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jeudi 30 mai 2024

Le petit Steve Roach illustré : Une année 2023

Jean-Jacques et Geneviève
(oui, la veuve à Michel) : 
priez pour qu'ils ne viennent pas 
jouer du Steve Roach chez vous.
"Il faut vérifier soigneusement les connexions de tous les câbles ainsi que le transfert du son de l’oreille gauche vers la droite pour que l’effet de relief hypnotique de ma voix puisse se produire. La lumière de la pièce baisse, les masques de nuit sont mis. L’hypnose peut commencer. Bon voyage ! La musique qui est diffusée en fond sonore est directement inspirée de celle de Steve Roach. Ce compositeur américain est, selon mon ami expérienceur Gilles Bédard le seul artiste parvenu à recréer l’ambiance sonore vécue lors de son EMP. Dix ans après son expérience, l’écoute de l’album Structures from Silence « le replongea instantanément de l’autre côté », dit-il avec un grand enthousiasme communicatif lorsqu’on l’interroge sur ce choix."
in "Contacter nos défunts par l'hypnose : 
La TransCommunication Hypnotique, une nouvelle thérapie pour le deuil", by Jean-Jacques Charbonier (voir post précédent)

Une musique directement inspirée de celle de Steve Roach ! Diable ! Lui qui si souvent s'inspire de ses anciens travaux, se plagie et se repompe lui-même ! Je n'en veux pour preuve que les 209 disques sur lesquels il a apposé sa signature ces quarante dernières années.

https://jesuisunetombe.blogspot.com/search/label/Steve%20Roach 

Alors, que s'est-il passé en 2023 dans la life du pape de la musique des sphères, meufs ?

Rest of Life (2023)

Genevière Delpech anonymisée
Parmi les innombrables disques d'ambiance texturée par des nappes synthétiques réverbérées dans des églises anglicanes désertes créés par Steve Roach au cours du dernier million d'années, pourquoi être attiré vers celui-ci plus qu'un autre ? Je ne sais pas. Peut-être que j'étais plus réceptif, lors de sa sortie, à la paix et la plénitude qu'il cherche à induire dans l'âme de l'auditeur, si tant est qu'il en ait une. Rien ne distingue cet album de ses milliers de frères et sœurs extirpés par wagons de l'Incréé, nébuleux, impalpables, poudre d'étoiles mortes, bande-son idéale à une soirée diapos si vous étiez en vacances dans la galaxie du Centaure et que vous avez assisté à la mort d'Orion.

(4/5)

The Weaving Way (2023)

Un disque de Steve de seulement 31 minutes, même s'il ne comporte qu'un seul morceau, c'est comme un 45 tours pour un artiste normal. Sur la page bancamp du disque, on apprend que le morceau est extrait de son premier concert en direct depuis la maison en 2020, qu'on peut le retrouver en vidéo, et mesurer combien le barde intemporel a vieilli.
A part ça, c'est assez schulzien : cascades d'arpèges,  fontaines de cristal etc... La routine, quoi.

(3,5/5)


Second Nature (2023)
par Steve Roach & Robert Logan 

ce disque ne m'inspire guère, et fut jadis chroniqué ici
car en vérité, il date de 2016 (je suis obligé de suivre l'historique bandcamp de l'artiste car le geek qui abondait la discographie de Steve sur son site d'origine a mis fin à ses jours, il trouvait que tout ça tournait un peu en rond.)



Alive in the City of Angels (2023)

Qu'est-ce qui ressemble plus à un concert de Steve dans une cathédrale qu'un concert de Steve dans une cathédrale ? Envoyez vos réponses à la rédaction, le premier qui trouve la bonne réponse ("deux concerts de Steve dans une cathédrale ") recevra en cadeau un deux CD d'un concert de Steve dans une cathédrale.

(4/5)

Sanctuary of Desire (2023)

Vous parcourez timidement d'immenses halls de gare parsemés de coussins en mousse hypoallergéniques, qui accueillent mollement votre fessier. Une fois allongé, vous levez les yeux vers les voûtes, et en particulier la croisée du transept, parfois appelée intertransept, qui est la partie du plan d'une église située à l'intersection du transept et du vaisseau principal de la nef. Quand vous vous réveillez, vous avez un peu mal au cul, et votre portefeuille a disparu, mais vous ne regrettez pas ce moment de rencontre avec le Sacré.

(4/5)





Integration Being  (2023)
 
des versions "extended remix" de morceaux issus de l'album précédent.
Plus c'est long, plus c'est bon ? 
ça dépend avec qui.









Stream of Thought  (2023)
par Steve Roach & Erik Wollo

Qui va wollo va mollo, c'est une réédition de l'album violemment tiède chroniqué ici


En résumé, en 2023, Steve Roach est resté très actif, mais on ignore s'il a investi dans les cryptomonnaies. C'était Jean-Pierre Gaillard, en direct de la Bourse de Paris.

jeudi 25 mars 2021

250 disques de Steve Roach, et après, au lit !

