mardi 7 avril 2020

Guy Béart, Grand Prix de l'Imaginaire 2020

Tout le monde connait déjà archi-par coeur les chansons de science-fiction de l'ami Guy, sauf ceux qui ne les connaissent pas, comme par exemple "Les Collines D'acier", inquiétante dystopie que n'aurait pas renié Bernard "Je Suis Une Légende" Lavilliers du temps de "Pouvoirs", son brûlot libertaire, ou encore "Etoiles, Garde-A-Vous !" fable de space-opera spin-off de Robert Heinlein sur les dérives autoritaires de Christophe Castaner pendant la pandémie des Gilets Jaunes, dont Marcel Dadi refusa de publier la tablature sous prétexte qu'elle lui rappelait trop celle du Nécronomicon de Graeme Allwright, "le Voyageur De Rayons", balade déchirante inspirée par le difficile parcours de soins d'un patient prépubère injustement délogé de sa chambre au service d'oncologie de l'hôpital Henri Mondor de Créteil pour laisser la place à un vieux sous respirateur. "Le grand chambardement", "les Temps Etranges", je n'insiste pas. J'ose espérer que tout le monde a capté.

Encore une pochette de Moebius d'avant-guerre, délicieusement kitsch. 

Ce que l'on sait moins du Maitre de Garches, véritable méta-baron de la drogue auditive de synthèse, c'est que son incursion la plus échevelée dans l'anticipation, c'est "Le matin je m'éveille en chantant", ritournelle jubilée (Jubilation = Joie Sans Cause) devenue longtemps après sa disparition un hymne ô combien salvateur pour temps de confinement. Même quand je m'étais enfermé 6 semaines avec Hugues Aufray pour mettre en boite son concert au Casino de Paris, je n'avais pas été autant impacté par l'allégresse que prodigue cette oeuvre profondément visionnaire, que nous entonnerons encore en écho sur nos balcons l'année dernière à Marienbad, malgré les plaintes persistantes du syndic.
Pour les connaisseurs, je diffuse en première intention la version karaoké, ludique en diable (je travaille actuellement aux sous-titres en américain pour soutenir nos amis survivalistes d'outre-Atlantique qui ont déjà rejoint leurs abris de jardin pour s'y cloitrer avec John Goodman et y revoir en boucle 10 Cloverfield Lane puisque le lundi c'est ravioli se dit Monday c'est Doomsday en v.o.)



Le matin, je m'éveille en chantant
Et le soir, je me couche en dansant {x2}
Entre temps, je fais la sieste
Voilà tout ce qui me reste
Ou je me fais du café
On ne se soigne jamais assez
La, la, la, la, la, la, la, la, la, ...
Le matin, je me lave en chantant
Et le soir, je me baigne en dansant {x2}
Entre temps, je me promène
Une activité moyenne
Me conduit à m' reposer
On ne se soigne jamais assez
La, la, la, la, la, la, la, la, la, ...
Le matin, on s'embrasse en chantant
Et le soir, on s'enlace en dansant {x2}
Entre temps, on se caresse
Y'a vraiment rien qui nous presse
On va même se recoucher
On ne se soigne jamais assez
La, la, la, la, la, la, la, la, la, ...
Le matin, je m'éveille en chantant
Et le soir, je me couche en dansant {x2}
Jamais je ne m'intéresse
A la bombe vengeresse
Qui un jour f 'ra tout sauter
On ne nous soigne jamais assez
Le matin, je m'éveille en chantant


Vous conviendrez avec moi que ces paroles sont prophétiques. On ne s'en lasse pas. Je tiens à votre disposition le clip original de l'INA, mais j'ai dû me résoudre à le confiner dans une boite métallique, l'acétate ayant tendance à se consumer avec enthousiasme au contact de l'oxygène.
Envoyez-nous vos meilleures versions karaoké filmées au smartphone, je ferai une compile pour aider Boris Johnson à se rétablir plus vite en se rappelant pourquoi il a voulu brexiter.

