mardi 23 juin 2020

Peter Bogdanovich - The Last Picture Show AKA La Dernière séance (1971)


En 1971, Peter Bogdanovich adapte au cinéma un roman de Larry McMurtry, l'immortel auteur de Lonesome Dove, le western littéraire qui enterre tous les westerns filmiques, sauf Little Big Man.
Je n'ai pas lu "La dernières séance", le roman dont est tiré le film, mais j'ai entendu la chanson d'Eddy Mitchell, et j'ai trouvé très attachante cette description romancée de la fin de l'adolescence, dans une petite ville du Texas où, quand on était une bande de jeunes au début des années 50, il n'y avait rien à faire à part partir à la guerre de Corée, puisque Internet n'existait pas encore...
Le film m'est apparu profondément pessimiste et mélancolique, voire carrément européen dans son essence, sans toutefois égaler en toxicité la morne langueur des pellicules de Wim Wenders des années 70 comme Au fil du Temps, jusqu’au jour où pas plus tard que tout à l’heure j’ai appris en collectant des infos pour rédiger cette notule que Peter Bogdanovich avait quitté sa femme Polly Platt, ainsi que les enfants qu’il lui avait faits, pour l’actrice principale du film, le mannequin Cybill Sheperd, que son épouse avait repérée dans un magazine pour jouer dans La Dernière Séance (1971), réalisé par son mari. C'est quand même pas banal.
Le casting de Cybill s'est retrouvé inclus dans les bonus du DVD. C'est pas con.
Je ne sais pas si vous voyez l’embrouille, mais c’est croquignolet. Et qui serais-je pour le juger, surtout après avoir vu Cybill Sheperd coucher avec un type encore plus minable que moi dans La Dernière séance (1971) ?
Il est vrai que Cybill Sheperd (en tout cas la version qui en avait cours en 1971) irradie rose durant tout le métrage pourtant en noir et blanc, comme une sorte de jodifostère avant l’heure.
(Dérivée du nom d’une très jeune actrice dans Taxi Driver (1976), la jodifostère désigne en langage warsenien des filles ayant l’âge requis pour se faire matzneffiser. Pardon pour le malentendu implicite lyrics.)
Au Royaume des Malvoyants, Jeff Bridges était Borgne. 

Et justement, heureux hasard, je découvre en même temps que vous que dans ses mémoires, rédigées au crépuscule de sa life, vers 18h15-18h30, Cybill Shepherd cite parmi ses amants Elvis Presley et Don Johnson, avoue avoir refusé les avances de Jack Nicholson et regrette d'avoir dit non à une invitation de Robert De Niro à un barbecue.
Cybill Shepherd interprétant une coupe de cheveux
dans un court-métrage des années 70.
Pourtant, tout le monde sait ce qu’il en est des mortels ayant accepté les invitations de Robert De Niro à un barbecue : si on ne finit pas sur une brochette en mode apéricube, c’est avec un pyjama en Néoprène dans le coffre d’une DS, ou encore coulé dans la pile du pont qui enjambe la rivière Waxahatchee (Alabama).
Cybill devrait donc se féliciter d'avoir refusé, et d'être encore là pour en parler. Parce que des fois ça arrive aussi à celles et ceux qui refusent l'invitation de Robert De Niro à un barbecue. En fait, si vous vous trouvez un jour enfermé dans une pièce avec les mots "invitation", " Robert De Niro" et "barbecue", quelle que soit votre réaction, il y a de grandes chances que votre destin soit scellé. Un peu comme dans El Hoyo, le film fantastique malthusianiste réalisé par le bilbotar Galder Gaztelu-Urrutia et récemment passé sur Netflisque.
Au crépuscule de sa life, vers 22h45, après avoir essuyé tout un tas de rateaux cinématographiques, Peter Bogdanovich tentera de renouer avec le succès de La Dernière séance (1971) en lui donnant une suite, 20 ans plus tard, avec Texasville (1990), qui reprend les mêmes personnages, vieillis, alcooliques, brisés. Ce sera l'échec. Je n'ai pas encore osé le regarder, mais les quelques images que j'ai pu en apercevoir me donnent envie de pleurer à chaudes larmes, puis d'accepter l'invitation de Robert De Niro à un barbecue, si ça tient toujours, je suis même prêt à fournir le barbecue.
Sinon, fait notable concernant tous ces films assez pudibonds consacrés à la jeunesse américaine des années cinquante mythifiée et édulcorée du Sud par un certain cinéma, La Dernière séance (1971) est plein de nichons juvéniles, pour ceux que ça intéresse.

Mon fidèle Pandémiaou s'est un jour rendu à un barbecue organisé par Robert de Niro.
Trente ans ont passé, et sa veuve s'oppose toujours à un remake.

lundi 22 juin 2020

Callisto McNulty - Delphine et Carole, insoumuses (2019)

« Ma chère enfant, ce serait une grande faute
que d’épouser votre père. C’est très simple, il faut le décourager, sans le contredire.
- Mais je l’aime. »

Delphine Seyrig et Catherine Deneuve,
dans Peau d’âne.
- extrait inclus dans le documentaire -



Elles ont dû bien s'amuser, Delphine et Carole, dans les années 70. Carole en a attrapé les rides de la rigolade, elle est fatiguée mais toujours enthousiaste pour évoquer les grandes heures du féminisme militant, qui marque les débuts glorieux et victorieux de l’émancipation des femmes hors des carcans patriarcaux. Elle est interviewée en 2009 pour fournir le fil conducteur de ce portrait croisé des deux copines, qui devait se focaliser sur Delphine Seyrig, disparue du cancer du poumon en 1990. Parce que les deux pasionarias ont beau combattre l'oppression masculine dans ces années-là, en s’emparant les premières des moyens de la vidéo légère et en réalisant une série de films assez acides sur la condition féminine, elles croisent les représentants officieux du discours du maitre sur les plateaux télé, les Drucker, Bellemare, Pivot le roi des valets, qui les accueillent brièvement dans leurs émissions avec une condescendance certaine et amusée, mais elles sont aussi prisonnières de la clope, qui les emportera toutes deux avant l’heure.

