jeudi 1 septembre 2022

Petit mémorial en forme de tumulus des séries télé de l'été qui ne passeront pas l'automne, et en plus l'hiver sera rude

"Je n'attendrai pas l'automne / ses sonates à mon sonotone"
Alain Bashung, "La Ficelle"


le chat de Schrödinger pour les Nuls : 
bientôt l'adaptation BD de la série télé,
d'après le podcast du film
Il y a des choses intéressantes dans la bande-son de Outer Range, la série télé qui veut hybrider coûte que coûte le western post-moderne et la physique quantique de papigeek (papigeek qui s'obstine par ailleurs à enfermer des chats dans des cartons dès qu'on a le dos tourné.)
- Par western post-moderne, nous entendons par exemple la série Yellowstone, urticante comme pas deux tellement elle est à la fois progressiste et réactionnaire, fraiche et rance, critique et élégiaque du rêve américain, et finalement un peu morte et vivante, comme le chat de Schrödinger.
En tout cas, tant qu'on n'a pas ouvert la boite pour savoir de quel côté il est mort ( in : "le chat de Schrödinger pour les Nuls" raconté par ma femme, un 45 trous du disque d'aventure de vulgarisation scientifique en vente nulle part)
Yellowstone, c'est une énième saga sur une « fratrie dysfonctionnelle » avec Kevin Costner en tête de gondole, patriarche conservateur et rétrograde assumé, série qui mélange avec des hauts et des bas les grands espaces et les gens qui les habitent, avec les grosses ficelles de la télénovella brésilienne, mais au Montana ça s'appelle soap-opera, et on y évite de parler avec la bouche pleine de savon, surtout si c'est pour dire du mal. On n'avait qu'à pas télécharger ça. On est mal barrés pour le chroniquer, après avoir avoué un peu honteusement qu'on le regarde, soi-disant pour complaire à sa femme, dont on parle décidément beaucoup mais qu'on ne voit jamais, sauf à faire les poubelles de ce blog culturel. 

Plus fort que Leonardo dans Inception,
Josh Brolin replie tout le Montana sur lui-même
- Et par physique quantique de papigeek, considérons une bande dessinée comme Federal Bureau of Physics, non traduite en français, dans laquelle il est postulé que les lois qui régissent l'univers physique se délitent, et les constantes de Planck subissent d'étranges variations, fuites temporelles, pannes de gravité, tempêtes entropiques sans préavis de Météo-France venant s'excuser après-coup de n'avoir pas hurlé assez fort pour faire paniquer la population avant qu'il ne soit trop tard pour mourir noyé.
Ou encore le film Cohérence, avec gros effets SF_métaphysiques à partir d'un tout petit budget de huis-clos intimiste.
Outer Range, c'est le revers de la médaille, une proposition sérielle😉qu'on dirait décalquée sur Yellowstone, pour le côté « fratrie dysfonctionnelle chez les coboyes sévèrement burnés », mais avec des trous SF dedans. 
Un gros, surtout : un vortex de quelques dizaines de mètres de diamètre, qui éclot au beau milieu d'une prairie du Wyoming. Et qui permet tous les abus scénaristiques : on y jette des cadavres encombrants, ils réapparaissent quelques semaines plus tard n'importe où, sans avoir vieilli, faisant froncer les sourcils des médecins légistes de garde, ou bien ils ne réapparaissent pas, ou alors des bisons en émergent, ou des tribus indiennes, l'astuce scénaristique du trou auto-justifié comme émanation de la facétie divine permettant d'y faire entrer et sortir n'importe quoi, comme un bon vieux "tunnel à droopys" : 

