jeudi 11 novembre 2021

John_Weak & Annie Hole Project (2021)

Hier matin je suis allé me faire vacciner contre la grippe. J'aurais mieux fait de demander au docteur s'il n'avait rien contre John_Weak & Annie Hole, un virus musical de pop infectieuse que je n'ai pas vu venir, et maintenant c'est trop tard. 
Je suis contaminé, et pas qu'un peu. 
Que les choses soient claires dès le début : 
John_Weak & Annie Hole ne sont pas les pseudonymes de deux de mes sous-personnalités, mais des personnes bien réelles (peut-être un peu imaginaires sur les bords, mais ce n'est pas incompatible) croisées sur internet, et qui font de la musique ensemble. Tant que je ne les ai pas rencontrées en vrai, je ne puis prouver qu'ils/elles existent, et c'est sans doute réciproque, mais j'apprécie leurs travaux soniques, seuls artefacts à me parvenir en provenance de la Réalité alternative dans laquelle ils prétendent se mouvoir, et c'est pourquoi j'ai décidé de leur offrir une petite tribune. 
Quel dommage que malgré tous mes efforts pour me hisser vers le mainstream des blogs busters, je sois resté underground et confidentiel. 
J'aimerais leur donner un petit coup de pouce. Mais après avoir procédé sans crainte à un inventaire personnel de mon potentiel de nuisance rédactionnelle, le meilleur service que je puisse leur rendre, c'est de fermer ma bouche, de débrancher mon clavier et les laisser jouer et chanter.
Voici donc, mesdames et messieurs, rien que pour vous ce soir, en avant-première mondiale, le duo de pop infectieuse John_Weak & Annie Hole.
On les applaudit bien fort, mais d'abord on écoute leur playlist.


Depuis qu'ils m'ont autorisé à présenter leurs maquettes ici, je les asticote pour qu'ils prennent contact avec un petit label musical indépendant comme la souterraine, à laquelle on accède par l'escalier de la cave. Ils y seront mieux mis en valeur que sur ma tombe, et leurs fleurs seront changées plus souvent qu'à la Toussaint.
Même si John et Annie sont très très timides, comme ce surinvestissement du virtuel pourrait le laisser penser, par rapport à la voie naturelle et royale qui consiste à aller faire le pied de grue dans le froid avec son book bourré de cassettes audio au ferrochrome enregistrées sur un Tascam 4 pistes et des engelures devant les portes obstinément closes de Barclay et EMI, comme ce pauvre Winslow_Leach au début de Phantom of the Paradise.

le MK_43 de fabrication hongroise 
qui a eu l'honneur de finaliser le premier EP 4 titres

J'espère au contraire les avoir encouragés à prendre confiance en eux et à promouvoir leur créativité, avant qu'ils/elles plongent dans le grand bain des albums studio enregistrés à la chaîne et à toute berzingue par des producteurs stakhanovistes et cocaïnés, albums souvent suivis de tournées de promotion tout aussi frénétiques, ces rafales de soirées de gala qui en ont laminé plus d'un, si j'en crois de mémoire ma collection de vieux Rock&Folk perdue à jamais. 

Ma collection de vieux Rock&Folk telle que je l'ai vue pour la dernière fois
avant que ma mère range ma chambre et fiche tout en l'air.

Vous pouvez vous aussi les encourager ce soir, en écoutant leur musique et en leur laissant des commentaires inspirés. Si l'inspiration ne vient pas, vous pouvez simuler, mais soyez sympas, faites que ça ne se voie pas trop.
Dans l'attente que s'effondrent leurs vains rêves de gloire, je les ai harcelés pour qu'ils me transmettent des éléments biographiques afin de nourrir le dossier de presse, comme si je me prenais pour leur mécène de la Renaissance, et j'ai fini par obtenir une interview exclusive.