Un livre qu'on peut lire en écoutant Steve Roach.
C'est même recommandé par les plus grandes marques
de machines à laver l'esprit de ses impuretés
par la musique des sphères.
J'ignore si Dieu croit en Dieu, mais il est certain que tout petit déjà, Steve Roach croyait en Steve Roach. Et c’est comme ça que parti de rien, il est devenu le pape de la musique cosmique, engendrant au cours de son big bang en expansion constante depuis quarante ans une myriade de nouvelles galaxies soniques en formes de sous-genres (dark ambient, tribal ambient), contraignant les gars du marketing à inventer de nouvelles étiquettes au fur et à mesure de l’exploration d’espaces sonores inédits par le maitre. 
N’appelons pas cela de la musique, pour ne froisser personne, et parlons plutôt de paysages sonores : lui-même évoque une vocation et des dons précoces pour sculpter ou peindre, et générer des formes de ses mains, à partir de rien. Depuis 1979, une discographie d’environ deux cents albums solo, et plus de cinquante projets collaboratifs. Il fallait bien ça pour tenter de rendre compte de l'inconcevable immensité du cosmos, du lent mouvement synchronisé des étoiles dans le ciel nocturne, des formes et des couleurs impossibles des nébuleuses. 
Mais Steve s'est aussi fixé pour mission :
1/ d'explorer et de cartographier le monde au moins aussi infini et bien plus mystérieux et complexe de l'être intérieur, 
2/ de tenir le temps à distance, et 
3/ de retisser un lien distendu, malade et oublié entre l'individu et l'univers. 
Le jour où il va décider d'envoyer un message fort au gouvernement, ça va être quelque chose. Mais comment s'orienter dans cette galaxie de disques spatiaux ? une oeuvre aussi foisonnante, avant d'intimer le respect, génère la désorientation et la recherche du syndicat d'initiative. En feuilletant un webzine sur les musiques transverses, je suis tombé l'autre jour sur une remarquable Rétrospective de l’oeuvre de Steve Roach entre 1982 et 2000.  

un disque de Steve qui promeut le voyage organisé
dans l'astral au mépris du passeport vaccinal
Comme je n’avais jamais lu une chronique d’une telle ampleur, qui survole vingt ans de carrière avec brio et concision, je fus subjugué, et après avoir reçu une lettre de menaces à peine voilées du rédacteur en chef du webzine, proposai spontanément mes services pour poursuivre l'exégèse de la saga de l'infatigable musicien électronique, dans un premier temps entre 2001 et 2010. 
Une décennie féconde, 5 albums par an en moyenne, dont des doubles, des triples et des quadruples…
Car j’aurais bien aimé disposer d’un tel guide, dans mon exploration hasardeuse des vortex sonores de ce monsieur, le long d’étroits boyaux ténébreux, la plupart du temps sans lumière et sans casque. 
(Un vortex est un tourbillon creux qui prend naissance, sous certaines conditions, dans un fluide en écoulement. Le trou d’air à l’intérieur du zigouigoui d’eau dans votre lavabo quand il se vide, si ça coule assez fort. Attention, si vous habitez en Nouvelle-Calédonie, le zigouigoui tourne dans l'autre sens. En principe. L’analogie du tourbillon creux dans un fluide en écoulement serait féconde pour étudier l’oeuvre roachienne, mais le nombre de pages dont nous disposons est limité.)

Un autre livre qu'on peut lire
en hurlant avec les loups
et en écoutant Steve Roach
Et il ne faut pas se priver du plaisir de la découverte par soi-même, au risque de la fameuse « connaissance par les gouffres » vantée par Henri Michaux dans ses exercices de spéléologie de l’esprit après avoir inhalé une boite entière de poudre de champignons périmés.
J’ai longtemps écouté Steve Roach pour de mauvaises raisons, en y cherchant comme un forcené ce que j’en entendais dire par ses laudateurs du service marketing, qui prétendaient à longueur de blog semi-pro que ça leur ouvrait les chakras et faisait taire leurs acouphènes, mieux que la sophrologie et la méditation de pleine concierge. 
J’ai longtemps cru à Steve, sans être toujours convaincu par ses créations. 
Mais il aiguisait mon sense of wonder. 
Bien mieux que Stevie Wonder, qui charme plutôt ma femme. 
Cité par Baptiste Morizot dans son remarquable « Manières d’être vivant », le philosophe gallois Martyn Evans définit le “wonder” comme “une attention altérée, irrésistiblement intensifiée, pour quelque chose que nous reconnaissons immédiatement comme important – quelque chose dont l’apparition engage notre imagination avant notre entendement, mais que nous voudrons probablement comprendre plus complètement avec le temps”. 

Scaphandre d'exploration not included
C’est quand j’ai visité l’Arizona, planète minérale d’où elle sourd même pour les mal entendants comme à jets continus, que j’ai le mieux compris la musique de Steve. On sort ici du temps humain pour entrer dans les strates du temps géologique, qui y sont encore visibles. Palpables. Crapahutables.
C'est pourquoi il y a quelques longueurs dans les disques de Steve.
Mais comme le dit Maître Zhu, « il est très difficile de trouver un chat noir dans une pièce noire, surtout lorsqu'il ne s'y trouve pas. » et je finis par me rendre à l’évidence : ce que je cherchais chez Steve, c’était à moi de l’apporter par l’intensité de mon écoute.
J'ai donc refait le voyage immobile à travers sa copieuse discographie, dans sa troisième décennie d’activité, et je fus tour à tour troublé, intrigué, agaçé, malmené, enivré de vertiges et en proie à une violente neurasthénie, mais au fond on s'en moque, car les univers sonores de Steve découragent radicalement les tentatives de "saisie-attachement" de la musique par l'auditeur. 

