Le tourisme noir, appelé aussi tourisme sombre, tourisme morbide, tourisme macabre, thanatourisme ou nécrotourisme, est une forme controversée de tourisme qui consiste à organiser la visite payante de lieux étroitement associés à la mort, à la souffrance ou à des catastrophes (par ce fait, on parle également de tourisme de catastrophe).
...et tant d'autres ! Le musée d'art moderne situé dans l'ancienne gare de Hambourg abrite des horreurs indicibles, attestant s'il en était besoin de la mort cérébrale de l'art depuis au moins le surréalisme, sinon Picasso.
En 1945, pour trouver un Airb'n'b' près de la porte de Brandebourg, c'était galère.
La ville offre des occasions sans nombre d'évoquer et de se lamenter sur les charniers dont elle fut le lieu, le témoin et l'acteur (selon les périodes, rien qu'au XXème siècle, ça a charclé sa mère). Pour les déclinistes qui n'aiment rien tant que geindre sur la morbidité inhérente à la civilisation contemporaine, c'est que du bonheur. Mais il y a pire : la résilience dont Berlin a fait preuve. La vie semble avoir gagné son combat contre la mort et la déréliction. Sans doute momentanément, car rien ne dure, mais quand même, c'est impressionnant; les Allemands ont fait un gros travail sur leur passé, la mémoire et les cicatrices de la guerre, de l’holocauste et de la partition de la ville entre 1961 et 1989 sont présentes partout, mais en open data, et de façon très saine et transparente (je n'aime pas trop ce mot et le concept qu'il désigne, sali par des publicitaires de la communication politique.)
L'aménagement urbain est exemplaire, les transports en commun prodigieux d'efficience, les espaces verts innombrables, et de regarder comment cohabitent Turcs, Vietnamiens, Congolais et Berlinois de souche fait un peu rêver sur le vivre-ensemble : ils interagissent dans le respect mutuel, la tolérance et le souci de l’autre, à tous les coins de rue. Aucune agressivité, et nous n'avons perçu nulle trace de ce sentiment de communautarisme exacerbé et excédé qu’on trouve en France. Au retour, les témoignages de Français ayant vécu sur place convergent, avec la même lueur d'envie dans le regard.
Les Allemands semblent avoir réussi ce que les Français ont raté : l’intégration heureuse de leurs minorités ethniques et culturelles.
Peut-être que j’idéalise, et que l’herbe est toujours plus verte dans le champ du voisin ? En huit jours, même en étant allé m'encanailler en tramway dans les banlieues reculées de Berlin-Est, je n'ai pas pu tout voir.
Et ici comme ailleurs, la montée de l'extrême-droite inquiète, mais il y a quand même à Berlin un art de vivre ensemble qui fait réfléchir les touristes …
...et la soirée diapos :
c'est au pied du mur qu'on voit le mur... je n'ai pas pu emporter en souvenir ce petit bout resté intact tout près du site Topographie de la Terreur
La gare centrale (HauptBahnhof) fut un lieu d'émerveillement architectural.
je me sens obligé d'apporter la preuve d'achat de la gratuité du jüdisches museum :
mon billet d'entrée pour l'expo.
Un camping car est-allemand des années 50. Facile à retrouver sur le parking.
Une galerie commerciale luxueuse et totalement déserte en pleine journée.
Révisons nos langues avant de les laisser trainer n'importe où : "Ne sois pas un trou du cul, ta voix contre l'extrême-droite" suggère cette affiche électorale vue dans les rues de la ville et déployée par Volt, un parti d'extrême-centre gauche.
Le Berliner Dom a connu des jours meilleurs.
Devant chaque immeuble où vivaient des Juifs qui furent raflés par les nazis, les pavés s'ornent de petites plaques qui rappellent les noms, date de naissance et lieu de mort des infortunés..
Merci à ma compagne (Brunhilde Warsen) pour m'avoir fait lire ces deux livres, sans lesquels rien n'aurait été possible.