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J.W : - Pourquoi faites-vous de la musique ?
John_Weak : Pour faire quelque chose qui nous dépasse, je veux dire : qui dépasse la simple sphère du quotidien. Ça paraît assez évident dit comme ça mais bizarrement, puisque c’est également notre matériau, on fait aussi de la musique pour parler et revenir au quotidien, d’une autre manière.
Annie Hole : C'est aussi à cause d'une certaine fascination pour le frisson de l'écoute et pour tenter d'en percer le mystère.

J.W : - Comment collaborez-vous ?
Annie Hole : On avait une envie partagée de créer quelque chose musicalement.
John_Weak : En fait, l’idée d’Annie H (qui est chanteuse et compositrice) était de mettre en valeur des textes que j’avais écrits. Elle me l’a proposé et, sans y participer, j’ai trouvé le résultat vraiment bien. Donc sur cette base, je me suis mis à écrire des textes et on a travaillé vraiment à deux : une mélodie simple, un battement, piano occasionnel pour voir ce qui émerge. De fil en aiguille, on a appris à utiliser les logiciels de son et cela a donné les morceaux disponibles à l’écoute.

J.W : - Quelles sont vos sources d’inspiration ? 
John_Weak : Il y a sans doute des airs de famille mais... je préfère ne pas y penser. Disons qu’il y a des choses qu’il vaut mieux laisser inconscientes quand on crée. Par contre il y a un album de Houellebecq qui s’appelle Présence Humaine et que je garde en tête. J’en recommande chaudement l’écoute, même si cela n’a pas grand chose à voir avec ce qu’on a fait en termes de résultat.
Annie Hole : Je dirais qu'on entend un peu dans ces morceaux des influences qui vont du côté de la dream pop mais ils sont aussi redevables de musiciens francophones, ça va de l'electropop (Mansfield TYA) à la chanson dans un sens plus traditionnel (Katerine)

J.W : - Tout a une fin. Dans ce cas, à quoi bon commencer ?
John_Weak : Je ne sais pas... les choses commencent de toute façon. Autant y être pour quelque chose dans ce cas, non ? D’ailleurs, commencer dans la musique, c'est commencer dans une chose qui a déjà commencé bien avant nous, continuera ensuite. La question serait donc : si tout a déjà commencé, dans ce cas, à quoi bon commencer ? Peut-être que nous nous sommes arrangés pour oublier qu’on commençait.
Annie Hole : On n'en finit jamais de commencer.

J.W : - Vous chantez en français ? En anglais ?
John_Weak et Annie Hole : Oui en fait, on a commencé à écrire les chansons en anglais, et on ne pensait pas du tout pouvoir écrire en français au début, car c'était une langue réservée (pour l'écriture poétique). Et puis d'une manière ou d'une autre, on s'y est mis. On a pris le français comme une contrainte supplémentaire, et on s'y est amusé. La pression extérieure n'y est sans doute pas étrangère : on attend de chanteu.rs.ses français qu'ils chantent en français. Mais pour nous, on continue à se dire qu'il y a des choses qu'on ne peut exprimer qu'en anglais, et on ne veut se priver d'aucun médium.

7 commentaires:

  1. Ah mais ça chante l’angliche. C’est un peu éliminatoire pour moi.

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  2. Par contre ça m’a incité à réécouter le Houellebecq.

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  3. John et Annie ont accepté un complément d'enquête pour te répondre dans le dernier paragraphe de l'article.

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  4. J'ai bien aimé les trois chansons (avec une nette préférence pour Milady)
    A défaut de publier sur un label , il y a bandcamp ?

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  5. c'est ce que je me tue à leur dire. Mais je vais essayer de les brancher avec un label. Après, ils ont aussi le droit de se sortir les doigts du Q mais tu sais comment sont les artistes, à part créer, ils ne sont souvent bons à rien, et surtout pas à assurer leur promotion.

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  6. Ce n'est pourtant pas difficile de se faire éditer , label indépendant ou autres
    Mon frère est lui-même chanteur (hélas pour enfants)
    https://www.discogs.com/fr/artist/6392200-Thibault-Duborq

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  7. Je pensais qu'avec ton blog, ton frère était au moins chanteur pour enfants morts, comme Henri Death.

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