Si vous faites de la Saisie-attachement sur un vortex,
prévoyez un antivomitif costaud.
Saisie-attachement, terme emprunté au bouddhisme qui désigne une réalité universelle : ces milliers de filaments énergétiques qu'on déploie pour s'approprier et engluer de nos avidités le phénomène musical tandis qu'il se déploie dans le temps de l'écoute. Le Bouddha lui-même est très clair : « Il ne faut rien saisir ni s'attacher à quoi que ce soit. D'ailleurs, ultimement, il n'y a rien à saisir ni à s'attacher à." La Vacuité ce n’est pas le néant, c’est la nature réelle des phénomènes. Et Nietzsche ajoute, après avoir réécouté A Deeper Immersion VIII Ultimate Box set (4 CD, envoi sous pli discret) « Si tu plonges longtemps ton oreille dans l'abîme, Steve Roach t’écoute aussi. » D’ailleurs, c’est cela même que je trouve curieux chez ce monsieur : il prétend tutoyer l’infini et l’intemporel, et nous le faire goûter en tranches d'un peu moins de 74 minutes, mais à chaque fois ça rate, ou en tout cas quelque chose manque, puisqu’il éprouve le besoin de remettre ça quatre ou cinq fois par an depuis 4 décennies. Et on a beau lui dire à chaque fois « hey Stevie, si tu descends au studio, pas besoin d’en faire 4 CD », il n'écoute rien, ne suivant que son inspiration du moment.
Que reste-il de cette foisonnante décennie, une fois que les flonflons du dark ambient se sont tus, que ses lampions se sont éteints et que la fête est finie ?

250 disques au compteur, et pas moyen de retrouver
celui qui me plaisait. Me v'là beau.
Pour le savoir, Je suis parti de la discographie telle qu’on la trouve sur le site https://steveroach.com/discography/ sans omettre les compilations ni les rééditions, augmentées ou diminuées, de façon à ce que l’auditeur éclairé puisse s’y retrouver aussi bien que celui qui vit en basse lumière. Il y a quelques pépites, dissimulées sous beaucoup de scories. C’est clair que dans le doute, Steve ne s’abstient pas.
J’avoue n’avoir pas trouvé grand chose à mon goût, mais ça m’a au moins permis de ranger mes disques…
Mais c'est surtout l’appareil idéologique du merchandising autour, que je trouve irritant, voire horripilant, et que je dénonce. L’argumentaire déployé. Le business du new age, qui me révulse dans ses bobards : Il n’existe à ma connaissance aucune technique méditative sérieuse prenant pour support la musique électronique. Or, cette idée est à la base du pilonnage rédactionnel qui nimbe le florissant commerce des galettes de Steve d’une aura si gênante, avec son consentement implicite. Foi et fricomanie : on est bien aux USA. S'il restait de la colère en moi, après avoir réécouté 50 disques de Steve, j'en pleurerais d'une rage impuissante; heureusement, j'écris ça en écoutant un album vraiment magnifique de tribal ambient, malheureusement situé hors de la décennie que j’ai scrutée de mes poilues esgourdes.


Ca ne me dérange pas d’être le vieux punk dans le magasin de cathédrales new age. 
Il en faut bien un. J’ai fréquenté assez de fraternités spirituelles, des alcooliques anonymes aux sanghas tibétaines, pour discerner à l'oeil nu l’angélisme de la compassion. Enfin, dit comme ça, on dirait que je me prends pour Lavilliers, peut-être bien, tant pis ! 
En me prêtant au jeu de l'intégrale, j’ai eu parfois l’impression de « régler des comptes » avec la Steve Roach Singing Stones World Company®. Mais j’ai compris en parcourant ses interviews que c’est quand même un vrai mystique du son et de l’improvisation, dès qu’il taquine ses claviers, il branche un enregistreur, et il engrange de la matière, qu’il finit toujours par resculpter et publier sous une forme ou une autre, parce qu'il ne trie pas en fonction du "bon" et du "mauvais" de son inspiration. Quand sur certains disques on se retrouve face à des entités poisseuses, comme sur le live All is now (2002), ces entités n'ont pas l'air très human-friendly, mais elles ont le mérite d'exister, et Steve de les décrire. Dans le mauvais, il prend ce qui est bon; et dans le bon, il prend aussi ce qui est bon. 

Le meilleur concert de Steve eut lieu sous la mer 
il y a 300 millions d'années, devant une ammonite,
deux trilobites et un coelacanthe.
Car dans la musique cosmique, on ne va pas laisser de côté ni les soleils effondrés sous le poids de leur propre gravité, sous prétexte que leur bruit de fond n'est pas cool, ni les trous noirs dévoreurs de mondes au motif qu'ils sont très bronzés. Pas de discrimination au faciès pour les astres lointains; enfin, c’est mon intuition. 
J’aurais peut-être dû me cantonner aux albums que j’apprécie, histoire de ne pas générer de mauvais karma en disant du mal de ce type qui ne m’a rien fait. Les concepts qu’il développe dans les années 2000 sont parfois aussi incompréhensibles à mes oreilles que certaines formes malignes de freejazz. 
Mais quand même, faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des saumons d’élevage, en les gavant avec n'importe quoi.
L'exégèse démarre la semaine prochaine.
Y'a que la foi qui sauve. 