Carole n'a pas fini son film sur Delphine.
Sa petite fille l'achèvera dix ans plus tard.
Tout le monde fume comme des pompières, dans ces archives sagement tricotées par Callisto McNulty, la petite-fille de Carole. Et ça ne choquait personne, le tabagisme, pas plus que le sexisme ordinaire.
Et comment peut-on s’appeler Callisto McNulty, à moins de jouer dans The Wire ? le film ne le dit pas. Le film ne dit pas grand-chose, d’ailleurs, s’interdisant la voix off, brodant interviews, extraits de films, d’auto-productions vidéo de l’époque, retraçant par petites touches ce combat pour s’affranchir du phallocentrisme. Quarante cinq ans après, que reste-t’il de ces luttes ? Si on lit la récente enquête du Monde « Féminicides : mécanique d’un crime annoncé » on se le demande un peu.
Mais si, surmontant cet abattement passager, moins définitif que celui des victimes, on lit les éditos de Maïa Mazaurette dans le même journal, on se dit qu’au moins, maintenant, elles peuvent dire leur désir, au risque de paraitre plus mec que le mec le plus macho. Certaines affirment aujourd'hui la primauté du fantasme de toute puissance phallique. Je veux choisir mes partenaires, imposer les formes de mon plaisir et rester maître du tempo. Je veux avoir le phallus et non pas me soumettre au désir de l'autre jusqu’à être pour lui le phallus, ce qui est le marqueur du pole féminin du désir et le secret de leur pouvoir bien plus redoutable.
Et pourquoi pas ? moi ça m’a toujours eu l’air un peu fumeux, ces histoires. Le phallus c’est pas ce truc pour offrir du plaisir ? J’en ai entendu parler par Lou Reed, en termes voilés mais élogieux dans sa chanson « My red joystick ». Mon rouge bâton de Joie. Mais pour donner du plaisir, voire de la Joie quand la météo s’y prête, il faut bien quelqu’un pour en recevoir, non ? alors je me dis qu'on peut pas tous avoir des phallus, quand même, ça marcherait moins bien. Même si on dit des phalli.


Après, sur le plan symbolique, et au nom de la parité ratée et encore plus mieux ratable que nos grand-pères ne la ratèrent avec nos grand-mères, et si nous sommes condamnés à nous fréquenter complémentairement tant qu’on ne trouve pas d’alternative à la reproduction sexuée, je veux bien qu’on laisse les filles se foutre la toute-puissance phallique dans l’oeil avec leurs désirs, ça peut avoir des conséquences bénéfiques pour nous, bien que j’approche à grands pas de la date de péremption, et toujours pas un chapeau de vendu. Mais entendons-nous bien, que dans l’oeil, hein ? qu’elles ne viennent pas s’aviser de nous le mettre ailleurs, je suis chatouilleux.
Le documentaire un peu trop respectueux de la petite-fille de Carole se laisse donc visiter comme un gentil musée bien propret du témoignage sur un monde disparu, celui d'un combat plus irrévérencieux qu’agressif, avec des slogans assez corrosifs comme on en voit dans les manifs de l’époque, et sans qui Weinstein et Polanski auraient encore pignon sur rue.
Je n’ai pas été trop ému, je ne suis pas dans le coeur de cible, étant une ménagère pas tellement opprimée par mon conjoint (sauf quand j’ai oublié de faire à bouffer comme hier soir quand elle est rentrée du travail), mais elles avaient l’air de bien dépoter, les deux pétroleuses, j'aurais bien aimé les croiser, mais je ne sais pas si elles auraient apprécié mon humour glacé et sophistiqué.
Surtout que je vois au générique la présence d’un Géronimo Roussopolos, je me demande ce qu'il a fait au Bon Dieu avant sa naissance pour s'appeler comme ça, et je connais une blague bien grasse avec Géronimo Lagadec, je vais la garder pour plus tard.

Ma légitimité pour parler du féminisme
est cachée dans ce dessin. Trouve-là.
Ce qui m’a fait peur, c’est un extrait de plateau télé avec plusieurs réalisatrices féministes. Il y a là Marguerite Duraille, qui met la touche finale à son déguisement de Jabba the Hutt en col roulé qu’elle ne quittera plus que sous les caresses expertes des thanathopracteurs, qui nous assène que le cinéma des femmes est un cinéma politique, avant de nous présenter un extrait d’India Song dans lequel Michael Lonsdale souffre encore des séquelles postopératoires d’une balaidansl’culrectomie, et Liliane de Kermadec, avec qui j’ai monté un court métrage dans les années 90, où elle ne tenait plus du tout le même discours, car nous fûmames, nous bûmes, nous tombîmes. 
Je ne laisserai personne dire que c’était le bon temps.

samedi 20 juin 2020

JMPZ - Sound Asylum (2008)

J'étais pas en manque, mais clairement en rupture de stock de vieilleries musicales à relancer. 
Ma soeur m'envoya un soir un clip de Célestin, chanteur engagé dans la promotion du hache tague DESTITUTION
Ca fait trop peur comment les réseaux sociaux y peuvent provoquer la chute du président. J'en tremblai intérieurement sur mon pouf en mousse. Encore un clip de confinement dont on peut se demander comment il a fait pour ne pas changer la face du monde, à l'instar du mien
A trois minutes quinze du début, le chanteur jaillhirsute affublé d'un sweat à capuche orné de l'acronyme JMPZ. Mon sang ne fit qu'un tour, sur les quarante-cinq prescrits par le docteur. 
Bon sang mais c'est bien dur ! JMPZ ! Un groupe toulousain du début des années 2000, impliquant dub fusion métal hardcore trance chamanique hache tague implosion des chakras.
Mes acouphènes auraient bien aimé les voir en concert, tiens.
allez, voici deux notices, des adieux en DVD, un disque, et n'y revenez plus.
et un autre disque, un peu tombé du camion garé devant la médiathèque, mais après, n'y revenez plus, vous dis-je.

lundi 15 juin 2020

Le Casanova de Fellini (1976)

Balançoires, trampoline,
le club mickey dégouline.

