 3, surtout quand on vient de le lire chez FeydRautha :

« Ne peux-tu donc soigner un esprit malade, arracher de la mémoire un chagrin enraciné, effacer les soucis gravés dans le cerveau, et, par la vertu de quelque bienfaisant antidote d’oubli, nettoyer le sein encombré de cette matière pernicieuse qui pèse sur le cœur ? »

On pense à Blackula, prince des Ténèbres Noires, quand il m'écrivit à propos d'une amie disparue : "Elle avait l'air cool comme meuf. L'avantage avec la mort c'est qu'on y passe tous. Du coup impossible d'être tristes trop longtemps." Et sa parole fut un baume sur ma plaie. Le même Blackula qui m'avait réconcilié avec Dieu, le jour où il m'avait avoué :

"I prayed to god for a bicycle, but then I realized god doesn't work like that, so I stole a bicycle and prayed for forgiveness. "

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brouillon de mail
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13/05

Aah, voilà. Là, on voit un peu mieux
où il voulait en venir.
Ca sent le complot facile.
La mort d’un être cher est révoltante. 
Même après celle de tant d’autres, même si à partir d'un certain âge, ça devient une routine, certains trépas semblent injustes, inacceptables, et on se dit qu'il y aurait de quoi mettre Dieu aux Prud’hommes. On hésite à lancer la procédure, parce qu’on sait qu’il est rare qu’Il Daigne Se Pointer à l’audience. Et pour dire quoi ? Il nous ferait ses petits raisonnements à la con, comme quoi la mort n'est pas le contraire de la vie, que la vie n'a pas de contraire, que la mort c'est juste l'inverse de la naissance, juste un passage, et ça nous ferait une belle jambe. On l’Imagine Très Occupé à chercher une nouvelle hypothèse de travail, après avoir foiré avec les dinosaures, et pourtant ils étaient bien partis, c’est ballot qu’au bout de 160 petits millions d’années une bête météorite ait mis fin à leur civilisation, après avoir foiré avec l’homme, à peine 300 000 ans pour foutre la planète à feu et à sang, bravo les gars, vous passerez prendre votre chèque à la réception, inutile de laisser un CV, on vous rappellera pas.
Alors comment faire son deuil ? après les désolations, on se tourne vers les consolations spirituelles. Et dans l'état de faiblesse de l'endeuillé, pourquoi pas l'hypnose, si on a été assez fragilisé, et pourquoi pas l'irrationnel, puisqu'aucune réponse satisfaisante n'émerge, et que la mort reste scandaleuse ? 
C'est comme ça que Conan Doyle avait sombré dans le spiritisme après la perte de son fils, lui qui était l'incarnation même de la raison et de la logique hypothéco-déductive. 
Dans les voyages organisés par Jean-Jacques Charbonier sous transe hypnotique pour rencontrer ses proches disparus, les défunts se présentent toujours sous leur meilleur jour, bien habillés, jeunes et en bonne santé, heureux et cools, ils profèrent des conseils d'un conformisme rare et d'une mièvrerie insondable, "tu as fait le bon choix", "tu as bien travaillé, tu peux être fier de toi", ils font tous les mêmes grimaces compassées, derrière lesquelles on devine le (manque de) talent littéraire de Jean-Jacques lui-même, et bien joli qu'il n'ait pas tout inventé lui-même.
On est dans un au-delà atrocement cucul-la-praline. Au moins, ça donne envie de ne jamais mourir, pour ne pas risquer de revenir sous forme de zombie shooté à la guimauve. Et s'il existe une après-vie, ce dont je ne puis présumer ici, n'étant encore jamais mort, laissez-moi vous dire que vous lui faites une piètre publicité, monsieur Charbonier. 
Les ouvrages de Philippe Charlier sur la mort et l'au-delà, et les croyances qui vont avec, me semblent infiniment plus sensés que les votres.  Enfin (d'article) on découvre sur votre wiki votre vrai visage de fripouille de l'après-vie, bon vivant à la tête d'un juteux business de réconfort hypnotique d'endeuillés, sans parler de vos positions scabreuses sur le Covid et les extraterrestres, et on se dit que la prochaine fois qu'on passera à la librairie du Leclerc culturel, on évitera de regarder les ouvrages en tête de gondole, même pour rire; d'ailleurs, n'avait-on pas cessé d'écrire ? 

Pour aller plus loin :




https://www.mediacites.fr/enquete/toulouse/2019/04/23/il-pretend-aider-a-contacter-les-morts-le-business-du-sulfureux-docteur-charbonier/ 

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[EDIT du 26/5]

J'apprends à l'instant que David Cronenberg (81 ans), veuf depuis 2017, imagine dans "Les linceuls", présenté cette année à Cannes, une façon moins ésotérique de rester en contact avec les défunts.

