vendredi 21 novembre 2014

La nouvelle encyclopédie de Masse (2014)

Avant, je me prenais pour un artiste maudit, mais un jour j'ai accepté le fait que je n'étais que maudit, et encore, que par ma femme.
Alors que Francis Masse est un putain de génie.
Et c'est d'un air jaloux que ses thuriféraires se flattaient jusqu'ici de pouvoir se compter sur les doigts de la main d'un lépreux en phase terminale.
Un tombereau d'histoires courtes parues dans les revues qui virent naitre la BD adulte dans les années 70 : Le Actuel underground première formule, puis l'Echo des Savanes de Mandryka, les glorieux débuts de Metal Hurlant, Fluide Glacial.
A qui faisait l'effort lucide et conscient d'affronter un dessin hachuré jusqu'à provoquer des acouphènes visuels et des textes hérissés d'empattements barbelés peu amicaux, entassés dans des phylactères toujours deux tailles en dessous du minimum syndical de la lisibilité, (un peu comme cette phrase dont on se demande dans quel mur elle va finir), un univers absurde et cruel (mais d'une implacable logique) déployait ses fastes et sa sombre ironie.
Succès d'estime, une poignée d'albums aujourd'hui introuvables, malgré un passage tardif à la couleur et un lettrage plus sobre, les massophiles restent clairsemés, et Francis jette le gant à la fin des années 80.
Glénat réédite aujourd'hui l'encyclopédie de Masse, enrichie et aggravée d'inédits.
Je ne sais pas ce que ça peut donner, je ne suis pas fan du Masse nouvelle manière, mais mon édition originale de 1981 tombe en poussière, et celle-ci est publiée dans un format qui permet un déchiffrage plus aisé des planches hyper-chargées de ce démiurge franc-tireur scandaleusement méconnu de la narration figurative.



Francis Masse version 1.0 (circa 1973)


Francis Masse version 2.0 (circa 1979)


Francis Masse version 3.0 (circa 1982) :
l'obsédé textuel


La nouvelle encyclopédie (2014)


Ma vieille encyclo toute usée, 
que je revendrai à mes enfants sur mon lit de mort.


Un bon article pour aller plus loin.
Et un autre pour manger avec.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire