Mes petits lapins,
j'ai lu ces derniers mois plein de comics en v.o., bien que ça n'ait jamais été ma culture, moi qui fus élevé à la mamelle franco-belge, parce que la production y est foisonnante et aussi diverse que dans les séries télé, mais faut bien dire que sur un Ipad c'est quand même petit, et des fois en anglais il me faut m'y reprendre à plusieurs fois, bien que mon champ sémantique aille en s'élargissant grâce à l'utilisation simultanée de Google Traduction, béni-soit-il.
1963 #1-6
une
série écrite par Alan Moore en 1993 (ou en 1936, va savoir avec ce larron) :
s'inspirant des premiers fascicules des héros Marvel rédigées par Stan Lee au début des années 1960, Moore écrivit les épisodes de la collection 1963 selon les caractéristiques de cette période : sexisme, anti-communisme outrancier... On trouve aussi dans ce comic une satire des éditoriaux auto-hagiographiques et pompeux qu'écrivait alors Stan Lee pour Marvel.
Le champ lexical de Moore est pour une fois assez étroit pour que je puisse à peu près tout capter sans sous-titres.
Et je suis allé relire Les Fantastic Four écrits entre 1960 et 1964 par Lee et Kirby, c'est effectivement affligeant de naïveté, mais j'étais un peu naïf aussi de croire y trouver autre chose.
1963, donc, c’est cocasse, mais surtout si vous avez lu Stan Lee au début des années 60.
Et apparemment le plus hilarant de la Baltique, ce sont les
fausses publicités et les rédactionnels qui ne sont pas repris dans les scans trouvés sur le web, dont j’ai pourtant assidûment cherché une version complète.
En matière de bande dessinée américaine, je suis définitivement plus roman graphique que super-héros, sauf quand ils sont à moitié maudits ou losers congénitaux comme John Constantine, psychédéliques comme chez Grant Morrison ou qu'ils sortent d'une tragédie antique comme les Watchmen d'Alan Moore.
attiré par le nom de l'auteur, dont j'ai beaucoup apprécié la trilogie de romans de dark fantasy qui se passe dans le monde de la Nouvelle-Crobuzon (Perdido Street Station, les Scarifiés, le Concile de Fer), je crois que je me retrouve encore sur une série qui porte un regard ironique sur l'âge d'or des comics, que je choisis d'appeler l'âge bête depuis que je suis allé lire des Fantastic Four de 1964.
Dial H, c'est un foutoir plaisant et inattendu, mais plein de références m'échappent pour y trouver mon content. Il y a les obsessions steampunk de Miéville, une pluie de super-héros ringards...
En m'accrochant, je découvre un univers assez farfelu, très anglais, avec un méchant très réussi. Au bout de 8 fascicules et d'un changement radical de dessinateur, ça devient carrément du Grant Morrison, délirant et lysergique, bien que ça finisse dans un déluge pyrotechnique assez confus. La calvitie volontaire qui lie ces deux auteurs a-t-elle joué pour rendre leurs cafouillages si proches ? En tout cas, ça expérimente, c'est indéniable.
Blast #1-4
de Manu Larcenet :
pourquoi bouder les romans graphiques ? c'est quand même les français qui ont lancé l'impulsion mondiale, il y a quarante ans, avec le magazine (A suivre). Vive nous. Pour l'instant, j'avais évité de cotoyer le monstre de Larcenet en quatre tomes, 800 pages d'un long métrage français glauquissime sur l'errance d'une poignée de déshérités de l'âme et du reste. Juste épouvantable, heureusement que c'est de la BD, en film ça serait insupportable. J'espère que monsieur Larcenet s'est éclaté dans ce défi graphique et narratif, mais je ne le rejoins pas. "Pourvu que les bouddhistes se trompent" : est-ce le titre du dernier opus qui m'a mis en rogne ? Je ne crois pas. Au cinéma, il arrive que je sois fasciné par les récits d'un gâchis humain, curieusement pour moi en BD ça ne passe pas. Ce n'est pas que ce soit complaisant, mais je n'éprouve qu'une peine peu compassionnelle pour cette galerie de mecs abimés et ce récit de leurs déchéances.
