jeudi 26 octobre 2023

On est mieux là qu'à Ramallaaah...rg

J'ai beau être une tombe, je ne peux pas accueillir toutes les victimes du conflit au Proche-Orient. Il faudrait agrandir mon caveau, et imaginez que de l'autre côté du mur du cimetière, il y ait une colonie israélienne ou un camp de réfugiés palestiniens. 
Heureusement, il y en a qui ne perdent pas le sens de l'humour :

 

Ça m'aura au moins fait passer un bon moment.
Comme la vidéo n'était pas sourcée quand je l'ai reçue, j'ai cherché qui parlait, et d'où. 
Oh punaise, même Télérama en parle.
Bassem Youssef est médecin cardiologue égyptien, devenu humoriste et exilé aux États-Unis, et il était interviewé mardi à propos du conflit israélo-palestinien par un journaliste britannique conservateur. Leur échange est devenu viral.
La preuve, je le diffuse. 
Alors qu'en terme de viralité, je reste stable, autour de 37°2 le matin. 
Ca tombe plutôt bien, je ne savais pas quoi dire cette semaine.

jeudi 19 octobre 2023

Extraordinary Attorney Woo Soundtrack (2022)

Park Eun-bin, elle est trop choupinouze.
Pour en avoir regardé une ou deux du coin de l'œil torve avant de décider que je ne faisais pas partie du cœur de cible, je méprisais secrètement les séries coréennes. J'avais décidé que le monde des korean drama se divisait en deux catégories : d'une part des versions exotiques et bourrées d'édulcorants de "Plus belle la vie", le drama france-troyen qui a tenu en haleine des générations de vieillards maniaques pendant les 18 ans et les 4500 épisodes qu'il a duré, et de l'autre des variantes pimentées de "Plus moche la vie", destinée à renaitre dès 2024 sur TF1, privée des acteurs qui se sont pendus à l'idée de remettre ça
Mais quand mes proches rentrèrent de Corée en me sommant de télécharger, puis de regarder en famille Extraordinary Attorney Woo, je n'avais guère d'autre choix que d'obtempérer. 

Au fond, je suis un pleutre, comme tous ces perdants qui se terrent dans le virtuel pour ne pas affronter les affres de la Réalité Réelle Ratée (RRR), et devant ces agressions fréquentes du matriarcat toxique maquillées en suggestions de download illégal (qui jouent sur la corde sensible d'un rêve ancien de mon côté rebelle : niquer Babylone), je file doux. Attorney Woo ? Les aventures abracadabrantes d'une jeune femme autiste (tendance Asperger, la vitrine présentable des troubles du spectre autistique) qui devient avocate dans un cabinet d'affaires à Séoul. Woo a un QI de 164, une mémoire exceptionnelle, et une façon de penser créative. Cependant elle a aussi une faible capacité de gestion de ses émotions, et des compétences sociales classiques limités, mais son sens de l'observation lui permet de compenser (un peu) son handicap et de comprendre ses clients. Les bons sentiments sont un peu écœurants au début, je ne suis pas habitué, et puis mes résistances se dissolvent, je me laisse emporter par la proposition. C'est lié à la performance de l'actrice, et aux thématiques des dossiers qui parviennent au cabinet d'avocats. C'est socialement instructif, malgré certains aspects javellisés à l'eau de rose, et un peu édulcoré par rapport à la vraie Corée :

https://www.monde-diplomatique.fr/2023/07/LAMBERT/65900

Mézapraitou, pourquoi s'interdire des feel-good séries, qui donnent envie d'être humain, alors que je cède si aisément aux feelbad séries, qui font regretter ce désir d'humanité, et qui sont mon pain quotidien ? voici ce qu'on s'autorise à en penser chez les Warsen :

https://www.benzinemag.net/2022/11/02/netflix-extraordinary-attorney-woo-rain-girl-et-les-baleines/

et la musique de la série, car chez Casto y'a tout c'qu'y faut, outils et matériaux ;

https://download-soundtracks.com/television-soundtracks/extraordinary-attorney-woo-soundtrack-special/

En fin de saison 1, j'ai complètement craqué,  j'ai fait une cover d'un des titres en karaoké, qu'on entend sur une scène de S01E10 qui m'émeuvait au-delà du dicible, et après m'être arraché les cheveux avec Google Traduction, car le Coréen est fourbe plein de phonèmes imprononçables, je cours acheter la méthode Assimil.


