Le Parti pirate à l'abordage de l'Europe
LE MONDE | 12.12.09 | 14h31 • Mis à jour le 13.12.09 | 09h19
En cet été 2009, une élection législative partielle se prépare dans la 10e circonscription des Yvelines (Rambouillet). Huit candidats se présentent, dont Maxime Rouquet, 23 ans, ingénieur informatique travaillant dans le jeu vidéo. Il est le candidat officiel du Parti pirate, groupuscule inconnu du grand public, mais célèbre auprès des jeunes internautes en révolte contre le projet de loi Hadopi, qui réprime les téléchargements illicites sur Internet. L'élection des Yvelines tombe à pic, car "Hadopi 2" arrive à nouveau devant le Parlement.
M. Rouquet est novice en politique : "C'est Hadopi qui m'a décidé à m'engager. Un texte injuste, mal fichu, techniquement irréaliste." Au printemps, pour essayer d'en savoir plus, il était allé assister aux débats parlementaires : "J'ai été atterré par l'absentéisme des députés, et leur suivisme. Beaucoup ne savaient pas ce qu'ils votaient. J'ai compris que la seule façon d'intervenir efficacement, c'était la voie politique directe."
Il entre en contact avec le Parti pirate de France - une communauté de quelques centaines de jeunes passionnés, très vivante sur Internet mais existant assez peu dans le monde réel. Cette fois, les militants décident de soutenir l'initiative de M. Rouquet et de son colistier Laurent Le Besnerais, un informaticien au chômage de 34 ans. Les deux hommes se lancent dans la bataille de Rambouillet avec une poignée de militants. Ils font surtout campagne sur Internet, car c'est gratuit. Seule vraie dépense, les bulletins de vote, qu'ils paient de leur poche.
Au premier tour, le 17 septembre, M. Rouquet obtient 472 voix, soit 2 % des suffrages. Or les sondages indiquent que, pour le second tour, le sortant Jean-Frédéric Poisson (UMP) et la candidate écologiste Anny Poursinoff sont à égalité. Aussitôt, les Verts viennent rappeler à M. Rouquet qu'ils se sont toujours opposés à la loi Hadopi, mais M. Poisson contre-attaque en faisant savoir que lui non plus n'était pas favorable à cette loi, et qu'il n'a pas participé au vote. Du coup, les pirates ne donnent pas de consigne de vote pour le second tour. M. Poisson l'emporte avec cinq voix d'avance. Pour M. Rouquet, le bilan est clair : "Si je m'étais désisté en faveur des Verts, ils auraient sans doute gagné. Le Parti pirate a prouvé qu'il pouvait peser sur les événements."
Tout en étant autonome, le Parti pirate de France se considère comme la section française du Parti pirate international (PPI), présent dans une trentaine de pays en Europe. Les leaders incontestés sont les Suédois, qui ont créé le mouvement dès 2006. Un an plus tôt, le gouvernement suédois, après des années de laisser-faire, avait fait voter une loi réprimant le partage de fichiers sur les réseaux peer to peer - notamment le site de partage The Pirate Bay, l'un des plus actifs du monde. Or cette loi, puis les poursuites entamées contre The Pirate Bay déclenchent une révolte profonde au sein de la jeunesse suédoise.
En quelques mois, le mouvement spontané débouche sur la création d'un vrai parti politique, qui, par défi, reprend le nom de "pirate". Très vite, il s'implante dans toute la Suède et se dote d'un programme ambitieux, fondé sur la défense des libertés individuelles et la libre circulation de la culture sur Internet. Fin 2009, il compte plus de 50 000 membres, ce qui en fait le troisième parti suédois en nombre d'adhérents, loin devant les Verts. Il a aussi une association de jeunesse, agréée et subventionnée par l'Etat. Aux élections européennes de juin 2009, il remporte 7,1 % des voix. Sa tête de liste, Christian Engström, un informaticien de 49 ans, patron de PME et ancien membre du Parti libéral (centre droit), est élu député.