Federal Bureau of physics #1-10 :
Simon Oliver / Robby Rodriguez
Aaah, enfin une bonne série Vertigo, y'en a pas beaucoup en ce moment, ils ont changé de ligne éditoriale l'an dernier et ça se ressent beaucoup dans leur production, ici on est sur un postulat de départ original : les lois de la physique se barrent en sucette. Défauts de gravité, fuites temporelles... une bande de pompiers tente de rafistoler tant bien que mal les avaries subies par la trame de l'univers. Savoureux, et servi par un graphisme fluide et innovant.
Nowhere Men #1-6
Eric Stephenson / Nate Bellegarde
Très ambitieux et assez abouti : Une bande de super-scientifiques qui deviennent aussi célèbres que les Beatles, le succès et les intérêts divergents qui pourrissent leur entente cordiale et favorisent l'avènement d'une transnationale sans états d'âme, un virus qui transforme l'équipage d'une station orbitale en mutants dont les super-pouvoirs tiennent plus du calvaire évolutionnaire que d'autre chose, beaucoup de recul dans la vision prospective, un peu de conspirationnisme éclairé... Alan Moore n'est pas loin.
Eric Stephenson est depuis longtemps directeur éditorial chez Image, il a eu ce mot admirable en cloturant son
blog : "Time to do something else" et il livre un récit polyphonique très maitrisé, qui ferait un très bon film de SF renvoyant toutes les XMeneries aux oubliettes. Le dessin de Nate Bellegarde est froid, sec, précis et élégant, avec quelque chose de Geoff Darrow et de Jacen Burrows.
J'ai eu du mal à le lire, j'ai plaisir à le
relire. Ca sortira en français chez Delcourt en 2015.
Il semble que depuis l'an dernier, Image Comics ait raflé à Vertigo la palme de l'innovation.
Vortex #1-9
de Stan et Vince : très bon souvenir de cette série qui s'amusait avec les codes des serials et les voyages dans le temps.
Un peu de mal à me replonger dans cet univers rétrofuturiste à la Flash Gordon, pardon Guy l'Eclair ? le rétrofuturisme, c'était mieux avant.
Je vais quand même l'emporter en vacances, on ne sait jamais.
Fatale #1-22
Brubaker / Phillips
mêle avec un bonheur intermittent ambiances de film noir et Lovecrafteries. Ca traine un peu en longueur.
Apparemment c'est la première série du tandem qui cartonne vraiment, c'est dommage, ce qu'ils produisaient avant était de grande qualité, dans le genre noir de chez noir.
Saga #1-19
Brian K. Vaughan / Fiona Staples
je devrais le lire en français pour en apprécier tout le sel, en anglais y'a vraiment des bizarreries idiomatiques que je ne capte pas. Disons qu'ils s'amusent bien à transférer Romeo et Juliette dans un Star Wars trafiqué. Il y a du drame et de l'humour intimement mêlés, et ça se vend beaucoup mieux que Ex Machina, qui reste pour moi le chef d'oeuvre de Vaughan. Gna gna gna.
The Bounce #1-12
de Joe Casey et David Messina
depuis que j'ai découvert Butcher Baker, parodie hallucinée de l'univers des super-combattants du crime, je bondis sur tous les Joe Casey que je trouve. Il produit des tas de séries, mais pour l'instant ça me rentre par un oeil et ça ressort par l'autre, et celui-ci aussi, malgré mes efforts pour m'accrocher.
Joe Casey secoue toujours vigoureusement le media comics en lui inoculant des virus étrangers, il tente des hybridations, on sent qu'il est vraiment amoureux du genre, ici il y a des matrixeries, des transgenres, de la dope, mais je ne sais pas, je ne dois plus être le coeur de cible.
Sex Criminals #1-5
Matt Fraction / Zdarsky
Au-delà de la bonne idée de départ, ça se traine un peu ensuite, comme souvent chez Matt Fraction.
Mais ça reste quand même assez marrant.
The Wake #1-8:
Snyder / Murphy
Je ne suis pas fan de Snyder (je ne suis ni très Batman, ni American Vampire) mais de Murphy, oui, mais je trouve qu'il a déjà trouvé son apogée dans d'autres titres, et qu'il est en baisse. Ca se laisse lire agréablement, quand même.
Black Science #1-6
Rick Remender / Dean White
je me suis ennuyé sur Fear Agent, mais là y'a au moins un graphiste chatoyant, et ce space opera tragique qui recycle tous les poncifs de la SF est un régal pour l'oeil, bien qu'un peu confus pour l'esprit (le mien en tout cas)