vendredi 30 novembre 2018

Bob Dylan - Most of the Time (1989)

Un coming out un peu opportuniste,
dans le San Francisco interlope
des années 60.
Bob Dylan était réputé pour des prestations scéniques aussi navrantes que Charlélie Couture, ce qui n'était pas peu dire, pour ceux d'entre vous qui étaient à mes côtés à la MJC de Castelnau-le-Lez en aout 1975 1982. Avec une voix de crapaud (de plus en plus) écrasé (qui) voudrait qu'on s'apitoie, comme le notait fort justement Charlélie sur  "Dans la lavande et les couleuvres de Montpellier" tube de l'été de son premier album autoproduit et vendu à 17 exemplaires à la sortie du marché d'Aniane (34), titre que j'ai sans doute inséré de force dans une de ces compilations dont j'ai le secret mais c'est un peu compliqué de retrouver sur laquelle, parce que je n'ai pas été très rationnel dans l'édition des métadonnées. J'ai déniché une version en concert de Most of the Time particulièrement médiocre, c'est dommage, voici une excellente chanson sur l'attachement au sens bouddhique du terme. J'ai aussi trouvé par erreur une cover qui donne envie de se mettre au youkoulélé, et si j'avais une souris comme ça au grenier, y'a longtemps que le chat aurait pris un coup de fusil.

Most of the time est issu de l'album "Oh Mercy", très bien produit malgré son mixage à Lanois (Daniel) avec en particulier des couches et des couches de réverb sur des cathédrales de guitares cristallines, et une ligne de basse fretless tellement belle qu'on pourrait manger par terre.



Au niveau de la compréhension globale du sens de la chanson, qui m'a faite pleurer dès la 34ème écoute c'est à dire dès que j'ai compris ce qu'il marmonnait, le site idéal pour décoder les lyrics du poète enfiévré mais digne dans l'épreuve, c'est là :
parce que si vous allez vous achalander ici :
vous aurez une traduction automatique tout à fait tronquée et erronée.
Comment on peut se planter comme ça ? c'est quand même gênant, ces gens qui ne comprennent rien aux paroles d'une chanson et qui la traduisent quand même. Est-ce que je ne vérifie pas scrupuleusement mes sources quand j'écris défèque niouzes ?
Comme le dit le tôlier du premier site, "la phrase titre est répétée trois fois par couplet avec un sens différent, "most of the time" pouvant ainsi dire très souvent, mais aussi  pas toujours. Ces répétitions des paroles mais aussi du riff à la basse donne à cette chanson majeure de l'album  une atmosphère unique, insistante. Comme dans "Don't Think Twice, It's Alright", les affirmations répétées laissent penser que ces paroles ne sont pas à prendre au pied de la lettre. "
C'est joliment dit.
Alors que le second déduit de sa trad auto :"Ou comment faire comprendre à la personne aimée que... on l'a oubliée ? On voit qu'une fois attachée à une personne, Bob Dylan ne peut plus s'en défaire de si vite..." 
Bon, on va pas passer le réveillon là-dessus mais quand même, je suis raisonnablement consterné par cet amateurisme.
Sinon, j'ai voulu réécouter l'album, pas moyen de trouver une copie décente à la médiathèque, sabre de bois. J'ai trouvé une version que je croyais être en FLAC, mais pensez-vous, ça a été remasterisé en SACD-R, format que j'ai cru pouvoir décoder en téléchargeant un soft nommé Audirvana Plus mais il ne faisait que lecteur, pas question de convertir les fichiers en AIFF pour pouvoir les graver sur un CD-Audio et le glisser dans mon autoradio; l'évolution des formats audio est redevenue une tour de Babybel dès que j'ai eu le dos tourné, j'ai 17 logiciels de conversion de fichiers et jamais celui qu'y faut, et je me tape des tutos sur comment convertir le Super Audio CD sur PC (ISO SACD et DSD) et j'en ressors sali parce que j'ai un Mac et que je cherche How to Convert ISO to FLAC et pour l'instant j't'en fais une belle, de flaque. Bref, on en apprend tous les jours.  Et finalement je crois que je me suis rendu compte que le bon vieux XLD parvenait à extraire les fichiers audio du ISO, et je m'en suis tenu là, comme most of the time.

