mardi 11 décembre 2018

The The - Infected - The videos (1986)

En 1986, Matt Johnson et ses plus proches collaborateurs enregistrent le meilleur album de rock du monde, pour toujours et à jamais. 
Il s'appelle Infected. Ca parle de l'effondrement probable de l'Angleterre, d'amours toxiques, de pornographie du désespoir et d'invasion de l'Irak.
Matt décide alors de promouvoir l'album en faisant réaliser un clip pour chacun des titres qui le composent.
En effet, la promotion par CBS du 45 Tours "Sucré oiseau de Vérité" qui évoque sans détours l’implication militaire américaine dans la politique au Moyen-Orient a été quelque peu contrariée par la campagne de bombardement US sur la Libye
Johnson et son manager persuadent alors CBS Records d’avancer 350 000 £ pour la réalisation des vidéos, somme inouïe pour un groupe si peu connu. C'est alors que Johnson et le réalisateur Christopherson prennent l'avion pour l'Amérique du Sud afin de filmer les vidéos de "Infected" et "Mercy Beat" que les événements commencent à devenir incontrôlables. Tournant dans la jungle péruvienne à Iquitos, Johnson a recours aux services d’une tribu indienne locale. Les Indiens l’initient, lui qui est déjà un passionné de drogues, aux préparations hallucinogènes utilisées dans leurs rituels tribaux. La vidéo de "Mercy Beat" montre une scène où, pendant le tournage, l’équipe est attaquée par un rassemblement de combattants rebelles communistes, en colère contre l’apparition de ce qu’ils considéraient comme des intrus occidentaux. Johnson confirme que la scène était authentique et impromptue et admit qu’à l’époque il était "si haut", rappelant la folie qui s’était ensuivie : "Quelqu'un a sorti un serpent avec lequel je me débattais, et je déteste les serpents. Un singe me mordit. Et puis moi et ce gars, que je venais juste de rencontrer, nous nous sommes coupés et nous sommes devenus des frères de sang, nous frottant le sang sur le visage l'un sur l'autre, des trucs comme ça. "
La scène d’ouverture de « Infected » montre Johnson rivé à une chaise à bord d'un bateau naviguant sur une rivière dans la jungle : Johnson a déclaré qu'il souhaitait que le clip commence comme le Fitzcarraldo de Klaus Kinski. (de Werner Herzog, NDLR)



Le jeune John Warsen, alors tout juste sorti de l'académie militaire, tombe sur ces vidéos. Il ne s'en relèvera jamais. 32 ans plus tard, s'apercevant que leur présence sur le Darknet semble s'estomper, il procède à un ingrat et courageux travail de restauration des archives mpeg1 et remet tout le bazar en ligne sur un serveur taïwanais dédié. Tout de suite c'est la panique, les bourses plongent, les gilets jaunissent, le vieux monde vacille.
N'écoutez pas ceux qui prétendent que Matt Johnson serait devenu bouddhiste et vegan. 
Il est éternellement empalé sur sa chaise percée dans Infected, le clip, pour toujours et à jamais.

https://www.mediafire.com/file/cacck9h68kwtb9b/The_the_Infected_videos.zip/file

La réincarnation la plus récente de The The nous fait craindre le pire.
Marie, remettez le disque, et méditons sur l'impermanence.


lundi 10 décembre 2018

Deux doigts dans la reprise (3)



Ode to Billie Joe - Bobbie Gentry (BBC Live 1968)

J'ignore tout de la période à laquelle Bobbie est entrée en phase de gentrification, mais j'ai pris la honte à regarder le Wiki de cette chanson en v.o., car il est remarquablement rédigé, avec une grande sobriété stylistique, bourré de liens affriolants, tout ça gratuit alors que j'ai même pas envoyé 10 euros à Wiki cette année tellement ils m'ont gonflé avec leur campagne de soutien, et ça me couperait presque toute envie de procrastiner, de sombrer dans l'indifference and unshared grief comme dans la chanson.

