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La mort de John Pompidou, un grand article de Georges Warsen dans un immense quotidien de gauche plurielle |
Pompidou est mort.
15 % ? Les affaires reprennent.
La France sort du rouge.
En 1973, Pompidou avait dit « A chacun ses ennuis. Nixon a l’affaire du Watergate, et moi je vais mourir. » C'était prophétique. Pompidou est mort, mais il aura pris son temps, finalement. C'est bien. Il faut toujours prendre son temps, pour les trucs importants, comme mourir.
La CIA avait fait analyser ses urines lors de son voyage en Islande, pour connaître sa maladie. Elle avait un nom affreusement boche : La maladie de Waldenström,
une variété de lymphome assez rare. Et moi qui croyais quand j'étais petit que c'était le cancer du tabac, vu qu'il avait toujours la clope au bec. On est mal-comprenant, quand on est petit, mais on a souvent une grande sensibilité. Et quand on est grand, on est désinformé, et la sensibilité s'est fait la malle.
L'air de rien, ou presque, Pompidou se battait contre la maladie depuis plus de cinquante trois ans. Je vais faire comme lui, et rester discret sur la mienne, mon immunothérapie se passe bien, bien que ce soit un peu chronophage tous ces examens à l'hôpital de jour, et que le traitement commence à me fatiguer (fébrilité, courbatures, envie de raconter des fictions expérimentales sur internet)
Son épitaphe a été composée avec soin, juste après son élection à la présidence : « Les peuples heureux n'ont pas d'histoire, je souhaiterais que les historiens n'aient pas trop de choses à dire sur mon mandat ». Parlons-en quand même un peu : avoir gouverné de 1969 à 2020, être parvenu à bidouiller la Constitution pour être réélu 11 fois d'affilée, et mourir à 109 ans sans avoir lâché le manche du pouvoir, chapeau l'artiste.
Son dauphin, candidat à la succession au Trône (passé à la Paille de Fer pour d'évidentes raisons d'hygiène) a promis la paix et la sécurité. Mais il a déjà 94 ans, je me demande si cette dérive gérontocratique n'est pas inquiétante pour la liberté. On verra bien.
Si vous vivez dans un univers parallèle où c'est Giscard qui vient de mourir, je ne peux pas grand chose pour vous. Si nos mondes respectifs étaient obliques, on pourrait s'y croiser, même fugacement, aux marées d'équinoxe temporelles, mais parallèles, franchement, je vois pas comment faire mentir les lois de la géométrie, incapables de se trahir elles-mêmes, au contraire de beaucoup d'hommes politiques.
Bon, on s'en fiche, c'est pas du tout de ça dont je voulais parler. J'ai découvert dans l'exemplaire papier du numéro hors série Avril-mai 2020 de Socialter,
diffusé sur un blog parallèle à celui-ci sans espoir de le rencontrer un jour même en roulant à donf et à contresens sur l'autoroute de Tenet avec Christopher Nolan à la place du mort, une
Arborescence simplifiée des thèmes de la Science-fiction qui m'a beaucoup plu; l'inconvénient c'est qu'il faut une grande souplesse des cervicales pour en profiter, vu que les thématiques sont développées à l'horizontale, et les ouvrages référencés à la verticale; à moins de faire pivoter votre écran plat à la place de votre nuque, auquel cas je vous encourage à prévoir une bonne séance de kiné ensuite, pour remettre les pixels du plasma dans le bon sens de l'endroit.
Il y a une autre solution c'est de le diffuser dans les deux sens de lecture.
N'ayez pas peur de cliquer, ce n'est pas sale.
Et il y en a une troisième, qui consiste à acheter la revue, en tous points remarquable.
ah non, ça c'est pour commander le prochain hors série.
Voilà. Merci de votre attention.
Pompidou est mort, vive Pompidou.
Il n'est jamais trop tôt pour mesurer ce qu'on a perdu, surtout après 51 ans d'un régime autocratique plutôt cool.
En tout cas ça aurait pu être pire. Largement pire.
Je vais soigner ma mélancolie en reclassant ma collection de timbres.