jeudi 18 mars 2021

Julianna Barwick - Healing Is A Miracle - Extended Versions (2020)

Ca y est. 
Nous voici entrés dans l'an 2 du Covid Intersidéréal
Intersidéréal
Oui. Nous sommes sidérés, mais c'est réel. Pour complaire à la licence poétique d'Alain Damasio quand il essaye sa perçeuse à mots en rentrant de  chez Leroy Merlin, juste avant d'attaquer un nouveau bouquin, pour envoyer un message fort au gouvernement.

La perceuse à mots d'Alain Damasio (vue d'artiste)

L'année dernière, à la même heure, on ne pouvait pas aller à la mer. 
C'était interdit. 
Sauf en Nouvelle-Calédonie, où nos lointains cousins (les deux fils du frère de maman) ne furent confinés que du 23 mars au 20 avril 2020, tandis que nous étions assignés à résidence du 17 mars au 10 mai. Je n'ai jamais eu autant l'envie d'aller à la mer. Mais ça, c'était l'an dernier. La roue tourne. En Nouvelle-Calédonie, aujourd'hui « on attend l’astéroïde », plaisante un internaute. En une semaine, les habitants ont vécu une attaque mortelle de requin, une alerte au tsunami, un cyclone, et, pour parachever le tout, l’annonce, dimanche 7 mars, d’un confinement strict de deux semaines, à la suite du dépistage de neuf premiers cas de Covid-19. Sans parler de la chute du gouvernement collégial le 2 février, de l’incapacité de la nouvelle équipe élue à désigner un président, sur fond de querelle entre indépendantistes. Ni des risques de récidive du cancer de la prostate, ou de l'éventualité de la sortie d'un nouvel ouvrage de Houellebecq.
C'est pourquoi nous, Calédoniens de coeur qui refusons d'aller à la mer par solidarité avec les vrais Calédoniens organiques et reconfinés, et aussi parce que pour l'instant ça caille encore trop alors que chez ces enfoirés elle est à 28°, nous qui attendons donc mi-avril et la troisième vague pour un pique-nique tout nus dans les dunes, pour peu qu'on soit pas reconfinés nous aussi, sinon ça nous fera un prétexte pour gueuler contre la privation des libertés, en attendant nous trouvons un grand réconfort spirituel dans ce nouvel album de Juliana Barwick, dont nous ignorions tout, sots que nous étions. 
Ce disque, c'est vraiment la mer qui vient à nous. 
Presque en nous. 
(Prévoyez vos bottes en cas de coefficient de marée émotionnelle supérieur à 104.)

On dirait les Côtes d'Armor,
mais la pochette a été tournée en Islande.

J'ai lu dans la presse spécialisée que l'album "ne pourrait pas être plus en contradiction avec le paysage blêmissant dans lequel il débarque, et qu'il est pourtant difficile de l’imaginer émergeant à un autre moment. Sa musique promet un refuge - à condition de croire au pouvoir réparateur de ces voix de sylphes imprégnées de réverbération et bouclées à l'infini"... 

Les sylphes et les sylphides sont un symbole de beauté, de subtilité et d'aspiration spirituelle.
Esprits élémentaires de l'air, ils se situent à mi-chemin entre les anges et les elfes.
Ici, une sylphide déchue du céleste empire négocie ses charmes (goût Grand Bleu)
auprès des annonceurs de fromage mou, pour nourrir sa famille. C'est bien triste.

Si le mystère des musiques autoproclamées "thérapeutiques" suscite spontanément notre méfiance, c'est bien parce que nous avons un bout de verre cassé dans le coeur. Essayons encore.
En ce moment, pour les néo-Calédoniens brusquement privés de façade maritime, aller à la mer demande beaucoup d'imagination, en louchant sur la pochette, et en écoutant le disque à donf, et en priant pour qu'il suscite le sentiment océanique qu'il éveille. Ou pas. Ce qui surprend, à marée montante, c'est la familiarité spontanée de cette musique inconnue à base de sirènes en boite. Si on entend la mer, on entend quand même aussi beaucoup la boite, et la frugalité de la production. Il est vrai que ça sort chez Ninja Tune et pas chez Deutsche Gramofon. Mais j'adore Le Mystère des Voix Bulgares, alors je n'ai pas beaucoup tergiversé avant de l'acheter.
En parcourant la critique unanime, on découvre les ombres tutélaires de Jónsi, le chanteur de Sigur Rós, ou de Mary Lattimore, la harpiste inconcevable; ce qu'on peut en apprendre est instructif mais ne remplace pas l'écoute, tant il est vrai que parler ne fait pas cuire le riz.