Quelques années plus tard, Joe Dassin en fait un remake particulièrement inspiré avec "Marie-Jeanne" puisqu'il n'ajoute rien à l'original, à part la nécessaire transposition géographique du Mississippi rural vers le Lot-et-Garonne en se livrant à de subtiles substitutions :
Tallahatchie Bridge -> Pont de la Garonne
Choctaw Ridge -> Bourg-les-Essonnes
Brother Taylor -> Marcel Dubrignoulet
Billie Joe McAllister -> Troy McClure
et à un détail près : It tells exactly the same story nearly word for word, but the lead characters are reversed. The narrator is one of the sons of the household, and the character who committed suicide is a girl named Marie-Jeanne Guillaume.

Un spécialiste mondial du chanteur de charme mort qui louche a fait de cette reprise une analyse textuelle pénétrante à plus d'un titre :

http://www.joedassin.info/fr/af-show1599.html


Mais là encore, ce maudit Wiki dame le pion à toute tentative de surenchère exégétique, qui passerait dès lors pour une supercherie :

Inexplicablement, quand Joe adaptera "The City of New Orleans" de Steve Goodman, ça donnera "Salut les amoureux", chanson favorite des dépressifs bipolaires qui n'a pas grand chose à voir avec la choucroute originale. Choucroute que Schmoll arborera néanmoins ostensiblement sur la tête lors de sa reprise de la reprise de Joe. Sacré Eddy.


Beau joueur, Joe Dassin saura s'éclipser d'une discrète crise cardiaque quelques années plus tard. Sa tombe humble et anonyme reste fleurie, été comme hiver, pas d'autres anonymes encore plus anonymes, si c'est humainement concevable.


dimanche 9 décembre 2018

Yves Got, René Pétillon - Le Baron Noir (2010)

Le Baron Noir est un rapace, un prédateur qui se nourrit de moutons. C'est dans sa nature.
Des fois, les moutons se révoltent, mettent des gilets jaunes, organisent des manifs, suscitent l'émergence de Mélenchons laineux, se plaignent de leur condition aux agents de police rhinocéros, croient conclure des alliances protectrices avec les crocodiles...
Peine perdue, impossible d'échapper à leur position dans la chaine alimentaire de cette société animale qui reflète l'état du monde politique de la fin des années 70, période où la BD a été écrite.
On y croise aussi des charognards existentialistes, des tatous propriétaires, des intellectuels qui causent beaucoup et ne font rien, bref comme les meilleures fables de La Fontaine, le Baron noir n'a pas pris une ride.
La cadeau idéal pour les fêtes.








samedi 8 décembre 2018

Devo en concert au Théâtre de l'Empire à Paris (1978)

J'ai pleuré hier soir en regardant la prestation de Devo à l'émission Chorus. Ca s'arrange pas. C'était en effet aussi grave que dans mon souvenir, à part le fait que mon inconscient avait eu quarante ans pour y surajouter des guitares dont la caisse avait été tronçonnée.
Il a dû mélanger ça avec des vieilles bédés de Marc Caro. Si la prestation de Dire Straits il y a quelques jours à Chorus était en dessous du disque, celle de Devo était incomparablement au-dessus de leur premier album "Are we Not Men ?" qui nous avait tant fait danser en buvant de la Valstar (la bière des stars achetée au Prisunic de Lannion) sur la De-Evolution.
Sic transit gloria mundi.


