jeudi 16 mai 2024

Vivre et mourir à Berlin

Le tourisme noir, appelé aussi tourisme sombre, tourisme morbide, tourisme macabre, thanatourisme ou nécrotourisme, est une forme controversée de tourisme qui consiste à organiser la visite payante de lieux étroitement associés à la mort, à la souffrance ou à des catastrophes (par ce fait, on parle également de tourisme de catastrophe).

(le wiki à sa mémère) 


Pour les fans de dark tourism, Berlin est une destination idéale. 
La ville est chargée d'histoire. Elle en dégouline par tous les trous.
Il y a par exemple le musée de la Gestapo, malicieusement appelé Topographie de la Terreur 
- celui de la Stasi, la police secrète de l'Allemagne de l'Est
- le musée juif est gratuit (même si vous avez un prépuce)
...et tant d'autres ! Le musée d'art moderne situé dans l'ancienne gare de Hambourg abrite des horreurs indicibles, attestant s'il en était besoin de la mort cérébrale de l'art depuis au moins le surréalisme, sinon Picasso.

En 1945, pour trouver un Airb'n'b' près de la porte de Brandebourg, c'était galère.

La ville offre des occasions sans nombre d'évoquer et de se lamenter sur les charniers dont elle fut le lieu, le témoin et l'acteur (selon les périodes, rien qu'au XXème siècle, ça a charclé sa mère). Pour les déclinistes qui n'aiment rien tant que geindre sur la morbidité inhérente à la civilisation contemporaine, c'est que du bonheur. Mais il y a pire : la résilience dont Berlin a fait preuve. La vie semble avoir gagné son combat contre la mort et la déréliction. Sans doute momentanément, car rien ne dure, mais quand même, c'est impressionnant; les Allemands ont fait un gros travail sur leur passé, la mémoire et les cicatrices de la guerre, de l’holocauste et de la partition de la ville entre 1961 et 1989 sont présentes partout, mais en open data, et de façon très saine et transparente (je n'aime pas trop ce mot et le concept qu'il désigne, sali par des publicitaires de la communication politique.) 
L'aménagement urbain est exemplaire, les transports en commun prodigieux d'efficience, les espaces verts innombrables, et de regarder comment cohabitent Turcs, Vietnamiens, Congolais et Berlinois de souche fait un peu rêver sur le vivre-ensemble : ils interagissent dans le respect mutuel, la tolérance et le souci de l’autre, à tous les coins de rue. Aucune agressivité, et nous  n'avons perçu nulle trace de ce sentiment de communautarisme exacerbé et excédé qu’on trouve en France. Au retour, les témoignages de Français ayant vécu sur place convergent, avec la même lueur d'envie dans le regard.
Les Allemands semblent avoir réussi ce que les Français ont raté : l’intégration heureuse de leurs minorités ethniques et culturelles.
Peut-être que j’idéalise, et que l’herbe est toujours plus verte dans le champ du voisin ? En huit jours, même en étant allé m'encanailler en tramway dans les banlieues reculées de Berlin-Est, je n'ai pas pu tout voir. 
Et ici comme ailleurs, la montée de l'extrême-droite inquiète, mais il y a quand même à Berlin un art de vivre ensemble qui fait réfléchir les touristes …


     ...et la soirée diapos :

c'est au pied du mur qu'on voit le mur...
je n'ai pas pu emporter en souvenir ce petit bout
resté intact tout près du site Topographie de la Terreur 

La gare centrale (HauptBahnhof) fut un lieu d'émerveillement architectural.

je me sens obligé d'apporter la preuve d'achat de la gratuité du jüdisches museum : 
mon billet d'entrée pour l'expo.

Un camping car est-allemand des années 50.
Facile à retrouver sur le parking.

Une galerie commerciale luxueuse et totalement déserte en pleine journée.

Révisons nos langues avant de les laisser trainer n'importe où :
"Ne sois pas un trou du cul, ta voix contre l'extrême-droite"
suggère cette affiche électorale vue dans les rues de la ville
et déployée par Volt, un parti d'extrême-centre gauche.

Le Berliner Dom a connu des jours meilleurs.

Devant chaque immeuble où vivaient des Juifs qui furent raflés par les nazis,
les pavés s'ornent de petites plaques qui rappellent les noms, date de naissance
et lieu de mort des infortunés.. 



Merci à ma compagne (Brunhilde Warsen) pour m'avoir fait lire ces deux livres,
sans lesquels rien n'aurait été possible.


J'ai même pas pu foutre le feu au Reichstag, il était en travaux



Pour aller plus loin :






chez nous aussi, ça s'en va et ça revient...


8 commentaires:

  1. Mais…mais… même pas un mot sur la scène musicale berlinoise ?? Ils t’ont bien changé les Teutons – moi, j’ai passé mon enfance près du lac de Constance, alors je maîtrise parfaitement les trajets des transports en commun berlinois.

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  2. J'ai passé l'âge d'écouter de l'électrotech berlinoise dans des boites interlopes. Les derniers DJs qui m'ont donné l'impression qu'il se passait quelque chose outre-Rhin, c'était Kruder und Dorfmeister, et ils étaient autrichiens ! et c'était il y a 30 ans ! Ach !

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    1. Et l’Anschluss alors ? Pas entendu parler ? Il me semble qu’ils doivent toujours être en activité.

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  3. Ca ne me dit rien. Et quand je cherche avec mon ami Google, ne ressort qu'un groupe de black metal brésilien.
    https://rateyourmusic.com/artist/anschluss
    Tu crois que si je l'écoute assez fort ça va m'épiler le maillot pour l'été ?

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  4. Heureux de retrouver dans ces eaux-là, Émile (heu, pardon, John !) !
    Si je comprends bien, tu as eu des hallus et la berlue à cause des poutres de Berlin ? Bien, bien…

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  5. Question berlue, je pense qu'on n'a encore rien vu. Mais tout le monde y travaille.

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    1. Certes, tu n'as rien vu à Hiroshima : "Arbeit macht frei", qu'ils disaient — et puis en Italie ils ont eu les berlues qu'on nie et tutti quanti.

      Las, notre monde travaille moins à la berlue qu'à l'Uber.

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