Depuis juillet, M. Engström est installé dans un bureau anonyme de l'immense bâtiment du Parlement européen de Bruxelles. Seul signe distinctif, il a accroché au mur le fier étendard de son parti : sur fond violet vif, une voile de navire noire, comme celles des pirates du temps jadis. Sur la question des téléchargements, M. Engström est très subtil : "En tant qu'élu, je n'ai pas le droit d'inciter les citoyens à commettre un acte illégal, mais je peux me réjouir de voir que, partout en Europe, on continue à partager librement des oeuvres culturelles sur Internet. J'ai vérifié : dans mon pays, se réjouir, c'est légal, ce n'est pas de l'incitation."
M. Engström siège au comité de conciliation entre le Conseil et le Parlement chargé de finaliser la grande directive sur les télécoms. Selon lui, dans sa dernière version, le texte européen rend la loi française Hadopi inopérante : "Il exige que chaque accusé soit présenté devant un juge, qui devra l'entendre. Cela va considérablement ralentir la procédure, sans doute la paralyser." Plus généralement, M. Engström se bat pour instaurer des mesures juridiques et techniques qui protégeront la vie privée et l'anonymat des internautes européens.
Il imagine déjà une vaste réforme des lois sur la propriété intellectuelle, visant à démanteler un système jugé obsolète et injuste. Il reconnaît l'utilité des copyrights sur les oeuvres culturelles dans le cadre des échanges commerciaux, mais à condition que leur durée ne dépasse pas cinq à dix ans. Au-delà, c'est le domaine public qui est spolié par les intérêts privés. En revanche, pour les échanges non commerciaux, y compris le partage sur le Net, il prône l'abolition pure et simple du copyright. Quant au droit d'auteur à la française, il s'attend à le voir disparaître à brève échéance : "L'Europe a besoin d'un marché unique et d'une législation harmonisée dans le secteur culturel comme dans les autres."
Le Parti pirate suédois militera aussi pour la disparition progressive des brevets industriels, accusés de freiner la diffusion des connaissances, d'entraver l'innovation, et de servir surtout à préserver des monopoles et à enrichir les cabinets juridiques. Depuis Bruxelles, il va soutenir les pays comme l'Inde, qui approvisionne le tiers-monde en médicaments à des prix abordables, sans toujours respecter les brevets des laboratoires pharmaceutiques occidentaux : "Si les pays riches réussissent à bloquer ces livraisons, des millions de malades pauvres mourront. Nous serons tous coupables de meurtre de masse."
Avec la ratification du traité de Lisbonne, la Suède dispose depuis le 1er décembre de deux sièges supplémentaires au Parlement européen. L'un d'eux revient à la responsable de l'association de jeunesse du Parti pirate, Amelia Andersdotter, qui était en deuxième position sur la liste pour les élections européennes. Quand elle dit à des inconnus qu'elle est députée européenne, personne ne la croit : "Ça vient encore de m'arriver avec un douanier suisse et un producteur de la BBC", explique-t-elle dans un éclat de rire. Les incrédules ont des excuses, car, à 22 ans, Mlle Andersdotter a gardé l'allure et la garde-robe d'une lycéenne espiègle et insouciante : "Je n'étais même pas volontaire, ma candidature a été proposée par des amis. Ma vie va changer."
Mlle Andersdotter prend son nouveau métier au sérieux. Elle a interrompu ses études de mathématiques et envisage de s'installer à Bruxelles. Elle a déjà choisi ses dossiers prioritaires : limitation du copyright, mais aussi encadrement plus strict des fichiers de police, meilleur transfert des technologies vertes vers le tiers-monde : "En s'intéressant aux politiques de l'information au sens large, on touche à presque tous les domaines." Mlle Andersdotter pense déjà aux élections législatives suédoises de septembre 2010. Elle sait que son rôle sera déterminant : "Si, d'ici là, le Parti pirate prouve qu'il est efficace au sein des institutions européennes, nous allons gagner encore beaucoup de voix."
L'exemple suédois a inspiré les jeunes de toute l'Europe du Nord, à commencer par l'Allemagne. A Berlin et à Hambourg, le terrain était favorable : les clubs politico-informatiques comme le Chaos Computer Club et les "hackers spaces" (espaces de création et de recherche numériques ouverts à tous) y ont pignon sur rue depuis des années. Aujourd'hui, avec près de 12 000 membres, le Parti pirate allemand est le deuxième d'Europe. Dans plusieurs villes, des cadres aguerris du parti des Verts démissionnent pour rejoindre cette nouvelle avant-garde. Les pirates allemands se préparent à présent pour les élections régionales de Rhénanie-Westphalie en mai 2010. Ils s'attendent à faire un bon score, car, dans cette région, les jeunes peuvent voter dès l'âge de 16 ans.