Vincent Delerm, "Deauville sans Trintignant"


A 14 ans, l'affiche me faisait un peu peur.
Elle avait raison.
Mais la peur n'empêche pas le danger.
J'ignore pourquoi j'ai voulu me frotter à la saison 3 de la série Westworld, dérivée de Mondwest, film de SF des années 70 avec Yul Brynner mettant en scène des androïdes, employés dans un parc d'attractions pour distraire le public de sa pitoyable existence pour $2,40 de l'heure H.T. et qui accèdent à une certaine conscience de classe après la lecture des oeuvres complètes de Jean Baudrillard pendant leur pause-repas, et se révoltent alors contre leurs oppresseurs humains.
Et je m'interrogerai jusqu'à la fin de mes jours, qui ne devraient plus tarder, vu la toxicité prétentieuse et absconne, c'est rien de le dire, de ce que je me suis injecté dans les pupilles. J'ignore si le poison s'est dissous dans sa propre inanité, et si on pourra dire à la mort des deux showrunners qui chapeautent la série "En entrant dans le néant ils ont dû se sentir chez eux" comme l'avait annoncé Georges "R.R." Clémenceau au décès d'Edgar Faure, ou si l'affreux et sombre venin a eu le temps de remonter jusqu'au cortex en suivant le nerf optique comme c'était indiqué sur Google Maps.
Toujours est-il que je vais tenter de rester debout  en rédigeant cette chronique, pour pouvoir témoigner de l'avancée du Mal, assis en temps réel sur la légitimité de mon désir de transparence, un peu comme Cobaye Charlie dans sa redescente très peu climatisée à la fin de Des fleurs pour Algernon. Me confronter à la saison 3 de Westworld, alors que j'avais dormi devant la 1, trompeusement attiré par une photo d'Ed Harris dans le Grand Canyon comme une phalène par une lampe anti-moustiques dans un camping low cost, et que j'avais boycotté la 2 sans que le ministère du Download s'en émeuve outre mesure, c'était sans doute dans le but inavoué - car inavouable - de rentabiliser mon abonnement au téléchargement illégal, conduite addictive dont le manuel de psychopathologie à l'usage des confesseurs reste à écrire, et dont ce blog constitue l'éternel brouillon, toujours recommencé, jamais finalisé.

Ou alors c'était pour voir ce que pouvaient bien donner Aaron Paul, pas capté depuis Breaking Bad malgré qu'on ait entendu sa voix dans les 5 saisons de Bojack Horseman, le cheval dépressif et sur le retour tellement il est mal dessiné, et Vincent Cassel, dont je ne comprenais pas la carrière en dents de scie avant d’en lire cet audacieux résumé dans le Figaro en préparant cet article : « Après s'être fait remarquer dans La Haine, en 1995, il rencontre Monica Bellucci en 1996. » d’ailleurs le journaliste du Figaro refait la même deux paragraphes plus loin avec MC Solaar : « Après s'être fait remarquer avec Prose combat, un putain de deuxième album en 1994, MC Solaar rencontre Ophélie Winter en 1995. » Une fois de plus, tout est dit. Ils sont un peu misogynes, quand même, au Figaro. Surtout que ce n'est jamais qu'un pâle remake de la vieille blague sur ta mère jadis parue dans la Désencyclopédie et attribuée tantôt à Sacha Guitry,  tantôt à Chuck Norris, un soir qu'il était déchiré au Seroplex® : « ta mère et moi avons été heureux pendant 25 ans, puis nous nous sommes rencontrés » 

Vincent Cassel imite le savant fou Zorglub à la perfection
dans Z comme Westworld, mais où est donc Spirou ?

D'après Vincent Cassel, joint par notre agent double au Figaro juste après le tournage, la série explore des notions philosophiques qui nous concernent tous, telles que la conscience ou la liberté. Mais elle évoque aussi des thèmes politiques relatifs à la vie privée, à l’échange des données, au rapport à l’autre, aux limites à l’expression de nos pulsions. Tout ce truc sur les deux premières saisons où l’homme viole, égorge et tue à bout portant des êtres à forme humaine sous prétexte qu’ils ne le sont pas, crée un effet miroir extrêmement intéressant. Celui-ci nous interroge en tant que public et en tant qu’individus et nous met surtout face à nous-mêmes."
Allons bon. La dernière fois que j'ai égorgé un être à forme humaine sous prétexte qu’ils ne l'était pas, c'était un Témoin de Jéhovah qui tentait de s'introduire sur mes terres en outrepassant le portail en plastique blanc sans sonnette et ordinairement fermé qui matérialise l'entrée du Ranch Warsen, et il faudrait une circonstance bien extraordinaire comme la rupture des gestes-barrière avec le livreur de menhirs peindus de Louis Julien pour me faire baisser ma garde et ouvrir ce portail, donc il l'avait quand même un peu cherché. 

le superbe AV_3670CE, commandé il y a 45 ans
et reçu la semaine dernière par la Redoute. 
Mais ça ne m'a pas particulièrement mis face à moi-même, j'ai pas eu le temps, vu qu'il a fallu sortir le Karcher pour nettoyer le portail à grande eau, car le sang ça s'incruste bien dans le plastique blanc, si on le laisse imprudemment sécher. Toujours est-il qu'au bout de 5 épisodes de Westworld, j'ai maudit les cadres de HBO qui avaient validé la mise en production de cette pharaonique saison 3 en sniffant de la mauvaise coke sur les fesses clandestines de professionnelles issues de la diversité à l'arrière de taxis new-yorkais bien trop pressés d'aller d'un point A où ils étaient bien à un point B où ils n'avaient rien à faire pour satisfaire des clients en manque de repères, j'ai abjuré ma foi dans les séries télé et failli renoncer à tous mes biens terrestres et brûler  mon superbe AV-3670CE, quand je me suis souvenu qu'il existait dans le temps du monde d'avant un truc qui s'appelait "films de cinéma", qui ne contraignaient pas à l'absorption morbide de dizaines d'heures de programmes avant de pouvoir déclarer qu'en fait, c'est complètement con, finalement.