J'ai même pas pu foutre le feu au Reichstag, il était en travaux
A y est, j'ai mon emploi à plein temps. J'ai commencé hier, parce que début mai j'étais en vacances. Je n'ai mis que 25 ans à l'obtenir. Le projet de toute une vie, quoi. D'où le titre de cette compilation : Le sacre du plein temps. C'est chié, hein ? Je vais attendre un peu avant de demander ma retraite progressive, sinon la DRH va me prendre pour un mauvais coucheur... d'ailleurs, on m'avait dit que pour arriver dans ce milieu, il fallait coucher, hé ben j'attends toujours. Et je suis arrivé quand même. L'avantage, c'est que je vais pouvoir faire en même temps mon pot d'arrivée et mon pot de départ.
Concernant la compilation, elle rassemble des musiques qui me trainent dans le conduit auditif ces derniers temps, surtout des vieilleries, mais il y a aussi quelques nouveautés, sinon ça serait ennuyeux; enfin, c'est à pendre ou à lécher.
On ne peut pas tout attendre d'une IA : je ne suis pas très ressemblant, mais j'ai un joli chapeau. L'image a été empruntée à un collègue sans lui demander, et ça c'est moche. Ce qui rétablit l'équilibre, puisque sans laideur, la beauté disparait.
Je voulais rompre mon sépulcral silence à l'occasion de mon passage en CDI à plein temps, j'aurais sorti un nouveau florilège musical à compte d'auteur que j'aurais malicieusementappelé le sacre du plein temps, on se serait bien amusés, mais les négociations salariales ont capoté au dernier moment et l'affaire est remise à plus tard, avant ma retraite je l'espère, bien que l'espoir ne soit pas un steak.
Par contre, cette nuit aux Etats-Unis une nouvelle aide à l’Ukraine (qui permet d'acheter plein de steaks) vient d'être adoptée par la Chambre des représentants, après six mois de blocage. Le texte prévoit 60,8 milliards (57 milliards d’euros) pour venir en aide à Kiev dans sa lutte contre la Russie.
Par voie de conséquence, il est temps de préparer un nouveau Massacre du printemps.
Je ne me rappelle plus le script que j'avais pondu pour obtenir cette image sur Dall-E, mais ça peut le faire pour une nouvelle compile, vu la tournure que ça prend.
Les gentils Ukrainiens vont pouvoir s'acheter des cartouches pour tuer les méchants Russes, bien qu'au bout de deux ans de tueries, et les nuits de terreur, en attendant la bombe qui, comme Madeleine, n'arrive pas, alors bien sûr, Guy Béart chantait "Jamais je ne m'intéresse / A la bombe vengeresse / Qui un jour f 'ra tout sauter/ On ne nous soigne jamais assez" (Le matin je m'éveille en chantant) mais il n'était ni gazaoui ni ukrainien. C'est pourquoi je n'ai pas inclus sa ritournelle dans ma compil.
Et sur le terrain ça doit être assez moche, on a beau croire pouvoir distinguer Bons et Méchants à l'oeil nu grâce au moyen mémotechnique imaginé par Saint Desproges : "l'ennemi est bête : il croit que l'ennemi, c'est nous", et que nul n'est censé ignorer de quel côté gît la bonne cause, deux kils de rouge au côté droit et un peu à court de munitions.
Faut-il alors fêter cette nouvelle aide à l'Ukraine, malgré notre opposition viscérale à toute forme de guerre, et bien que la conscription coercitive des deux belligérants rende le conflit confus, et émousse l'enthousiasme des appelés ?
Quand la guerre dure trop longtemps, tout le monde s'épuise, devient dingue, et finit par perdre toute humanité, tout le monde sait ça.
J'ai donc discrètement célébré tout cela en réécoutant la compilation "Vladimir P.'s House Music (2022)" confectionnée au début de l'invasion de l'Ukraine, sans oublier le bonus des pistes si bien cachées que j'ai eu du mal à les déterrer
Après la compile, s'il vous reste encore un peu de place pour le dessert, vous pouvez vous enfiler le film russe de 1985 "Requiem pour un massacre" qui raconte l'épouvantable odyssée d'un jeune garçon biélorusse qui quitte sa mère et ses deux petites sœurs pour s'engager chez des partisans et bouter le nazi hors de Biélorussie. C'est affreux-affreux. J'aurais pas fait pire.