jeudi 29 novembre 2018

Dire Straits en concert au Théâtre de l'Empire à Paris (1978)

Après avoir revu Odeurs au théâtre de l'Empire l'autre jour, je me suis rappelé que j'avais intégralement piraté le triple DVD de Chorus, alors au lieu de le retélécharger sur Yourteube comme un gros con, avec ma femme on a regardé la prestation de Mark Knopfler et ses sbires en '78 sur disque dur.
Et j'étais bien parti pour l'uploader comme un gros con quand ma femme m'a rappelé l'existence de Youtube. Effectivement, bingo, l'INA a mis en ligne une version. Merci ma femme.
Régalade : le son est largement en-dessous de ce qu'il était sur leur premier disque, la prestation est très petits bras, mais justement c'est sympa de les revoir tout minots, presque humbles, à des années-lumière du Barnum que devint ensuite le fort mal nommé Dire Straits (littéralement, "dans la dèche", "à la rue", "aux abouas", arf.)
Mention spéciale pour le pouce droit de Knopfler, qui semble d'une longueur improbable et qui remplace avantageusement le médiator.
Et ô joie sans mélange, la version youtube comporte quelques minutes en plus que la version DVD, l'interview de Knopfler par Patrice Blanc-Francard.



mercredi 28 novembre 2018

Dave Gahan - Dirty Sticky Floors (2003)

Je me suis tapé tous les disques des Soulsavers avant de retomber sur cette pépite solo de Dave Gahan que j'avais précieusement extraite d'une compilation de Rock et Folk et archivée dans un format tombé en désuétude : le CD audio en AIFF non compressé
C'est dommage, parce que les mp3 rééchantillonnés ne sont sans doute pas étrangers à mes acouphènes.


The Game of Porcelaine Throne
® Francis Bacon
Waiting for the last time
For my friend to change my mind
Waiting for the last drop
Seems like a long, long time
Maybe I should go back home
I'll sit and wait right by the phone
Praying over the porcelain throne
On my dirty sticky floor
Ask me what I want
Easy, that's just more
How long will I wait for you?
Twice as long as I did before
Standing in the freezing snow
Maybe you left I just don't know
I'll soon be lying on my own
On some dirty sticky floor

Gahan a déclaré que la chanson, qui se moquait de sa dépendance à l'héroïne, "traite du côté soi-disant glamour du rock'n'roll, et se termine sur un sol sale et collant chaque nuit, des toilettes terribles dans un club ou - la plupart du temps - mon propre sol sale et collant dans ma propre salle de bain."

mardi 27 novembre 2018

Eric Le Lann et Paul Lay - Thanks a Million (2018)

Je viens d'être classé par un récent sondage de robots spammeurs dans le peloton de tête des Français qui bougent
(encore),
(les doigts),
(sur leur clavier),
ce qui fait de moi un sérieux outsider de l'immobilisme hexagonal sur lequel il faudra compter quand l'heure sera venue de filer les clés du camion aux gilets jaunes, bonnets rouges et autres ceintures marron.
Tout ça parce que je viens de lire un article dans le Monde sur un trompettiste de jazz français qui rend hommage à Louis Armstrong, Armstrong qui a bercé mon enfance trop près du mur en allant sur la Lune en jouant de la trompette tout en gagnant le Tour de France au nom de la discrimination positive, mais c'était avant l'ère #Metoo, et rien que de revoir la pochette sanguinolente de The Good Book me fait venir les larmes aux yeux, et ça ne peut pas venir juste de la police de caractères gothique, c'était vraiment un négro très spiritual.
A l'écoute, ce blanc-bac d'Eric Le Lann a un phrasé fruité et long en bouche, surtout si on compare sa version de Saint James Infirmary à celle de Mark Lanegan dans la bande-son de American Gods.