Aarg. 
Je viens de découvrir après-coup qu'il existe une version "lyrics" de "Inevitable" qui réduit à néant mes efforts de transcription phonétique à partir du traducteur Google de coréen.
(ça faisait quelque chose comme ça :
tssikume dé ma mè

mémdoneune sorri

dépangg ik sou kan

mounie ga-ta-yo

tsayen séreup ké

kürrünen kümaille

an hagiga 

chupsi anh-ayo")


Je me suis donc couvert de ridicule pour rien. 
Tant pis.

 [EDIT] 
Quelques jours plus tard, je me suis même inclus dans l'œuvre. Va comprendre.
En tout cas, ça s'est mieux passé sur vimeo que sur Youtube, où des robots Google m'ont immédiatement censuré, pour d'obscures raisons de droits vidéo.

Extraordinary Attardés Mous from john warsen on Vimeo.

jeudi 12 octobre 2023

Bachar Mar-Khalifé - Ya Nas (2014)

Un jour, ma femme parvient à m'entrainer au cinéma, pour voir "Youssef Salem a du succès". Cette comédie de Baya Kasmi, aveRamzy Bedia dans le rôle principal, met en scène une famille méridionale d’origine maghrébine, avec un humour blasphémo-jubilatoire, tempéré par une certaine bienveillance, et montre combien le poids de l’héritage culturel peut nuire aux relations humaines et professionnelles.
ça, c'est le soundtrack.
d'ailleurs c'est marqué dessus.
Je reste sagement assis pendant le générique de fin, parce qu'une ritournelle m'a pénétré l'oreille et refuse de ressortir par l'autre, et  tandis qu'un vieux Gazaoui pleure dans un coin, son cinéma est fermé, je mémorise que c'est Bachar Mar-Khalifé qui y est crédité pour des musiques additionnelles, c'est pour ça que je ne les trouve pas dans le soundtrack, signé Alexandre Saada
Elles sont sans doute dans le score.

Le savais-tu ? la différence entre soundtrack et score est que le soundtrack est une musique originale et généralement instrumentale composée spécifiquement pour le film, tandis que le score est une sélection de chansons qui existent généralement avant le tournage et sont utilisées dans le film.

Un autre jour, j'explore la discographie de Bachar, et je finis par dénicher le titre.
Enlève tes lunettes et goûte comme ç
a sent bon : ça rentre comme dans du beurre.

Il ne faudrait pas  réduire Bachar à ce succès entrainant, qui était joué à donf dans toutes les boites de Tel-Aviv à Beyrouth avant la première Intifada. Car comme son compatriote Ibrahim Maalouf, il a fait plein de musiques de films, et elles sont vachement bien.


_________________

... et pendant ce temps-là, à Gaza, ou presque :

Lupano & Ohazar : Vikings dans la brume, Tome 2 "Valhalla Akbar".

jeudi 5 octobre 2023

Robin Pharo / Près de votre oreille : Because (une reprise des Beatles)

Bonjour 

j’ai entendu un extrait de votre récital donné à l’église de Brûlon vendredi 25 aout dernier. C’était magnifique, bravo ! j’ai un papa qui joue du baroque au clavecin, à 85 ans ça le maintient en forme, je vais lui parler de vous. J'ai été intrigué par un morceau joué dans la soirée, que j’ai identifié comme ayant été créé par les Beatles dans l‘album Abbey Road sous le titre « Because » 

J’ai recherché la paternité de l’œuvre sur internet, je me suis dit que c’était peut-être du William Byrd adapté par Lennon et Mac Cartney, vu que votre soirée portait exclusivement sur ce compositeur du XVIIème siècle, mais tout porte à croire l’inverse, le titre est crédité sur wikipédia comme une composition originale, et en plus apparemment ils ont sué sang et eau pour l'écrire et l'enregistrer. Ca ressemblerait donc plus à du Beatles réarrangé à la manière de William Byrd. Néanmoins, ce titre devrait apparaitre dans le programme du concert  

