dimanche 13 mars 2022

20 numéros de Hara-Kiri (1960/1972)

le désir du nirvana, c'est le samsara
"La violence, rétorque Hardin, est le dernier refuge de l'incompétence. Mais je n'ai certainement pas l'intention de déployer un tapis sous les pas des envahisseurs ni de leur cirer les bottes."

Isaac Asimov, Fondation (1966)
Vladimir P. n'a jamais lu son compatriote Isaac A., ou alors il a sauté des pages. Attendu que l'espèce humaine manifeste des velléités enthousiastes pour s'autosuicider comme ça lui arrive quand des autocrates affaiblis et surarmés se voient possédés par le démon de la misanthropie à un niveau galactique, voici vingt numéros du journal Hara-Kiri, collectés autour de l'âge d'or du journal.  
On pourra toujours les relire sous les gravats, en laissant parfois échapper un ricanement blessé, tandis que papigeek pédalera comme Edward G. Robinson dans Soleil vert pour assurer l'alimentation électrique de l'ordinateur à pédales.

Reiser, 1970

les jeux de con du Professeur Choron n'ont pas pris une ride.

Les BD de Reiser ou de Gébé ont mieux vieilli que les "réclames" à la sauce bête et méchante, censées dénoncer et combattre les abus et l'obscénité de la publicité à vocation commerçante qui commence alors à saturer le quotidien, vers la fin des trente glorieuses, à l'orée des trente merdeuses. Les romans-photos transgressifs en matière de sexualité et de socialité ont eux aussi beaucoup perdu de leur pouvoir blasphématoire pour rejoindre le royaume du kitsch, où ils resplendiront dans les siècles des siècles. 
Du rédactionnel à profusion, on était en plein chevauchement de la culture de l'écrit et de celle de l'image, des textes souvent assez poétiques de Cavanna, Gébé, Delfeil de Ton, et toute la bande de gôchistes post-situ et pré-punk qui constituait l'équipe d'Hara-Kiri / Charlie Hebdo dans les années 70.


la pochette promotionnelle du florilège, encore sous son blister translucide :
aussi belle qu'un supplément illustré de Warsenator-dimanche
(l'éditorialiste de légende qui fait la grève des mots pour protester contre la guerre)





le logo du journal, avec une couche alpha habilement glissée dans le .png


samedi 12 mars 2022

Steve Roach Live - Phoenix Synth Fest (2022)

On y croit. On y va. Sur Youtube, c'est presque comme si on y était. Presque.

Deux heures trente d'un concert récent de Steve Roach qui ne donnent pas du tout envie d'envahir la Pologne. C'est toujours ça de pris. 
La piste son du Youtube a été crackée en mp3 à 128 kbit/s devant huissier, avec le célèbre logiciel 4K YouTube to MP3 qui je l'espère n'a pas été développé par les Russes.
Steve avait l'air assez content de rejouer devant du public plutôt que dans le placard à balais sous l'escalier, en plus ça fait des vacances à sa femme, sans doute une sortie prochaine sur Bandcamp, à surveiller, parce que dans le genre, c'est assez réussi. 
Bien que ça ressemble beaucoup à ses derniers albums studio, parce que je n'entends pas bien sur celui-ci ce qui différencie ses prestations "live" de ses recherches quantiques à la cave, pardon, dans la Timeroom (le home studio installé chez lui).
A noter que si le concert est identifié 2/11/22 sur l'affiche, c'est pas parce qu'il va avoir lieu dans le futur, en un encore hypothétique mois de novembre 2022, date à laquelle nous ne savons pas à l'heure où nous mettons sous presse si Christopher Nolan sera en capacité de nous le renvoyer dans le passé à l'aide de son célèbre logiciel réversible Tenet®, mais parce que les ricains écrivent les jours et les mois à l'envers. C'est vraiment pas des gens comme nous, comme on dit à l'OTAN (en emporte le vent).