Et puis j'ai eu une révélation. Je ne ferme pas beaucoup l'oeil de la nuit, ça aide.
Pendant le concert, les membres du groupe sèment un chaos pounque sur la très sage scène du théatre de l'Empire, certains moments tournent au malaise comme si c'était les Residents - et ils se font déchiqueter leurs gilets jaunes par les fans massés au bord de la scène - gilets qui ressemblent plus à des cirés de marins qu'à des gilets de sécurité routière, mais voyons voir Saint Wiki :

Le groupe se construit délibérément une image « pseudo-scientifique » (geeky) qui leur permettait aussi de faire des commentaires souvent provocateurs sur l'état de la société américaine. Et, comme Frank Zappa, sous l'extérieur clownesque, il y avait une musicalité sérieuse et un contenu socio-politique. Devo étaient probablement aussi connus pour leur image que pour leur musique, mettant des uniformes qui plagiaient la culture industrielle et le consumérisme pop, tels les costumes de protection chimique jaunes durant la période Q: Are We Not Men?, l'assortiment de coiffes de plastique, de masques et des caractéristiques chapeaux « pots de fleurs » (domes d'énergie) pour Freedom of choice...


Aujourd'hui, fête nationale de la voiture brûlée en France, ce qui fait marcher les assurances et stimule l'industrie automobile, rendons hommage à ce groupe de visionnaires.



D'autre grands précurseurs des gilets jaunes, travaillant sous couverture à petits carreaux



Marty s'est fait un beau costume de fan de Devo
mais il n'a pas trouvé sa place dans l'article.
Aide-le à traverser la rue pour rentrer chez lui,
dans une vieille bédé de Francis Masse.
la copie du concert de Devo en meilleur état que celle de Tontube

vendredi 7 décembre 2018

Ibrahim Maalouf - Diasporas (2007)

les filles m'ont offert une jolie plaque émaillée
pour mettre sur la porte de mon bureau
Oubliez tout ce que vous avez entendu sur Ibrahim Maalouf.
On s'en fout qu'il ait embrassé (ou non) une gamine à qui il donnait des cours. Ce qui est autrement plus grave, c'est que je l'aie oublié l'autre jour dans mon énumération de trompettistes de jazz français.
Un ami imaginaire à moi que j'ai ajouterait sans doute "Quand je parlais de consolation, et c'est pourquoi je t'ai envoyé le lien des têtes raides éructant Stig Dagerman, l'as tu lu, lanturlu ? je crois que je pensais à plus vaste, mais c'est pas grave, ptêt que toi itou, mon idée, enfin c'est pas la mienne puisqu'elle est partagée, c'est qu'avant de juger untel ou une pour des actes immoraux ou juste lascifs, il serait bon de s'interroger sur la poutre qu'on a dans le sien et de qui ou quoi l'y a plantée, pasque sinon, on retombe obligé sur l'idée que le mal est inhérent à l'humain, qui nous éloigne de la paix qu'on voudrait tant a ce propos(..)"
et alors je commencerais par lui répondre ceci :"des fois je sens bien que DSK, par rapport à moi c’est Saint François d’assise par terre dans ces cas là surtout ne pas épiloguer juste constater et laisser passer le camion de porcelaine de Saxe mineure devant la maison sans rien casser" puis j'ajouterais un dessin que j'avais fait à 8 ans presque et demi et récemment retrouvé dans un placard, juste des mecs avec des poutres plein les yeux, c'est con que j'ai pas l'original ça sortait mieux en couleurs, j'avais fait ça au pastel mais autant tenter de retourner en '88 réclamer le dessin au petit J.R avant qu'il soit père de famille à Dallas...



et l'autre jour j’écrivais à une autre amie imaginaire que j'ai, «  j'ai résilié mon abonnement au malheur, depuis que je refuse les consolations, je veux le vrai truc, si je l'ai pas, tant pis, mais je vais pas chialer pour des ersatz, ni pour les conséquences de mes excès. J’ai le droit d’être triste, éventuellement déçu, surtout déçu de la façon dont je m’y suis pris, d’ailleurs, mais je ne suis pas déprimé. Le désir, c’est un désir de vie, pas de mort. La mort, ça m’a passé. » et c’était beau comme une tartine tombée du coté du Nutella sur une route en travaux, et personne n’a voulu la lécher après ça, tu penses bien, Nutella et gravillons c’est lourd à digérer.
Je pourrais lancer une chaine youtube rien qu'avec mes monologues du vagin, mais franchement, comme l’inspiration est revenue me visiter sur ma tombe suite à ma faim de non-recevoir, j’ai pu une main de libre.
Et c'est pour ça que j'écoute Ibrahim Maalouf, une sacrée consolation à ma perte du besoin de consolation.