Comme je suis un peu mécréant en matière de djazz et que je me complais aisément dans cette médiocrité crasse, contrairement à d'autres domaines de ma vie dans lesquels je me vautre douloureusement dans la fange de l'ignorance, je repense au seul trompettiste français que je connaisse (à part mon frère qui est batteur et Guillaume Perret qui joue du saxo), Erik Truffaz, qui me semble avoir un phrasé moins sec, moins incisif, en tout cas quand il joue avec Manu Delago, mais que c'est au moins aussi splendide et bouleversifiant, en tout cas quand je l'écoute ça me fait des zigouigouis à l'âme comme quand j'écoutais la voix d'Armstrong quand j'étais petit, et qu'en plus je me disais qu'on pouvait le manger tellement il était en chocolat parce que je n'avais jamais vu de Noir à Perros-Guirec et même aujourd'hui il n'y en a pas beaucoup.



Sinon, hier après-midi, sur le mur de l’espace convivialité - coin café de la grande entreprise d’audiovisuel public dans laquelle je travaille toute la semaine, était affichée cette blague digne de Natacha Polony :

- NOTRE MONDE D’ AUJOURD'HUI -


Il a neigé toute la nuit.

Voilà ma matinée !
08:00 : je fais un bonhomme de neige. 
08:10 : une féministe passe et me demande pourquoi je n’ai pas fait une bonne femme de neige ! ? 
08:15 : alors je fais aussi une bonne femme de neige. 
08:17 : la nounou des voisins râle parce qu’elle trouve la poitrine de la bonne femme de neige trop voluptueuse. 
08:20 : le couple d’homos du quartier grommelle que ça aurait pu être deux bonshommes de neige !? 
08:25 : les végétariens du N°12 rouspètent à cause de la carotte qui sert de nez au bonhomme. 
Les légumes sont de la nourriture et ne doivent pas servir à ça ! 
08:28 : on me traite de raciste car le couple est blanc. 
08:31 : les musulmans de l’autre coté de la rue veulent que je mette un foulard à ma bonne femme de neige ! ?? 
08:40 : quelqu’un appelle la police qui vient voir ce qui se passe !
08:42 : on me dit qu’il faut que j’enlève le manche à balai que tient le bonhomme de neige, car il pourrait être utilisé comme une arme mortelle ! ?? 
Les choses empirent quand je marmonne :
« Ouais; surtout si vous l’avez dans le …. !! » 
08:45 : l’équipe de TV locale s’amène. Ils me demandent si je connais la différence entre un bonhomme de neige et une bonne femme de neige ! 
Je réponds: « oui; les boules ! » 
On me traite de sexiste ! 
08:52 : mon téléphone portable est saisi, contrôlé et je suis embarqué au commissariat ! 
09:00: Je passe au journal TV ; on me suspecte d’être un terroriste profitant du mauvais temps pour troubler l’ordre public ! 
09:10 : on me demande si j’ai des complices ! 
09:29 : un groupe djihadiste inconnu revendique l’action. 


Morale : il n’y a pas de morale à cette histoire   

C’est juste la France de Bofs dans laquelle nous vivons aujourd’hui ! 

Je suppose que cette blague est déjà sur vos murs facebook depuis quelques jours, mais vous savez, vivant à la campagne, je ne reçois ni facebook ni twitter, ni aucun réseau social de mes fesses hormis les blogs de mon cru - il faut savoir faire des sacrifices pour préserver sa qualité de vie.
Dont acte.

lundi 26 novembre 2018

Ramon Pipin - Comment éclairer votre intérieur (2016)

