Un bassiste déboule en intro du premier morceau de ces rêves fiévreux, Episode_1 (les 2 et 3 sont dès déjà dans les tuyaux). Un bassiste ? Un de ces mecs qui jouent des NOTES ??? il vient ajouter une petite touche « dub des cavernes » pas désagréable au tout-venant ethno-ambient. Ca démarre donc intriguant, mais en fait ça ne va nulle part. Les mêmes improvisations atonales à la guitare atmosphérique que d’habitude, fingers in the noise et cloud over the grotto, avec une basse répétitive et des tambours de guerre lasse pour faire passer la pilule, qui conserve pourtant la saveur des gouffres amers. Il faudrait que quelqu’un ose dire à Steve que les pédales d’effet qui scalpent les attaques d’accords plaqués à la guitare en n’en laissant sourdre que l’écho, existent depuis fort longtemps, et n’ont plus rien de chamanamanique. Le disque tente de s’auto-plébisciter comme une prémisse à la fièvre érotique, est-ce que je bandonéon ? pas beaucoup. Et mou.
L'écoute m'est dont d’un mortel ennui.
Mais n’oublions pas qu’il y en a qui aiment.
Et puis, écouter tout Steve, c’est un sale boulot, mais il faut bien que quelqu’un le fasse.
(1/5)
https://steveroach.bandcamp.com/album/fever-dreams
Holding the Space: Fever Dreams II (2004)
Les gars du marketing ont écrit des bibliothèques entières sur les vertus psychothérapeutiques des disques de Steve Roach. Le problème des musiques qui s’auto-proclament « soignantes » c’est qu’on ne peut plus tellement les jauger sur le plan musical, il faudrait pratiquer dessus les exercices spirituels prescrits par votre chaman, de façon régulière, et voir si on en sort en meilleure forme. En se situant sur le terrain du soin, et même parfois du tagada soin soin, Steve pense peut-être jouir de l’immunité diplomatique et musicale. Un hypnagogue affirme dans les notes de pochette toujours très fournies que grâce à Fever Dreams II, et à la Respiration Holotropique, il aurait retrouvé dans les tréfonds de l’inconscient collectif la trace du passage ancestral de son arrière grand-mère, disparue en 1858 et dont il n’avait plus de nouvelles depuis. (La Respiration Holotropique est une méthode d'exploration intérieure basée sur un travail de respiration combiné à des séquences musicales.)
Je ricane, mais le disque s’ouvre sur une plage qui évoque certes le pire du tribal-ambient ramolli, « Le Guérisseur Blessé » mais il est suivi du « Puits d’Energie », sur lequel plane le fantôme d’autant plus inouï qu’il n’est même pas mort de Jon Hassell et sa trompette polytimbrale, ce qui veut dire "plusieurs sons différents en même temps" (à ne pas confondre avec polyphonique, plusieurs notes en même temps, c’est merveilleux, j’apprends des trucs en me faisant suer...)
Une voix féminine vient faire des vocalises, un didgeridoo caverneux lui répond en chorus, ils nous font glisser dans les clichés du new age mais c’est agréable.
Sans conteste le meilleur de la série Fever Dreams, un opus tribal-ambient inspiré et varié.
(4/5)
Holding the Space: Fever Dreams II (2004)
Les gars du marketing ont écrit des bibliothèques entières sur les vertus psychothérapeutiques des disques de Steve Roach. Le problème des musiques qui s’auto-proclament « soignantes » c’est qu’on ne peut plus tellement les jauger sur le plan musical, il faudrait pratiquer dessus les exercices spirituels prescrits par votre chaman, de façon régulière, et voir si on en sort en meilleure forme. En se situant sur le terrain du soin, et même parfois du tagada soin soin, Steve pense peut-être jouir de l’immunité diplomatique et musicale. Un hypnagogue affirme dans les notes de pochette toujours très fournies que grâce à Fever Dreams II, et à la Respiration Holotropique, il aurait retrouvé dans les tréfonds de l’inconscient collectif la trace du passage ancestral de son arrière grand-mère, disparue en 1858 et dont il n’avait plus de nouvelles depuis. (La Respiration Holotropique est une méthode d'exploration intérieure basée sur un travail de respiration combiné à des séquences musicales.)
Je ricane, mais le disque s’ouvre sur une plage qui évoque certes le pire du tribal-ambient ramolli, « Le Guérisseur Blessé » mais il est suivi du « Puits d’Energie », sur lequel plane le fantôme d’autant plus inouï qu’il n’est même pas mort de Jon Hassell et sa trompette polytimbrale, ce qui veut dire "plusieurs sons différents en même temps" (à ne pas confondre avec polyphonique, plusieurs notes en même temps, c’est merveilleux, j’apprends des trucs en me faisant suer...)
Une voix féminine vient faire des vocalises, un didgeridoo caverneux lui répond en chorus, ils nous font glisser dans les clichés du new age mais c’est agréable.
Sans conteste le meilleur de la série Fever Dreams, un opus tribal-ambient inspiré et varié.