jeudi 10 mars 2022

Le petit Steve Roach illustré : Une année 2021

Into the Majestic (2021) 

Il y a des disques de Steve Roach qui ronflent et grondent comme un Alligator 427 en approche de Kyiv. Celui-ci, non. C'est même un disque de musique planante comme on n'en attendait plus de la part du recuit de l'Arizona : deux longues plages étirées vers l'infini, et sans doute au-delà, dorées au soleil intérieur de la bienveillance en harmonies majeures et cascades tintinnabulantes, majestueuses comme un Pape à Noël. The Spiral Heart est une rêverie chaleureuse et ouatée, parcourue de ponctuations rythmiques sobres et élégantes. Et pourquoi Steve a-t-il attendu tant d'années pour redécouvrir les vertus d'une stratosphère expurgée des gaz à effet de serre dont il abusa jadis ?
Into the Majestic déroule ses volutes de séquenceurs placides, lumineux, outrageusement lénifiants, qui paraîtront confits dans la sérénité et pour tout dire un peu plan-plan aux aigris crispés sur leurs certitudes que tout fout le camp, sauf l'impermanence et les accords de Minsk. Tant pis pour eux. Les autres seront ravis de faire du surf à la surface de ce lac de montagne miroitant. Le morceau a été créé en concert depuis la Timeroom, et a été diffusé en direct le 24 octobre 2020; le stream en est encore visible ici :

(4/5)
https://steveroach.bandcamp.com/album/into-the-majestic

Temple of the Melting Dawn
 (2021) 
en collaboration avec Serena Gabriel

Steve et Serena visitent le Temple de l'Aube fondue, main dans la main en grignotant du gruyère râpé. Il a amené ses synthés, elle a pensé à apporter ses flûtes, son harmonium de poche, tout ce qu'il faut pour faire une petite session live; sans oublier le picnic, car les femmes savent faire et même penser à plusieurs choses à la fois, contrairement aux mecs qui n'ont qu'une vieille pétoire à un coup. Hormis le morceau In Another Time, plein de charmes anciens et de secrets ouatés et luminescents, le reste se veut une invitation à la contemplation, mais ne m'évoque rien, malgré la présence d'instruments traditionnels. C'est spectral et diaphane, mais ça manque de corps, de narration, d'évènements sonores plus consistants que la trace des chips froissés sur la nappe de l'ambient. Quand Eivind Aarset et Jan Bang partent explorer les territoires inconnus qu'ils génèrent autour d'eux en faisant semblant de n'avoir jamais croisé Jon Hassell, on est toujours étonnés de se trouver là, en cet endroit. Steve et Serena ne font que susciter une somnolence coupable.



As It Is (2021)

Un album pour une fois varié dans sa palette de coloris : la moitié des pièces exsudent des climats vraiment travaillés et originaux (What Falls Away, Threshold Meditation, Emerging) tandis que l'autre moitié du bol contient de la soupe en sachet délayée à l'eau froide, avec les ingrédients habituels, sauf l'ingrédient secret, cruellement absent.

(3/5)



Live at SoundQuest Fest (2021)

Interminable pensum de cascades de friselis d'arpèges harmoniques texturés et programmatiques, sauf pour la dernière piste, sauvée de la langueur monotone par les boites à rythme tribales, comme on le voit sur la vidéo. C'est pas parce que c'est enregistré dans les conditions du direct que ça doit être aussi pénible qu'un disque studio. Evidemment, arrive toujours le moment où Steve lève le nez de ses machines et s'aperçoit que tous les spectateurs sont en train de quitter la salle, il tente alors de sortir de son trouble du spectre autistique en balançant quelques percussions synthétiques imitant à s'y méprendre les tambours d'un vieux sorcier de l'ayahuesca. Aah, si Peter Gabriel n'avait pas inventé par inadvertance le tribal ambient en faisant revenir à feu doux Peter Gabriel 4: Security dans sa cuisine numérique, le dark ambient n'aurait peut-être jamais vu le jour...