Y'a pas que sur les planètes inconnues que ça arrive.
En écoutant Steve Roach, c'est souvent le même parcours du combattant.
(analogie gracieusement fournie par Aâma, de Frederik Peeters)

jeudi 19 décembre 2024

Le petit Steve Roach illustré : Une année 2024

Avertissement : en cessant de poster sur ce blog fin 2024, d'un commun accord avec moi-même, j'ai oublié de finir de rédiger le bulletin de santé annuel de l'amicale des Adorateurs Anonymes de Steve Roach, qui ne désespèrent pas de le voir encore parfois sortir un bon disque de musique ambiente, mystique et chamanique, bien que les meilleurs soient sans doute derrière nous, entre 1990 et 2010.
Se reporter à la somme antérieurement publiée en trois volumes sur le sujet :


ainsi que les articles marqués à la culotte du acheutague # Steve Roach sur ma tombe.
Voici donc l'ultime bulletin annuel (snif, je me manque déjà) que j'antidate un peu pour rester dans les clous, et après ça, que Benalla me vienne en aide, je close le shop et pars sur les routes avec mon bâton et mon bol tibétain. Quand à vous, il faudra vous informer directement des sorties du monsieur sur son bandcamp

The Desert Winds Of Change  (2024)

Dans les notes de pochette, on peut lire cette confession de Steve :
“(..) c’était l’une de ces nuits où je pouvais sentir le mouvement fluide prendre le contrôle en pleine puissance. L’autre élément majeur ici est Klaus Schulze. J’ai ressenti son esprit toute la semaine précédant cette nuit. Je me suis accordé sur tout ce que sa musique m’apportait dans la phase initiale de découverte de moi-même et de mon émergence dans la création de musique électronique-synthétique. Ceux qui connaissent sa musique des débuts ressentiront sans aucun doute l’inspiration. Il est impossible de savoir où je serais aujourd’hui si je n’avais pas écouté Timewind au milieu des années 70. Pour cette raison, cette pièce est dédiée à la mémoire et à l’héritage de Klaus Schulze.” 🎶🌟
Comme le dit Bing, qui me l'a gentiment traduit avec Copilot, ces deux bâtards cybernétiques d'I.A. dévoreurs de ressources et friands d'âmes humaines, 
"Ces mots sont empreints d’une profonde réflexion sur la musique et l’inspiration. Klaus Schulze est un musicien allemand bien connu pour son travail dans le domaine de la musique électronique et de l’ambient. L’album Timewind, sorti en 1975, est l’un de ses chefs-d’œuvre les plus emblématiques. Il s’agit d’un album instrumental qui a marqué l’utilisation du séquenceur par Schulze. En l’écoutant, vous pouvez ressentir le flux du temps, comme si le vent lui-même vous emportait dans une expérience musicale transcendante.
Klaus Schulze - Timewind. Il contient deux longues pistes, “Bayreuth Return” et “Wahnfried 1883”, qui vous plongeront dans un voyage sonore unique. Profitez-en ! 🎶"
Enregistré le 01/08/23 avec un public en direct pour Salon d'ambiance à la salle Century Tucson, Arizona.
Il s’agit essentiellement d’un enregistrement live en studio.
Aucun overdub ou modification d'aucune sorte n'a eu lieu dans post-production.
La vidéo de cette performance peut être visionnée ici : youtu.be/B8CYh0nK-F0
C'est effectivement schulzien en diable. Himmelkreuzsakrament ! Mais le doute me saisit : est-ce que ce disque ne ressemblerait pas comme à une goutte d'eau à plusieurs autres disques de Steve de la même veine ?


Waves of Now (2024)
par Steve Roach & Robert Rich

J'ai du mal à apprécier cette reformation du duo de comiques troupiers qui nous a donné de si beaux disques il y a 35 ans, les désormais célèbres et reconnus dans le monde entier pour leur vertus lénifiantes Strata & Soma, quand je les découvris à la médiathèque François Villon, béni soit son saint nom, 81, boulevard de la Villette, Paris 10e, là ils nous font je sais pas quoi mais plutôt gloubi-boulga,  je les sens nébuleux, les garçons. Ou alors c'est moi qui n'y suis plus, à force d'avoir trop écouté leur musique.

1,5/5

https://steveroach.bandcamp.com/album/waves-of-now

 Reflections In Repose (2024)

Des nappes, encore des nappes. Par Vagues Successives. S'atténuant mollement au pied de mes acouphènes, sur l'estran qui sépare l'ouï du non-ouï (dans l'ile Saint-l'ouï, mais pas que.) Le disque prédit-il pourotan l'heure de la prochaine marée haute à Perros-Guirec ? Que nenni. On dirait un employé des pompes funèbres (vaguement déguisé en Stephen King sur la pochette) qui fait ses gammes sur l'harmonium du salon funéraire. On est dans la veine somnifère, voire la sédation profonde, qui consiste à endormir profondément une personne atteinte d'une maladie grave et incurable pour soulager ou prévenir une souffrance réfractaire.


