jeudi 31 août 2023

Le petit Steve Roach illustré : Une année 2022

ChatGPT_3 me soutient qu'il a déniché
un portrait de Steve Roach jeune.
Je vais lui couper les croquettes
et Internet pour le ramener à la raison. 


En 2022, ChatGPT_3, la célèbre interface conversationnelle mi-minérale, mi-végétale, mi-Jango Edwards et mi-un tiers supplémentaire de générateur de bullshit, issue des amours interdites d'une Intelligence Artificielle Anonymisée avec elle-même, mais on sait très bien qui est derrière, puisqu'il s'agit d'une entreprise dont l'objectif est de promouvoir et de développer un raisonnement artificiel à visage humain, ce qui n'est pas moins flippant que l'inverse, tombe en arrêt devant le site de vente en ligne de Steve Roach, qui se pose un peu là comme agrégateur d'artefacts, et décide spontanément de lui refaire la façade.
Depuis, je ne retrouve plus rien de la discographie passée de mon auteur favori de rondelles cosmiques.




la margarine astrale de Steve
me rentre comme dans du beurre
L'ancienne discographie reste figée sur début 2022, et il faut maintenant surfer sur le shop
sauf que y'a plus les dates, alors on se résout à aller trainer sur son bandcamp
mais tout y est en vrac, présenté en piles, à même les palettes par terre dans l'entrepôt, c'est la foire à l'empoigne du Black Friday des disques de musique ambiente à prix cassés, jusqu'à ce qu'on clique sur un album en particulier, auquel cas une sorte de discographie antéchronologique semble émerger dans la colonne de droite, mais c'est quand même le bazar, pour les thuriféraires collectionneurs obsessionnels toujours en quête de la dernière saillie de Stevie, l'expérimentateur incontinent des nappes sonores abstraites et astrales, comme la margarine éponyme.
Voici donc,  sous toutes réserves quant à la datation historique, la revue annuelle des disques de Steve sortis en 2022, à l'exclusion des rééditions, dont le suspect n'est pas avare.

Zones, Drones & Atmospheres (2022) 


Ce disque contient le florilège habituel de champs sonores aux contours flous et indéfinis, incluant des nuages de brume neurotoxique alternant (les lundis et vendredis des semaines impaires) avec des plages de sérénité scintillantes au soleil d'un vieux Moog modulaire sorti du placard, découvrant leurs courbes et leur bosses au détour d'écoutes curieuses, agacées, résilientes, induisant des sensations tantôt incarnées en présentiel, tantôt atones et désertées comme si Steve composait en télétravail.



Le chat n'a pas remarqué
que l'image de la télé
est inversée gauche-droite
par rapport à celle qui orne le livre.
Les chats, c'est rien que des branleurs.

Breathing Light et Shadow Realms me prennent par la main pour m'emmener vers des climats apaisés, d'autres comme Submerged ou Isolation Station sont appréhendées par mon système parasympathique comme anxiogènes, ennuyeuses, mornes, déplaisantes comme ces cassettes audio anti-tabac jadis testées et qui déroulaient, sur un tapis clouté de nappes synthétiques affreusement 
dissonantes, la dernière journée d'hôpital d'un cancéreux du poumon en phase terminale narrée par une voix off caverneuse et dépressive, en regrettant amèrement de n'avoir su s'arrêter de fumer à temps, comme certains bloggeurs de ma connaissance. 
Dans les abondantes notes de pochette, Steve évoque la lente gestation, s'étalant sur plusieurs décades, de certaines séquences, et c'est bien normal pour des pièces qui ont une texture et une ambition quasi géologiques, à laisser infuser en lisant le magnifique "Désert Solitaire" d'Edward Abbey avec un chat-pas-GPT_3 sur les genoux.
(3,5/5)

Nautical Twilight  (2022)

(en collaboration avec Frank Beissel)

Une ode assez sombre et assez nébuleuse au crépuscule nautique. Ca passe peut-être mieux en lisant un vieux Silverberg se déroulant sur un monde aquatique, ou encore l'Avaleur de Mondes de Walter Jon Williams, mais j'ai l'impression d'écouter la messe sous l'eau. L'écoute est peu exigeante, alterne clapotis, marigots et cathédrales englouties (sans Cthulhu dedans, et encore moins la momie immergée de Jacques-Yves Cousteau travesti en Bill Murrayne,  ce qui est quand même un petit plus).
(2,5/5)


What Remains (2022)

#01 Currents of Compassion : arpèges délicatement mineurs, calme, placidité : Currents of Compassion prouve à ceux qui n'avaient pas encore subi l'interminable Plaidoyer pour l'altruisme de frère Ricard que la compassion, c'est chiant. Un étrange vertige de déjà entendu s'empare de l'auditeur, quand il intuite que l'inspiration à l'origine du projet a généré aléatoirement une bonne moitié de l'œuvre de Steve R.
#2 Prometheus Passage : dans les limbes again, parmi les spectres défunts pendant l'écoute du morceau précédent, avançant à tâtons dans un brouillard de toiles arachnéennes agrémentés d'échos de beatbox et de quelques élans de sirènes aphasiques.
#3 The Gone place : tout pareil, avec des petites flûtes sud-américaines. Idéal pour hanter les couloirs de l'aile droite de votre vieux manoir que la Région a refusé de rénover, mais resucée de tant d'albums précédents, que je me demande bien pourquoi j'en parle. Je ne prendrai pas de psychédéliques en écoutant ça, ça c'est sûr, madame Chaussure.
#4 What Remains : sérénité retrouvée pour Steve, avec cet endormissement anémié en do majeur, pour neurasthéniques affirmés et raffermis dans leurs certitudes.
(1,5/5)

https://steveroach.bandcamp.com/album/what-remains

Church of the Heavenly Rest - New York City (2022)