Chers ami(e)s,
Vous avez commandé récemment mon album sur le site ramonpipin.fr, or je voulais m'assurer que vous n'avez pas fait une erreur sur la page de mon site "shop" ! En effet, si je vous contacte, c'est que vous avez payé 19€ par paypal, ce qui signifie pour moi que vous avez cliqué et commandé mon album précédent "Comment éclairer votre intérieur". Le coffret contenant le nouvel album "Qu'est-ce que c'est beau" est en effet à 20€. 
 Aussi je vous remercie de me répondre et me confirmer lequel de ces deux magnifiques albums vous avez acheté. 
Il est vrai que le précédent et le nouveau étaient sur la même page et qu'un moment de distraction dû à une vanne d'Hanouna à la télé aurait pu vous induire en erreur...
Amicalement votre
ramon pipin

-----------

Cher Alain, 

je suis trop content que tu m’aies écrit à moi personnellement, woualou, parce qu’en plus mon nom est Personne, comme tu peux le voir dans l’entête du Paypal ci-dessous, Warsen n’est qu’un pseudo, alors tu tombes plutôt bien avec ta question de comptabilité niveau CE1, attends, tu vas voir.
Alors oui, d’abord je te rassure tout de suite, j’ai bien commandé « Comment éclairer votre intérieur », parce que j’avais raté quelques épisodes de ta légende ces dernières décennies, et que malgré mon grand âge, j’arrive encore à cliquer, dur ou mou, mais à cliquer dans le trou. 
En principe.
La preuve, c’est que conformément à ma commande, j’ai reçu, sans grande surprise et contre une somme relativement modique (19€, tu as raison de le souligner, ce n’est quand même pas rien, mais ça se trouve en rognant un peu et temporairement sur l’alcool et la dope) un disque assez musical et entrainant, bien que la Gravité du Monde y fasse parfois irruption et même des trous dans la cire sonore du parquet du disque avec un petit bruit d’acide sulfurique qui en dissoudrait l’encaustique pschii pschii pschii, un peu comme dans Alien quand ils essayaient de lui faire une prise de sang et que le plancher du vaisseau, y prenait cher sur trois étages plus le local à poubelles, mais en moins grave quand même.

J’ai donc non seulement bien reçu « Comment éclairer votre intérieur », mais comme tu le constates en me lisant avec peut-être un début de commencement de lueur de stupéfaction amusée dans ton oeil de verre, toi qui fais rimer Thiéfaine et FN, sans parler de la Matmut qui en prend pour son grade, depuis l’écoute attentive de ton disque, dont j’avais entendu parler ici vu que c’est moi qui avais écrit l’article, je ne reste pas les deux mains dans le même sabot sans en tirer les vers du fruit, et même un certain profit spirituel, ce qui tendrait à prouver que ton slogan vaguement repompé sur Erdf, à l’usage c’est comme les AA, revenez, ça marche, mais en même temps, si j’aurais reçu 11 tranches de salami, ou un bandage herniaire dédicacé, ou rien, ce n’eut pas été bien grave, tant le fan se gave et se nourrit de l’idée de se réjouir quelle que soit l’obole qu’on lui propose, à partir du moment où l’on simule correctement l’attention qu’on lui porte, même si on met toute sa ferveur à ne jamais rigoler comme dans Cheque Baby Cheque, penses-y pour la prochaine fois, te fais pas chier à refaire un disque, rédige-moi juste des notes de pochette un peu rigolotes comme là, et le tour sera joué, la messe dite et l’affaire dans le sac, je ferai péter le Paypal qui va bien, le Paypal qui rabote pas la niche fiscale.
Avec l’âge, je suis devenu un peu comme le personnage de Henri Michaux dans son texte Vers la sérénité : 
Celui qui n’accepte pas ce monde n’y bâtit pas de maison. S’il a froid, c’est sans avoir froid. Il a chaud sans chaleur. S’il abat des bouleaux, c’est comme s’il n’abattait rien; mais les bouleaux sont là, par terre et il reçoit l’argent convenu, ou bien il ne reçoit que des coups. Il reçoit les coups comme un don sans signification, et il repart sans s’étonner.
Ou alors comme ces paysans sur qui pleuvent des jambonneaux et des valises à 01’20'' dans cette vidéo de Zbig (Zbig l’oublié, et pas seulement parce qu’il avait un nom encore plus difficile à prononcer que Rosenstein) parce qu’ils se sont remis entre les bras de la divine Providence.