Peter Gabriel enfile son masque de chaman
pour faire une blague à son vieux chat cardiaque
Dans l'interview avec Alan Freeman fébrilement retranscrite dans le fanzine White Shadow (#3, pp12), Gabriel nous dit en substance : "J'ai retrouvé une conscience rythmique. Et l'écriture - en particulier avec l'invention de ces boîtes à rythmes - est fantastique. Vous pouvez stocker dans leurs mémoires des rythmes qui vous intéressent et vous excitent. Et puis le groove continuera sans vous , et le groove sera exactement ce que vous voulez qu'il soit, plutôt que ce qu'un batteur pense être approprié pour ce que vous faites."
Ici, dans Live at SoundQuest Fest (2021), à ne surtout pas confondre avec l'excellentissime Live at SoundQuest Fest (2011) il faut attendre le 4ème et dernier mouvement pour que Steve se rappelle de cette interview et retrouve la marche avant, comme avant. 
Ah c'est sûr que si tout le concert avait été du même tonneau, on aurait moins mégoté sur l'entouziasme. Du coup on va visionner la vidéo du non-évènement
et là, on capte l'aspect physique de la prestation (à partir de la cinquantième minute) vécue dans le champ expérimental et intersectionnel
et on fait un ajout à la Rétrospective qui fut la meilleure anthologie de Steve réalisée après l'écoute sous contrôle d'huissier des 257 albums de sa discographie récente

(2/5)

Beyond Earth & Sky (2021)
en collaboration avec Michael Stearns

Michael Stearns est surtout connu pour ses musiques de films documentaires méditatifs et anxiogènes, sauf pour les effondrologues (Baraka, Samsara) films qui s'inscrivent dans la lignée de la trilogie Koyaanisqatsi produite dans les années 80 par Francis Ford Coppola et qui dénonçait, je cite, "
les prémisses de notre société ultra-libérale, où tout est marchandise, même l’homme, tiraillé entre son désir de possession et l’asservissement induit par celui-ci." 

http://www.slate.fr/story/69837/samasar-un-autre-documentaire-est-possible



les musiques de Michael Stearns
dans les films de Ron Fricke,
c'est quand même quelque chose,
même sans la 8K Digital HD.
Surprise : en collaborant pour la première fois depuis 1995 avec Steve Roach, 
Michael Stearns lui apporte une syntaxe plus articulée, un espace plus vaste, et lui offre un vrai tremplin pour éviter l'appauvrissement cognitif et relationnel qui le guette chaque fois que sa femme oublie de planquer les clés du studio d'enregistrement et qu'il passe des journées entières à y faire ses petites expériences hébéphrènes : simuler encore et encore des phénomènes biologiques ou météorologiques en secouant quelques molécules dans une éprouvette, dans son labo creusé à flanc de montagne sous la salle à manger, puis réduire son interaction au minimum et se contenter d'observer ce qui se passe - c'est cela qui est donné à voir dans les vidéos de ses concerts : il se déplace précautionneusement entre des murailles de synthétiseurs analogiques, titillant un potentiomètre ici, effleurant un curseur là, attentif à ne pas interférer avec l'expérience en cours, comme si ses séquenceurs étaient bourrés de chats de Schrödinger. Ici, il y a des intentions, un tempo, des harmonies, de l'amplitude, tout ce qui fait défaut par défaut à son usine de galettes ambientes. Comme le résume un auditeur attentif : Just beautiful soundscapes that capture nature in all its glory.