Parallels (2024)
par theAdelaidean / Steve Roach

Serait-on en présence d'un sursaut de volonté de reboot de Steve, cherchant à se refaire une virginité en s'associant à un petit jeune, sans écouter les on-dit des voisins qui commencent à jazzer comme dans une vieille bande décimée sur la vie d'Einstein de Goossens ? Il semble que theAdelaidean ne soit pas un prête-nom 
https://projektrecords.bandcamp.com/album/hyperaurea ni un homme de paille (avec qui il serait alors déconseillé de fumer au lit.) Au début l'intérêt est suscité par le coulis de nappes glaciaires éthérées et réchauffées au chauffe-eau qu'on devine hétéro et solaire, mais au bout d'un moment, on pique du nez. On a trop entendu ce genre de disques ténus, à la fois bavards et laconiques dans leurs envolées de silences retenus. Y'a l'attrait de la nouveauté mais on se souvient que la nouveauté est un artifice récurrent et finalement  très usé chez Steve depuis 40 ans, et puis le piano débarque, avec ses petits accords plaqués comme le Brian Eno de Thursday Afternoon, et on se dit que mouais, bof. Difficile de réinventer le couteau à beurre quand on l'a retourné si souvent dans la plaie de l'ambient méditative.

2/5

One Day of Forever (2024)
par Steve Roach

C'est assez planant. Des nappes de sérénité lumineuses, en cascades, avec réverbérations. Idéal pour interpréter au funérarium le célèbre texte « La mort n'est rien : je suis seulement passé, dans la pièce à côté. (..) Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin. » injustement attribuée à Péguy.
On a quand même l'impression d'avoir déjà entendu ça quelque part; on a aussi la sensation d'avoir déjà lu le fait qu'on avait déjà entendu ça quelque part; rien qu'au début de cet article, pourtant rédigé il y a plusieurs mois. Heureusement qu'on se relit. L'album se révèle au fil des écoutes prodigieusement ennuyant, enfonçant les portes de la déception, déjà toutes écaillées par endroits. Alors soyons clairs : j'ai découvert récemment la bande dessinée Krazy Kat, dont l'auteur a imaginé pendant 40 ans les aventures d'un chat non-genré amoureux d'une souris non-genrée, souris qui passe son temps à lui envoyer des briques à la tête par derrière dès qu'il a le dos tourné, malgré la surveillance constante d'un chien-brigadier qui la met en prison dès qu'il la prend sur le fait. Personne ne reprocherait à Herriman de taper toujours sur le même clou. Peut-être faut-il avoir la même bienveillance envers Steve Roach. Mais bon, des fois, on se dit avec Clémenceau que la tolérance, y'a des maisons pour ça.

1/5

https://steveroach.bandcamp.com/album/one-day-of-forever

Crossing the Bridge - Live in Boulder (2024)

Steve est gentiment invité par le groupe de métal cosmique Blood Incantation à traverser le pont des limitations de genre, et à libérer leurs passions sonores ensemble sur la même scène, pour animer la première partie de leur concert consacré à la sortie de leur album "Absolute Elsewhere" ; après tout, c'est l'occasion de présenter sa musique live à un nouveau public, et qui sait, de vendre un ou deux CD.
Pour être au top, il se bourre de kétamine, apprend à éructer avec son sphincter anal, et cisèle un set harsch rock de derrière les fayots. Ses morceaux les plus éruptifs sont rehaussés de hurlements de chamans sodomisés avec leur propre didgeridoo, on entend des animaux se faire peler le jonc à l'épluche-légume, tandis que des montagnes de disques d'ambient invendus s'effondrent sous leur propre poids dans un boucan d'enfer, avant de s'envoyer toutes seules au pilon, désormais convaincues de leur inutilité.
Bon, en fait, j'ai menti, et Steve en parle mieux que moi : "the set was built from the elements of my 2024 US tour that presents the full range of my music over 2 hours. Mystical deep ambient - atmospheric to multilayered sequencer woven trance merging to tribal and acoustic infused Dreamtime realms. In this setting I took this 2 hour trajectory I have been performing in large Cathedrals and Churches and compressed this into a 60 min hyperblending of constant shapeshifting."
L'histoire ne dit pas si les amateurs de métal cosmique ont fondu les plombs, ou si les fans de Steve ont viré métal liquide, comme dans Terminator 2. En tout cas, pour des thuriféraires de mon acabit, rien de nouveau sous le soleil de la psychopathologie de l'addiction à Steve.

2,5/5

jeudi 10 mars 2022

Le petit Steve Roach illustré : Une année 2021

Into the Majestic (2021) 

Il y a des disques de Steve Roach qui ronflent et grondent comme un Alligator 427 en approche de Kyiv. Celui-ci, non. C'est même un disque de musique planante comme on n'en attendait plus de la part du recuit de l'Arizona : deux longues plages étirées vers l'infini, et sans doute au-delà, dorées au soleil intérieur de la bienveillance en harmonies majeures et cascades tintinnabulantes, majestueuses comme un Pape à Noël. The Spiral Heart est une rêverie chaleureuse et ouatée, parcourue de ponctuations rythmiques sobres et élégantes. Et pourquoi Steve a-t-il attendu tant d'années pour redécouvrir les vertus d'une stratosphère expurgée des gaz à effet de serre dont il abusa jadis ?
Into the Majestic déroule ses volutes de séquenceurs placides, lumineux, outrageusement lénifiants, qui paraîtront confits dans la sérénité et pour tout dire un peu plan-plan aux aigris crispés sur leurs certitudes que tout fout le camp, sauf l'impermanence et les accords de Minsk. Tant pis pour eux. Les autres seront ravis de faire du surf à la surface de ce lac de montagne miroitant. Le morceau a été créé en concert depuis la Timeroom, et a été diffusé en direct le 24 octobre 2020; le stream en est encore visible ici :

