Pour en avoir regardé une ou deux du coin de l'œil torve avant de décider que je ne faisais pas partie du cœur de cible, je méprisais secrètement les séries coréennes. J'avais décidé que le monde des korean drama se divisait en deux catégories : d'une part des versions exotiques et bourrées d'édulcorants de "Plus belle la vie", le drama france-troyen qui a tenu en haleine des générations de vieillards maniaques pendant les 18 ans et les 4500 épisodes qu'il a duré, et de l'autre des variantes pimentées de "Plus moche la vie", destinée à renaitre dès 2024 sur TF1, privée des acteurs qui se sont pendus à l'idée de remettre ça.
Mais quand mes proches rentrèrent de Corée en me sommant de télécharger, puis de regarder en famille Extraordinary Attorney Woo, je n'avais guère d'autre choix que d'obtempérer.
Au fond, je suis un pleutre, comme tous ces perdants qui se terrent dans le virtuel pour ne pas affronter les affres de la Réalité Réelle Ratée (RRR), et devant ces agressions fréquentes du matriarcat toxique maquillées en suggestions de download illégal (qui jouent sur la corde sensible d'un rêve ancien de mon côté rebelle : niquer Babylone), je file doux. Attorney Woo ? Les aventures abracadabrantes d'une jeune femme autiste (tendance Asperger, la vitrine présentable des troubles du spectre autistique) qui devient avocate dans un cabinet d'affaires à Séoul. Woo a un QI de 164, une mémoire exceptionnelle, et une façon de penser créative. Cependant elle a aussi une faible capacité de gestion de ses émotions, et des compétences sociales classiques limités, mais son sens de l'observation lui permet de compenser (un peu) son handicap et de comprendre ses clients. Les bons sentiments sont un peu écœurants au début, je ne suis pas habitué, et puis mes résistances se dissolvent, je me laisse emporter par la proposition. C'est lié à la performance de l'actrice, et aux thématiques des dossiers qui parviennent au cabinet d'avocats. C'est socialement instructif, malgré certains aspects javellisés à l'eau de rose, et un peu édulcoré par rapport à la vraie Corée :
Mézapraitou, pourquoi s'interdire des feel-good séries, qui donnent envie d'être humain, alors que je cède si aisément aux feelbad séries, qui font regretter ce désir d'humanité, et qui sont mon pain quotidien ? voici ce qu'on s'autorise à en penser chez les Warsen :
En fin de saison 1, j'ai complètement craqué, j'ai fait une cover d'un des titres en karaoké, qu'on entend sur une scène de S01E10 qui m'émeuvait au-delà du dicible, et après m'être arraché les cheveux avec Google Traduction, car le Coréen est fourbe plein de phonèmes imprononçables, je cours acheter la méthode Assimil.
Je viens de découvrir après-coup qu'il existe une version "lyrics" de "Inevitable" qui réduit à néant mes efforts de transcription phonétique à partir du traducteur Google de coréen.
(ça faisait quelque chose comme ça :
" tssikume dé ma mè
mémdoneune sorri
dépangg ik sou kan
mounie ga-ta-yo
tsayen séreup ké
kürrünen kümaille
an hagiga
chupsi anh-ayo")
Je me suis donc couvert de ridicule pour rien.
Tant pis.
[EDIT]
Quelques jours plus tard, je me suis même inclus dans l'œuvre. Va comprendre.
En tout cas, ça s'est mieux passé sur vimeo que sur Youtube, où des robots Google m'ont immédiatement censuré, pour d'obscures raisons de droits vidéo.
Merci pour le partage.
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