A Garches, dans son vaisseau de pierre, Guy compose ce qui deviendra 
le plus grand succès de la chanson de SF française, en faisant semblant de rien.
Seules ses pantoufles en plastique fluo trahissent à la fois son génie visionnaire, et son origine extra-terrestre.
D'ailleurs, comme par hasard, à l'époque Guy a aussi été approché par Jean Carpenter, le demi-frère maudit de Maritie et Gilbert, pour jouer dans le remake du Village des Damnés, car dans les années 60 il était de bon ton pour un chanteur ayant le vent en poulpe de cachetonner dans quelques nanars de SF ou de fantastique, ça permettait d'écouler un maximum de produits dérivés comme des peluches urticantes et des figurines de plastique qu'on pouvait inclure dans des rituels vaudou, cf le succès de Marie Laforêt dans Marie-Chantal contre le Docteur Kha, mais Guy n'a pas dépassé le stade du casting, et a dû se consoler en avalant deux cachets intermittents à la fête de l'Huma.
Pas assez bleus, les yeux.


Pour réussir son casting, Guy essaye d'imiter le regard du Docteur Kaa dans Mowgli,
mais il se trompe d'une lettre, et ça ne prend pas.


Dans la même collection :
http://jesuisunetombe.blogspot.com/2015/11/guy-beart-je-suis-vivant-et-vous-etes.html

J'ignore pourquoi, quand j'essaye d'écrire sur Guy Béart, ça part en tonneaux avant même le premier virage. Y m'a rien fait, ce type, à part illuminer mon enfance avec ses cercueils à roulettes et ses tombeaux à moteur, qui me faisaient déjà rêver.
Guy, si tu m'entends, je te demande pardon, et si tu reviens, j'annule tout.


Et comme en France tout finit par des chansons,
à la Fête de l'Huma, Marie Laforêt sut trouver 
les mots bleus les yeux verts merguez pour consoler Guy.

10 commentaires:

  1. Ça va toujours, John ? Quelle idée, aussi, d'aller se confiner avec Guy Béart aussi. Remarquez il a beaucoup fait pour ma sexualité juvénile. À moins que ce ne soit Marie Laforêt...

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  2. Il faut que je remette la main sur le numéro de Schnock qui lui est consacré, je suis sûr qu'il y a des photos cochonnes avec Marchais.
    Sinon, ça va pas mal, le langage n’a pas encore atteint son point de combustion; néanmoins certaines allitérations et associations d'idées sont surveillées de près, comme l'inconscient dans l'eau qui bout, car quand le coeur du réacteur entrera en fusion il sera trop tard, et comme on dit à Wuhan, c’est pas après que le pangolin a pondu qu’il faut serrer les fesses.

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  3. Pochette de Moebius (excellente) et j’ai lu que le gars Béart était limite reclus tendance Howard Hughes avant de passer l’alarme à droite.

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  4. Oui. Depuis un bon moment. Pourtant, certaines de ses chansons, odes à l'amour humain, à la bonne humeur et à la fraternité, auraient dû lui valoir plein de potes. Sans compter tous ceux qu'ils s'était faits la fête de l'Huma, bien qu'entretemps, avec l'invasion de l'Afghanistan par les Russes en 81, il y avait plus d'intellos exclus du PC que de survivants place du colonel Fabien.

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  5. Le problème de Guy Béart vieux, c'est d'avoir été Guy Béart jeune.

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  6. Oui mais dans le temps, Guy Béart était loin de ressembler à Goossens, ce qui fait que ça a été sans doute plus dur à encaisser.

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  7. La chanson Frantz tout de même puisqu'elle se termine par une tombe

    http://ti1ca.com/v2s4ty6l-19-Frantz-19-Frantz.mp3.html

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    1. Ah, la voix de Marie Laforêt... Merci gaby !
      Il ne manque plus qu'une photo de Marthe Keller pour se replonger dans les abîmes érotiques de ma puberté des années 70...
      Thierry

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  8. Merci ! mais je ne voudrais pas dépouiller ton mausolée pour rhabiller le mien ! même si en ce moment, il parait que y'a de sacrées ventes privées au Père Lachaise !

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