En France, les progrès sont plus modestes, mais l'élection des Yvelines a changé la donne. En octobre, le Parti pirate a déposé ses statuts, pour avoir enfin une existence légale. Le trésorier, Valentin Villenave, un professeur de musique de 25 ans, explique que le plus dur a été d'ouvrir un compte en banque : "En France, avec un nom comme le nôtre, on n'est pas accueilli à bras ouverts par les banquiers. Il a fallu faire intervenir la Banque de France." Les adhésions sont ouvertes, mais, dans un premier temps, les responsables ont décidé de filtrer les candidatures. M. Villenave explique que cette prudence est indispensable : "Nous avons été victimes de plusieurs tentatives de prise de contrôle par des militants de partis de gauche, puis de droite. En un sens, c'est la preuve que nous sommes devenus un vrai enjeu, mais nous sommes encore fragiles, nous devons nous protéger."
Malgré le manque d'effectifs, les pirates français essaient de s'organiser pour les régionales de mars 2010, et espèrent monter des listes notamment en Bourgogne et en Ile-de-France. Ils vont peut-être recevoir un peu d'aide de l'étranger, car les militants européens ont décidé de se réunir en congrès à Bruxelles en février 2010, pour donner au PPI une existence légale, et en faire un organe de coordination permanent. Ensemble, ils rêvent de créer le premier vrai parti paneuropéen.
Yves Eudes
... et moi je dis qu'en termes de programme politique, le programme pirate c'est quand même le nivellement par le bas, surtout quand on voit ce que les pirates se partagent sur les plateformes dédiées...
...d'un autre côté, ils partageraient "mettez ici vos contenus culturels préférés", ça serait carrément immoral et surtout vos artistes préférés crêveraient la dalle si ce n'est déjà fait.
LE MONDE | 12.12.09 | 14h31 • Mis à jour le 13.12.09 | 09h19
En cet été 2009, une élection législative partielle se prépare dans la 10e circonscription des Yvelines (Rambouillet). Huit candidats se présentent, dont Maxime Rouquet, 23 ans, ingénieur informatique travaillant dans le jeu vidéo. Il est le candidat officiel du Parti pirate, groupuscule inconnu du grand public, mais célèbre auprès des jeunes internautes en révolte contre le projet de loi Hadopi, qui réprime les téléchargements illicites sur Internet. L'élection des Yvelines tombe à pic, car "Hadopi 2" arrive à nouveau devant le Parlement.
M. Rouquet est novice en politique : "C'est Hadopi qui m'a décidé à m'engager. Un texte injuste, mal fichu, techniquement irréaliste." Au printemps, pour essayer d'en savoir plus, il était allé assister aux débats parlementaires : "J'ai été atterré par l'absentéisme des députés, et leur suivisme. Beaucoup ne savaient pas ce qu'ils votaient. J'ai compris que la seule façon d'intervenir efficacement, c'était la voie politique directe."
Il entre en contact avec le Parti pirate de France - une communauté de quelques centaines de jeunes passionnés, très vivante sur Internet mais existant assez peu dans le monde réel. Cette fois, les militants décident de soutenir l'initiative de M. Rouquet et de son colistier Laurent Le Besnerais, un informaticien au chômage de 34 ans. Les deux hommes se lancent dans la bataille de Rambouillet avec une poignée de militants. Ils font surtout campagne sur Internet, car c'est gratuit. Seule vraie dépense, les bulletins de vote, qu'ils paient de leur poche.