Steve et ses fans adorent se retrouver dans des lieux sanctifiés - cavernes chantantes, la galerie commerciale du Super U de Machecoul, ici une église à New York, pour le traditionnel live de fin d'année, dont la playlist varie peu d'une année sur l'autre.
De mémoire, les captations de 2020
The Sky Opens et LiveStream 09 26 2020 chroniquées ici :
Il y avait plus de 1000 personnes au concert de New York, mais comme ils observaient un silence religieux...
(3/5)


jeudi 24 août 2023

The Cure - Pornography [Deluxe Edition] (2005)

" Selon mon expérience, la vie ne se classe pas par genre. 
La vie, c'est un roman d'aventures policières, d'épouvante, 
tragi-comique et romantique, avec des cow-boys et de la science-fiction. 
Et deux doigts de pornographie, si vous avez de la chance." 

Alan Moore.


J'ai re-réfléchi.
A quoi bon se contenter de Faith (même en Edition 
Deluxe) quand on peut aussi s'envoyer en l'air sous terre avec Pornography [Deluxe Edition] ?
le double CD, dans la joie d'une cold wave apportant un peu de fraicheur sous le dôme de chaleur :


jeudi 17 août 2023

The Cure - Faith [Deluxe Edition] (2005)

J'ai réfléchi.
A quoi bon se contenter de l'ersatz contemporain de la déprime 80's (Trentem😪ller) quand on peut s'envoyer en l'air sous terre avec l'original ?





















La Cold-wave lutte contre la Canicule ! 

jeudi 10 août 2023

Trentemøller : Memoria (2022)

Jadis prince de l'électro industrielle touffue, grouillante et musclée comme un légionnaire en permission ou un missionnaire en perdition, avec des albums comme The Last Resørt ou Intø the Great Wide Yønder, Trentemøller a pris depuis quelques années (Fixiøn, 2016, puis Øbverse, 2019) un courageux et vigoureux virage vers le passé et la dark synth pop des années 80, et c'est comme s'il avait exhumé de sa cave des albums du groupe de Robert Smith ou des Cocteau Twins restés inédits à ce jour, ces albums qu'on entend parfois en rêve, en sachant pertinemment qu'ils sont imaginaires, mais notre conscience onirique n'en a Cure.

 https://trentemoller.bandcamp.com/album/memoria

Trentemøller, en plus d'être l'ami des dentistes, est aussi un fin lettré, et un homme de goût.

https://latenighttales.bandcamp.com/album/late-night-tales-trentem-ller

La dictature numérique nous renseigne sans peine sur son parcours et ses antécédents musicaux.

https://www.trentemoller.com/

Les mots pour le dire ne sont pas les miens, mais ils sont bien quand même :

https://lesoreillescurieuses.com/2022/02/14/trentemoller-memoria/

De toute façon, on sait bien comment ça finira : on réécoutera Veil Of White (Track#1) en pensant à Slowdive et Like A Daydream (Track#13) en se demandant si Elisabeth Frazer dort aussi seule que Yoko Ono, et on fera l'impasse sur le reste. On sera devenu l'esclave de nos préférences. Heureusement, il y a des choses plus graves dans le monde. 

jeudi 3 août 2023

Lovecraft Facts (19) : The Lovecraft Sextet

Cela fait maintenant des mois que je suis alléché par la pochette du prochain album du Lovecraft Sextet "The Horror Cosmic".

La pochette est aboutie. La musique, je sais pas.
les tentacules, comme le cul, font vendre.
https://jesuisunetombe.blogspot.com/2015/11/tends-ta-kuhle-et-prends-la-mienne.html

Elle m'évoque le chaleureux souvenir de mon dernier apéro avec le capitaine Nemo devant la plancha du camping tenu par madame Kthülhü à Kraken-en-Born
(c'est dans les Landes)

Le mode portrait des smartphones équipés d'un appareil photo
réduit artificiellement la profondeur de champ
et transforme n'importe quel instantané en packshot publicitaire;

Mais la sortie du disque est sans cesse repoussée aux calendes.
Alors j'ai réécouté la discographie déjà surabondante du groupe de Jason Köhnen  qui multiplie les side-projets à l'instar des jazzmen
mais je n'y retrouve pas l'épouvante et la morbidité qui ont pu m'étreindre de leurs doigts glacés à l'écoute du Kilimanjaro Darkjazz Ensemble 
ou du Mount Fuji Doomjazz Corporation

et ce ne sont là que quelques-unes de ses précédentes incarnations maléfiques. Pour augmenter l'effet anxiogène, on peut néanmoins mettre en fond visuel les soirées suicide Théma sur Arte, sans le son. Et prendre quelques champignons psychédéliques, si madame Kthülhü n'a plus de scupions sauce piquante.