(4/5)
https://steveroach.bandcamp.com/album/into-the-majestic

Temple of the Melting Dawn
 (2021) 
en collaboration avec Serena Gabriel

Steve et Serena visitent le Temple de l'Aube fondue, main dans la main en grignotant du gruyère râpé. Il a amené ses synthés, elle a pensé à apporter ses flûtes, son harmonium de poche, tout ce qu'il faut pour faire une petite session live; sans oublier le picnic, car les femmes savent faire et même penser à plusieurs choses à la fois, contrairement aux mecs qui n'ont qu'une vieille pétoire à un coup. Hormis le morceau In Another Time, plein de charmes anciens et de secrets ouatés et luminescents, le reste se veut une invitation à la contemplation, mais ne m'évoque rien, malgré la présence d'instruments traditionnels. C'est spectral et diaphane, mais ça manque de corps, de narration, d'évènements sonores plus consistants que la trace des chips froissés sur la nappe de l'ambient. Quand Eivind Aarset et Jan Bang partent explorer les territoires inconnus qu'ils génèrent autour d'eux en faisant semblant de n'avoir jamais croisé Jon Hassell, on est toujours étonnés de se trouver là, en cet endroit. Steve et Serena ne font que susciter une somnolence coupable.



As It Is (2021)

Un album pour une fois varié dans sa palette de coloris : la moitié des pièces exsudent des climats vraiment travaillés et originaux (What Falls Away, Threshold Meditation, Emerging) tandis que l'autre moitié du bol contient de la soupe en sachet délayée à l'eau froide, avec les ingrédients habituels, sauf l'ingrédient secret, cruellement absent.

(3/5)



Live at SoundQuest Fest (2021)

Interminable pensum de cascades de friselis d'arpèges harmoniques texturés et programmatiques, sauf pour la dernière piste, sauvée de la langueur monotone par les boites à rythme tribales, comme on le voit sur la vidéo. C'est pas parce que c'est enregistré dans les conditions du direct que ça doit être aussi pénible qu'un disque studio. Evidemment, arrive toujours le moment où Steve lève le nez de ses machines et s'aperçoit que tous les spectateurs sont en train de quitter la salle, il tente alors de sortir de son trouble du spectre autistique en balançant quelques percussions synthétiques imitant à s'y méprendre les tambours d'un vieux sorcier de l'ayahuesca. Aah, si Peter Gabriel n'avait pas inventé par inadvertance le tribal ambient en faisant revenir à feu doux Peter Gabriel 4: Security dans sa cuisine numérique, le dark ambient n'aurait peut-être jamais vu le jour...

Peter Gabriel enfile son masque de chaman
pour faire une blague à son vieux chat cardiaque
Dans l'interview avec Alan Freeman fébrilement retranscrite dans le fanzine White Shadow (#3, pp12), Gabriel nous dit en substance : "J'ai retrouvé une conscience rythmique. Et l'écriture - en particulier avec l'invention de ces boîtes à rythmes - est fantastique. Vous pouvez stocker dans leurs mémoires des rythmes qui vous intéressent et vous excitent. Et puis le groove continuera sans vous , et le groove sera exactement ce que vous voulez qu'il soit, plutôt que ce qu'un batteur pense être approprié pour ce que vous faites."
Ici, dans Live at SoundQuest Fest (2021), à ne surtout pas confondre avec l'excellentissime Live at SoundQuest Fest (2011) il faut attendre le 4ème et dernier mouvement pour que Steve se rappelle de cette interview et retrouve la marche avant, comme avant. 
Ah c'est sûr que si tout le concert avait été du même tonneau, on aurait moins mégoté sur l'entouziasme. Du coup on va visionner la vidéo du non-évènement
et là, on capte l'aspect physique de la prestation (à partir de la cinquantième minute) vécue dans le champ expérimental et intersectionnel
et on fait un ajout à la Rétrospective qui fut la meilleure anthologie de Steve réalisée après l'écoute sous contrôle d'huissier des 257 albums de sa discographie récente

(2/5)

Beyond Earth & Sky (2021)
en collaboration avec Michael Stearns

Michael Stearns est surtout connu pour ses musiques de films documentaires méditatifs et anxiogènes, sauf pour les effondrologues (Baraka, Samsara) films qui s'inscrivent dans la lignée de la trilogie Koyaanisqatsi produite dans les années 80 par Francis Ford Coppola et qui dénonçait, je cite, "
les prémisses de notre société ultra-libérale, où tout est marchandise, même l’homme, tiraillé entre son désir de possession et l’asservissement induit par celui-ci." 