(l'expression "tunnel à droopys" est forgée par Francis Masse, loué soit son Saint Nom,
dans "La mare aux pirates", 1987, récemment réédité par Glénat, béni soit son sein doux.
Le lettrage écorche un peu les yeux, mais c'est que du bonheur.)
- des ours, des shérifs arapahoe LGBT (pour se faire bien voir des communautés woke qui dictent sa conduite à Netflix et sacrifier aux règles de l'inclusivité dans les programmes télé post-modernes), et bientôt des soldats confédérés ayant participé par erreur à la Guerre de 30 Ans, et pourquoi pas des réfugiés ukrainiens oubliés dans les souterrains de Marioupol dans la saison 2 ? hein ? Avec une trouvaille pareille, ils peuvent faire 25 saisons de plus sans problème, et sans aucun besoin de se justifier ! ... et en plus, les spectateurs qui viendraient éventuellement se plaindre, un bourre-pif dans les coulisses du rodéo, bing, on les roule dans une couverture, et hop, dans le trou ! on est peinards pendant au moins dix-huit épisodes !
Ma grâce présidentielle va jusqu'à amnistier les paysages de la série, l'actrice Imogen Poots parce qu'elle a un nom rigolo et cultive une certaine étrangeté, et la bande-son originale, qui évoque les habillages électro-acoustiques des films de Ari Aster, le VVitch de Robert Eggers, ou le Thelma de Joaquim Trier. 


j'm'ai gourré, c'est pas le Montana,
qu'est tout troué, et tout retourné,
c'est le Wyoming.
Les spectateurs, moins.
Il y a aussi la Unofficial soundtrack, irréprochable quoique intéléchargeable, tant que je ne mets pas les mains dans le cambouis de youtube. 
Mais malheureusement, comme j'ai cru naïvement pouvoir l'exprimer en peu de mots, la série elle-même est bien fumigène et frustrante. 
On regarde ça un peu atterrés, malgré la critique élogieuse du Monde ça ressemble à l'adaptation réussie d'une BD médiocre, puis notre consternation grandit en songeant à ce que Alan Moore disait à propos de l'adaptation indésirable de ses bédés au cinéma :
" Je refuse que mon nom serve à cautionner d’une quelconque manière ces entreprises obscènes, où l’on dépense l’équivalent du PNB d’un pays en voie de développement pour permettre à des ados ayant du mal à lire de passer deux heures de leur vie blasée. La majorité de la production est minable, quel que soit le support. Il y a des films merdiques, des disques merdiques, et des BD merdiques. La seule différence, c’est que si je fais une BD merdique, cela ne coûte pas cent millions de dollars "

Aah non, ça c'est la novelisation
du scénario non-tourné.
C'est encore autre chose.
D'ailleurs on peut aujourd'hui trouver le scénario maudit de William Gibson pour Alien 3 finalisé sous forme de BD. Ca n'a pas couté très cher. 
Mais si vous cherchez un petit trou pas cher pour finir vos vacances dans le Wyoming, évitez le Airb'n'b de Outer Range. Il pèse des tonnes, et ne mène nulle part. La réalité des dolines est plus prosaïque et moins laborieuse.
Pour ceux qui aiment, on peut trouver bien plus de schrödingerisme bien tempéré dans Infiniti, une série française qui brasse les influences de Trou Détective, Le Prestige, The Expanse, et s'en sort honnêtement dans le genre rodéo spatial mysticoïde tourné au Kazakhstan et en Ukraine (impensable aujourd'hui en termes de production, et pourtant bouclé il y a à peine deux ans.) 

Du schrödingerisme, il y en a aussi du bien retors dans "La meilleure version de moi-même", série auto-fictionnelle de Blanche Gardin, qui nous met au défi de distinguer entre la créature déviante qu'elle forge ici et le personnage auquel elle nous avait déjà habitués, pour ceux qui supportent cette succube desprogienne. (Un succube est un démon judéo-chrétien féminin qui séduit les hommes et abuse d'eux durant leur sommeil, leurs rêves, et quand ils s'endorment devant la télé allumée. Les succubes servent Lilith. Leur pendant masculin est l'incube, et leur pendant iel c'est le bouillon Kub.) https://fr.wikipedia.org/wiki/Succube
C'est troublant, et les communautés de féministes en lignes y sont ridiculisées, de façon assez fine. Vive la France ! 