Or, je ne l’y trouve point.
Alors qui a fait l’œuf, qui a fait la poule ? (je n’étais par sur place, j’ai entendu des extraits de la soirée dans un reportage de la télévision régionale) Pourriez-vous éclairer ma lanterne ? et me dire si vous avez gravé cette œuvre dans la cire ? ;-) Je ne la trouve pas non plus dans la discographie du groupe, consultée sur https://www.robinpharo.com/discographie

Cordialement
Un fan
(mail envoyé au groupe, et resté sans réponse)

jeudi 28 septembre 2023

« L’écologie sans lutte des classes, c’est du gaspillage »

Le Nutella, c’est de droite ou de gauche ? 
Tes petits gestes individuels, à quoi ça sert vraiment ?
T’es écolo, mais t’aimes la (bonne) viande ?
Pour l’écologie, tu renonces à quoi ?
C’est la même façon de voir les choses, qu’on soit ouvrière ou employé ? 
ou de la petite bourgeoisie culturelle ? 
ou de la grande bourgeoisie ? 
Ça veut dire quoi, changer la société pour sauver la planète ? 
C’est possible de changer la société sans changer l’ordre social ? 
L’écologie est-elle forcément communiste ? 
Voilà le genre de questions posées par la conférence gesticulée d’Anthony Pouliquen et Jean-Baptiste Comby. Ils interrogent le rapport à l’écologie selon notre classe sociale ; ils se penchent sur l’intérêt des « petits gestes » et la place du collectif…


La conférence gesticulée, c’est un outil d’expression politique issu de l’éducation populaire, qui mêle des expériences personnelles (savoirs « chauds ») et des savoirs théoriques et documentés (savoirs « froids »). C’est sur une scène, mais ce n’est pas du théâtre, c’est militant, mais ce n’est pas du discours, ça fait rire (pas toujours), réfléchir et grandir.
Mardi 26 septembre 2023, salle du Seil quartier Château (allée de Provence, Rezé), 20 h

C'était ma première conférence gesticulée. J'y suis allé en trainant des pieds, j'en suis revenu en serrant les dents, un peu épuisé par leur flow anticapitaliste, des idées plein la tête... sur le plan formel, on dirait un peu deux prêtres ouvriers, mais en vrai c'est un sociologue et un éducateur, qui savent très bien qu'ils s'adressent à la fraction du peuple de gauche qu'ils appellent la petite-bourgeoisie culturelle, celle qui selon eux lit Télérama sans regarder la télé, et ça fait sourire, sauf qu'on n'est pas chez Font et Val, on rit peu, et jaune, bien que le vieux lecteur de Télérama se laisse chamaniser sans chichis et que la conclusion de la conférence, c'est que tant que les Bourgeois possèdent les outils de production pour reproduire l'ordre social ancien, on n'est pas sortis de la destruction de la planète qui nous pend au nez... 
La conférence se tenait dans une salle communale au pied des HLM de la proche banlieue nantaise, et aucun pauvre n'est venu y assister. C'est bien dommage. S'ils viennent se produire vers chez vous, n'hésitez pas, on passe un bon moment, ils sont juste un peu speed...

des liens :
les ouvrages de Jean-Baptiste :

les vidéos d'Anthony :

le paperboard des deux compères
à la fin de la conférence : 
c'est un peu chargé,
mais on a l'impression d'avoir tout compris.
(photo courtesy © ma femme)

jeudi 21 septembre 2023

Cardon : Ras-le-bol (2022)


A part la chanson de Gilles Servat "Les prolétaires", redécouverte la semaine dernière, je ne connais rien de plus déprimant ni désespérant que les dessins de Jacques-Armand Cardon, qui dépeignent de manière magistrale et allégorique les souffrances de la condition ouvrière humaine au vingtième siècle. 
(Daniel Goossens a décrit par ailleurs les souffrances de la condition ouvrière fourmi au vingtième siècle, comme ça à eux deux ils ont fait le tour du problème). 
Cardon, je l'avais totalement oublié, depuis les illustrations muettes dans l'Humanité-Dimanche des années 70, qui me laissaient blême après les avoir contemplées d'un œil d'enfant impie et hagard (longtemps avant que mon œil vire hippie et hangar).

Les dessins de Cardon sont reconnaissables au premier coup d'oeil, 
même si ça fait 50 ans qu'on n'en a pas vu la queue d'un (sic). 
On retombe dessus par hasard, et on s'écrie "Cardon, putain, Cardon !"
aussi fort que si on se rappelait tout d'un coup
qu'on s'était fait violer par Georges Marchais quand on était petit,

mais que on avait tout oublié suite à un syndrome post-traumatique aigü.