Donc ne t’inquiète pas si ces jours prochains j’achète encore 28 exemplaires de « Comment éclairer votre intérieur », ou 54, ou aucun. Ca sera normal. 
C’est parce que je te boufferais tellement que j’t’aime, et que quand on aime on ne compte pas.
D’ailleurs tu seras gentil de m’indiquer si on peut trouver ce disque de 1985 quelque part, je suis un peu exalté par ta missive et pas assez ordonné pour chercher ce matin.
Allez, je vais faire semblant d’être vieux avant d’aller manger, et faire semblant de cliquer « répondre à tous » par erreur, sachant que mes infortunés collègues d’achat n’en attendent peut-être pas tant, mais que ça serait dommage que tu soyes le seul à profiter de mes saillies.
Plus tard dans l’après-midi je te commanderai peut-être en ligne « Qu’est-ce que c’est beau », mais uniquement si tu me promets de m’envoyer une lettre inquiète pour t’enquérir de savoir si par hasard je ne cherchais pas plutôt à acheter discrètement l’album posthume de Ricet Barrier.

Cordialement

Chris P.
fan de la première à la dernière heure

dimanche 25 novembre 2018

Les Devlins & Daniel Goossens : Waiting (199?)

Il pleut depuis 5 heures ce matin. Je le sais parce que Tyler Durden le sait c'est l'heure où je tombe du lit ces jours-ci, la fin de l'été indien étant propisse (de cheval) (de coboye) (quand Philip Roth, Maurice Peth) à un pitit dérèglement climatique chez ouam.
Me voici psychologiquement proche de la Saint Médard.
Je fais court, parce que j'ai un peu la crampe de l'écrit vain raté, et que comme Philip Roth j'ai l'impression que je ne pourrai plus rien, non rien de rien inventer de neuf ici. Sauf que lui a la décence de fermer sa gueule, et depuis qu'il est mort c'est encore plus fastoche.
Entendue pour la première fois dans le pilote de la saison 1 de Six Feet Under, la chanson du dimanche 25 novembre 2018 parle d'attente. Les couplets énumèrent tous les types d'expectation subis par le parolier, puis le refrain injecte habilement dans le tissu graisseux de l'oeuvre l'idée qu'il pourrait y avoir de l'espoir au bout du tunnel.



les paroles pour bien comprendre l'esprit de la chanson


Daniel Goossens, séduit par l'argument, ne tardera pas à en faire une version dessinée, un peu plus sombre que l'original, mais que voulez-vous, c'est Daniel Goossens.


J'aurais préféré incarner la version 1, dite version chantée, mais j'ai bien peur de camper aujourd'hui dans la version 2, dite bande décimée, de par mes choix et mon absence de choix, et puis de toutes façons des fois on n'a pas le choix, ou alors il n'est que de façade.
C'est pour ça que j'écris, en ce moment, pour élargir mes choix. Ce qui n'engendre pas vraiment d'augmentation de mon libre arbitre, ce que j'écris ici se mettant à ressembler à ce que j'écris là-bas - c'est un peu normal, c'est l'annexe.

samedi 24 novembre 2018

Radiohead - The Numbers (2016)

J'avoue vous avoir très mal vendu l'album précédent, je ne suis pas parvenu à expliquer pourquoi Lucinda Williams était une chanteuse essentielle à la scène actuelle, qui se limite pour moi aux bords de mon écran 27 pouces, mais ça pourrait changer car j'ai vu que Steven Wilson passait dans le coin en janvier prochain.
Lucinda Williams qui fréquenta pendant son enfance les écrivains amis de son père, notamment Flannery O'Connor chez laquelle elle courait après les paons lorsqu'elle avait cinq ans, ce qui en dit long sur la genèse de son album-phare « Des roues de voiture sur une route gravillonnée », ce qui en dit long sur le potentiel d'impuissance de la langue française à traduire les envolées lyriques de l’anglais américain.