http://www.slate.fr/story/69837/samasar-un-autre-documentaire-est-possible



les musiques de Michael Stearns
dans les films de Ron Fricke,
c'est quand même quelque chose,
même sans la 8K Digital HD.
Surprise : en collaborant pour la première fois depuis 1995 avec Steve Roach, 
Michael Stearns lui apporte une syntaxe plus articulée, un espace plus vaste, et lui offre un vrai tremplin pour éviter l'appauvrissement cognitif et relationnel qui le guette chaque fois que sa femme oublie de planquer les clés du studio d'enregistrement et qu'il passe des journées entières à y faire ses petites expériences hébéphrènes : simuler encore et encore des phénomènes biologiques ou météorologiques en secouant quelques molécules dans une éprouvette, dans son labo creusé à flanc de montagne sous la salle à manger, puis réduire son interaction au minimum et se contenter d'observer ce qui se passe - c'est cela qui est donné à voir dans les vidéos de ses concerts : il se déplace précautionneusement entre des murailles de synthétiseurs analogiques, titillant un potentiomètre ici, effleurant un curseur là, attentif à ne pas interférer avec l'expérience en cours, comme si ses séquenceurs étaient bourrés de chats de Schrödinger. Ici, il y a des intentions, un tempo, des harmonies, de l'amplitude, tout ce qui fait défaut par défaut à son usine de galettes ambientes. Comme le résume un auditeur attentif : Just beautiful soundscapes that capture nature in all its glory.

(5/5)


Epilogue : je découvre que ♫ Piero Scaruffi's Music Database dispose de plein d'entrées sur Steve Roach. Je vais pouvoir comparer nos notes, pour voir s'il classe lui aussi Steve Roach à la rubrique des cavaliers de l'Apocalypse, au même titre que la Conquête, la Guerre, la Famine, la Mort, l'Epidémie, et la compile de John Warsen.

mardi 26 janvier 2021

Suspended Memories : Forgotten Gods (1993)

Saisons 2 et 3 déconseillées
à la cueillette et à la consommation.
Mieux vaut revoir deux fois la saison 1. 
Alors que la saison 3 de Forgotten American Gods démarre enfin malgré mon boycott tardif issu de mon droit de véto à la faire piquer après une saison 2 catastrophique qui déconstruisait systématiquement toutes les vertus et qualités que j'avais pu trouver à la saison 1, pire en cela que Trump annihilant les avancées sociales du gouvernement Obama, sans espoir de voir Joe Biden arriver à la saison 3 vu que l'équipe créative de la saison 1 menée par Bryan Fuller s'est soit dissoute soit est partie vers d'autres cieux, jurant mais un peu tard qu'on ne m'y prendrait plus, malgré la présence immanente de Ian McShane et ses rodomontades, je découvre enfin par hasard mais bien rasé l'article dont je rêvais depuis une bonne vingtaine d'années pour m'aventurer dans la proliférante jungle de disques ambients de Steve Roach :
Dans les commentaires de l'article, qui passe en revue une bonne trentaine de galettes spatiales et s'arrête à l'orée de l'an 2000 dans son travail radioscopique de l'oeuvre prolifique du reclus de l'Arizona, le webmestre s'attriste : "Notre équipe de bénévoles est réduite et nous recherchons des rédacteurs pour continuer."
Surtout ne pas céder à la provocation, c'est un piège. Je ne vais pas me remettre à écouter du Steve Roach en croyant faire de la méditation de pleine concierge, ça ne marchera pas mieux qu'avec Robert Plant.

Je découvre nonobstant plein de disques de Steve Roach de quand il était petit et qu'il se touchait le didgeridoo en rêvant de devenir le pape du dark ambient,  moi qui croyais tout savoir sur le bonhomme d'un simple clic, ivre de ma propre cyber-connerie ignorance, me voici bien attrapé.
Dans la pile, une oeuvre de jeunesse retient mon oreille, chamanique en diable sans pour autant forcer sur les gémissements de la belle-mère bourrée d'ayahuasca qu'on aurait séquestrée dans le placard tandis qu'on force sa belle-fille prépubère à regarder des dessins de Xavier Gorce par tous ses orifices oculaires, ce Forgotten Gods dont le titre rappelle le roman surcôté de Neil Gaiman à l'origine de la série à ne pas regarder, surtout les saisons postérieures à la première, mais dont le générique est superbe, série qui parle de Dieux Oubliés qui Aimeraient bien Se Faire Prier, et ma foi Forgotten Gods remplit très correctement le cahier des charges d'une musique à la fois tribale et contemplative, naïve et mystérieuse, pleine de rouerie électro mais partiellement improvisée à la main avec des vrais doigts, bref à mille lieues de l'usine à gaz de cailloux minéraux que deviendra l'entreprise Steve Roach dans les décennies suivantes.
Recommandé.

samedi 1 mai 2021

Le petit Steve Roach illustré : Une année 2006

Sous les pavés de mai, la plage.
Et sous la plage, les vortex de Steve Roach
https://sculpttheworld.smugmug.com/
1er Mai
: Avouez que la Fête du Travail est un chouette oxymore. La Fête du Télé-Travail, c'est pire.
Bien sûr, c'est l'Entreprise, qui nous ferait détester le travail, tout comme l'Education Nationale avait tenté de nous dégoûter de la littérature. Leurs contributions au massacre de l'humain en nous ne jettent l'opprobre ni sur le Travail, ni sur l'Art.
La preuve : ce matin au lieu d'aller défiler j'ai fini de repeindre mon portail de jardin en écoutant un vieux Môrice Benin, et le rendu IRL de la teinte choisie chez madame Bricolage se révèle affreux une fois posée. 
Tant mieux : les Témoins de Jéhovah y réfléchiront à deux fois avant d'affronter les mines anti-personnel dissimulées sous la pelouse. En signe de joie et de ralliement à moi-même, ainsi qu'à tous les aficionados de la non-dualité, je poursuis mon écoute intégrale de Steve Roach.
Encore des disques prompts à nous faire abandonner toute idée de rejoindre les syndicats pour un défilé unitaire, par devant et par derrière.