Au premier tour, le 17 septembre, M. Rouquet obtient 472 voix, soit 2 % des suffrages. Or les sondages indiquent que, pour le second tour, le sortant Jean-Frédéric Poisson (UMP) et la candidate écologiste Anny Poursinoff sont à égalité. Aussitôt, les Verts viennent rappeler à M. Rouquet qu'ils se sont toujours opposés à la loi Hadopi, mais M. Poisson contre-attaque en faisant savoir que lui non plus n'était pas favorable à cette loi, et qu'il n'a pas participé au vote. Du coup, les pirates ne donnent pas de consigne de vote pour le second tour. M. Poisson l'emporte avec cinq voix d'avance. Pour M. Rouquet, le bilan est clair : "Si je m'étais désisté en faveur des Verts, ils auraient sans doute gagné. Le Parti pirate a prouvé qu'il pouvait peser sur les événements."
Tout en étant autonome, le Parti pirate de France se considère comme la section française du Parti pirate international (PPI), présent dans une trentaine de pays en Europe. Les leaders incontestés sont les Suédois, qui ont créé le mouvement dès 2006. Un an plus tôt, le gouvernement suédois, après des années de laisser-faire, avait fait voter une loi réprimant le partage de fichiers sur les réseaux peer to peer - notamment le site de partage The Pirate Bay, l'un des plus actifs du monde. Or cette loi, puis les poursuites entamées contre The Pirate Bay déclenchent une révolte profonde au sein de la jeunesse suédoise.
En quelques mois, le mouvement spontané débouche sur la création d'un vrai parti politique, qui, par défi, reprend le nom de "pirate". Très vite, il s'implante dans toute la Suède et se dote d'un programme ambitieux, fondé sur la défense des libertés individuelles et la libre circulation de la culture sur Internet. Fin 2009, il compte plus de 50 000 membres, ce qui en fait le troisième parti suédois en nombre d'adhérents, loin devant les Verts. Il a aussi une association de jeunesse, agréée et subventionnée par l'Etat. Aux élections européennes de juin 2009, il remporte 7,1 % des voix. Sa tête de liste, Christian Engström, un informaticien de 49 ans, patron de PME et ancien membre du Parti libéral (centre droit), est élu député.
Depuis juillet, M. Engström est installé dans un bureau anonyme de l'immense bâtiment du Parlement européen de Bruxelles. Seul signe distinctif, il a accroché au mur le fier étendard de son parti : sur fond violet vif, une voile de navire noire, comme celles des pirates du temps jadis. Sur la question des téléchargements, M. Engström est très subtil : "En tant qu'élu, je n'ai pas le droit d'inciter les citoyens à commettre un acte illégal, mais je peux me réjouir de voir que, partout en Europe, on continue à partager librement des oeuvres culturelles sur Internet. J'ai vérifié : dans mon pays, se réjouir, c'est légal, ce n'est pas de l'incitation."
M. Engström siège au comité de conciliation entre le Conseil et le Parlement chargé de finaliser la grande directive sur les télécoms. Selon lui, dans sa dernière version, le texte européen rend la loi française Hadopi inopérante : "Il exige que chaque accusé soit présenté devant un juge, qui devra l'entendre. Cela va considérablement ralentir la procédure, sans doute la paralyser." Plus généralement, M. Engström se bat pour instaurer des mesures juridiques et techniques qui protégeront la vie privée et l'anonymat des internautes européens.
Il imagine déjà une vaste réforme des lois sur la propriété intellectuelle, visant à démanteler un système jugé obsolète et injuste. Il reconnaît l'utilité des copyrights sur les oeuvres culturelles dans le cadre des échanges commerciaux, mais à condition que leur durée ne dépasse pas cinq à dix ans. Au-delà, c'est le domaine public qui est spolié par les intérêts privés. En revanche, pour les échanges non commerciaux, y compris le partage sur le Net, il prône l'abolition pure et simple du copyright. Quant au droit d'auteur à la française, il s'attend à le voir disparaître à brève échéance : "L'Europe a besoin d'un marché unique et d'une législation harmonisée dans le secteur culturel comme dans les autres."
Le Parti pirate suédois militera aussi pour la disparition progressive des brevets industriels, accusés de freiner la diffusion des connaissances, d'entraver l'innovation, et de servir surtout à préserver des monopoles et à enrichir les cabinets juridiques. Depuis Bruxelles, il va soutenir les pays comme l'Inde, qui approvisionne le tiers-monde en médicaments à des prix abordables, sans toujours respecter les brevets des laboratoires pharmaceutiques occidentaux : "Si les pays riches réussissent à bloquer ces livraisons, des millions de malades pauvres mourront. Nous serons tous coupables de meurtre de masse."
