vendredi 27 novembre 2009

Warren Ellis & Garrie Gastonny-SuperGod #1 (2009)


"En tout être humain il y a toute la manifestation. Chaque homme est un microcosme en qui se retrouve tout le macrocosme, depuis le brahman jusqu'aux quatre éléments de la nature. En tout homme il y a tout, ce que nous appelons le meilleur et ce que nous appelons le pire. Il n'existe pas de haut sans bas, de lourd sans léger, de long sans court, ni de montagnes sans précipices. En chaque être humain, en chacun de nous, se trouve le résumé de toute la création, laquelle comprend aussi bien les tigres que les brebis, les serpents et les oiseaux. Tout est en l'homme, le meilleur et le pire, et cela doit être non seulement reconnu, accepté, mais considéré comme une chose sacrée. Tout être humain porte en lui les plus "hautes" impulsions à l'abnégation, à la sainteté, à l'amour, au don, au sacrifice et les plus "basses" impulsions à l'affirmation tyrannique, à l'accaparement, à la destruction, au sadisme. Tout être humain porte en lui les plus exigeantes aspirations à l'ascétisme et au renoncement et les plus puissantes attractions sexuelles et sensuelles. Tout cela est dans l'homme et c'est la présence de Dieu en l'homme. Ces manifestations que nous distinguons comme saintes ou comme sataniques sont toutes les expressions, plus ou moins aveugles ou éclairées, de la tentative désespérée de l'homme pour transcender ses limitations et retrouver son visage originel à l'image de Dieu. Sous le signe de l'ignorance et des ténèbres, le criminel cherche Dieu dans le meurtre, l'ivrogne cherche Dieu dans l'alcool, le mari déçu cherche Dieu dans les femmes des autres. Et l'ego cherche sa satisfaction dans le service du prochain, dans le dévouement aux grandes causes et dans la lutte contre le mal, c'est à dire contre tout ce qui lui déplait et contre tous ceux qu'il n'aime pas. Là où nous voyons des êtres méchants ou bons, cruels ou généreux, le sage, lui, ne voit que des "formes" cherchant à s'exprimer ou à se libérer. (...) Le mal n'est ni dans les mauvaises pensées, ni dans les émotions les plus égoïstes ou agressives et vous pouvez les regarder en face sans être condamnés par Dieu. Le mal ne commence que relativement au prochain, au tort qui est fait à celui-ci,c'est à dire lorsque les émotions ou les pensées se traduisent en actes et elles se traduiront d'autant moins en actes qu'elles auront été moins reniées, déniées et refoulées."
Arnaud Desjardins, "Les chemins de la sagesse", édition intégrale à 120 balles, merci seigneur.

Desjardins n'avait pas anticipé les scénarios que Warren Ellis allait pondre quarante ans plus tard sur le besoin ontologique de l'humain de se bricoler des entités divines du type "ordinateur mycologique sur substrat de viande". (on dirait une traduction automatique mais je l'ai faite à la mano)
Il continue ici ses réflexions sur le surhumain, et sur ce qu'il advient de la transcendance quand la pression sociale se fait insistante.
A signaler qu'un petit éditeur commence l'exhumation, la traduction et la publication des travaux antérieurs dans la même veine.
Saluons cet effort courageux, avec tous les enculés qui téléchargent.

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