Une fois de plus, on est le 2 novembre, et on fête les Trépassés. Mais c'est pas encore cette année qu'on ira pisser sur la tombe du capitalisme. Alors que lui ne se gène pas pour honorer la notre, même si on n'est pas encore tout à fait morts.
à terme, ce sera sans doute les deux. Mais ça serait meilleur pour l'humanité qu'il crêve le premier.
Face à la catastrophe en marche, il semble plus facile de concevoir la fin du monde que la fin du capitalisme, qui, au long de la période des « quarante désastreuses », a connu une explosion sans précédent d’appropriation des biens communs et d’externalisation des coûts écologiques. À la suite de la crise financière de 2008, jugulée par l’endettement public, a émergé l’ère du technocapitalisme numérique, avec l’ascension en Bourse des Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), proposant un monde où la technologie (géo-ingénierie, voitures autonomes, organismes génétiquement modifiés…) résoudrait tout, au profit de milliardaires visant l’immortalité. Un monde, souligne Hervé Kempf — rédacteur en chef du site Reporterre —, qui aboutirait à un gigantesque apartheid entre ceux qui « réussissent » et ceux qui « ne sont rien ».
Les résistances se heurtent aux pouvoirs en place, qui usent de toujours plus de moyens répressifs policiers et judiciaires appuyés eux aussi sur la technologie (traçage, biométrie, caméras, drones…) Un contrôle que renforce l’actuelle pandémie.
L’auteur préconise d’assumer une conflictualité sans compromis, et, à défaut de « prendre l’État », de prolonger une stratégie d’« archipel des possibles ».
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Auteur de plusieurs essais décapants dont Comment les riches détruisent la planète (Points Terre, 2020) et Tout est prêt pour que tout empire (Seuil, 2017), Hervé Kempf est rédacteur en chef de Reporterre, le quotidien de l’écologie.
J'ai beau être une tombe, je ne peux pas accueillir toutes les victimes du conflit au Proche-Orient. Il faudrait agrandir mon caveau, et imaginez que de l'autre côté du mur du cimetière, il y ait une colonie israélienne ou un camp de réfugiés palestiniens.
Heureusement, il y en a qui ne perdent pas le sens de l'humour :
Ça m'aura au moins fait passer un bon moment.
Comme la vidéo n'était pas sourcée quand je l'ai reçue, j'ai cherché qui parlait, et d'où.
Bassem Youssef est médecin cardiologue égyptien, devenu humoriste et exilé aux États-Unis, et il était interviewé mardi à propos du conflit israélo-palestinien par un journaliste britannique conservateur. Leur échange est devenu viral.
La preuve, je le diffuse.
Alors qu'en terme de viralité, je reste stable, autour de 37°2 le matin.
Ca tombe plutôt bien, je ne savais pas quoi dire cette semaine.
Pour en avoir regardé une ou deux du coin de l'œil torve avant de décider que je ne faisais pas partie du cœur de cible, je méprisais secrètement les séries coréennes. J'avais décidé que le monde des korean drama se divisait en deux catégories : d'une part des versions exotiques et bourrées d'édulcorants de "Plus belle la vie", le drama france-troyen qui a tenu en haleine des générations de vieillards maniaques pendant les 18 ans et les 4500 épisodes qu'il a duré, et de l'autre des variantes pimentées de "Plus moche la vie", destinée à renaitre dès 2024 sur TF1, privée des acteurs qui se sont pendus à l'idée de remettre ça.
Mais quand mes proches rentrèrent de Corée en me sommant de télécharger, puis de regarder en famille Extraordinary Attorney Woo, je n'avais guère d'autre choix que d'obtempérer.