Alors j'ai lancé Le Casanova de Fellini. Il y a quelques mois j'en avais trouvé  une copie sur un tracker russe à bas coût (capitale de l'Azerbaïdjan), copie en HD light, parce que la HD normale (la HD HD, quoi), me pique les yeux, et je voulais remater ce film, pas revu depuis sa sortie, j'en avais conservé un souvenir leste et polisson, comme quoi on n'est pas sérieux quand on a quatorze ans, à la revoyure dans ma peau d'adulte, l'esthétique du film penche beaucoup plus vers Le Choix Funéraire que vers les tenants d'un érotisme soft ou hard, et c'est une farce bien macabre et enténébrée que nous tenons là entre nos petites pattes griffues (j'ai vu les écureuils grimper aux framboisiers tout à l'heure, ces bâtards, et se servir comme s'ils étaient chez eux, alors qu'ils sont chez nous), incluant une vision du sexe quasi phobique, un univers théâtralisé, décadent et corrompu, après ça je comprends mieux pourquoi j'ai eu une adolescence dépressive, qui s'est prolongée quasiment jusqu'à avant-hier.

J'ignore comment ce Giacomo Casanova a pu outrager Fellini post-mortem au point de justifier un tel pamphlet, qui semble tenir de la vengeance personnelle aussi sûrement que si j'apprenais que Monica Bellucci m'avait trompé avec Vincent Cassel dès 1996, alors je dirais sans doute beaucoup de mal de lui, mais sinon, il peut bien tourner dans toutes les saisons de Westworld qu'il veut et s'y révéler aussi pathétique que Lambert Wilson dans un rôle analogue de Mérovingien dans Matrix 2 des soeurs Wachowski, y'a pas d'souci.
Le XVIIIème siècle de Fellini est un monde de cauchemar, sur lequel le jour ne se lève jamais, peuplé de créatures affreuses, sales et cupides qui ne méritent le nom d'individus que par un euphémisme miséricordieux.
D'un vibrant plaidoyer pour la castration chimique des Rocco Siffredis en costume d'époque qui ne se prennent pas pour de la merde entre deux échauffourées avec des greluches azimuthées, le film s'élève ensuite jusqu'au brûlot haineux, faisant l'apologie de l'extinction volontaire de l'espèce humaine dans son ensemble, si à la mode en ces temps décroissants. J'ai bien aimé.

 J'aimerais bien aussi trouver les dessins de Topor qu'il a créés pour le film autour du sexe féminin, ils sont redoutables. A 55 minutes du début du métrage, Casanova a un éclair de lucidité, et déclare sans affectation, avec une désarmante sincérité :
"Nous abusons de notre pouvoir sur les femmes, nous exerçons sur elles une véritable tyrannie, que nous avons réussi à leur imposer uniquement parce qu'elles sont meilleures, plus gentilles, plus raisonnables, plus généreuses que nous, en un mot ce sont de meilleurs êtres humains. Ces qualités qui auraient dû leur valoir une supériorité naturelle les ont au contraire réduites à notre merci, car nous sommes cent fois plus déraisonnables, cruels, violents et enclins par nature à opprimer autrui."

Il aurait pu ajouter que les femmes n'éprouvent quant à elles aucun besoin de se venger de l'infériorité des hommes comme dans mon film de John Warsen à moi que j'ai, mais son instant de lucidité est passé.
 Il repart aussi sec à courir après Eros et à se prendre Thanatos dans les rotules en retour, dans une Venise pourrissante, puis à la cour de différents roitelets d'Europe auprès desquels il tente de plaider sa cause d'affabulateur et de pitoyable intrigant, s'acoquinant avec une humanité de plus en plus grotesque, vivant des aventures de plus en plus sordides, dans cette bobine crépusculaire qui ferait passer Mort à Venise pour un Louis De Funeste.
Donald Sutherland est génial.



Après un énième lifting, Jabba the Hutt s'apprête à se laisser suborner par le vil séducteur.

lundi 8 juin 2020

Ronit Kirchman : The Sinner Original Series Soundtrack (2017)

Je viens de finir de binge-watcher la saison 3 de The Sinner. Comme dans les deux précédentes, Bill Pullmann y incarne un inspecteur de police un peu trop porté sur l'empathie envers les suspects, comme un Bouddha qui pencherait sur tribord au moment du changement de cap de l'enquête, quand il s'avère que c'est un peu plus compliqué que ça n'en avait l'air.  En  matière d'investigation criminelle quantique, le regard de l'observateur influe sur les phénomènes observés, il n'y a pas que les spectateurs à l'apprendre à leurs dépens... 
Chaque saison est dite "anthologique" et peut se regarder indépendamment des précédentes, mais si vous démarrez la une et que Jessica ne vous fait pas rapidement couler une Biel, suspectez votre lobotomie préfrontale de vous couper de vos émotions, auxquelles vous avez pourtant droit, et n'hésitez pas à en parler à votre médecin trader, même s'il est occupé à brûler ses stocks de chloroquine au fond du jardin avec ses voisins qui toussent dans la fumée, mille putois. 
Voici ce que je m'autorisai à en penser, au temps béni des pionniers de la diffusion de la première saison, dans le cercle très privé des forums de sociopathes sérievores :