(5/5)


Epilogue : je découvre que ♫ Piero Scaruffi's Music Database dispose de plein d'entrées sur Steve Roach. Je vais pouvoir comparer nos notes, pour voir s'il classe lui aussi Steve Roach à la rubrique des cavaliers de l'Apocalypse, au même titre que la Conquête, la Guerre, la Famine, la Mort, l'Epidémie, et la compile de John Warsen.

mardi 8 mars 2022

[Repost] Metal Hurlant #6 à 10 (1976)

Une erreur s'est glissée dans l'illustration :
c'est la couverture de Metal #15
mer. 26 août

http://www.megaupload.com/?d=IQDTGBEG
(attention, ne clique pas, ça fait longtemps que ce lien est obsolète, tu risques d'être redirigé vers Russia Today, toujours accessible par ordi alors qu'il ne l'est plus sur smartphone. C'est ça, la dictature numérique. Joe Staline reviendrait, il ne serait pas content.)



lun. 7 mars

Souvenez-vous. C'était hier. En 1976, Métal Hurlant est interdit aux mineurs, et en même temps devient mensuel. 
Dans un numéro de Métal hurlant, une drôle de signature est apparue. Celle d’un certain Joe Staline. Les lecteurs se sont interrogés. Qui est ce mystérieux Joe Staline ? Philippe Manœuvre ? Jean-Pierre Dionnet ? Un autre journaliste de Métal ? Un pseudonyme collectif que chacun peut emprunter à sa guise ? Nous n’avons jamais révélé son identité. Joe Staline est resté un inconnu célèbre, un mystère vivant, un éternel point d’interrogation. Je crois que l’heure est venue de lever le voile. Joe Staline, c’était moi. Enfin, la plupart du temps, à hauteur de 80 %. Dans 10 % des cas, c’était Manœuvre, et les 10 % restants se partageaient entre d’autres rédacteurs ou dessinateurs, comme Luc Cornillon. L’idée d’utiliser ce pseudo m’est venue en feuilletant un livre intitulé Joseph Staline, ma vie secrète, écrit par Alain Paucard, l’un des collaborateurs de Métal. Je l’avais déniché dans la librairie de celui-ci, un authentique repaire de gauchistes. Sur Internet, quelqu’un que je ne connais pas se fait passer pour ce bon vieux Joe en signant « Jo Staline », sans « e ». Méfiez-vous des imitations. C’est un faux, un fake, un imposteur, un usurpateur. Il n’y a qu’un seul et unique Joe Staline.
Joe Staline était un autre moi. C’était mon garde-fou, celui qui me ramenait dans le droit chemin quand je m’égarais. C’était mon ange gardien, ou plutôt mon petit diablotin. Comme dans les dessins animés de Tex Avery, où l’on voit le loup entouré de deux démons qui lui indiquent la marche à suivre, et le pauvre loup ne sait pas quoi faire, on le sent perdu, tiraillé entre deux injonctions contradictoires. Joe Staline écrivait des choses que je ne pouvais pas me permettre d’écrire. Il était sévère avec moi. Il critiquait mes choix éditoriaux et mes lubies du moment. À Métal, j’avais choisi de ne pas avoir d’idéologie précise. Chacun était libre de dire, d’écrire et de dessiner ce qu’il pensait afin d’exprimer sa vision du monde. Je ne censurais personne, par conviction et par intérêt, car je tenais à ce que le journal accueille toutes les expressions. Il n’y avait que deux sujets tabous : l’antisémitisme et la pédophilie. Pour le reste, je laissais faire, même si je n’étais pas toujours d’accord. Joe Staline pouvait être réactionnaire. Quand on lui en faisait le reproche, il répondait par l’une de ses maximes favorites, selon laquelle « les avions à réaction avancent plus vite que les avions à hélices ». Il était beaucoup plus intelligent que moi. Il me servait à défendre un disque ou un livre que je ne pouvais pas défendre sous mon nom, car je me serais trouvé en contradiction avec un autre de mes articles. Il pouvait dire n’importe quoi, professer les idées les plus subtiles comme les pires stupidités. Il était l’enfant naturel de Léon Bloy et de Jules Barbey d’Aurevilly. Son esprit volait bien plus haut que le mien.
Mes moires, un pont sur les étoiles by Jean-Pierre Dionnet