Au fond, je suis un pleutre, comme tous ces perdants qui se terrent dans le virtuel pour ne pas affronter les affres de la Réalité Réelle Ratée (RRR), et devant ces agressions fréquentes du matriarcat toxique maquillées en suggestions de download illégal (qui jouent sur la corde sensible d'un rêve ancien de mon côté rebelle : niquer Babylone), je file doux. Attorney Woo ? Les aventures abracadabrantes d'une jeune femme autiste (tendance Asperger, la vitrine présentable des troubles du spectre autistique) qui devient avocate dans un cabinet d'affaires à Séoul. Woo a un QI de 164, une mémoire exceptionnelle, et une façon de penser créative. Cependant elle a aussi une faible capacité de gestion de ses émotions, et des compétences sociales classiques limités, mais son sens de l'observation lui permet de compenser (un peu) son handicap et de comprendre ses clients. Les bons sentiments sont un peu écœurants au début, je ne suis pas habitué, et puis mes résistances se dissolvent, je me laisse emporter par la proposition. C'est lié à la performance de l'actrice, et aux thématiques des dossiers qui parviennent au cabinet d'avocats. C'est socialement instructif, malgré certains aspects javellisés à l'eau de rose, et un peu édulcoré par rapport à la vraie Corée :
Mézapraitou, pourquoi s'interdire des feel-good séries, qui donnent envie d'être humain, alors que je cède si aisément aux feelbad séries, qui font regretter ce désir d'humanité, et qui sont mon pain quotidien ? voici ce qu'on s'autorise à en penser chez les Warsen :
En fin de saison 1, j'ai complètement craqué, j'ai fait une cover d'un des titres en karaoké, qu'on entend sur une scène de S01E10 qui m'émeuvait au-delà du dicible, et après m'être arraché les cheveux avec Google Traduction, car le Coréen est fourbe plein de phonèmes imprononçables, je cours acheter la méthode Assimil.
Je viens de découvrir après-coup qu'il existe une version "lyrics" de "Inevitable" qui réduit à néant mes efforts de transcription phonétique à partir du traducteur Google de coréen.
(ça faisait quelque chose comme ça :
" tssikume dé ma mè
mémdoneune sorri
dépangg ik sou kan
mounie ga-ta-yo
tsayen séreup ké
kürrünen kümaille
an hagiga
chupsi anh-ayo")
Je me suis donc couvert de ridicule pour rien.
Tant pis.
[EDIT]
Quelques jours plus tard, je me suis même inclus dans l'œuvre. Va comprendre.
En tout cas, ça s'est mieux passé sur vimeo que sur Youtube, où des robots Google m'ont immédiatement censuré, pour d'obscures raisons de droits vidéo.
Un jour, ma femme parvient à m'entrainer au cinéma, pour voir "Youssef Salem a du succès". Cette comédie de Baya Kasmi, avec Ramzy Bedia dans le rôle principal, met en scène une famille méridionale d’origine maghrébine, avec un humour blasphémo-jubilatoire, tempéré par une certaine bienveillance, et montre combien le poids de l’héritage culturel peut nuire aux relations humaines et professionnelles.
ça, c'est le soundtrack. d'ailleurs c'est marqué dessus.
Je reste sagement assis pendant le générique de fin, parce qu'une ritournelle m'a pénétré l'oreille et refuse de ressortir par l'autre, et tandis qu'un vieux Gazaoui pleure dans un coin, son cinéma est fermé, je mémorise que c'est Bachar Mar-Khalifé qui y est créditépour des musiques additionnelles, c'est pour ça que je ne les trouve pas dans le soundtrack, signé Alexandre Saada.
Elles sont sans doute dans le score.
Le savais-tu ? la différence entre soundtrack et scoreest que le soundtrack est une musique originale et généralement instrumentale composée spécifiquement pour le film, tandis que le score est une sélection de chansons qui existent généralement avant le tournage et sont utilisées dans le film.
Un autre jour, j'explore la discographie de Bachar, et je finis par dénicher le titre. Enlève tes lunettes et goûte comme ça sent bon : ça rentre comme dans du beurre.