SAISON 1

Je me souviens quand The Sinner est tombé sur le tracker, c’était l’opulence, voire la surabondance, or si l’abondance rassasie, la surabondance écoeure, et on retourne alors au lit se consoler par la diète en lisant bons livres et mauvais comics, et je revois sans mélancolie ce printemps 2019 où même les uppers n’en pouvaient plus (t’es-tu toi aussi aperçu qu’un upper à l’envers est reppu ? ce que le langage est malicieux, tout de même) de donner des grands coups de souris de droite et de gauche, et de racheter des disques durs à la Fnac tous les 4 matins, c’était pas possible que ça continue à ce rythme effréné qui défrayait la chronique d’un tracker somme toute placide et muzo, et d’ailleurs ça n’a pas duré, sauf que la hype passe et que les encodes restent (et les problèmes de crop dans les screens et de bourrinage avec HandBrake, mais je préfère m’abstenir d’évoquer ces problèmes encore douloureux.)
Je crois tellement en Lui que si Bill Pullman
était une femme, je banderais.
Alors j’ai laissé pisser, me mettant Jessica Biel sur l’oreille pour la fumer plus tard.
Et puis je me souviens aussi, c’est ma femme qui m’a vait mis la puce à l’oreille la semaine dernière, « quand tu vas bosser à Orléans le week-end, au lieu de bourrer ton iPad de comics en v.o. auxquels tu n’entraves que pouic, sauf à les sélectionner en fonction de leur pauvreté lexicale comme Stray Bullets dont tu viens de t’enfiler 42 fascicules sans broncher, regarde donc sur la télé du motel un vieux Columbo en v.f. sur TMC, avec un peu de chance tu tomberas sur Martin Landau ou Leonard Nimoy dans les seconds rôles, et tu te rappelleras ainsi d’où tu viens, puisse cela te ramener à plus d’humilité ».
Ce jour-là je me hâtai d’oublier mon iPad, et il en fut comme elle l’avait dit. 
Ayant depuis lors ravalé ma morgue et épongé le tout-venant des séries incontournables, je me penche sur c’t’affaire. Mort de mon âme, au bout de trois épisodes, force est de constater que je dois me rendre à l’évidence, je suis bien en présence d’un croisement entre True Detective et Sharp Objects, avec une atmosphère pesante et pathologique, mmmh, tout ce que j'aime. L’habile et belle Jessica Biel se fait tellement de bile qu’elle coule une bielle, le lieutenant de police a l’air torve d’un ancien ami de mes parents qui virait psychopathe quand il ne prenait pas ses médocs, et j’adore comment c’est filmé, avec tous ces effets de profondeur de champ réduite qui font que c’est pour ça qu’on aime shooter au Canon 5D Mark III.Merci pour ce up.(salutation énigmatique sémantiquement suspecte, mais sans doute équivalente au « Sécurité des Placements à Long terme » évoqué ici.)

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SAISON 2

La saison 2 : l'affaire du Bégonia Maléfique.
Un must-have.
(plus tard dans la nouille)
La saison 2 me laisse sans voix, de par la complexité des personnages, l'originalité de l'histoire, le brio des acteurs, la sobriété de la mise en scène. Bill Pullman est le meilleur ambassadeur de la Bienveillance qu'on ait vu à l'écran depuis le dalaï-lama. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir du verre pilé et du unfinished business en lui, mais il ne la ramène pas avec ça.
Chapeau bas, messieurs (et mesdames).
Et en plus vous n'avez pas de papamobile !
Le pitch-repoussoir a été manifestement pondu par une pauvresse qui voulait décourager les gens bien de regarder la série, se vengeant ainsi d'une promesse non tenue d'avoir un petit rôle dans le casting, bien qu'elle en ait déroulé, du câble, et qu'elle s'avise un peu tard que les promesses n'engagent en général que ceux qui y croivent, comme me l'a appris Polanski en 76.
C'est psychanalytique en diable, mais sans ostentation lacanienne, et Bill Pullman est rayonnant de vulnérabilité. Que ça soit inscrit dans l'écriture de son personnage, et qu'il parvienne à l'incarner à ce point, c'est bluffant. Son visage est un vivant Rorschach, malicieusement évoqué au générique, irradiant pour qui sait décoder le ballet incessant des émotions à la surface de l'âme humaine quand elle est simulée par des acteurs palpant plus de $40 000 par épisode, une empathie qui ne cesse de m'émouvoir, de saison en saison, et pourtant, moi aussi j'en ai déroulé, du câble.

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SAISON 3

L'insistance masculine est un des symptômes de l'emprise.
(photo courtesy of Derek Simmonds)
Et nous voici de retour dans le présent, pour cette saison 3. Elle prend pour thème central l'emprise, qui désigne dans le langage courant le fait de serrer très fort un objet ou un être vivant pour le câliner ou pour l'immobiliser, voire l'étouffer ou l'écraser. 
En psychanalyse, la pulsion d'emprise est d'abord une pulsion non sexuelle, capable de s'unir secondairement à la pulsion sexuelle. En psychologie sociale, le terme désigne le déploiement de violences conjugales ou de manipulations mentales (sectes).
Merci wiki, bon chien d'infidèle, couché, à la niche.
Ce thème était déjà bien présent dans les saisons 1 et 2, mais là, y z'y vont pas avec le dos de la cuiller en bois. La relation de sujétion finement décrite et explorée dans cette saison 3 m'évoquant de manière beaucoup trop précise une passion mutuelle mais toxique, partagée par un garçon avec qui rien n'était vraiment possible car il était de 3 mois mon aîné et surtout avait beaucoup d'ascendant sur moi, m'interdit d'en dire quoi que ce soit d'intelligible, sinon que j'ai rompu la relation avant d'en subir des conséquences aussi graves, et/ou de perdre tous mes points sur mon permis; heureusement, ce n'est que de la télé. Heureusement aussi que Bill Pulmann, c'est un véritable Saint Laïc, et on devrait lui donner une médaille plutôt qu'un masque FFP2, bien parti pour foutre en l'air son jeu facial dès la saison 4.