La Russie est redevenue l'URSS, c'est normal que Métal reparaisse.
Reviens, Joe, ils sont devenus fous. 

lundi 7 mars 2022

[Repost] Metal Hurlant #1 à 5 (1974/75)

Acier couinant, le vrai. Le seul.
dim. 23 août 2009

...parce que l'été est la période idéale pour lire la Machine à rêver,  le livre consacré à ce perturbé précepteur de mon adolescence... et parce que j'ai trouvé des scans des premiers numéros. 
http://www.megaupload.com/?d=XGVWK5YG
(attention, ne clique pas, ça fait longtemps que ce lien est obsolète)

dim. 6 mars 2022

- parce qu'on n'a rien fait de mieux depuis l'invention de Métal Hurlant,
- parce que les tentatives de réinvention successives se sont avérées aussi décevantes qu'une bonne décharge au défibrillateur sur une personne en état de mort cérébrale
- parce que l'équipe qui a repris le magazine l'an dernier s'est faite virer au bout du premier numéro du reboot
et que le numéro 2 de la nouvelle formule est un "digest" de la première mouture sous la houlette de Jerry Frissen.

L'ancien numéro 2. Le seul, le vrai.
Quand j'étais petit, le numéro 2 d'Acier couinant fut très vite épuisé, et introuvable, et je pensais devenir riche en entrant en possession de la reliure des numéros un à quatre, après plusieurs années passées à le rechercher, aujourd'hui les copies numériques ont ruiné le marché et je suis aussi pauvre qu'un oligarque russe, mais je peux quarante-cinq ans plus tard l'exhiber fièrement à tous les passants, bien qu les scans ne soient pas les miens.


N'achetez pas à un revendeur à la sauvette le "nouveau" Métal Hurlant, c'est une resucée du vieux.
Préférez l'original, au goût Métal !




Le nouveau numéro 2.
Pas vraiment une contrefaçon.
Plutôt un fac-similé.


samedi 5 mars 2022

Francis Lalanne - Le Champignon nucléaire (1981)

Il n’y a pas plus anxiogène, même pour des Princes de l’inquiétude, que de regarder ces pauvres Ukrainiens se faire massacrer. Même en leur envoyant des sous par le truchement des ONG pour financer l'achat (à prix discount dans les parapharmacies qui auraient pu rester ouvertes après le passage des bombardiers à basse altitude) de sparadrap et de mercurochrome, suite aux échardes récoltées dans le pouce gauche et autres petits bobos de la vie auxquels on s'expose après avoir pris sa maison sur la tête et un obus dans sa blanquette.
Enfin, si, ce qui se profile d'encore plus anxiogène, c’est le chantage au nucléaire - destruction des infrastructures civiles au risque calculé d’un Tchernobyl 2 encore mieux que le 1, « dissuasion » du nucléaire militaire par la menace de l’utiliser et la crainte de l’embrasement généralisé conséquent. Qui a parlé « d’équilibre de la terreur » ? Pour l'instant, elle est unilatérale.
En 2010, Poutine disait qu’il irait buter les terroristes tchétchènes jusque dans les chiottes, on découvre aujourd’hui que le terroriste, c’est celui qui le dit qui y est. 
Et ça ne date pas d'hier, comme le documntaire " Poutine - Le retour de l'ours dans la danse" le montre.


