En 1986, Matt Johnson et ses plus proches collaborateurs enregistrent le meilleur album de rock du monde, pour toujours et à jamais.
Il s'appelle Infected. Ca parle de l'effondrement probable de l'Angleterre, d'amours toxiques, de pornographie du désespoir et d'invasion de l'Irak.
Matt décide alors de promouvoir l'album en faisant réaliser un clip pour chacun des titres qui le composent.
En effet, la promotion par CBS du 45 Tours "Sucré oiseau de Vérité" qui évoque sans détours l’implication militaire américaine dans la politique au Moyen-Orient a été quelque peu contrariée par la campagne de bombardement US sur la Libye.
Johnson et son manager persuadent alors CBS Records d’avancer 350 000 £ pour la réalisation des vidéos, somme inouïe pour un groupe si peu connu. C'est alors que Johnson et le réalisateur Christopherson prennent l'avion pour l'Amérique du Sud afin de filmer les vidéos de "Infected" et "Mercy Beat" que les événements commencent à devenir incontrôlables. Tournant dans la jungle péruvienne à Iquitos, Johnson a recours aux services d’une tribu indienne locale. Les Indiens l’initient, lui qui est déjà un passionné de drogues, aux préparations hallucinogènes utilisées dans leurs rituels tribaux. La vidéo de "Mercy Beat" montre une scène où, pendant le tournage, l’équipe est attaquée par un rassemblement de combattants rebelles communistes, en colère contre l’apparition de ce qu’ils considéraient comme des intrus occidentaux. Johnson confirme que la scène était authentique et impromptue et admit qu’à l’époque il était "si haut", rappelant la folie qui s’était ensuivie : "Quelqu'un a sorti un serpent avec lequel je me débattais, et je déteste les serpents. Un singe me mordit. Et puis moi et ce gars, que je venais juste de rencontrer, nous nous sommes coupés et nous sommes devenus des frères de sang, nous frottant le sang sur le visage l'un sur l'autre, des trucs comme ça. "
La scène d’ouverture de « Infected » montre Johnson rivé à une chaise à bord d'un bateau naviguant sur une rivière dans la jungle : Johnson a déclaré qu'il souhaitait que le clip commence comme le Fitzcarraldo de Klaus Kinski. (de Werner Herzog, NDLR)
Le jeune John Warsen, alors tout juste sorti de l'académie militaire, tombe sur ces vidéos. Il ne s'en relèvera jamais. 32 ans plus tard, s'apercevant que leur présence sur le Darknet semble s'estomper, il procède à un ingrat et courageux travail de restauration des archives mpeg1 et remet tout le bazar en ligne sur un serveur taïwanais dédié. Tout de suite c'est la panique, les bourses plongent, les gilets jaunissent, le vieux monde vacille.
N'écoutez pas ceux qui prétendent que Matt Johnson serait devenu bouddhiste et vegan.
Il est éternellement empalé sur sa chaise percée dans Infected, le clip, pour toujours et à jamais.
La réincarnation la plus récente de The The nous fait craindre le pire. Marie, remettez le disque, et méditons sur l'impermanence. |