mercredi 23 avril 2014

[Repost] Nino Ferrer - "Satanée Mirza" (1966/70)


13/04/09

Cher journal,
j'ai eu encore un éclair de lucidité au bureau, et pourtant j'y suis souvent.
"Moi j'ai pas envie de travailler, 
Je n'aime pas les congés payés"
chantait Nino dans "Le Blues anti-bourgeois", critique radicale de notre société productiviste qui nous suggère d'accumuler les biens de consommation et les disques rippés en mp3 sans rime ni raison, à moins que ce soit une mise en boite des loulous rive droite des années 60, et en tout cas je l'ai beaucoup écouté quand j'étais petit, moyen, grand, vieux.

Avant de saborder volontairement sa carrière de chanteur yé-yé à succès et devenir un certain hippie incertain, Nino Ferrer a commis une pelletée de 45 tours endiablés, empruntant au rythm'n'blues une fièvre communicative, lui tordant la gueule au passage en lui insufflant avec la bouche une orientation tragique et dérisoire par des paroles flirtant entre le narquois et l'absurde, donnant avant l'heure ses lettres de noblesse au namedropping sans que ça puisse dénoter chez lui d'un manque d'inspiration en prétendant le masquer.
http://home.nordnet.fr/jlegohebel/nino_ferrer/la_page_nino_ferrer_discographie.htm
Quand j'ai acheté ce disque, la photo de pochette était toute autre.
Méditons sur l'impermanence.


23/04/14

Cher Nino,
je n'ai pas grand chose à ajouter, sinon que tes chansons vieillissent mieux que moi.
J'ai repensé à toi et à tes ritournelles des années 60 lors d'un récent ouikende à Paimpol, car un de mes amis de collège méconnaissouzévaluait (approximativement traduit du néologisme américain misunderestimate que l'on doit à Georges Bush) un des titres de l'album, "Mao et Moa".
Et je me suis aperçu que l'album n'était plus tellement disponible ici ou là.
Tu ignorais alors que 25 ans plus tard, tu périrais de ta propre main, dans des circonstances vaguement inspirées des péripéties de l'héroïne de "Justine" (ta chanson, pas la rengaine sans gaine de Marquis de Sade)
Comme si ta vie avait été aussi pathétique, problématique, pathologique que dans ces petites fables énumératives où tu sacrifiais parfois le sens à la prosodie, pour la plus grande joie des petits et des grands.

Et puis j'ai retrouvé cette pochette du 45 Tours 4 titres que j'écoutais à donf à 4 ans 1/2, que même mon père il a failli jeter le tourne-disques, et j'ai regardé sur Youtube si je ne trouvais pas les titres qui n'étaient pas sur Satanée Mirza.
J'en ai trouvé une poignée, qui s'inscrivent dans la même veine peu exploitée depuis que tu l'as quittée début 70's, puisqu'elle emprunte autant à Gérard Manset par les thémes abordés qu'aux Charlots par l'interprétation.


J'ai aussi retrouvé la photo originale de ma compile, qui fait de toi le gendre idéal bien qu'un peu mélancolique de toutes les aventurières de l'entresol, dans les siècles des siècles.

Sur ce mini-album home-made offert en bonus, il y a au moins deux bijoux méconnus :
- une adaptation de "It's a man's world" de James Brown qui n'a pas grand chose à envier à l'original.
- "Ma vie pour rien" est une variation somptueuse sur The House of the Rising Sun revu par Johnny Hallyday, qui résonne comme une farce tragique et hantée, c'est à se demander si tu n'étais pas bipolaire.
Je suis bien content.

http://www.mediafire.com/download/259r2aq7btm2s7u/NF-Introuvables_mais_retrouvés.zip





4 commentaires:

  1. J'ai toujours préféré le Nino 71-79, ainsi que la "Désabusion" finale qui reste une oeuvre largement trop méconnue...
    mais certains éclats 60's sont également le panard !
    et ces textes insensés...

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  2. Ca y est, j'ai pigé, tu préfères les oeuvres "méconnues", les auteurs "oubliés"... bref tu es allergique à la lumière
    (psychanalyse gratuite et non remboursée)

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  3. Ah, dis donc, je viens de regarder ta photo, laisse tomber, tout s'explique. Je vais te répondre ce que je dis souvent à mon fils, qui doit avoir ton âge :
    Va ranger ta chambre !
    Et quand t'auras fini, tu féliciteras tes parents de ma part pour la richesse de l'héritage transmis. Mais n'attends pas qu'il soit trop tard pour t'en détacher, et apprendre à voler (tes disques) de tes propres ailes... tu le sais, time waits for no one.

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  4. Salut !
    Je viens de découvrir ton blog et je vois que tu site le miens ...
    Merci

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