"Le premier volet de ce triptyque a été conçu entre 2003 et 2007. Suite à la découverte de l’univers unique de la chanteuse Lhasa de Sela, et après avoir collaboré avec elle sur un album et sur scène, Ibrahim prend conscience que le son de sa trompette peut tout à fait évoluer dans un environnement qui lui ressemble plus que simplement la musique classique, le jazz ou la musique arabe seuls. Peu à peu, au fil des années se construit un son qu’il peaufine petit à petit en studio entre Montréal, New York, Beyrouth et Paris. À l’époque, c’était le musicien et producteur Vincent Ségal qui avait présenté Ibrahim à Lhasa, et on retrouve logiquement Vincent en featuring sur le dernier morceau et bonus de cet album. Ibrahim avait exposé ici pour la première fois ses compositions et son univers. Immédiatement salué par la critique, cet album fait effet boule de neige et les concerts s’enchainent, ce sera la toute première tournée du groupe d’Ibrahim."


https://www.mediafire.com/file/oc1y3cx09ktfxrw/IM_D.zip/file

mercredi 5 décembre 2018

Tamino - Amir (2018)




Quand j'ai dit à ma fille de 18 ans que j'écoutais Amir, elle s'est inquiétée de ma santé mentale. Brave petite. Je n'avais pas trop bien regardé, dans la chronique de Télérama, qui était le titre de l'album et qui était le nom de l'artiste.
Mais bon, Amir, ça lui allait bien.
Genre.

le seul défaut de mon autoradio :
son poids sur mes genoux quand je conduis
Et quand je lui ai fait écouter l'album dans la voiture en la ramenant à la gare pour qu'elle aille attraper le scorbut à la Rochelle comme dans une vieille chanson de Thiéfaine, ça a ajouté à son trouble : ça ne cadrait pas du tout avec le Amir qu'elle connaissait.
Elle a sans doute shazamé discrètement mon autoradio Hifivox à cassettes, parce qu'elle m'a envoyé un texto dans l'après-midi : "c'est pas le même Amir !!! celui que tu écoutes s'appelle Tamino et son album s'appelle Amir" c'est la fifille à son papa, ça. Sérieuse et appliquée dans toutes ses entreprises. C'est pas elle qu'on verrait animer un blog pour lutter contre la cyberdépendance.



la chronique de Télérama (capiteuse et belle à pleurer comme une femme qu'on aurait trop aimée)

Habibi, le single de l'album d'Amir qui s'appelle en vrai Tamino, veut dire "mon amour" en arabe. Si tu as déjà lu la chronique de Télérama, ce qui t'est habilement suggéré dans le paragraphe précédent, tu le sais déjà, mais peut-être fais-tu comme moi, tu te contentes de surfer sur les images, et pour le rédactionnel, tu glisses. Les mots, ce ne sont jamais que des mots, qui sont loin d'égaler en densité & intensité les choses qu'ils désignent. N'empêche melba qu'il ne faudrait pas confondre le Habibi d'Amir-Tamino avec celui de Craig Thompson, qu'on aime beaucoup aussi chez Télérama, mais on n'arrive pas à rentrer le livre (ma foi très épais car il fait 700 pages imprimées sur du papier 140 g) dans l'électrophone.

la chronique de Télérama sur le Habibi qui n'est pas dans le disque

et si tu veux voir Amir Tamino chanter Habibi en session privée, ça tombe bien, Télérama vient de racheter le Studio Harcourt, et propose pour moins de 99,99 € par mois un abonnement à sa playlist gratuite, bourrée à ras bord de jeunes gens ténébreux qui vont pas se gêner pour faire fructifier l'héritage de Jeff Buckley depuis qu'il s'est noyé dans l'Ontario, mais c'était peut-être le Missouri, à ta place je vérifierais, mais ça va malheureusement pas nous le ramener.