L'album en prêt à écouter :

Le clip m'a fait sourire, parce qu'il réhabilite des effets vidéo tombés en désuétude depuis une bonne trentaine d'années. 


En Nouvelle-Calédonie, on pouvait jadis conjuguer la pêche sportive, le tourisme sexuel et la gastronomie.
C'était le bon temps.
Qui reviendra peut-être, mais pour l'instant, rien de mieux pour se consoler d'être reconfinés qu'une bonne salade de poulpe en boite avec le dernier Julianna Barwick, qui nous demande d’imaginer la guérison à un moment où la tâche semble impossible.

13 commentaires:

  1. Pour le pique-nique tout nu dans les dunes .. trop tard , la place est déjà prise ..

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu vas nous faire regretter Jean Bellus...j'espère ne pas en arriver là.

      Supprimer
  2. Comme je chronique un bouquin d’un romancier fort chrétien, ça va bien le faire en fond sonore dis donc. Le poulpe là, il n’a pas des espèces de dents qui peuvent casser des crustacés en deux ?

    RépondreSupprimer
  3. oui, avec une bouche bien terrifiante, dont plein d'auteurs de SF se sont inspirés.
    http://jesuisunetombe.blogspot.com/2015/11/tends-ta-kuhle-et-prends-la-mienne.html
    mais au final la nature a bien plus d'imagination.

    RépondreSupprimer
  4. "À l'arcturienne"

    https://zupimages.net/up/21/11/unl6.jpg

    Je me permets de coller cette vignette en version anglaise, deux ou trois planches précises de l'œuvre (et quelle !) étant peu aisées à trouver en gougueulant (même fort).
    Mais étant donné son contenu, même avec un niveau d'anglais indigent, le lecteur pourra s'en sortir.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne connaissais pas cette gamme de jouets sextoys
      Une idée de reconversion pour les animaleries , on pourrait retrouver ces petites bêtes au rayon "tout pour votre canari"

      Supprimer
    2. Ah oui tiens j'avais oublié, par contre mon autre blog s'en rappelait
      https://johnwarsen.blogspot.com/2014/06/la-creme-des-teams-le-tour-des-crews.html
      du coup j'aurais pu titrer l'image différemment pour nos amis parigots : "Marre de cette vie de cons finés ? allez vous faire sucer sur Arcturus."
      Je ne suis pas dupe, je vois bien que quand je nivelle un joli article par le bas, toute la fange du web rapplique. Bande d'obsédés.

      Supprimer
    3. Jaloux va ! On sait bien que tu cherches à écarter la concurrence car tu as déjà créé ta propre enseigne
      ... LA WARSEN MARKET ..

      Supprimer
  5. Il y a là un vrai dilemme, propre à sauver la faune et la flore : si on le mange, on ne peut plus se le mettre dans le q, évidemment, par définition, mais si on commence par se le mettre au bout du gland, c'est ensuite difficile de le porter à la bouche : d'abord, c'est pas très hygiénique, ensuite, on s'attache. Difficile de mettre à cuire la source de tant de plaisirs.
    Mes lecteurs sont formidables.

    RépondreSupprimer
  6. Un bien bel article sur "La crème des teams Le Tour d'écrou"
    D'autant plus que hommage m'y est rendu en bas de page. Bien indirectement, mais je sais m'en contenter.

    RépondreSupprimer
  7. Mwah ha ha t'as encore raison, et c'est à peine croyable. J'aurais dû faire exprès.
    P.S : si tu es vraiment la souris du roman, tu es morte depuis un bon moment. D'un côté c'est normal que tu hantes ma tombe, de l'autre, je me demande si un de tes proches a osé te mettre au courant.

    RépondreSupprimer
  8. ... Bientôt sur vos écrans , un remake de La Belle et la Bête .. un film de John Warsen

    RépondreSupprimer
  9. Je t'invite à t'arrêter avant d'atteindre le royaume du hentaï.
    Avant que Manu Larcenet se révèle (chez complots faciles) un anagramme de l'anus à Warsen. sinon après faudra pas râler si je rétablis la dictature sanitaire. Ta mère ne t'a pas appris qu'il ne faut pas jouer avec la nourriture ?

    RépondreSupprimer