[EDIT]
Comme Batman, Bill Pulmann n'a pas de blog hyper-secret sur lequel il coucherait complaisamment le récit de ses doutes et de ses errances, pas d'ami virtuel voire imaginaire auquel il avouerait être réconcilié avec ses déficiences les plus flagrantes grâce au bouddhisme, cette philosophie de Vie dont il incarne une forme soft et relativement sexy pour son âge.
Bill Pulmann ne nous bassine pas avec les Quatre Nobles Vérités, Bill Pulmann ne nous tanne pas pour que nous allions méditer au dojo en socquettes dès cinq heures chaque matin, et quand Bill Pulmann accompagne les suspects au seuil de la mort, il ignore si c'est la leur ou la sienne mais il y va quand même. Il sait intuitivement qu'il est là pour remplir sa mission de service public de la police de proximité, LUI.
Bill Pulmann ferait un président présentable, LUI. Bien qu'il soit politiquement incorrect de savoir encaisser sans rendre les coups. Jusqu'à un certain point, comme on le verra au cours de cette fichue saison 3.
De toutes façons, Bill Pulmann sait bien que question d'incarner des vertus, l'attrait vaut mieux que la réclame.

Alors après ça, s'il faut revenir à la trivialité et régler la question de la musique, j'ai bien aimé l'habillage sonore de la saison 3 mais je n'ai trouvé que la 1 dans le commerce. Il me fallait bien un prétexte pour démarrer l'article au lieu de ranger mon bureau.

vendredi 5 juin 2020

La ballade du déconfit né (2020)



A mi-chemin entre le n'importe naouak et le foutage de gueule, voici la nouvelle anthologie du cabinet des curiosités déconfinées.
Enivré par le succès de sa compilation précédente "Collapso is like collabo" (250 000 exemplaires déjà écoulés sur le marché, selon sa belle-soeur Marie-Louise Warsen, myopathe et dyscalculique), John sélectionne 32 morceaux qui ne lui avaient rien fait d'autre que du bien par où ça passe, et les aligne tels des endives endimanchées contre le mur de ses envies pressantes d'écouter des vieux machins assez zonés de nouveautés.
Grâce à sa nouvelle imprimante 3D achetée avec ses Assedic Spectacle maintenant qu'il n'a même plus envie de faire semblant de chercher du travail qui n'existe plus pour les jeunes CDD migrants de 57 ans qui ne peuvent plus rebondir dans la Réalité Réelle Ratée même avec un gros zélastique, il en extrude 50 000 ex du premier coup, juste pour voir venir, et il est salement impressionné par cette techno. 
Il commence à peine à les commercialiser devant le Super U en respectant les gestes barrière avant d'être appréhendé par les flics de la police, sous le fallacieux prétexte que la Sacem n'a rien touché alors qu'elle a tant de bouches inutiles à nourrir en ce moment, et que certaines des chansons gravées sur la galette sont franchement trop "déconfites nées", à l'instar du diamant noir, sinon vachement bronzé de l'anthologie que constitue par exemple la track #12 "Do you want my job", interprétée par Little Village, groupe qui fut jadis le prête-nom et le cache-sexe un peu trop voyant d'un talentueux joueur de slide-guitar qui avait signé la musique de Paris, Texas sous le pseudonyme de Rail Coudé et enregistré un nombre inquantifiable de disques superbes avec des musiciens cosmopolites comme Ali Farka Touré, Bill Frisell et MC Circulaire. 
Quand j'entendis pour la première fois résonner dans mon appentis le chorus cristallin de l'intro de "Do you want my job", ce fut un peu comme quand j'ouïs (sans l'avoir jamais ouï auparavant) "La Bombe humaine" de Téléphone, ce fut une expérience à la fois immanente et transcendante, sauf que là en plus Rail Coudé joue des notes si bleues qu'on jurerait entendre du gel tahiti douche obao fa tomber dans le lagon turquoise en faisant plic ploc, et que quand sa voix imitation créole mâchouillé commence à langourer, on se fait un film paradisiaque sur un atoll pas encore submergé par le réchauffement climatique et les méduses, mais quand on lit les paroles sur la e-pochette, attention à la dégringolade, car en fait le mec y dit : 
"l'air frais descend des montagnes, tandis que je me réveille et m'habille, dans le port le cargo m'attend, en provenance du pays du soleil levant, ils nous envoient leur vieux plutonium, on le décharge pour $2,40 par jour, est-ce que tu veux mon boulot ? je fais le truc, je prends l'argent, comme ça mes gosses pourront porter des Adidas, je me souviens de la douceur de l'air quand je ramenais le poisson à la maison, maintenant on achète la bouffe à l'épicerie parce que le poisson est tout pourri" 
question journée de merde au paradis de la Réalité Réelle Ratée, ce Rail Coudé en connait un rayon, c'est moi qui vous le dis. Un peu l'équivalent tropical-estival du "tube de l'hiver" du regretté Guy Bedos.



https://www.mediafire.com/file/wqm4j9ds5wfj48i/La_ballade_du_deconfit_ne.zip/file

Merci au capitaine Poignard pour sa blague sur Jean-Patraque.

jeudi 4 juin 2020

Wooden Shjips - V (2018)