***




Kairos (2006)

Des bourdons accordés en la mineur résonnent dans des souterrains si profondément caverneux que l’isolement des combles n’était certainement pas à 1 €. D’inquiétants rôts, de ceux que l’on obtient en ralentissant un son numérique jusqu’à ce qu’il soit quasiment à l’arrêt, montent de la fosse aux entités.

A moins que ce ne soit Motard des Grottes qui passe dans le champ auditif avec des pneus neige.
Grâce à la magie d’internet, qui n’oublie jamais rien sauf quand on le lui demande expressément, les clips vidéo pour lesquels ces musiques furent composées sont là :
https://steveroach.com/Features/Kairos/
Ce déchainement de C.A.O. (chamanisme assisté par ordinateur) démontre que les animations graphiques en fausse 3D de métastases, de vieilles radiographies de poumons et de couchers de soleils sur ta mère morte vieillissent assez mal.
Quelques sorciers désoeuvrés viennent taper le carton sur des peaux synthétiques, mais rien de notable ne s’ensuit au niveau groove.
Ou alors l’altimètre est cassé.
Tout cela me semble un peu périmé, dans le Landerneau du caillou qui grince et du clapotis verdâtre. Vrombissements et grognements digitaux. Stridulences d’abysses. La routine, quoi. Certains fragments d’intemporel supportent mieux l’épreuve du temps que d’autres. Laborieux.

(1/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/kairos-the-meeting-of-time-and-destiny

Immersion One (2006)


Steve met pour la première fois la tête sous l’eau à la pistoche, déguisée pour l’occasion en océan primordial.

- Et ?
- Ben, glouglou.
- Et à part ça ?
- Ben, glouglou, quoi ! on perçoit vaguement des harmoniques au fond du bassin, près de la pompe de filtration, mais avec les bouchons d’oreilles, c’est quand même pas top. Dans les disques d’ambient comme « On land » de Brian Eno, il y a quelque chose d’à la fois naturel et aléatoire dans l’arrangement des sons. Ici, tout est artificiel, lissé, les ondulations sont géométriques, ça sent le chlore et la javel.
Glouglou.

(0/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/immersion-one

Immersion Two (2006)

Des nappes se succèdent par vagues, et ces vagues viennent mourir au bord des oreilles, en exhalant des soupirs dissonants et anxiogènes. Musique de fond déconseillée, même à bas volume, dans la salle d'attente d'un oncologue.


(0/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/immersion-two

Terraform (2006)


Collaboration très décevante avec Loren Nerell, dont les créations sonores sont pourtant moins mortifères d’habitudes, sauf à être un fan de paysages sonores statiques, plus sableux que roacheux, où du début à la fin il ne se passe rien. Mais alors, rien de rien. Je me répète, mais eux aussi. 
Dans les romans de science-fiction correctement documentés, la terraformation d'une planète de taille moyenne comme Mars prend au minimum quelques siècles. Peut-être faut-il essayer d’accélérer Terraform 10 000 fois dans un logiciel audio spécialisé avant de pouvoir y déceler la présence des crickets, de l'eau, le cri des lichens ou l’écho des savanes, d'un signe qui attesterait de la présence de la vie, éléments qui sont vantés dans la brochure promotionnelle et que je ne retrouve pas dans cette longue plage ambiente à côté de laquelle le "On Land" de Brian Eno passerait presque pour le séminal « Overkill » du regretté Motorhead.
Un court moment, au début de Texture Wall, on perçoit des bruits caillouteux, on se dit qu’il va se passer quelque chose, mais non, c’est Steve qui s’était endormi dans la cabine du bulldozer et dont le faux mouvement en entrant dans le sommeil a accidentellement actionné le bras de la pelle mécanique.

(0/5)

https://projektrecords.bandcamp.com/album/terraform


Proof Positive (2006)

Les séquenceurs crachent leurs rafales de double-croches, mais des courants de vif-argent pulsent en même temps sous la surface brillante des arpèges mitraillés. Un mariage équilibré des pulsions schulziennes et du Roach atmosphérique. Enfin, pour ceux qui aiment ça, parce que perso, je trouve ça un peu saoulant, et moins planant que stakhanoviste, à part le dernier titre, éponyme de l’album, antidote efficace à la gravité terrestre.


(2/5)


https://steveroach.bandcamp.com/album/proof-positive

Storm Surge Live at NEARfest (2006)

Steve enchaine à fond des extraits de disques récents comme un monstrueux pot-pourri (les morceaux font 4 minutes à peine ! des morceaux de steve roach de 4 minutes ! non mais allo, quoi !) c'est pas un disque live, c'est une bande démo de 45 minutes qui ne lui rend pas honneur. Mieux eut valu un Steve Roach Unplugged, avec un didgeridoo et un piano en bois d'arbre à pains dans le mix.


(0/5)