(4/5)
https://steveroach.bandcamp.com/album/fever-dreams-ii
Spirit Dome (2004)
Encore une surprise-partie funéraire avec Vidna Obmana. En un sombre sanctuaire que nul rayon solaire n’a jamais caressé, le pouls d’une bête monstrueuse bat dans les oppressantes ténèbres, tandis que des pipeaux sculptés dans des fémurs humains entonnent d’antiques mélopées sans que l’on puisse entr’apercevoir à aucun moment les musiciens, qui de toute façon n’ont plus de visages depuis longtemps. Funestes mélopées, qu’on souhaiterait n’avoir jamais ouïes ! Comme dans « InnerZone », qui réunit les mêmes malfaisants, le fujara, cette flûte slovaque maudite, et une guitare électrique trafiquée de chez monsieur Bricolage, chromatiquement avariée et infirme, génèrent un environnement sonore malsain, spirituellement débilitant, soi-disant en réaction à l’environnement urbain pathologique dans lequel Steve et Vidna étaient coincés pendant les répétitions de « Innerzone », justement, autre grand disque malade.
Spirit Dome (2004)
Encore une surprise-partie funéraire avec Vidna Obmana. En un sombre sanctuaire que nul rayon solaire n’a jamais caressé, le pouls d’une bête monstrueuse bat dans les oppressantes ténèbres, tandis que des pipeaux sculptés dans des fémurs humains entonnent d’antiques mélopées sans que l’on puisse entr’apercevoir à aucun moment les musiciens, qui de toute façon n’ont plus de visages depuis longtemps. Funestes mélopées, qu’on souhaiterait n’avoir jamais ouïes ! Comme dans « InnerZone », qui réunit les mêmes malfaisants, le fujara, cette flûte slovaque maudite, et une guitare électrique trafiquée de chez monsieur Bricolage, chromatiquement avariée et infirme, génèrent un environnement sonore malsain, spirituellement débilitant, soi-disant en réaction à l’environnement urbain pathologique dans lequel Steve et Vidna étaient coincés pendant les répétitions de « Innerzone », justement, autre grand disque malade.
Ca n’excuse pas tout.
Jamais entendu un « live » aussi funèbre ! Il ravira votre arrière-petite nièce depuis qu’elle a viré gothique (c’est de son âge).
Attention : en cas d’infection par la Covid-19, l’écoute de Spirit Dome est un facteur important de comorbidité.
Montrez la pochette à votre médecin traitant, il comprendra.
Subtilement nuisible.
(1/5)
Jamais entendu un « live » aussi funèbre ! Il ravira votre arrière-petite nièce depuis qu’elle a viré gothique (c’est de son âge).
Attention : en cas d’infection par la Covid-19, l’écoute de Spirit Dome est un facteur important de comorbidité.
Montrez la pochette à votre médecin traitant, il comprendra.
Subtilement nuisible.
(1/5)
https://projektrecords.bandcamp.com/album/spirit-dome-live-archive
Mantram (2004)
avec Byron Metcalf, Mark Seelig
De l’aveu même de ses géniteurs dans les notes de pochette, l’album a pour ambition de ralentir le cours du temps pour permettre au processus réflexif naturel d’émerger. Steve déploie ses nappes à grande longueur d’onde, que Byron et Seelig, complices réguliers, viennent émailler de flûtiaux et de percussions pour ce qui se veut un mandala sonore rayonnant de toute éternité, sans début ni fin. D’où l’impression de faire parfois du surplace, de piétiner dans l’antichambre du Nirvana, en foulant aux pieds une bouillie premier (new) âge, il y a un côté mélasse, sirupeux, lénifiant qu’on n’entend pas souvent chez Roach. A part ça, c’est rythmé, serein, harmonieux. Presque mainstream.
(3/5)
Places Beyond: The Lost Pieces 4 (2004)
Collection disparate d’inédits de plusieurs périodes créatives. Une brocante à ciel ouvert, faite d’un peu d’espaces déserts, de pianos spatiaux, d’ethno-ambient,
à la limite du chill-out (terme décrivant plusieurs genres de musiques électroniques caractérisées par leur mélodie reposante et leur tempo modéré — « chill » est un mot argotique qui signifie « reposant » ; par métonymie, il désigne un style de musique planante que Steve n'aurait pas renié, bien que sa notion de musique "reposante" repose sur des conceptions pas tout à fait humaines : il est né des amours contrariés d'une mesa et d'un canyon, comme le révèle son patronyme "roacheux", attribué par ses parents adoptifs, un bulldozer de l'Arizona spécialisé dans les excavations de parkings souterrains, et une femme au foyer sans emploi recueillie au bord d'un ruisseau.
Pour parvenir à détendre l'âme d'un caillou il faut se situer à l'échelle du temps géologique, où l'on compte en en centaines de milliers d'années c'est pourquoi les disques de Steve sont très longs.
Dans la veine atmosphérique harmonieuse, cette collection d'inédits est plaisante.
(3/5)