Comme promis, Lucinda singe Jamie Lee.
Ou alors, c'est l'inverse.
Lucinda qui pouvait imiter Jamie Lee Curtis dans n'importe quel film de Jean Charpentier.
Lucinda dont les paroles de la chanson "We've Come Too Far to Turn Around" furent tellement massacrées à la traduction que même les baltringues et les frustrés qui prétendent (en parlant des traductions mais en pensant aux femmes qu'ils n'ont pu avoir) que quand elles sont belles elles ne sont pas fidèles, n'ont rien pu faire.
Lucinda dont l'oncle incarné et réincarné Wikipedia Williams, colporte à qui veut bien l'entendre la rumeur selon laquelle Bob Dylan fut une de ses influences majeures.


Bob Dylan dont j'avais bien envie de rediffuser aujourd'hui When the Deal Goes Down, parce que la chanson m'émeut et que le billet est bien torché, mais pourquoi donc prendre le risque de reposter un article qui a déjà été reposté ? ça s'appelle du recyclage, et c'est puni par la Loi, mais surtout ça ressemblerait aux Shadoks dans leurs pires errements :
" Le Marin Shadok avait observé que l'eau, à l'avant des bateaux, avait souvent tendance à se transformer subitement en icebergs, en cailloux, en baleines ou même en rien du tout. Mais il avait remarqué aussi qu'à l'arrière des bateaux, il y avait toujours de l'eau qui ne servait à rien. Et pour continuer d'avancer, il ordonna que l'on récupère cette eau-là pour la mettre à l'avant. De sorte que, pendant que les Shadoks d'en haut ramaient l'eau, ceux d'en bas la récupéraient pour que ceux d'en haut la re-rament. C'était un système de navigation ingénieux mais épuisant et on pouvait se demander si les valeureux marins pourraient aller comme ça jusqu'à l'autre bout du cosmos… "

Merci Télédrama, ô journal des sémillants seniors toujours plein de ressources inusitées...
Pour éviter ce sort funeste je me suis laissé happer/engloutir par la fenêtre de suggestion Youtube qui me propose un clip de Radiohead filmé par Paul Thomas Anderson, excusez-du pneu, et pourtant "Je n’ai pas pour habitude / de mater des clips youtube / et quand on m’en envoie / je n’les regarde pas"
Georges Brassens, « la mauvaise réputation adresse ip » et donc voici sans plus tarder cette vidéo bouleversante et très intelligemment filmée de Radiohead, qui j’espère, te plaira, et te rappellera les plaisirs que nous prenions à jouer de la guitare ensemble au cours de soirées trop courtes et trop rares, Radiohead dont je n'attendais plus rien depuis OK Computer dont "Karma Police" pourrait servir d'hymne aux gilets jaunes, mais là on est plutôt dans la protest-song acoustique, bien que cette chanson résonne comme son nom de Venise dans Calcutta désert et puisse être l'objet de mille exégèses, d'ailleurs entre nous ça ne m'étonnerait pas d'apprendre que Lucinda Williams est la belle-mère par alliance de Thom Yorke, Thom Yorke qui se sent peut-être aussi seul que le fantôme de Dave Bowman dans la station Mir en déroute, mais je n'irai pas par là, je descends ici pour attraper ma correspondance, que j'aurais tendance à négliger ces derniers temps.




vendredi 23 novembre 2018

Charles Lloyd & The Marvels + Lucinda Williams - Vanished Gardens (2018)