"Karsh, riche entrepreneur de Toronto, entre autres de pompes funèbres high-tech, ne se remet pas de la mort de sa femme, Rebecca (Diane Kruger). En conséquence, il a mis au point un système de tombe connectée, qu’il commercialise dans son parc de cimetières équipés. Au cœur de cette technologie, un linceul équipé de capteurs prend une image par contact du corps enseveli, retransmise sur un écran intégré à la pierre tombale. L’ingénieur inconsolé peut ainsi suivre au jour le jour la décomposition du cadavre adoré : la relation se perpétue au-delà de la mort, pour un corps qui continue de se transformer. Mais Karsh observe bientôt à la surface du squelette la formation d’étranges nodules qui l’alertent sur l’intégrité de la dépouille."

https://www.lemonde.fr/culture/article/2024/05/20/cannes-2024-les-linceuls-david-cronenberg-a-la-vie-a-la-mort_6234472_3246.html

L'article manque de précisions, comme le souligne un malicieux lecteur : 

"splendides scènes oniriques d’une grande puissance d’émotion – les étreintes nocturnes dont Karsh rêve la nuit avec le fantôme de sa femme au corps rapiécé, strié de cicatrices, tombant en lambeaux"...Ok. Mais on voit les vers ? Parce que sinon, j'y vais pas."

Je ne vais pas me bousculer pour aller le voir, je préfère les Cronenberg des années 80, mais ça m'a pas l'air plus insensé que la méthode à Jean-Jacques. 

jeudi 16 mai 2024

Vivre et mourir à Berlin

Le tourisme noir, appelé aussi tourisme sombre, tourisme morbide, tourisme macabre, thanatourisme ou nécrotourisme, est une forme controversée de tourisme qui consiste à organiser la visite payante de lieux étroitement associés à la mort, à la souffrance ou à des catastrophes (par ce fait, on parle également de tourisme de catastrophe).

(le wiki à sa mémère) 


Pour les fans de dark tourism, Berlin est une destination idéale. 
La ville est chargée d'histoire. Elle en dégouline par tous les trous.
Il y a par exemple le musée de la Gestapo, malicieusement appelé Topographie de la Terreur 
- celui de la Stasi, la police secrète de l'Allemagne de l'Est
- le musée juif est gratuit (même si vous avez un prépuce)
...et tant d'autres ! Le musée d'art moderne situé dans l'ancienne gare de Hambourg abrite des horreurs indicibles, attestant s'il en était besoin de la mort cérébrale de l'art depuis au moins le surréalisme, sinon Picasso.

En 1945, pour trouver un Airb'n'b' près de la porte de Brandebourg, c'était galère.

La ville offre des occasions sans nombre d'évoquer et de se lamenter sur les charniers dont elle fut le lieu, le témoin et l'acteur (selon les périodes, rien qu'au XXème siècle, ça a charclé sa mère). Pour les déclinistes qui n'aiment rien tant que geindre sur la morbidité inhérente à la civilisation contemporaine, c'est que du bonheur. Mais il y a pire : la résilience dont Berlin a fait preuve. La vie semble avoir gagné son combat contre la mort et la déréliction. Sans doute momentanément, car rien ne dure, mais quand même, c'est impressionnant; les Allemands ont fait un gros travail sur leur passé, la mémoire et les cicatrices de la guerre, de l’holocauste et de la partition de la ville entre 1961 et 1989 sont présentes partout, mais en open data, et de façon très saine et transparente (je n'aime pas trop ce mot et le concept qu'il désigne, sali par des publicitaires de la communication politique.) 
L'aménagement urbain est exemplaire, les transports en commun prodigieux d'efficience, les espaces verts innombrables, et de regarder comment cohabitent Turcs, Vietnamiens, Congolais et Berlinois de souche fait un peu rêver sur le vivre-ensemble : ils interagissent dans le respect mutuel, la tolérance et le souci de l’autre, à tous les coins de rue. Aucune agressivité, et nous  n'avons perçu nulle trace de ce sentiment de communautarisme exacerbé et excédé qu’on trouve en France. Au retour, les témoignages de Français ayant vécu sur place convergent, avec la même lueur d'envie dans le regard.
Les Allemands semblent avoir réussi ce que les Français ont raté : l’intégration heureuse de leurs minorités ethniques et culturelles.
Peut-être que j’idéalise, et que l’herbe est toujours plus verte dans le champ du voisin ? En huit jours, même en étant allé m'encanailler en tramway dans les banlieues reculées de Berlin-Est, je n'ai pas pu tout voir. 
Et ici comme ailleurs, la montée de l'extrême-droite inquiète, mais il y a quand même à Berlin un art de vivre ensemble qui fait réfléchir les touristes …


     ...et la soirée diapos :

c'est au pied du mur qu'on voit le mur...
je n'ai pas pu emporter en souvenir ce petit bout
resté intact tout près du site Topographie de la Terreur 

La gare centrale (HauptBahnhof) fut un lieu d'émerveillement architectural.

je me sens obligé d'apporter la preuve d'achat de la gratuité du jüdisches museum : 
mon billet d'entrée pour l'expo.