ça m’a rafraichi sur Vladimir, mais ça ne m’a pas remonté le moral.
Ils font une journée spéciale guerre en Ukraine aujourd’hui à partir de 13h15, à éviter si votre tension excède déjà 14/9. Une chance supplémentaire de mourir surinformé pour les autres. Je vais aller au marché acheter des huitres, tiens. Tant qu’il en reste.
Pour l'instant, pas beaucoup de volontaires pour aller nettoyer les cagoinces à Moscou.
Et si on parachutait Francis Lalanne et son champignon nucléaire sur le Kremlin, après l'avoir fait monter à bord d'un Alligator 427 sous un fallacieux prétexte ? 
Les conspirationnistes sont fragiles, crédules, et prompts à se laisser embobiner. Francis, pardon d'avance, dieu sait que je t'ai aimé quand on était jeunes toi et moi, mais là tu trouverais une utilité sociale kolossale, et la notion de chanteur engagé prendrait tout son sens. Et on ferait d'une pierre deux coups. 


Sinon, j'ai un nouveau copain croisé à vélo cette semaine qui serait d'accord pour y aller, l'ennui c'est qu'il est en 2D sur une cabane du bord de Sèvre.


Ce qui serait pire, bien sûr, c'est que 
Dame Fortune nous ait fait naitre Ukrainiens, auquel cas nous ne serions point ici à pérorer, mais à tenter de survivre sous les bombes, et expérimenter ce postulat qu'on m'a rapporté tantôt : celui qui n'a pas vécu la guerre ignore tout des vertus de la prière.
(vertus auxquelles on a bien sûr consacré des bibliothèques entières)

jeudi 3 mars 2022

Vladimir P.'s House Music_Hidden Tracks (2022)

Chacun réagit à l'agression de l'Ukraine à la hauteur de ses moyens. Puisque L’OTAN va parachuter 200 000 promesses de soutien, pour ma part j'ajoute 3 titres à mon florilège Vladimir P.'s House Music
http://jesuisunetombe.blogspot.com/2022/02/vladimir-ps-house-music-2022.html


Après avoir envoyé hier une poignée de roubles à la Croix Rouge, malgré la modestie de mes revenus, ces titres se sont imposés à moi, et quasi-bousculés dans l'antichambre de ma conscience pour intégrer la compilation de soutien sortie samedi dernier.

- "Kalashnikov" par Goran Bregović, issu de la bande-son de Underground, le film de Kusturica qui relate le parcours de résistants clandestins enfermés dans une cave, depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu'aux années 1990. A partir du destin croisé de deux amis, Marko et Blacky, depuis la résistance contre les nazis jusqu’aux milices serbes de Mladic en passant par les sommets de l’appareil d’Etat titiste, Underground trace une parabole sur l’histoire de la Yougoslavie de 1941 à 1991, un tourbillon allégorique qui sécrète de multiples questions, quelques réponses et beaucoup de confusion. 
Qu’est-ce que cela fait d’avoir grandi dans un pays qui n’existe plus ? Que faire de son encombrant fardeau de nostalgie ? Qu’est-ce que l’Histoire, comment s’écrit-elle, quels sont ses rapports avec l’idéologie ? Dans le couple Histoire/Idéologie, comment le cinéma et les images tiennent-ils la chandelle ? Comment les résistants d’hier se transforment-ils en salauds d’aujourd’hui et vice versa ?
https://www.lesinrocks.com/cinema/underground-2-99341-25-10-1995/
La polémique "Underground" avec l'indispensable BHL qui n'avait même pas vu le film avant de hurler "à l'assassin! "
http://www.kustu.com/w2/fr:polemique#le ... henri_levy
Toutes les musiques écrites par Goran Bregović pour les films de Kusturica sont magnifiques. On a surtout entendu celles de Arizona Dream, mais il faudra revenir sur les autres, ainsi que sur sa carrière post-cinéma.

- "Chérie c'est la guerre" par Sanseverino : on dirait qu'il vient de voir le Underground de Kusturica et qu'il en fait un palimpseste chanté :

c'était sur cet album, oui madame.
Des punks à chiens en limousine traversent la campagne de Serbie
De vieux dirigeants yougoslaves leur jettent des hosties
Ils ont le visage de Tito et le corps de Françoise Sagan
Mais ils ressemblent à s'y méprendre à Michel Blanc
Un vieil empereur en porte-jarretelles, la fiole de poppers à la main
Parle à sa cour des privilèges et leur dit "C'est pour demain !"
Et puis là, c'est la déferlante. Des vagues de haine xénophobe
Commencent à dévaster l'Europe et puis après, c'est tout le globe
Chérie, c'est la guerre !