dimanche 2 décembre 2018

Un peu d'humanité, dimanche


Beaucoup trop de douceur retrouvée en ce premier dimanche de décembre pour la garder pour moi. Tout d'abord Julien Baer, on ne le présente plus, on ne l'a jamais présenté, c'est pas aujourd'hui qu'on va commencer, il a fait quelques tentatives au cours des siècles, la mayonnaise n'a jamais vraiment pris, n'empêche même que "la réussite est un échec pour celui qui veut plus danser" (Thiéfaine), et pourquoi donc parlerais-je d'échec, sa chanson a atteint son but, son but c'était moi. 



Dans la même famille des susurrants mélanco & autres Timber détimbrés qui n'ont pas la tête à ça, Albin de la Simone,  5 albums en 15 ans, il insiste le bougre, il va finir par y arriver, j'aime beaucoup, sa bôme sur mes plaids, clip improbable avec Emmanuelle Devos et surtout Régis Laspalès, totalement à contre-emploi, dix fois meilleur que quand il ouvre la bouche, coup de génie du casting, aussi fort que Bourvil dans le Cercle Rouge, tous au refrain : «  C’est dans la tête tout ça », et Pablo Restobar qui nous déclare dans les commentaires youtube "Ca change, c'est dans la braguette d'habitude..", je m'inscris pas en faux, "Bon dimanche sous vos applaudissements" (Jacques Martin), clap de fin.

samedi 1 décembre 2018

Deux doigts dans la reprise (2)

Comme un golden boy affamé sur le marché boursier, l'Art emprunte constamment pour faire fructifier son capital, et pour honorer ses dettes envers sa propre Histoire. Les artistes se prêtent et s'échangent formes, fonds, petits secrets de fabrication, clés de douze, débouche-lavabos et jusqu'à leurs femmes, avec la plus voluptueuse complaisance et sans avoir toujours l'élégance de citer leurs sources ou de rendre les femmes après usage. Il y a donc les reprises avouées et les reprises cachées. Les hommages et les emprunts. Les rapines subtiles, et celles qui le sont moins.

Au fait, j'ai oublié de te le dire, j'ai emprunté ta gratte, ta femme et ta maison,
mais tu toucheras 0.05% sur ma prochaine chanson. Merci qui ?

Ainsi de Bob Dylan, si vous voulez mon avis un fieffé détrousseur de cadavres devant l'Eternel, et encore j'ai mis 50 ans à m'en rendre compte, il fallait que j'intègre le réflexe Wiki.
Je n'ai jamais pu enquiller Dylan avant mes 40 ans, c'est à dire avant d'entraver assez d'angliche pour pouvoir capter la luxuriance de son petit Bazaar de l'épouvante poétique.
Les poètes tchattent la langue des Dieux, c'est entendu, mais souvent il faut être à moitié défoncé ou brindezingue soi-même pour s'en apercevoir, en état normal de réalité réelle ratée on se fait juste chier en les trouvant verbeux & bavards.
And last but not least, french people are blah-blah-blah.





Et quand Bob Dylan se penche sur la dépouille encore fumante vapotante de Bing Crosby pour lui dérober la mélodie de Where the Blue of the Night (Meets the Gold of the Day) et en tirer When the Deal Goes Down sur l'album Modern Times en 2006, personne n'y trouve rien à redire, à part de vagues critiques outrée qui hurlent à la tchoure sur d'obscurs blogs que personne ne consulte, et la veuve du petit fils du crooner défunt qui s'asseoit sur ses droits de reproduction pour tous pays y compris l'URSS, on peut alors parler d'un recyclage réussi... nonobsting les éloges, l’album suscite un débat sur son utilisation non créditée de chœurs et d’arrangements de chansons plus anciennes, ainsi que de nombreuses lignes tirées de l’œuvre du poète Henry Timrod du XIXe siècle. Sa veuve est impuissante à empêcher le copier/coller, elle est dans une urne depuis 1912, et le ministère du Download l'a dans le baba. dans les couloirs de la SACEM les cadres dirigeants rasent les murs, peu fiers de l'embrouille à Minnie...
A l'écoute, la chanson de Bing Crosby a été habilement remaquillée à la truelle, ses canaux jadis limpides comblés par des gravats et ses ponts outrageusement rhabillés d'accords en G7sus4 réclamant une dextérité annulaire inusitée à la main gauche, mais l'important n'est-il pas que la chanson soit bonne, surtout si tous les ayants-droits sont morts ?