Le psychédélimsme permettra-t-il aux Amerloques d'oublier Georges Floyd, fils maudit de Pink, que celui-ci avait enfanté avec Tigist Shibabaw, la soeur disparue d'Ejigayehu Shibabaw, la femme de Bill Laswell, elle aussi dans des circonstances troubles ? ça ferait beaucoup de coïncidences, même pour les enquêteurs corrompus du LAPD carburant à la benzédrine et revus par James Ellroy. Faut-il vider une pipette de LSD dans les Miel Pops matinaux de Donald Trump pour le voir réduire la fracture raciale, alors que je croyais que nul névropathe en son pays ?
Toutes ces questions, et bien d'autres encore sont survolées sans qu'il y soit vraiment apporté de réponse claire dans cet album élégant et aérien de rock psyché.

https://woodenshjips.bandcamp.com/album/v
ce qu'on en pense dans le landerneau de la critique semi-pro :
https://lecanalauditif.ca/critiques/wooden-shjips-v/
https://lesoreillescurieuses.com/2018/06/13/wooden-shjips-v/
https://pitchfork.com/reviews/albums/wooden-shjips-v/

mercredi 3 juin 2020

Ted Nugent Facts

Quand la guitare fait mal aux oreilles

Georges Floyd est bien parti pour faire regretter le temps du tango et du Covid-19 à Donald Trump. Après l'armée, il va falloir se résoudre à appeler Ted Nugent, qui est un des derniers fans du Président. A moins que celui-ci se fasse finalement dessouder en fin de mandat, histoire de passer pour un martyr de la connerie et préparer sa réélection en ayant meilleure presse mort que vivant. Le dessoudage de Présidents est un sport national aux Etats-Unis, on peut espérer que Donald ait suscité des vocations, à part le fait qu'en général ils tuent les bons et laissent vivre les mauvais.


Nan mais attendez, c'est quoi cette histoire, et pourquoi impliquer et salir le nom de Ted Nugent dans vos magouilles politico-médiatiques ?

Je sais même pas comment faire ça sous Photoshop
Quand j'étais petit, les philmanoeuvres et leurs marielouises plébiscitaient Ted Nugent et son double album live Gonzo! de 1978 comme un sommet du hard-rock, qui faisait fureur en ces temps bénis des Pionniers. Le sous-commandant Orroz nous avait pourtant bien mis en garde : la nuit, une fois formé le cercle des chariots et les bêtes attachées, il ne fallait pas s'écarter du cône de lumière matérialisé par le feu de camp, car les coyotes femelles hululaient dans l'obscurité, avides de chair fraiche, et on voyait luire leurs petits yeux rouges dans la pénombre. Si malgré ses avertissements, aussi déchirants que ceux que Monsieur Seguin prodiguait jadis à ses chèvres, l'un d'entre nous s'aventurait dans l'obscurité pour assouvir un besoin naturel, il lui arrivait de disparaitre à tout jamais. S'il réintégrait le cercle des cowboys, il était certain d'avoir son pantalon tout crotté, l'oeil trouble et hagard, après s'être fait violenter par une créature de la nuit.
Il mettait alors plusieurs semaines à retrouver son équilibre mental et sa confiance en lui, la main crispée sur la cafetière en émail bleu qui glougloutait, en équilibre instable sur les pierres du foyer : la nuit le rendait nerveux, semblait-il à jamais.
Telle était la rude vie des Pionniers sur le premier forum d'Orroz.

Il y avait un autre Gonzo! à l'époque, c'était Hunter S.Thompson.

Hunter S. Thompson s'entrainant à se tirer une balle dans la bouche avec effet de spin
Osons une analogie hardy sans nous faire tirer laurel : Thompson et Nugent, c'était un peu les Font et Val de la cote Ouest, car ils connurent une trajectoire déclinante aussi parallèle que s'ils avaient été des particules corrélées avec effet de spin :
pendant que Font a viré pédophile - ce qu'on peut considérer comme un suicide artistique quand on est chansonnier libertaire, mais qui est quand même moins grave que d'enculer des enfants - Thompson n'a pas voulu rester en reste, et s'est tiré une balle dans la bouche devant les accusations comme quoi il avait un peu exagéré dans ses articles de journaliste Gonzo! et tandis que l'état de Philippe Val se dégradait, passant de gauchiste à stalinien de la plus belle eau, à condition de la rincer avant, Ted Nugent devenait porte-flingues de l'alt-right et membre actif de la National Rifle Association (NRA), fervent partisan de la peine de mort, de la légitime défense armée et du droit de posséder une arme garanti par le Second amendement de la Constitution américaine, bref adoptait la panoplie du Parfait Connard Américain.
C'est un sale boulot, mais il faut bien que quelqu'un le fasse, sinon comment je pourrais écrire des articles chiadés comme ça ? et je n'invente rien, je l'ai lu sur un blog.
http://rockmeeting.com/chroniques/hard-rock-heavy-metal-power-metal/9184-ted-nugent-the-music-made-me-do-it

Y'avait quand même des signes précurseurs
comme quoi ça pouvait mal tourner
Mais tout cela n'est que broutilles et blagues de carabin dignes d'étudiants en médecine légiste en stage à la morgue de Hanoï pendant la guerre du Vietnam.
Je suis tombé sur un stock de Ted Nugent Facts (ils étaient bien en évidence sur son wiki, je suis con moi) auprès desquels ceux de Chuck Norris font pâle figure.
Jugez plutôt.

En dépit de son militarisme affiché, Ted Nugent a reconnu avoir évité de servir comme conscrit au Viêt Nam grâce à son statut d'étudiant.

À l'âge de 30 ans, Ted Nugent est devenu le tuteur légal de Pele Massa pour éviter d'être accusé de viol. Il a écrit par ailleurs une chanson (Jailbait) sur le fait de violer une petite fille de 13 ans.