J'ignorais alors tout de Kafka, Topor, Gébé, ou Francis Masse, s'il existait une version muette de Francis Masse, dont le lettrage des phylactères serait infiniment plus reposant pour les yeux, et qui sont les cousins germains de ce Cardon qui réussit à beaucoup publier dans la presse communiste de l'époque alors qu'il n'était pas du sérail (Pif le Chien fut publié plus longtemps que les bonhommes déshérités de leurs fringues et du reste de Cardon, mais Pif le chien c'était en strips quotidiens dans l'Humanité (pas -Dimanche).

Cardon et Pif le Chien dans l'Huma
sont les deux mamelles que j'ai sucées
pour nourrir ma conscience politique naissante.

Cardon, je l'ai vu l'autre soir sur LCP dans l'émission de Patrick Cohen "Rembob'INA" dans laquelle Patrick réhabilite le patrimoine télévisuel qui sinon pourrirait doucement comme Swamp Thing dans les archives de l'INA, ce jour-là l'émission portait sur "Du Tac au Tac", joute graphique en forme de cadavre exquis entre auteurs de BD du début des années 70, imaginée par Jean Frapat. Une idée géniale, réalisée avec trois francs six sous, et qui a dû susciter bien des vocations de dessinateurs.
D'ailleurs, je le crois pas, mais le jour où je rédige cet article ils viennent de mettre l'émission en ligne, ce qui est le signe que j'attendais du Ciel où trône mon dieu laïque pour poursuivre mon effort rédactionnel.


(l'émission a été retirée du réseau de diffusion entretemps, et c'est bien dommage)
Du jour où j'ai revu Cardon sur LCP, sémillant malgré son grand âge et l'amertume sans nom qui suinte de ses dessins, mon amnésie a été levée d'un coup. Il a fallu que je coure à la librairie acheter Ras-le-bol, somptueux recueil de ses demi-pages parues dans l’Humanité Dimanche et à Politique Hebdo de 1970 à 1976.
C'est publié aux Requins Marteaux, sans la faucille.
C'est du grand Art. 
Contemporain. 
(Alors que l'art contemporain me fait désespérer et de l'art, et de mes contemporains). J'aurais préféré y trouver ses dessins muets, plus intemporels, dont il en existe plusieurs recueils, plus rares et aussi convoités que le Nécronomicon de l'arabe dément Abdul Al-Hazred :
mais on va pas chipoter pour si peu. Réécouter un vieux Cure en même temps, c'est la garantie assurée sur facture de ne pas survivre à la prochaine soirée Théma sur Arte, dont les choix éditoriaux sont le prétexte rêvé à tant de suicide-parties que les Boches n'auront pas, sauf ceux qui regardent Arte.

Quelques dessins, toutes périodes confondues :










quelques scans que j'ai faits de "Ras-le-bol" :
(clique sur les images, n'aie pas peur, ce n'est pas sale,
et tu les verras en plus grand)

quelques liens, bien trop peu nombreux :

https://www.lambiek.net/artists/c/cardon_jacques_armand.htm

https://ecc-cartoonbooksclub.blogspot.com/2015/05/satirix-cardon-edition.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques-Armand_Cardon

https://lanticapitaliste.org/opinions/culture/ras-le-bol-de-bernard-cardon

https://www.benzinemag.net/2023/03/26/ras-le-bol-de-cardon-ces-annees-70-qui-sonnerent-le-glas-des-illusions/

https://superlotoeditions.fr/livres/ras-le-bol/

Le Cardon : Dessins est épuisé.
Moi aussi.

jeudi 14 septembre 2023

Gilles Servat - Les Prolétaires (1972)

La nocivité du capitalisme financier sur les humains qui en subissent les conséquences en attendant la mort n'a jamais été aussi bien décrite que dans cette chanson de Gilles Servat, qui a déjà cinquante ans. Je ne comprends pas que La France Insoumise, Thomas Piketty et David Graeber ne lui aient pas encore dédié un mémorial. Si l'interprétation incantatoire de l'imprécateur breton (dont le timbre de voix m'évoque à tort ou à raison feu Serge Reggiani) vous indispose, vous pouvez toujours vous contenter de lire les paroles et d'opiner du bonnet.
Respect, gast ar c’hast !
 