Enlève tes lunettes Scarlet, on t'a reconnue.

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Stephane San Pellegrino, en digne disciple de l'indigne maitre (il faut aussi se souvenir qu'il fut longtemps membre du gang des Voleurs de Poules et bon sang ne saurait mentir) appliquera la même technique de maquillage criminel sans but lucratif dite Creative Commons Everybody (à la Ouane Eugaine) en s'inspirant plus que très fortement d'un vieux standard folk qui donne souvent l'impression d'avoir été emprunté à un ancien film des frères Couenne avec des bagnards cloonés à rayures.



Pour corser le tout, la chanson originale s'appelle "Dont' let your deal go down", coïncidence plus que troublante avec le "When the Deal Goes Down" de Dylan, y aurait-il une malédiction attachée à cette foutue expression idiomatique que les Ricains emploient à toutes les sauces BBQ ?



Graeme Allright prétend que non, pas du tout, qu'il n'a eu aucun problème en convertissant "Dont' let your deal go down" en "Ne laisse pas passer ta chance", mais cet homme qui a fait plus de cures de désintox que tout Joe Cocker réuni, tout en affichant plus de 90 printemps au compteur est-il encore crédible ?



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Enhardi par ces exemples,
Warsen tentera d'adapter
"You Will Miss Me When I Burn" 
des Soulsavers
(featuring Mark Lanigan),
mais comme le roi Dagobert,
il met sa culotte à l'envers,
et c'est l'échec.



P.S. un jeune lecteur me signale en régie que cet article est piteusement resucé et recraché d'un autre article, plus ancien parce que rédigé plus jeune, mieux argumenté et construit que celui-ci.
Je ne sais pas quoi dire, je suis un peu gêné, alors je me tais, ça nous fera des vacances.

vendredi 30 novembre 2018

Bob Dylan - Most of the Time (1989)

Un coming out un peu opportuniste,
dans le San Francisco interlope
des années 60.
Bob Dylan était réputé pour des prestations scéniques aussi navrantes que Charlélie Couture, ce qui n'était pas peu dire, pour ceux d'entre vous qui étaient à mes côtés à la MJC de Castelnau-le-Lez en aout 1975 1982. Avec une voix de crapaud (de plus en plus) écrasé (qui) voudrait qu'on s'apitoie, comme le notait fort justement Charlélie sur  "Dans la lavande et les couleuvres de Montpellier" tube de l'été de son premier album autoproduit et vendu à 17 exemplaires à la sortie du marché d'Aniane (34), titre que j'ai sans doute inséré de force dans une de ces compilations dont j'ai le secret mais c'est un peu compliqué de retrouver sur laquelle, parce que je n'ai pas été très rationnel dans l'édition des métadonnées. J'ai déniché une version en concert de Most of the Time particulièrement médiocre, c'est dommage, voici une excellente chanson sur l'attachement au sens bouddhique du terme. J'ai aussi trouvé par erreur une cover qui donne envie de se mettre au youkoulélé, et si j'avais une souris comme ça au grenier, y'a longtemps que le chat aurait pris un coup de fusil.

Most of the time est issu de l'album "Oh Mercy", très bien produit malgré son mixage à Lanois (Daniel) avec en particulier des couches et des couches de réverb sur des cathédrales de guitares cristallines, et une ligne de basse fretless tellement belle qu'on pourrait manger par terre.