Entendu sur le disque :
"Même si tu voulais pleurer, tu pourrais pas".
C'est pourtant pas faute d'essayer !
Mais l'émotion c'est comme la bandaison papa ça n'se commande pas  (Brassens, "Fernande").
Flûte à six Schtroumpfs, je ne voulais pas écrire un nouvel article ici, j'étais parti à en rédiger un sur mon autre blurg.
Mais j'ai commencé à écouter Vanished Gardens, le disque.
Faut jamais faire ça, quand on a un blog musical. Vaut mieux se crever les tympans et tout rédiger au pif, à partir de chroniques de Télérama et des Inrocks rédigées en langue des signes, découpées dans le journal des sourds et des malembouchés par un malcomprenant aux doigts gourds et recopiées en braille par un aveugle parkinsonien, et enquiller les uploads dans la colonne de droite, enlève pas tes lunettes et goûte comme ça sent bon, t'occupe pas des signaux et remets du charbon, c'est autant de temps de gagné pour faire autre chose.
La première fois que j'ai entendu Lucinda Williams, c'était sur la bande-son de Crazy Heart, un film de coboyes qui m'a beaucoup touché dans lequel ce vieux filou de Jeff Bridges incarne un chanteur de country de troisième zone complètement au bout du rouleau, genre Tom Waits s'il n'avait pas rencontré Kathleen Brennan en '78.
Plus tard, le réalisateur de Crazy Heart tournera Hostiles, un western avec de vrais Indiens mais la bande originale sera signée Max Richter, qui est à Tom Waits ce que Eric Zemmour est au Dalaï-lama : pas grand chose.



En tout cas, Lucinda Williams chantait avec une belle énergie dans la bande-son de Crazy Heart :
"Tu m'as pris ma joie / et je ne te veux plus / tu n'avais pas le droit / de me prendre ma joie / et je veux la récupérer" sur une rythmique hard-blues pas piquée des canetons, mais il faut bien deux ou trois potes guitaristes manchots pour faire sonner ça comme il faut.
Et je m'étais dit que parmi toute la bande de radasses qui font des reprises de Tom Waits au lieu de finir le repassage et de préparer le dîner pendant que je redonne un zeste de cohérence au chaos culturel ambiant, c'était bien la seule qui jouissait d'une légitimité naturelle à reprendre le vieux Tom, avec une voix et un tempérament ça comme.
Le vieux Tom qu'on se tape pendant tout un segment du dernier Netflix des frères Coen, et que par moments on dirait du Lucky Luke, et à d'autres moments c'est juste un brouillon. Un peu comme sur mon blog, quoi. Je dois avoir un frère qui sommeille en moi, s'il se réveille j'espère qu'il ne voudra pas se digivolver en fille comme les soeurs Wachowsky, sinon ça va devenir compliqué.
Et v'là-t'y pas que je la retrouve ici, Lucinda Williams, à fricoter avec un saxophoniste de 80 balais qui a l'air d'avoir fait plein de choses géniales dans sa vie, et puis comme par hasard, parmi tout ce que la ville produit de sportif et de sain qui vient taper le carton, y'a ce vieux briscard de Bill Frisell... le guitariste qui mène tellement de projets en parallèle qu'il croit que sa femme est une face B... (rires enregistrés plutot faiblards)
...passé l'intro au saxo de We've Come Too Far to Turn Around, on sent poindre à partir de zéro minute cinquante cinq secondes dans l'arrière-gorge de Lucinda Williams une de ces putains de protest-songs dont les Zaméricains ont le secret

Nous avons regardé dans les yeux du mal
Nous avons dansé lentement avec le diable
Nous nous sommes assis à sa table
Et partagé avec lui au festin
Nous avons avalé le liquide de ses mensonges
Toléré celui que nous méprisons
Été égaré par son déguisement
Trompé par ses croyances

(je vous laisse imaginer comment ça finit)



le lien vers l'album et tout ce qu'on peut dire d'intelligent dessus

il est en écoute ici


jeudi 22 novembre 2018

Ulf Wakenius & Eric Wakenius – Father and Son (2017)