ça sent la disneyification rampante
(arôme LGBTAI+)
Et puis, je ne voulais pas parler de l'adaptation de Sandman sur Netflix, parce que j'avais gardé cousu dans ma chemise le petit bréviaire d'Alan Moore cité plus haut, j'étais prévenu qu'une histoire écrite pour un medium n'est pas transposable à un autre, sous peine de finir comme Dewey, dans Malcolm : "Je ne m'attendais à rien, et je suis quand même déçu.Déçu et presque indigné, alors que les conditions météorologiques du Pakistan font craindre qu'Allah ne soit pas au bureau ces jours-ci (sauf pour finir d'amocher Salman Rushdie). 
Ce qui devrait constituer un sujet d'indignation plus légitime. Et comme mon billet putassier est bien parti pour faire les soldes des trucs que je n'aime pas après les avoir téléchargés ET regardés, et me voir jurer une fois de plus que j'arrête les séries télé, on me dit que Neil Gaiman a contribué à l'adaptation de son Sandman (le livre), ce n'est donc pas le même cas de figure qu'Alan Moore. 
Une précédente série adaptée de Gaiman, American Gods, était malsaine, mais plastiquement inouïe. La malsainitude venait pour beaucoup de Bryan Fuller, le showrunner de la première saison, parti ensuite avec la caisse et la magie, qui avait auparavant engendré une adaptation sérielle humainement insoutenable de Hannibal (Lecter), le psychiatre cannibale imaginé par Thomas Harris. 
Hébé, voyez-vous ça, ça en fait, du name dropping en guise de rédactionnel.
Du coup, je me tais : sur Sandman, la série télé, Ecran Large a tout dit. 
A part que l'épisode 6 devait être un sommet de la saison 1, et que je n'y ai vu que la pale resucée de n'importe quel épisode de Dead like me, une sorte de Six feet under pour adolescents d'ailleurs créée par Bryan Fuller, toujours dans le coin des séries mémorables. 

Tom Sturridge a pris des risques de dingue pour incarnée Morphée,
comme celui de ressembler à Robert Smith après une Cure de Slim Fast.

Et un jeune lecteur, Friedrich, y comble mes espoirs de lire un jour des commentateurs intelligents sur un site semi-pro comme écran large.

Friedrich le 16/08/2022 à 17:43 :

(..) un travail légitime de représentation des minorités ethniques et sexuelles dans la culture doit aussi s'accompagner d'un travail d'élaboration de personnages un peu plus convaincants... faute de quoi les personnages sont hélas réduits à une simple assignation ce qui, il me semble, doit correspondre à l'effet inverse de celui recherché par une représentation plus diversifiée de nos sociétés multiculturelles à l'écran.
Si les décors sont dans l'ensemble très réussis (ainsi que la bande son, du moins lors du premier épisode, le même thème musical tournant en boucle abouti inévitablement à l'indigestion auditive), le reste demeure particulièrement MOCHE.
Les effets-spéciaux ne donnent aucune consistance aux démons et autres crapuleries infernales, hélas déjà dépourvues de toute profondeur et d'envergure, tant dans leur écriture que dans leur design. Ces pitoyables démons sont à deux doigts de me rappeler une cinématique d'orcs sur WOW d'il y a quinze ans de cela...il me semble que les VFX ont fait quelque progrès depuis lors.
Aucune émotion, aucune inventivité, aucune mise en scène - sempiternel champ-contrechamp "je suis un loup", "je suis un chasseur", "je suis un serpent", "je suis une parodie involontaire du combat de Merlin contre Madame Mims" - il n'y a rien à retenir de cette série sauf son message principal : "Nos sociétés ne savent plus rêver".A qui la faute ?

A Internet, pardi. 

Dave McKean en avocat du diable :
"mais puisque je vous dis que mon client
voulait faire quelque chose d'inclusif !"