Au niveau de la compréhension globale du sens de la chanson, qui m'a faite pleurer dès la 34ème écoute c'est à dire dès que j'ai compris ce qu'il marmonnait, le site idéal pour décoder les lyrics du poète enfiévré mais digne dans l'épreuve, c'est là :
parce que si vous allez vous achalander ici :
vous aurez une traduction automatique tout à fait tronquée et erronée.
Comment on peut se planter comme ça ? c'est quand même gênant, ces gens qui ne comprennent rien aux paroles d'une chanson et qui la traduisent quand même. Est-ce que je ne vérifie pas scrupuleusement mes sources quand j'écris défèque niouzes ?
Comme le dit le tôlier du premier site, "la phrase titre est répétée trois fois par couplet avec un sens différent, "most of the time" pouvant ainsi dire très souvent, mais aussi  pas toujours. Ces répétitions des paroles mais aussi du riff à la basse donne à cette chanson majeure de l'album  une atmosphère unique, insistante. Comme dans "Don't Think Twice, It's Alright", les affirmations répétées laissent penser que ces paroles ne sont pas à prendre au pied de la lettre. "
C'est joliment dit.
Alors que le second déduit de sa trad auto :"Ou comment faire comprendre à la personne aimée que... on l'a oubliée ? On voit qu'une fois attachée à une personne, Bob Dylan ne peut plus s'en défaire de si vite..." 
Bon, on va pas passer le réveillon là-dessus mais quand même, je suis raisonnablement consterné par cet amateurisme.
Sinon, j'ai voulu réécouter l'album, pas moyen de trouver une copie décente à la médiathèque, sabre de bois. J'ai trouvé une version que je croyais être en FLAC, mais pensez-vous, ça a été remasterisé en SACD-R, format que j'ai cru pouvoir décoder en téléchargeant un soft nommé Audirvana Plus mais il ne faisait que lecteur, pas question de convertir les fichiers en AIFF pour pouvoir les graver sur un CD-Audio et le glisser dans mon autoradio; l'évolution des formats audio est redevenue une tour de Babybel dès que j'ai eu le dos tourné, j'ai 17 logiciels de conversion de fichiers et jamais celui qu'y faut, et je me tape des tutos sur comment convertir le Super Audio CD sur PC (ISO SACD et DSD) et j'en ressors sali parce que j'ai un Mac et que je cherche How to Convert ISO to FLAC et pour l'instant j't'en fais une belle, de flaque. Bref, on en apprend tous les jours.  Et finalement je crois que je me suis rendu compte que le bon vieux XLD parvenait à extraire les fichiers audio du ISO, et je m'en suis tenu là, comme most of the time.

jeudi 29 novembre 2018

Dire Straits en concert au Théâtre de l'Empire à Paris (1978)

Après avoir revu Odeurs au théâtre de l'Empire l'autre jour, je me suis rappelé que j'avais intégralement piraté le triple DVD de Chorus, alors au lieu de le retélécharger sur Yourteube comme un gros con, avec ma femme on a regardé la prestation de Mark Knopfler et ses sbires en '78 sur disque dur.
Et j'étais bien parti pour l'uploader comme un gros con quand ma femme m'a rappelé l'existence de Youtube. Effectivement, bingo, l'INA a mis en ligne une version. Merci ma femme.
Régalade : le son est largement en-dessous de ce qu'il était sur leur premier disque, la prestation est très petits bras, mais justement c'est sympa de les revoir tout minots, presque humbles, à des années-lumière du Barnum que devint ensuite le fort mal nommé Dire Straits (littéralement, "dans la dèche", "à la rue", "aux abouas", arf.)
Mention spéciale pour le pouce droit de Knopfler, qui semble d'une longueur improbable et qui remplace avantageusement le médiator.
Et ô joie sans mélange, la version youtube comporte quelques minutes en plus que la version DVD, l'interview de Knopfler par Patrice Blanc-Francard.