Et voilà.
C'est déjà le premier anniversaire d'un article assez réussi dans le genre pipeau vaporeux
https://jesuisunetombe.blogspot.com/2017/11/manna-51-1998.html
qui m'a rapporté $ 4576,57 sur le second marché grâce aux Google Ads habilement dissimulées dedans.
J'aimerais bien pouvoir écrire à nouveau des articles comme ça
d'un autre côté c'est quand même beaucoup de travail et de fatigue nerveuse pour pas grand-chose
et quand je commence à ne plus mettre de ponctuation ni de majuscules en début de phrase c'est pas bon signe
nan mais là c'est juste pour vous faire montrer
c'est pas encore la crise de mid-50's pour l'ours bipolaire
je venais vous dire que parmi les cyberquintaux de disques empruntés à la médiathèque l'an dernier sans forcément les avoir rendus dans les délais, je suis tombé sur ce "Father and Son" enregistré par Wakenius Père et Fils
et faut croire que le Saint-Esprit était au mix, parce que ça sonne divinement
comme du John MacLaughlin qui jouerait des mélodies sensibles au commun des mortels
Ulf (le père) vient du jazz et Eric (le fils) du rock, ensemble ils créent une musique d'une puissance et d'une délicatesse incroyables
et surtout bouleversante
c'est sûr que c'est pas à moi que ça arriverait
de sortir un disque comme ça avec mon père
enfin je viens de télécharger la partition de "la dernière séance"
pour pouvoir la lui jouer à Noël en version nu-metal
mais n'en disons pas plus
ça serait gâché



mercredi 21 novembre 2018

[Repost] The Honeymoon Killers - Les tueurs de la lune de miel (1982)

06/02/2009
C'est souvent les meilleurs qui partent les premiers, c'est peut-être pour ça qu'ils sont partis et que je suis encore là.
Tout ce qu'il y a à savoir sur cette météorite sonore est ici.

18/11/2018
Je disais ça parce que je croyais à la mort du chanteur peu après la sortie de leur unique album, ce qui semblait un gage d'honnêteté et de décence, pour des punks. Mais en fait il est décédé en1989, soit sept ans plus tard. Bien sûr, à l'échelle géologique, c'est "peu après". Mais à l'échelle humaine, c'est quand même pas tout de suite.

Comme tout le monde, j'ai été attiré vers ce disque par leur reprise décomplexée et feunissime du Nationale 7 de Charles Trénet, et fus souterrainement déstabilisé par le contenu plutôt post-punk (on était déjà en 82) et nihiliste de l'album.

Marc Caro s'est cassé de la BD,
pour faire du cinéma invisible.
C'est assez réussi, on ne le voit plus.
A force de relire aux cabinets Une logique de la sensation, la somme remarquablement casse-couilles que Gilles Deleuze a consacré à Francis Bacon, dans lequel il articule l’idée de sensation avec "l’idée de force, de forces vitales, de forces invisibles" et considère "l’existence humaine comme ressenti, comme intensive", je comprends et j'accepte aujourd'hui la nature profondément perturbante et dérangeante du disque des Tueurs de la Lune de Miel, dont certaines chansons peuvent provoquer un malaise quasi-physique (Flat, Histoire à suivre, Décollage, Fonce à Mort, J4, etc...) offrant un équivalent sonore de certaines histoires courtes de Marc Caro dans le Métal Hurlant de la Belle Epoque ou des films les plus perturbés de David Lynch. Le chanteur et leader du groupe fut aussi peintre, graveur, et icône du milieu artistique bruxellois underground, dans lequel il devait s'en passer de belles, puisque les gais lurons de Minimal Compact et de Tuxedomoon y avaient trouvé refuge au début des 80's. Près de 40 ans plus tard, leur synth-pop aigrelette et low-fi n'a rien perdu de son âpre potentiel de nuisance, tels des Odezenne vaguement néan(t)dertaliens.