Avec la ratification du traité de Lisbonne, la Suède dispose depuis le 1er décembre de deux sièges supplémentaires au Parlement européen. L'un d'eux revient à la responsable de l'association de jeunesse du Parti pirate, Amelia Andersdotter, qui était en deuxième position sur la liste pour les élections européennes. Quand elle dit à des inconnus qu'elle est députée européenne, personne ne la croit : "Ça vient encore de m'arriver avec un douanier suisse et un producteur de la BBC", explique-t-elle dans un éclat de rire. Les incrédules ont des excuses, car, à 22 ans, Mlle Andersdotter a gardé l'allure et la garde-robe d'une lycéenne espiègle et insouciante : "Je n'étais même pas volontaire, ma candidature a été proposée par des amis. Ma vie va changer."
Mlle Andersdotter prend son nouveau métier au sérieux. Elle a interrompu ses études de mathématiques et envisage de s'installer à Bruxelles. Elle a déjà choisi ses dossiers prioritaires : limitation du copyright, mais aussi encadrement plus strict des fichiers de police, meilleur transfert des technologies vertes vers le tiers-monde : "En s'intéressant aux politiques de l'information au sens large, on touche à presque tous les domaines." Mlle Andersdotter pense déjà aux élections législatives suédoises de septembre 2010. Elle sait que son rôle sera déterminant : "Si, d'ici là, le Parti pirate prouve qu'il est efficace au sein des institutions européennes, nous allons gagner encore beaucoup de voix."
L'exemple suédois a inspiré les jeunes de toute l'Europe du Nord, à commencer par l'Allemagne. A Berlin et à Hambourg, le terrain était favorable : les clubs politico-informatiques comme le Chaos Computer Club et les "hackers spaces" (espaces de création et de recherche numériques ouverts à tous) y ont pignon sur rue depuis des années. Aujourd'hui, avec près de 12 000 membres, le Parti pirate allemand est le deuxième d'Europe. Dans plusieurs villes, des cadres aguerris du parti des Verts démissionnent pour rejoindre cette nouvelle avant-garde. Les pirates allemands se préparent à présent pour les élections régionales de Rhénanie-Westphalie en mai 2010. Ils s'attendent à faire un bon score, car, dans cette région, les jeunes peuvent voter dès l'âge de 16 ans.
En France, les progrès sont plus modestes, mais l'élection des Yvelines a changé la donne. En octobre, le Parti pirate a déposé ses statuts, pour avoir enfin une existence légale. Le trésorier, Valentin Villenave, un professeur de musique de 25 ans, explique que le plus dur a été d'ouvrir un compte en banque : "En France, avec un nom comme le nôtre, on n'est pas accueilli à bras ouverts par les banquiers. Il a fallu faire intervenir la Banque de France." Les adhésions sont ouvertes, mais, dans un premier temps, les responsables ont décidé de filtrer les candidatures. M. Villenave explique que cette prudence est indispensable : "Nous avons été victimes de plusieurs tentatives de prise de contrôle par des militants de partis de gauche, puis de droite. En un sens, c'est la preuve que nous sommes devenus un vrai enjeu, mais nous sommes encore fragiles, nous devons nous protéger."
Malgré le manque d'effectifs, les pirates français essaient de s'organiser pour les régionales de mars 2010, et espèrent monter des listes notamment en Bourgogne et en Ile-de-France. Ils vont peut-être recevoir un peu d'aide de l'étranger, car les militants européens ont décidé de se réunir en congrès à Bruxelles en février 2010, pour donner au PPI une existence légale, et en faire un organe de coordination permanent. Ensemble, ils rêvent de créer le premier vrai parti paneuropéen.
Yves Eudes
... et moi je dis qu'en termes de programme politique, le programme pirate c'est quand même le nivellement par le bas, surtout quand on voit ce que les pirates se partagent sur les plateformes dédiées...
...d'un autre côté, ils partageraient "mettez ici vos contenus culturels préférés", ça serait carrément immoral et surtout vos artistes préférés crêveraient la dalle si ce n'est déjà fait.
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