 

LES PROLÉTAIRES

Y’a des pétroliers super
Qui foutent le deuil sur l’onde.
Avec 10 hommes d’équipage,
On s’en va au bout du monde.
Avant, il en fallait 30,
C’était pas rentable,
En voilà 20 au chômage!
Les prix seront plus supportables.
Mais de tous ces matelots,
Qu’est-ce qu’on va en faire?
Mais de tous ces matelots,
Qu’est-ce qu’on va en faire?
Ils s’en iront à la ville a la la la lair
On les mettra à l’usine.
On manque toujours de prolétaires

Assez travaillé pour soi.
La petite exploitation
Maintient l'Europe en retard
Hors de la compétition.
Il y a trop d’agriculteurs.
C’est pas raisonnable.
Quelques millions au chômage
Et l’Europe verte sera viable.
Mais de tous ces paysans
Qu’est-ce qu’on va en faire?
Mais de tous ces paysans
Qu’est-ce qu’on va en faire?
Ils s’en iront à la ville tra la la la lair
On les mettra à l’usine.
On manque toujours de prolétaires !

Et toi, petit commerçant,
Tu mourras d’la TVA.
Mais si on aide ces gens-là,
La bombe, comment on la fera ?
Le petit commerce doit mourir,
Il est pas rentable.
Va t’en au supermarché,
Les prix seront plus supportables.
Mais de tous ces commerçants,
Qu’est-ce qu’on va en faire?
Mais de tous ces commerçants,
Qu’est-ce qu’on va en faire?
Ils s’en iront à la ville tra la la la lair
On les mettra à l’usine.
On manque toujours de prolétaires.

A Nantes, à Rennes ou à Brest,
Du travail, il n’y en a guère.
Ils voudraient rester chez eux.
Alors comment faire?
Déplacer toutes les usines?
C’est complètement con!
Eux! Qu’ils viennent dans la capitale.
Pour le patron, c’est plus valable.
Mais de tous ces immigrants,
Qu’est-ce qu’on va en faire?
Mais de tous ces immigrants,
Qu’est-ce qu’on va en faire?
S’ils viennent dans la capitale, tra la la la lair
Même en faisant plein de fonctionnaires,
Y’ aura toujours trop de prolétaires.

S’il y a trop de chômeurs,
Y’aura du désordre.
Il faudra des policiers
Pour maintenir l’ordre.
Hitler le disait déjà :
"Un chômeur c’est pas rentable.
Un soldat, ça coûte moins cher.
Et c’est bien plus raisonnable."
Mais de tous ces policiers,
Qu’est-ce qu’on va en faire?
Mais de tous ces policiers,
Qu’est-ce qu’on va en faire?
Ils s’en iront à la ville, tra la la la lair,
Taper sur les ouvriers,
Taper sur leurs frères.
Ils s’en iront à la ville, tra la la la lair,
Taper sur les ouvriers,
Taper sur leurs frères !

J'ai trouvé l'album original de 72 sur un des blogs de ymer, mais suis incapable de le géolocaliser à nouveau. Du coup je remets le lien vers mon blog, le fichier est rarissime. 
En dehors des Prolétaires, qui transcende le régionalisme exacerbé de monsieur Servat, plusieurs chansons y traitent de la douloureuse acculturation des Bretons par les Francs, pas mieux traités selon l'auteur que les amérindiens lors de la conquête du Phare Ouest par les Tuniques Bleues, et La Blanche Hermine l'enverrait aujourd'hui croupir dans les geôles du cardinal Darmanin, pour appel à l'insurrection armée. Heureusement, comme pour les frasques du cardinal Darmanin quand il était jeune homme, un bon avocat obtiendrait sans doute un non-lieu.

jeudi 7 septembre 2023

Asaf & Tomer Hanuka & Lavie Boaz - The Divine (2015)


Ca fait longtemps que je n'ai pas été étonné par une bédé (à part La Bibliomule de Cordoue de Lupano et Chemineau).
Voici donc un fac-similé cybernétique de "The Divine", récit fantastique et guerrier délivré par un trio d'auteurs israéliens qui a bénéficié d'une version française chez Dargaud, et pour ne pas leur faire d'ombre nous ne passerons que la version originale en américain.
Tout ce qu'on peut avoir à en savoir en cas d'interro-surprise et sans se faire divulgâcher la figure tient finalement en peu de lignes :

https://www.planetebd.com/bd/dargaud/le-divin/-/25196.html#fil





L'argument de base de l'œuvre est emprunté à l'édition française :

mais on peut noter que dans la version originale, 
la photo était en couleur et la mise en page un peu plus racée,
c'est ça la classe américaine, on l'a ou pas. 