Un camping car est-allemand des années 50.
Facile à retrouver sur le parking.

Une galerie commerciale luxueuse et totalement déserte en pleine journée.

Révisons nos langues avant de les laisser trainer n'importe où :
"Ne sois pas un trou du cul, ta voix contre l'extrême-droite"
suggère cette affiche électorale vue dans les rues de la ville
et déployée par Volt, un parti d'extrême-centre gauche.

Le Berliner Dom a connu des jours meilleurs.

Devant chaque immeuble où vivaient des Juifs qui furent raflés par les nazis,
les pavés s'ornent de petites plaques qui rappellent les noms, date de naissance
et lieu de mort des infortunés.. 



Merci à ma compagne (Brunhilde Warsen) pour m'avoir fait lire ces deux livres,
sans lesquels rien n'aurait été possible.


J'ai même pas pu foutre le feu au Reichstag, il était en travaux



Pour aller plus loin :






chez nous aussi, ça s'en va et ça revient...


jeudi 9 mai 2024

[Compilation] : Le sacre du plein temps (2024)

A y est, j'ai mon emploi à plein temps. J'ai commencé hier, parce que début mai j'étais en vacances. Je n'ai mis que 25 ans à l'obtenir. Le projet de toute une vie, quoi. D'où le titre de cette compilation : Le sacre du plein temps. C'est chié, hein ? Je vais attendre un peu avant de demander ma retraite progressive, sinon la DRH va me prendre pour un mauvais coucheur... d'ailleurs, on m'avait dit que pour arriver dans ce milieu, il fallait coucher, hé ben j'attends toujours. Et je suis arrivé quand même. L'avantage, c'est que je vais pouvoir faire en même temps mon pot d'arrivée et mon pot de départ.
Concernant la compilation, elle rassemble des musiques qui me trainent dans le conduit auditif ces derniers temps, surtout des vieilleries, mais il y a aussi quelques nouveautés, sinon ça serait ennuyeux; enfin, c'est à pendre ou à lécher.

On ne peut pas tout attendre d'une IA :
je ne suis pas très ressemblant, mais j'ai un joli chapeau.
L'image a été empruntée à un collègue sans lui demander, et ça c'est moche.
Ce qui rétablit l'équilibre, puisque sans laideur, la beauté disparait. 

https://e.pcloud.link/publink/show?code=XZTOFMZMK3z4ppfiY413bFwSyYwpbEJpB9k

dimanche 21 avril 2024

[REPOST] Compilation : Le massacre du printemps (2022)

Bonsoir à touffes et à troutes. 
Je voulais rompre mon sépulcral silence à l'occasion de mon passage en CDI à plein temps, j'aurais sorti un nouveau florilège musical à compte d'auteur que j'aurais malicieusement appelé le sacre du plein temps, on se serait bien amusés, mais les négociations salariales ont capoté au dernier moment et l'affaire est remise à plus tard, avant ma retraite je l'espère, bien que l'espoir ne soit pas un steak.
Par contre, cette nuit aux Etats-Unis une nouvelle aide à l’Ukraine (qui permet d'acheter plein de steaks) vient d'être adoptée par la Chambre des représentants, après six mois de blocage. Le texte prévoit 60,8 milliards (57 milliards d’euros) pour venir en aide à Kiev dans sa lutte contre la Russie.
Par voie de conséquence, il est temps de préparer un nouveau Massacre du printemps.

Je ne me rappelle plus le script que j'avais pondu pour obtenir cette image sur Dall-E,
mais ça peut le faire pour une nouvelle compile, vu la tournure que ça prend.