Il ne faudrait pas réduire Bachar à ce succès entrainant, qui était joué à donf dans toutes les boites de Tel-Aviv à Beyrouth avant la première Intifada. Car comme son compatriote Ibrahim Maalouf, il a fait plein de musiques de films, et elles sont vachement bien.
j’ai entendu un extrait de votre récital donné à l’église de Brûlon vendredi 25 aout dernier. C’était magnifique, bravo ! j’ai un papa qui joue du baroque au clavecin, à 85 ans ça le maintient en forme, je vais lui parler de vous. J'ai été intrigué par un morceau joué dans la soirée, que j’ai identifié comme ayant été créé par les Beatles dans l‘album Abbey Road sous le titre « Because »
J’ai recherché la paternité de l’œuvre sur internet, je me suis dit que c’était peut-être du William Byrd adapté par Lennon et Mac Cartney, vu que votre soirée portait exclusivement sur ce compositeur du XVIIème siècle, mais tout porte à croire l’inverse, le titre est crédité sur wikipédia comme une composition originale, et en plus apparemment ils ont sué sang et eau pour l'écrire et l'enregistrer. Ca ressemblerait donc plus à du Beatles réarrangé à la manière de WilliamByrd. Néanmoins, ce titre devrait apparaitre dans le programme du concert
Alors qui a fait l’œuf, qui a fait la poule ? (je n’étais par sur place, j’ai entendu des extraits de la soirée dans un reportage de la télévision régionale) Pourriez-vous éclairer ma lanterne ? et me dire si vous avez gravé cette œuvre dans la cire ? ;-) Je ne la trouve pas non plus dans la discographie du groupe, consultée sur https://www.robinpharo.com/discographie
Tes petits gestes individuels, à quoi ça sert vraiment ?
T’es écolo, mais t’aimes la (bonne) viande ?
Pour l’écologie, tu renonces à quoi ?
C’est la même façon de voir les choses, qu’on soit ouvrière ou employé ?
ou de la petite bourgeoisie culturelle ?
ou de la grande bourgeoisie ?
Ça veut dire quoi, changer la société pour sauver la planète ?
C’est possible de changer la société sans changer l’ordre social ?
L’écologie est-elle forcément communiste ?
Voilà le genre de questions posées par la conférence gesticulée d’Anthony Pouliquen et Jean-Baptiste Comby. Ils interrogent le rapport à l’écologie selon notre classe sociale ; ils se penchent sur l’intérêt des « petits gestes » et la place du collectif…
La conférence gesticulée, c’est un outil d’expression politique issu de l’éducation populaire, qui mêle des expériences personnelles (savoirs « chauds ») et des savoirs théoriques et documentés (savoirs « froids »). C’est sur une scène, mais ce n’est pas du théâtre, c’est militant, mais ce n’est pas du discours, ça fait rire (pas toujours), réfléchir et grandir.
Mardi 26 septembre 2023, salle du Seil quartier Château (allée de Provence, Rezé), 20 h
C'était ma première conférence gesticulée. J'y suis allé en trainant des pieds, j'en suis revenu en serrant les dents, un peu épuisé par leur flow anticapitaliste, des idées plein la tête... sur le plan formel, on dirait un peu deux prêtres ouvriers, mais en vrai c'est un sociologue et un éducateur, qui savent très bien qu'ils s'adressent à la fraction du peuple de gauche qu'ils appellent la petite-bourgeoisie culturelle, celle qui selon eux lit Télérama sans regarder la télé, et ça fait sourire, sauf qu'on n'est pas chez Font et Val, on rit peu, et jaune, bien que le vieux lecteur de Télérama se laisse chamaniser sans chichis et que la conclusion de la conférence, c'est que tant que les Bourgeois possèdent les outils de production pour reproduire l'ordre social ancien, on n'est pas sortis de la destruction de la planète qui nous pend au nez...
La conférence se tenait dans une salle communale au pied des HLM de la proche banlieue nantaise, et aucun pauvre n'est venu y assister. C'est bien dommage. S'ils viennent se produire vers chez vous, n'hésitez pas, on passe un bon moment, ils sont juste un peu speed...