Même en faisant abstraction de la BD originale et en fermant les yeux sur le fait que Gaiman mutile son oeuvre passée au nom de l’inclusivité, ça sent un peu le sapin plastique qu’on fait pendouiller au rétroviseur intérieur pour désodoriser les voitures. C'est propret. Alors que je suis certain que pour l’auteur du comic book original, c’était quasiment du vécu, bourré d'émotionnel. Gaiman devait faire du rêve lucide à donf, et bien s’amuser, à l’époque de Sandman. Il le dit dans les préfaces des livres, illustrées par Dave McKeanJe reconnais qu’il y a des acteurs inattendus. Le corbeau, vague marionnette animée en 3D, a un accent cockney assez savoureux. David Thewlis, qui joue le fils du mage Roderick Burgess, a été croisé dans la saison 3 de Fargo où il incarnait une figure du Mal glaçante, et dans I'm Thinking of Ending Things, et dans Landscapers, que g pa ancor u le tan de maté, mé ça va plu tardé, parce que je regarderais n’importe quoi de Will Sharpe depuis la révélation Flowers

David Thewlis : un don inné pour engendrer le malaise,
en incarnant des personnages désagréables,
d'un air souffreteux et d'un ton doucereux.
David Thewlis aurait été idéal pour camper un John Constantine mâle, fumeur, gueuledeboité, loser et boomer, mais ce sont sans doute des catégories d’humain trop peu représentatifs du monde moderne, qui n’entrent pas dans les catégories de discrimination positive de Netflix.
Les réactions haineuses autour de la fluidité du genre dans l’auto-adaptation de Gaiman de son comics montrent combien les gens, (et moi le premier puisque pour les gens, c'est moi les gens) s’écharpent autour de problèmes de riches, et d'identité sexuelle de mes bollocks, qui devraient disparaitre cet hiver du fait de la pénurie de chauffage et d’électricité anticipées par Napoléon IV dans son dernier éditorial.

Dave McKean :
le tableau d'ophtalmologie revisité
pour ramener les enfants vers la lecture

Sandman ? Tu aimes le bouquin, reste au bouquin. Aucune raison valable d'aller se confronter avec ce que des gougnafiers et des épiciers émasculés en ont fait pour la génération incapable de lire. Mais peut-être que la série ramènera nos chères têtes blondes vers la lecture ! Comme Nolan qui, par son adaptation inutilement tortueuse du Prestige, m'a mené à l'oeuvre écrite de Christopher Priest.
Ah, j’allais oublier, si vous voulez sangloter de dépit à gros bouillons, regardez la saison 3 de Love, Death and Robots, ce sont des courts métrages d’animation de SF pour la plupart américains, et on dirait qu’ils sont restés scotchés sur « Métal Hurlant, le film » qu’ils avaient produit en 1981. Je ne vais pas ressortir mon Alan Moore, mais ce sont des histoires pour vieux geeks tristes. D’ailleurs, l’humanité y clabote presque à chaque coup.
Allez en paix.
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Merci à Julian pour les points de Godwin sur le wokisme.
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Sandman :

nul besoin de réaliser des adaptations qui coûtent des dizaines de millions de dollars (qu'on pourrait dépenser bien plus intelligemment en envoyant des armes de destruction massive à l'Ukraine) alors que relire le comicbook d'origine en éclusant une bonne bouteille du produit dérivé sorti pour le lancement de la série produit sans doute les mêmes effets spécieux
(compter un litre toutes les cent pages environ)





Love, Death and Robots, plastiquement, ça en jette pas mal, quand même.
On reconnait ici Nina Hagen jeune, apprenant la brasse coulée dans Jibaro.

10 commentaires:

  1. Il ne faut pas toujours taper sur Netflix puisqu’Outer Range c’est Prime. Regardé un épisode mais ces histoires de vieux dépendants m’a déprimé (trop proche d’une réalité bien proche). Quand à Yellowstone, je ne peux plus regarder les électeurs de Trump sur une durée aussi longue.

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  2. Oui, pardon, c'est sur Prime. J'm'ai gourré. Faut dire que je suce à tous les tuyaux, c'est peut-être ça qui me rend malade, aussi. Il me semble que l'OPA woke a lieu sur tous les grands réseaux, Disney, Amazon, HBO, Netflix. C'est tendance. Il y a lieu de se réjouir, de voir des acteurs incarner des segments de la population sous-représentés, à condition que ça ne soit pas une caution morale pour des histoires navrantes et des personnages en toc.
    Outer Range, une histoire de vieux dépendants ? quand les gens font du second degré ici, je suis infoutu de le voir.