C'est rare de voir Sanseverino partir sur une inspiration surréaliste, souvent ça tourne à vide, et je suis le premier à le déplorer. Là, il y a un petit côté Garcia Marquez, il faut en profiter, ça durera pas aussi longtemps que la guerre les impôts.

- "Alligators 427"  par Hubert-Félix Thiéfaine : les joyeux débuts du prophète auto-proclamé de l'Apocalypse Permanente et Inoxydable, qui ne fut jamais meilleur que dans cette funèbre et effroyable ritournelle propre à enterrer tous les effondrologues sous les gravats passés, présents et futurs. 

Ils arrivent, et je n'ai rien à me mettre.

Quelqu'un a prétendu sur Internet que Alligator 427 était le nom de code de l’armée américaine pour désigner les bombes nucléaires utilisées au Japon en 1945, mais je ne retrouve rien sur ce fait pseudo-historique, surtout depuis que Russia Today n'est plus accessible en ligne. Je pense qu'il a confondu avec "Arigato 427", qui était l'indicatif qu'il fallait composer sur les vieux téléphone à cadran dans la sous-préfecture de Kyoto pour joindre l'opératrice afin qu'elle vous passe le 22 à Asnières, et ce n'est pas très grave. En faisant des recherches sur cette chanson, j'apprends que c'est la terreur du cancer qui l'a inspirée à Hubert-Félix, cancer qui s'est révélé ensuite n'être qu'une carence en vitamines liée à la malnutrition, parce que le début de sa carrière fut peu nourrissant.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alligators_427

Heureusement que  « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux. Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots », comme nous le disait Alfred de Musset en sortant du Palace, et Hubert Félix ne tarda pas à accéder au rang de Prince de l'Inquiétude et à succomber aux charmes d'une alimentation riche en protéines grâce au relatif succès de ses requiems pour flippés.



mercredi 2 mars 2022

Guerre en Ukraine : comment apporter de l’aide aux civils ?

Hamburger Film Sandwich (1977)

Les blindés se rapprochent de Kiev. 
La destruction de l'Ukraine et de ses habitants s'amplifie. 
Que faire, à part éteindre la télé et lire Russia Today avec le doux frisson de l'interdit ?
Le journal Le Monde suggère d'aider les populations civiles, dans un article que je n'ai pas besoin de pirater, car il est gratuit.
https://www.lemonde.fr/international/article/2022/02/28/guerre-en-ukraine-comment-apporter-de-l-aide-aux-civils_6115618_3210.html
J'envoie tout de suite 100 balles à la Croix Rouge, parce qu'on n'a qu'une vie, sauf quand on la perd.
Un des commentateurs ajoute même :
Et si vous voulez aider les militaires ukrainiens à rester en vie (ex : jumelles nocturnes) , il y a la fondation ukrainienne réputée très fiable Come Back Alive
comebackalive.in.ua
Si ça peut éviter quelques mésaventures...
Et pour une fois qu'un article du Monde n'est pas trollé par les pro-Russes, ça se fête ! 
Vodka pour tout le monde ! 
Ah flûte, avec le blocus économique des Russes,  y'en a déjà plus.
Et comment réagiraient les pingouins de Xavier Gorce ?
ah mais putain de Poutine, je prends presque autant de Cortisone que lui et Pompidou réunis, mais en quelques clics je les retrouve, mes pingouinous !

samedi 26 février 2022

Vladimir P.'s House Music (2022)