A part la chanson de Gilles Servat "Les prolétaires", redécouverte la semaine dernière, je ne connais rien de plus déprimant ni désespérant que les dessins de Jacques-Armand Cardon, qui dépeignent de manière magistrale et allégorique les souffrances de la condition ouvrière humaine au vingtième siècle.
Cardon, je l'avais totalement oublié, depuis les illustrations muettes dans l'Humanité-Dimanche des années 70, qui me laissaient blême après les avoir contemplées d'un œil d'enfant impie et hagard (longtemps avant que mon œil vire hippie et hangar).
Les dessins de Cardon sont reconnaissables au premier coup d'oeil, même si ça fait 50 ans qu'on n'en a pas vu la queue d'un (sic). On retombe dessus par hasard, et on s'écrie "Cardon, putain, Cardon !" aussi fort que si on se rappelait tout d'un coup qu'on s'était fait violer par Georges Marchais quand on était petit, mais que on avait tout oublié suite à un syndrome post-traumatique aigü.
J'ignorais alors tout de Kafka, Topor, Gébé, ou Francis Masse, s'il existait une version muette de Francis Masse, dont le lettrage des phylactères serait infiniment plus reposant pour les yeux, et qui sont les cousins germains de ce Cardon qui réussit à beaucoup publier dans la presse communiste de l'époque alors qu'il n'était pas du sérail (Pif le Chien fut publié plus longtemps que les bonhommes déshérités de leurs fringues et du reste de Cardon, mais Pif le chien c'était en strips quotidiens dans l'Humanité (pas -Dimanche).
Cardon et Pif le Chien dans l'Huma sont les deux mamelles que j'ai sucées pour nourrir ma conscience politique naissante.
Cardon, je l'ai vu l'autre soir sur LCP dans l'émission de Patrick Cohen "Rembob'INA" dans laquelle Patrick réhabilite le patrimoine télévisuel qui sinon pourrirait doucement comme Swamp Thingdans les archives de l'INA, ce jour-là l'émission portait sur "Du Tac au Tac", joute graphique en forme de cadavre exquis entre auteurs de BD du début des années 70, imaginée par Jean Frapat. Une idée géniale, réalisée avec trois francs six sous, et qui a dû susciter bien des vocations de dessinateurs.
D'ailleurs, je le crois pas, mais le jour où je rédige cet article ils viennent de mettre l'émission en ligne, ce qui est le signe que j'attendais du Ciel où trône mon dieu laïque pour poursuivre mon effort rédactionnel.
(l'émission a été retirée du réseau de diffusion entretemps, et c'est bien dommage)
Du jour où j'ai revu Cardon sur LCP, sémillant malgré son grand âge et l'amertume sans nom qui suinte de ses dessins, mon amnésie a été levée d'un coup. Il a fallu que je coure à la librairie acheter Ras-le-bol, somptueux recueil de ses demi-pages parues dans l’Humanité Dimanche et à Politique Hebdo de 1970 à 1976.
C'est publié aux Requins Marteaux, sans la faucille.
C'est du grand Art.
Contemporain.
(Alors que l'art contemporain me fait désespérer et de l'art, et de mes contemporains). J'aurais préféré y trouver ses dessins muets, plus intemporels, dont il en existe plusieurs recueils, plus rares et aussi convoités que le Nécronomicon de l'arabe dément Abdul Al-Hazred :
mais on va pas chipoter pour si peu. Réécouter un vieux Cure en même temps, c'est la garantie assurée sur facture de ne pas survivre à la prochaine soirée Théma sur Arte, dont les choix éditoriaux sont le prétexte rêvé à tant de suicide-parties que les Boches n'auront pas, sauf ceux qui regardent Arte.
Quelques dessins, toutes périodes confondues :
quelques scans que j'ai faits de "Ras-le-bol" :
(clique sur les images, n'aie pas peur, ce n'est pas sale,