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    1. C’est vrai qu’on s’en fiche des sexes et couleurs des persos, tant qu’ils sont intéressants - et rajoutez plus de couples mixtes les gars.
      Bon, faut s’attaquer au Seigneurs des Nagreaux maintenant.

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  3. Ce serait céder aux diktats de l'industrie lourde, dont les héraults s'affrontent dans un combat fratricide dont les enjeux me dépassent.
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/08/24/chocs-de-titans-dans-la-video-a-la-demande_6138813_3234.html

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  4. Je copie-colle le contenu de l'article, réservé aux lecteurs du Monde, pour complaire aux abonnés Prémioume® de mon blog.

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    House of the Dragon contre The Rings of Power (« Les Anneaux de pouvoir »).
    Les plates-formes de vidéo à la demande (VOD) n’avaient jamais connu un tel affrontement. Diffusée depuis le dimanche 21 août sur HBO Max, la plate-forme du groupe américain Warner Discovery, le préquel de la saga Game of Thrones voit s’élever un redoutable concurrent surgi du monde du Seigneur des anneaux : la première série adaptée de l’univers créé par J. R. R. Tolkien sortira sur Amazon Prime Video, le 2 septembre. Elle sera accessible dans 240 pays et doublée dans trente-trois langues.
    Ce choc de titans confirme l’entrée de la VOD dans une nouvelle ère, où les dollars, empilés à coups de centaines de millions, deviennent le nerf de la guerre entre Disney, Netflix, Amazon, Apple ou Warner Discovery, les propriétaires des plus grandes plates-formes mondiales. Les Anneaux de pouvoir s’annoncent comme la série la plus chère de l’histoire, avec un budget total estimé à 1 milliard de dollars (1 milliard d’euros), dont 462 millions de dollars pour la première saison. Quatre autres suivront, chacune d’une durée de dix heures.
    Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, fan de l’univers de Tolkien, a eu beau assurer au magazine Time que la finalité de cette série allait « au-delà de la réalisation d’un spectacle à succès commercial », difficile de ne pas voir dans son engagement personnel la preuve de ce nouvel enjeu financier. Au premier rang lors de l’avant-première mondiale de la série à Los Angeles, le 15 août, il s’était impliqué en 2017 pour empocher au nez et à la barbe de Netflix les droits des appendices de Tolkien, les annexes de la trilogie du Seigneur des anneaux, qui décrivent le second âge de la Terre du Milieu, période à laquelle se jouent Les Anneaux de pouvoir. Les studios d’Amazon avaient alors déboursé plus de 250 millions de dollars.
    Retour sur investissement
    Amazon peut jouer les grands seigneurs. Il était assis sur 37 milliards de dollars de cash le 30 juin. Il lui faut aussi frapper fort. Alors que Prime Video, son service de VOD, a été lancé à l’échelle internationale en 2016, le groupe n’avait pas encore de marque mondiale à la hauteur de ses ambitions.
    Disney, lui, parade avec Star Wars ou Avengers et aligne les milliards de dollars pour nourrir sa plate-forme, Disney+. Pour 2022, le groupe a budgété 33 milliards de dollars d’investissement dans la production, 8 milliards de plus qu’en 2021. Une stratégie payante : Disney+ comptait 152 millions d’abonnés fin juin. En ajoutant ceux des autres plates-formes de la maison, ESPN+ et Hulu, le curseur atteint 221 millions de clients, permettant à l’entreprise de dépasser Netflix (220,7 millions).
    « Si vous regardez ce qu’il en coûte pour faire un long-métrage, par comparaison, c’est vraiment une bonne affaire », a défendu la productrice exécutive des Anneaux de pouvoir, Lindsey Weber, pour justifier le budget de 1 milliard de dollars, chiffre jamais officiellement confirmé par Amazon. Thor. Love and Thunder, la dernière superproduction de Disney, a coûté plus de 250 millions de dollars. Et ces dernières années, il n’était pas rare de voir des budgets de longs-métrages dépasser les 300 millions. La productrice d’Amazon Studios peut également se rassurer, en regardant les chiffres du box-office : les trois films du Seigneur des anneaux ont rapporté au total près de 3 milliards de dollars de recettes.