En 2005, lors d'une convention de la NRA, il déclare : Pour vous montrer comme je suis radical, je veux que les voleurs de voitures meurent, je veux que les violeurs meurent, je veux que les cambrioleurs meurent, je veux que ceux qui abusent d'enfants meurent, je veux que les méchants meurent. Pas de procès. Pas de liberté conditionnelle. Pas de libération pour bonne conduite. Je les veux morts. Procurez-vous une arme et quand ils vous attaquent, tirez-leur dessus.


Aah, si il pouvait se faire trocuter
sur scène, quelle classe !
En 2007, lors de la campagne présidentielle américaine, il déclare, entre autres : Obama est une merde. Je lui ai dit de sucer mon calibre. En janvier 2014, lors d'un interview donné au site Guns.com, il traite le Président Barack Obama de « sous-homme métissé ».

En mars 2018, il déclare que les étudiants ayant échappé à la fusillade de Parkland et manifestant contre les armes automatiques sont des gamins à la cervelle ramollie et sans âme.


Voilà. Vous avez maintenant les clés du camion pour écrire vous-même vos Ted Nugent Facts.
Et comme en France tout finit par des chansons, je vous ai aussi mis un best of, ça me fait plaisir :
Great Gonzos - The Best of Ted Nugent, qui contient quelques riffs sympatoches, malgré son chant suraigu, qui me fait me demander comment j'ai pu aimer ça, c'était sans doute un jour où j'avais confondu les laxatifs et la testostérone
et comme y'en avait un peu plus, je vous l'ai mis quand même : sur State Of Shock, on entend une technique et une sensibilité guitaristique monstrueuses, en particulier sur "Alone" hymne navrant au Biactol, mais affublé d'un solo pour lequel je tuerais ma mère si elle n'était déjà morte.

https://www.mediafire.com/file/g6ncvte8adcjo82/State_Of_Gonzos.zip/file

et j'ai aussi trouvé le mythique double album live Gonzo!, maintenant ils l'offrent pour tout achat d'une boite de cartouches pour fusil à éléphants démocrates

https://archive.org/details/TedNugentDoubleLiveGonzo

Cette musique a vraiment perdu pour moi tout son pouvoir disruptif.
Allez en paix, bande d'enculés.

mardi 2 juin 2020

[Repost] - Minimal Compact - Deadly Weapons (1984, Reissue 2003)

dimanche 11 janvier 2015

L'épouvante est un remède honorable à la mélancolie.



Dehors, il fait un temps à écouter ça.
Dedans, pas mieux.
Comment résumer cet album ?
Trois options :

1/ Erudition :
Rappelons aux plus jeunes que le groupe était constitué d'Israéliens émigrés en Belgique, mis à part le batteur qui était hollandais. Il est donc parfaitement logique qu'influences orientales et occidentales s'y mêlent. La musique de Minimal Compact pourrait en effet être décrite comme un mélange de cold wave et de musique orientale, comme le fruit des amours de Joy Division et d'Oum Kalsoum...

2/ Pertinence et impertinence :
Laconique commentaire d'un auditeur inspiré sur le forum Guts of Darkness, qui n'était pas d'accord (moi non plus) avec sa critique tiédasse :
Moyen Orient + Belgique 80's + cold wave = boucherie (casher, mais boucherie quand même).

3/ A la Warsen :
Un long cauchemar éveillé, traversé de lamentations, de cris de rage, d'un désespoir ontologique, suintant et mortifère, que rien ne viendra adoucir dans un crépuscule musical permanent, illustration sonore magnifique et glaçante de ma blague préférée de Salman Rushdie dans les Versets Sataniques : "Le monde est l'endroit dont nous prouvons la réalité en y mourant".

Bon, faut dire aussi que quelques joyeux lurons de Tuxedomoon étaient venus leur prêter main-forte.

Pistes préférées : (on s'en cogne la teub contre le mur des lamentations)
The Well
There's Always Now
Nada
Not Knowing
Burnt-Out Hotel

Enjoy !



Pour détendre un peu l'atmosphère plombée, car après tout c'est dimanche et les cyber-forçats ont bien le droit de s'amuser un peu, vous pouvez toujours méditer sur le fait que je sois bêtement content d'avoir retrouvé hier soir sur le forum du cafard cosmique cette citation définitive (j'adore les citations définitives) sur le téléchargement illégal : quand tu aimes la musique sans la payer, c'est comme si tu allais aux putes, tu t'amuses bien, et au moment de payer tu t'enfuis en sautillant, le pantalons sur les chevilles, parce que les macs c'est vraiment des connards.

Donc rien ne doit vous interdire d'acquérir cet album sur Itunes s'il vous a complu, poualokü.

mardi 2 juin 2020

rien n'a vraiment changé
sauf que
plutôt que d'acheter ce somptueux album de Minimal Compact avant de se tirer une balle, ce qui est une façon radicale de guérir la dépression post-Covid, autant l'écouter gratuitement sur bandcamp.
https://minimal-compact.bandcamp.com/album/deadly-weapons

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule Warsen.

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.

mercredi 27 mai 2020

Sonar - The Bill Laswell Mix Translations (2018)

Que Bill Laswell soit un stakhanoviste du dub capable de s'impliquer dans trente-douze projets à la fois et de sortir quelques vingtaines d'albums par an, ça tout le monde le sait, la cause est entendue depuis Gai-luron et Belle Lurette.
Mais qu'il soit encore capable à son âge de faire sonner un quatuor de jazzrock suisse comme si c'était la reformation de King Crimson dans son incarnation des années 2000, j'avoue que je suis impressionné par le bonhomme.
Mille putois ! A son âge, y'a longtemps que j'aurai besoin d'un bâtonnet d'esquimau dans le zguègue pour mimer une telle verdeur.
Et on pourrait se dire, avec Georges Cloné :
Laswell, what else ?
ben justement, y'a du monde au portillon...
https://billlaswell.bandcamp.com/