Quelques illustrations des frères Tanuka, qui parsèment l'album.
Les frères Tanuka, c'est les jumeaux Bogdanov de la BD, 
en tout cas ceux qu'on croisait dans la Lucha Libre de Jerry Frissen,
mais en mieux, et surtout en moins morts.


et l'album en V.O., sans autre forme de procès :


Merci à un collègue amateur d'articles funéraires caverneux et oubliés pour la fourniture du fichier. Les frères Hanuka, qui se prononcent peut-être comme Hanoucca, la fête juive des lumières, ont chacun leur blog, bien qu'ils ne soient pas des Frères Ennemis, dont l'un des deux a mystérieusement disparu en 1984, je sais pas si c'était le Big Brother, mais on ne l'a jamais retrouvé. S'il est chez vous, merci de le ramener au journal, qui transmettra. 
Idem si vous retrouvez une émission de "Pas de panique" de Claude Villers incluant "les aventures d'Adolf, le petit peintre viennois" que votre grand-mère aurait enregistré par miracle en 1973 sur cassette ferrochrome.


et sinon, The Divine, c'est comment ?
ben c'est comme ça.

jeudi 31 août 2023

Le petit Steve Roach illustré : Une année 2022

ChatGPT_3 me soutient qu'il a déniché
un portrait de Steve Roach jeune.
Je vais lui couper les croquettes
et Internet pour le ramener à la raison. 


En 2022, ChatGPT_3, la célèbre interface conversationnelle mi-minérale, mi-végétale, mi-Jango Edwards et mi-un tiers supplémentaire de générateur de bullshit, issue des amours interdites d'une Intelligence Artificielle Anonymisée avec elle-même, mais on sait très bien qui est derrière, puisqu'il s'agit d'une entreprise dont l'objectif est de promouvoir et de développer un raisonnement artificiel à visage humain, ce qui n'est pas moins flippant que l'inverse, tombe en arrêt devant le site de vente en ligne de Steve Roach, qui se pose un peu là comme agrégateur d'artefacts, et décide spontanément de lui refaire la façade.
Depuis, je ne retrouve plus rien de la discographie passée de mon auteur favori de rondelles cosmiques.




la margarine astrale de Steve
me rentre comme dans du beurre
L'ancienne discographie reste figée sur début 2022, et il faut maintenant surfer sur le shop
sauf que y'a plus les dates, alors on se résout à aller trainer sur son bandcamp
mais tout y est en vrac, présenté en piles, à même les palettes par terre dans l'entrepôt, c'est la foire à l'empoigne du Black Friday des disques de musique ambiente à prix cassés, jusqu'à ce qu'on clique sur un album en particulier, auquel cas une sorte de discographie antéchronologique semble émerger dans la colonne de droite, mais c'est quand même le bazar, pour les thuriféraires collectionneurs obsessionnels toujours en quête de la dernière saillie de Stevie, l'expérimentateur incontinent des nappes sonores abstraites et astrales, comme la margarine éponyme.
Voici donc,  sous toutes réserves quant à la datation historique, la revue annuelle des disques de Steve sortis en 2022, à l'exclusion des rééditions, dont le suspect n'est pas avare.

Zones, Drones & Atmospheres (2022) 


Ce disque contient le florilège habituel de champs sonores aux contours flous et indéfinis, incluant des nuages de brume neurotoxique alternant (les lundis et vendredis des semaines impaires) avec des plages de sérénité scintillantes au soleil d'un vieux Moog modulaire sorti du placard, découvrant leurs courbes et leur bosses au détour d'écoutes curieuses, agacées, résilientes, induisant des sensations tantôt incarnées en présentiel, tantôt atones et désertées comme si Steve composait en télétravail.



Le chat n'a pas remarqué
que l'image de la télé
est inversée gauche-droite
par rapport à celle qui orne le livre.
Les chats, c'est rien que des branleurs.