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  5. en deux fois parce que c'est trop copieux

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    Une étude menée par Bank of America en 2021 avait révélé qu’aux Etats-Unis un abonné Prime dépensait en moyenne 1 968 dollars par an sur Amazon, environ quatre fois plus qu’un non-abonné
    Pour Amazon, le retour sur investissement ne se juge pas qu’aux revenus supplémentaires qu’il pourrait gagner en séduisant de nouveaux abonnés à son service Prime –fort de plus de 200 millions de membres dans le monde –, qui s’acquittent de 69,90 euros par an ou de 6,90 euros par mois par mois, notamment pour bénéficier d’une livraison express et gratuite. « Tout ce qu’Amazon fait sur Prime sert de produit d’appel et de fidélisation » pour son offre de commerce électronique, « sachant que le panier moyen d’un abonné Prime sur le site marchand est supérieur à celui d’un non-abonné », explique Olivier Bomsel, directeur de la chaire Economie des médias et des marques du Centre d’économie industrielle de l’Ecole des mines. Une étude menée par Bank of America en 2021 avait révélé qu’aux Etats-Unis un abonné Prime dépensait en moyenne 1 968 dollars par an sur Amazon, environ quatre fois plus qu’un non-abonné. La montée en gamme des services de Prime est aussi une façon de justifier la flambée des tarifs de 17 % à 43 % des formules d’abonnement, annoncée en juillet.
    Infidélités des consommateurs
    Pour éviter une relégation en deuxième division, les autres plates-formes n’ont pas d’autre choix que de suivre l’inflation des budgets de production. Chaque épisode de House of the Dragon a coûté un peu moins de 20 millions de dollars, selon le magazine Variety, 5 millions de plus que la huitième et dernière saison de Game of Thrones. Soit, au total, plus de 200 millions de dollars pour les dix épisodes.
    Netflix n’y échappe pas. Sortie cet été, la quatrième saison de Stranger Things a nécessité environ 30 millions de dollars par épisode, trois fois plus que la précédente, diffusée en 2019. Le groupe a dépensé 17,5 milliards de dollars en acquisition de contenus en 2021, 6 milliards de plus qu’en 2020.
    Les téléspectateurs se régalent de ces effusions de dollars. Le premier épisode de House of the Dragon a attiré près de dix millions de personnes aux Etats-Unis le premier soir, ce qui représente le meilleur lancement d’une série HBO, selon Warner Discovery. La plate-forme, qui doit fusionner fin 2022 avec Discovery+, avait besoin d’un tel étendard pour faire la promotion de son offre, encore plus au moment où les consommateurs multiplient les infidélités.
    Selon les données du cabinet Antenna révélées par le Wall Street Journal, 19 % des abonnés aux grandes plates-formes de VOD ont annulé trois abonnements ou plus au cours des deux années précédant juin 2022, trois fois plus qu’entre 2018 et 2020. Abreuvés d’offres, les consommateurs n’hésitent plus à souscrire pour quelques semaines à une plate-forme afin de visionner une série, puis à se désabonner pour aller vers une autre. Toujours d’après Antenna, sur tous les nouveaux abonnés gagnés par Netflix en janvier 2022, la plate-forme en avait perdu près de la moitié six mois plus tard (45 %), soit sept points de plus qu’en 2021.

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    1. Moi je regarde par curiosité et parce que je n’ai pas d’effort à faire pour ça. On n’est pas à l’abri d’une bonne surprise.

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  6. Je suis un forcené, mais j'ai un disque dur plus grand que les yeux. J'ai oublié de parler de Made for Love. C'est marrant. On s'en fout. Je ne pense pas que le téléspectateur sorte gagnant de l'affrontement des plates-formes de vidéo à la demande. Tant mieux, parce que cet hiver il n'y aura plus d'électricité pour les regarder, et on sera obligés de miner les bitcoins à la main dans le sol gelé.

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    1. La concurrence est bonne… pour les artistes qui bossent dans le milieu. Ils ont le budget pour bosser. Il y aura sûrement un écrémage et je crains que le plus consensuel l’emporte : Disney.

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  7. houlà, t'es encore plus pessimiste que moi ! vive les petites séries politiquement incorrectes !

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