« Concernant ses valeurs fondamentales, jusqu’à quel point un individu préfère-t-il mourir plutôt que de faire des compromis et vivre ? Des millions de gens, à l’époque contemporaine, ont été confrontés à la décision de savoir si, pour sauver leur vie, ils seraient ou non disposés à trahir leurs amis ou leurs proches, à complaire à un dictateur, à vivre en esclavage ou à préférer l’exil. Les nations et les sociétés ont parfois à prendre collectivement des décisions similaires. Toutes ces décisions impliquent des paris sur l’avenir, faute de la certitude que la perpétuation de certaines valeurs conduise à l’échec ni leur préservation au succès. (..) Parmi les cinq petits pays d’Europe de l’Est confrontés à la puissance irrésistible des armées russes, les Estoniens, les Lettons et les Lituaniens ont renoncé à leur indépendance en 1939 sans combattre, alors que les Finlandais se sont battus en 1939-1940 et ont sauvegardé leur indépendance ; les Hongrois, eux, se sont battus en 1956 et ils ont été défaits. Qui d’entre nous peut dire quel pays a été plus sage et qui aurait pu prévoir à l’avance que seuls les Finlandais gagneraient leur pari ? »


 Jared Diamond. « Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie » (2005)

jeudi 24 février 2022

[Repost] Mark Lanegan - Elégie Funèbre (2014)

ven. 8 juin 2018

Quelque part dans le Multivers, plus précisément sur Terre_42, il existe une version de la bande son de la saison 2 de Lésion exclusivement composée de fragments de La mort d'Orion de Gérard Manchié (je suis d'accord que son nom diverge un peu trivialement de celui qu'il porte sur notre bonne vieille Terre_13).
Gérard avait Orion,
nous on a l'Ukraine.
Rappelons à nos plus jeunes lecteurs tentaculaires et/ou pseudopodés que la mort d'Orion, dans la plupart des mondes connus, c'est un opéra rock concocté en studio par Gérard Manset au début des années 70, un invraisemblable salmigondis musical à base de space opéra, de nuages de violons gorgés de reverb, de bouts de scénario galacticoedipiens déclamés par des mercenaires de la Comédie Française qui à l'époque faisaient aussi des piges pour "les grands disques de l'aventure" car j'ai reconnu des voix issues de Blake et Mortimer contre la marque Jaune et de Bob Morane contre l'ombre jaune aussi, bref la mort d'Orion c'est un artefact alien à nul autre pareil dans l'histoire de l'onirisme musical français, un geste d'une originalité et d'une audace comme il n'y en a qu'un par décennie et par galaxie...
Voici donc la version du cantique de fin d'album qui a fait fureur sur Terre_42 dans la saison 2 de Lésion, reprise par le farouche Farouk (dont nul n'ignore que c'est le pseudo scénique le plus usité de Gérard Manchié, et vu qu'il n'a plus de corps depuis la saison 1 de Lésion ce n'est guère étonnant qu'il ait de tels problèmes intestinaux) et l'abrasif Mark Lanegan, qui est décidément partout sauf là où on l'attend pour le Ramadan.



Je l'ai trouvée là, assortie de commentaires de l'intéressé.

http://gonzai.com/rencontre-avec-une-armoire-a-grace/

et la version Lanegan tout seul, en provenance de Terre_43



qui est encore plus meilleure, je trouve; apparemment, Lanegan s'est impliqué dans tellement de collaborations diverses ces dernières années, qu'il y aurait de quoi faire plusieurs compilations pour les regrouper, je ne sais pas ce qui m'empêche de faire une crise maniaque et de m'y mettre.

jeu. 24 février 2022

Fin de partie pour Mark Lanegan. C'est bien triste. 


Finalement, il semble que survivre à des addictions aussi puissantes que l'alcool ou l'héroïne ne rende pas immortel. 
En plus d'être triste, je suis déçu.
En tapant "Lanegan" dans le moteur de recherche interne de mon blog, il se passe des trucs. 
Ou pas.