Breathing Light et Shadow Realms me prennent par la main pour m'emmener vers des climats apaisés, d'autres comme Submerged ou Isolation Station sont appréhendées par mon système parasympathique comme anxiogènes, ennuyeuses, mornes, déplaisantes comme ces cassettes audio anti-tabac jadis testées et qui déroulaient, sur un tapis clouté de nappes synthétiques affreusement 
dissonantes, la dernière journée d'hôpital d'un cancéreux du poumon en phase terminale narrée par une voix off caverneuse et dépressive, en regrettant amèrement de n'avoir su s'arrêter de fumer à temps, comme certains bloggeurs de ma connaissance. 
Dans les abondantes notes de pochette, Steve évoque la lente gestation, s'étalant sur plusieurs décades, de certaines séquences, et c'est bien normal pour des pièces qui ont une texture et une ambition quasi géologiques, à laisser infuser en lisant le magnifique "Désert Solitaire" d'Edward Abbey avec un chat-pas-GPT_3 sur les genoux.
(3,5/5)

Nautical Twilight  (2022)

(en collaboration avec Frank Beissel)

Une ode assez sombre et assez nébuleuse au crépuscule nautique. Ca passe peut-être mieux en lisant un vieux Silverberg se déroulant sur un monde aquatique, ou encore l'Avaleur de Mondes de Walter Jon Williams, mais j'ai l'impression d'écouter la messe sous l'eau. L'écoute est peu exigeante, alterne clapotis, marigots et cathédrales englouties (sans Cthulhu dedans, et encore moins la momie immergée de Jacques-Yves Cousteau travesti en Bill Murrayne,  ce qui est quand même un petit plus).
(2,5/5)


What Remains (2022)

#01 Currents of Compassion : arpèges délicatement mineurs, calme, placidité : Currents of Compassion prouve à ceux qui n'avaient pas encore subi l'interminable Plaidoyer pour l'altruisme de frère Ricard que la compassion, c'est chiant. Un étrange vertige de déjà entendu s'empare de l'auditeur, quand il intuite que l'inspiration à l'origine du projet a généré aléatoirement une bonne moitié de l'œuvre de Steve R.
#2 Prometheus Passage : dans les limbes again, parmi les spectres défunts pendant l'écoute du morceau précédent, avançant à tâtons dans un brouillard de toiles arachnéennes agrémentés d'échos de beatbox et de quelques élans de sirènes aphasiques.
#3 The Gone place : tout pareil, avec des petites flûtes sud-américaines. Idéal pour hanter les couloirs de l'aile droite de votre vieux manoir que la Région a refusé de rénover, mais resucée de tant d'albums précédents, que je me demande bien pourquoi j'en parle. Je ne prendrai pas de psychédéliques en écoutant ça, ça c'est sûr, madame Chaussure.
#4 What Remains : sérénité retrouvée pour Steve, avec cet endormissement anémié en do majeur, pour neurasthéniques affirmés et raffermis dans leurs certitudes.
(1,5/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/what-remains

Church of the Heavenly Rest - New York City (2022)

Steve et ses fans adorent se retrouver dans des lieux sanctifiés - cavernes chantantes, la galerie commerciale du Super U de Machecoul, ici une église à New York, pour le traditionnel live de fin d'année, dont la playlist varie peu d'une année sur l'autre.
De mémoire, les captations de 2020
The Sky Opens et LiveStream 09 26 2020 chroniquées ici :
Il y avait plus de 1000 personnes au concert de New York, mais comme ils observaient un silence religieux...
(3/5)


jeudi 24 août 2023

The Cure - Pornography [Deluxe Edition] (2005)

" Selon mon expérience, la vie ne se classe pas par genre. 
La vie, c'est un roman d'aventures policières, d'épouvante, 
tragi-comique et romantique, avec des cow-boys et de la science-fiction. 
Et deux doigts de pornographie, si vous avez de la chance." 

Alan Moore.


J'ai re-réfléchi.
A quoi bon se contenter de Faith (même en Edition 
Deluxe) quand on peut aussi s'envoyer en l'air sous terre avec Pornography [Deluxe Edition] ?
le double CD, dans la joie d'une cold wave apportant un peu de fraicheur sous le dôme de chaleur :