Les gentils Ukrainiens vont pouvoir s'acheter des cartouches pour tuer les méchants Russes, bien qu'au bout de deux ans de tueries, et les nuits  de terreur, en attendant la bombe qui, comme Madeleine, n'arrive pas, alors bien sûr, Guy Béart chantait "Jamais je ne m'intéresse / A la bombe vengeresse / Qui un jour f 'ra tout sauter/ On ne nous soigne jamais assez" (Le matin je m'éveille en chantant) mais il n'était ni gazaoui ni ukrainien. C'est pourquoi je n'ai pas inclus sa ritournelle dans ma compil.
Et sur le terrain ça doit être assez moche, on a beau croire pouvoir distinguer Bons et Méchants à l'oeil nu grâce au moyen mémotechnique imaginé par Saint Desproges : "l'ennemi est bête : il croit que l'ennemi, c'est nous", et que nul n'est censé ignorer de quel côté gît la bonne cause, deux kils de rouge au côté droit et un peu à court de munitions. 
Faut-il alors fêter cette nouvelle aide à l'Ukraine, malgré notre opposition viscérale à toute forme de guerre, et bien que la conscription coercitive des deux belligérants rende le conflit confus, et émousse l'enthousiasme des appelés ? 
Quand la guerre dure trop longtemps, tout le monde s'épuise, devient dingue, et finit par perdre toute humanité, tout le monde sait ça.
J'ai donc discrètement célébré tout cela en réécoutant la compilation "Vladimir P.'s House Music (2022)" confectionnée au début de l'invasion de l'Ukraine, sans oublier le bonus des pistes si bien cachées que j'ai eu du mal à les déterrer
Elle fonctionne tout aussi bien pour évoquer Poutine ou Zelenski, car on y trouve par exemple la chanson " La rue des lilas " :

Je vous le dis, je vous le dis, je vous le dis
Que maudite soit la guerre
Maudits les chars, les fusils, les combats
Je m’éteins dans la rue des Lilas

Car la guerre c’est un massacre
De gens qui ne se connaissent pas
Au profit de gens qui toujours se connaissent
En 43, les Biélorusses étaient des résistants,
les Allemands avaient épousé la cause nazie,
et les vaches étaient bien gardées.
Mais qui ne se massacrent pas

C'est pas pour me vanter, mais je trouve ce florilège très chouette, en attendant de finaliser le sacre du plein temps
A part ça, je bricole un peu par ici,
mais chut, je ne suis au courant de rien.

[EDIT] 
Après la compile, s'il vous reste encore un peu de place pour le dessert, vous pouvez vous enfiler le film russe de 1985 "Requiem pour un massacre" qui raconte l'épouvantable odyssée d'un jeune garçon biélorusse qui quitte sa mère et ses deux petites sœurs pour s'engager chez des partisans et bouter le nazi hors de Biélorussie. C'est affreux-affreux. J'aurais pas fait pire.


jeudi 2 novembre 2023

Que crève le capitalisme - Hervé Kempf (2020)

Une fois de plus, on est le 2 novembre, et on fête les TrépassésMais c'est pas encore cette année qu'on ira pisser sur la tombe du capitalisme. Alors que lui ne se gène pas pour  honorer la notre, même si on n'est pas encore tout à fait morts. 

note de lecture du Monde Diplo

à terme, ce sera sans doute les deux.
Mais ça serait meilleur pour l'humanité
qu'il crêve le premier.
Face à la catastrophe en marche, il semble plus facile de concevoir la fin du monde que la fin du capitalisme, qui, au long de la période des « quarante désastreuses », a connu une explosion sans précédent d’appropriation des biens communs et d’externalisation des coûts écologiques. À la suite de la crise financière de 2008, jugulée par l’endettement public, a émergé l’ère du technocapitalisme numérique, avec l’ascension en Bourse des Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), proposant un monde où la technologie (géo-ingénierie, voitures autonomes, organismes génétiquement modifiés…) résoudrait tout, au profit de milliardaires visant l’immortalité. Un monde, souligne Hervé Kempf — rédacteur en chef du site Reporterre —, qui aboutirait à un gigantesque apartheid entre ceux qui « réussissent » et ceux qui « ne sont rien ».
Les résistances se heurtent aux pouvoirs en place, qui usent de toujours plus de moyens répressifs policiers et judiciaires appuyés eux aussi sur la technologie (traçage, biométrie, caméras, drones…) Un contrôle que renforce l’actuelle pandémie. 
L’auteur préconise d’assumer une conflictualité sans compromis, et, à défaut de « prendre l’État », de prolonger une stratégie d’« archipel des possibles ».
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Auteur de plusieurs essais décapants dont Comment les riches détruisent la planète (Points Terre, 2020) et Tout est prêt pour que tout empire (Seuil, 2017), Hervé Kempf est rédacteur en chef de Reporterre, le quotidien de l’écologie.

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- J'ai vu ce monsieur en conférence à Nantes la semaine dernière. 
Diagnostic imparable, solutions à inventer à plusieurs. 
Soirée très sympa quoiqu'un peu anxiogène, mais on n'est pas chez les effondrologues. 
Le livre est paru en poche, franchement, pour 7 €, j'en ai eu pour mon argent.