dimanche 15 mai 2022

Various Artists - The Expanse - The Collector’s Edition (2019)

une saison en forme de la n'épluchure
de la pomme de terre,
mais qui manque de frite.
- billet d'humeur garanti sans divulgâchage - 

La saison 6 de The Expanse est un naufrage, une tragédie sérielle, et c'est un soulagement de te confier le fardeau de ce calvaire, cher journal psychonautique. Cette ultime saison révèle ainsi son vrai visage de Janus artificiel (Janus, le dieu romain des commencements et des fins,  barbu doté de deux têtes : Holden et son air de thon mazouté, et Big Jim, pardon, Amos, l'autiste stéroïdé asexuel sauf quand il est chaud, et bien sympa quand même, allez), tiraillée qu'était The Expanse entre des trouvailles sympas dans le sous-genre difficile de l'opéra spatial à factions, sous-genre plutôt démocrate que républicain, et les contraintes d'un produit industriel au service de vos soirées télé, tourné surtout dans des boites à fond vert, et engendrant de ce fait une certaine nausée claustrophobique, comme en témoigne le célèbre making-off The Expanse S04E00 avec Kevin Smith qui fait l'andouille sur les plateaux sans dérider les électros chargés de le surveiller pendant que d'autres repeignent le cyclo.




Car comme il est dit en vérité sur le site d'écran large :

Il n'y a plus ici qu'une énumération de péripéties - inhabituellement fades, qui plus est. L'histoire a déserté, et les personnages ont été vidés de leur substance. L'âme de la série est écrasée sous le poids d'un cahier des charges narratif devenu tyrannique. Pas le temps pour les émotions, l'exploration de l'univers, ou de tisser la toile de fond. Non, il faut conclure, et vite, trop vite. (...) Comment expliquer autrement ce choix absolument suicidaire de conclure en six épisodes seulement et donc d'assumer, par là même, de laisser complètement en jachère de nombreux arcs narratifs ? C'est plus de moitié moins de temps que les légendaires saisons 2 et 3 - que nous consacrons d'ailleurs officiellement et donc définitivement comme les meilleures de la série - et les dommages sont aussi inévitables que colossaux. La protomolécule, l'avancée du rêve de Mars, les aliens... tout ce qui n'est pas de l'ordre de la politique de l'espace sera laissé à la discrétion du spectateur et de son imaginaire. La série n'en fait tout simplement pas son affaire, se débarrasse de tout ce qui ne l'aide pas à se débarrasser du cadavre et se tirer au Mexique.

https://www.ecranlarge.com/saisons/critique/1413103-the-expanse-saison-6-critique-achevee-par-amazon

C'est sans doute écrit vite, car il y a deux fois "débarrasse" dans la dernière phrase; mais c'est vrai que le spectateur lucide et conscient ne peut que constater le -Ach ! Zabotache ! des brodugteurs d'Amazon; et quand l'Expansion se contracte, menaçant de toucher les abysses de la fiction spatiale de guerre, les vrais fans souffrent dans leur chair; le space opera est-il un genre maudit, condamné à la médiocrité par les gougnafiers qui tiennent les cordons de la bourse, sauf quand on s'appelle Adrian Tchaikovsky et qu'on sort « Sur la route d’Aldébaran » dans l’excellente collection "Une heure-lumière" ? ou Grant Morrison et qu'on sort "Nameless? mais on n'est évidemment pas soumis aux mêmes contraintes gravitationnelles , hein ?

Comme un grand bruit de casse-noisettes,
mais version horreur cosmique
(lunettes 3D non incluses)
The Expanse n'étant pas protégée des catastrophes industrielles par des amulettes magiques, sombre donc dans le moins-disant narratif, l'émotion cucul-la-praloche et le vidéogame bas de gamme, tendance jeu de tir à la première personne (FPS) plutôt que massivement multijoueurs (MMORPG, ce qui dans la bouche d'un Ceinturien est une insulte argotique assez grave), alors qu'elle s'était tenue à peu près en équilibre sur le fil du rasoir pendant les 5 saisons précédentes, avec des choses bonnes, et d'autres moins bonnes, mais là, c'est la Bérézina, pardon le Dniepr. 
La subtilité a été bannie, au profit de la grosse artillerie. C'était bien la peine d'exétruquer en fin de saison 5 un personnage clé du clergé séculier de la série de façon aussi minable, sous prétexte que l'acteur qui l'incarnait était accusé de harcèlement par je ne sais quelle greluche extraterrestre, pour ouvrir ensuite une telle boucherie-charcuterie des espoirs déçus d'une sortie de crise sérielle par le haut. Les vrais enjeux sont piétinés, au profit des à-côtés, du petit folklore antiterroriste et émotionnel sur lequel on s'est déjà appesantis plus que nécessaire, c'est bon, on le sait, que Marco Inaros se prend pour le Fabrice Drouel des opprimés, on va pas faire Nantes-Bételgeuse là-dessus. Le seul avantage de cette saison 6, c'est qu'elle ne compte que 6 épisodes, comme ça on est plus vite couchés. 
édition Gros conlector's en vynile expansé, avec des photos suggestives de Roberta Draper 
dans le livret tiré à part et à compte d'auteur sur du vélin de protomolécule (330 g/m2)

D'ailleurs, quand on voit la pochette du disque des musiques entendues dans la série (version Collectionneur, s'il vous plait) qui est tout ce qu'il nous reste pour nous consoler, on se dit "ah oui tiens, Julie Mao et la protomolécule, ça c'é'tait l'bon temps, crévindiou de Belta fuckin' lowda." C'est maigre : il y a la belter version (je suppute le jeu de mots enchâssé dans l'expression) de Highway Star de Deep Purple, qui accompagnait la meilleure scène de la saison 3, la chanson de Hank Williams "I'm So Lonesome I Could Cry" que Alex écoute en boucle quand il est de garde pendant ses quarts de nuit sur le Rocinante, et quelques curiosités orientalisantes, en plus du tout-venant des hymnes testostéronés issus de la bande originale composée par Clinton Shorter pas trop mal réussis. 
C'est très écoutable, en fait. Par contre, pour trouver qui a enregistré quoi sur ce florilège de musiques d'astronefs, faut carrément aller sur discogs pour assouvir notre curiosité légitime mais maladive de geek enfermé au 33_ème niveau des sous-sols d'une Tour de La défense, c'est une honte. D'après les crédits, ce sont surtout des ingénieurs du çon travaillant sur la série qui se sont amusés à réaliser les versions de chansons plus ou moins connues pour répondre aux besoins spécifiques de la fiction. L'humour étant aussi raréfié dans The Ex que les molécules d'oxygène dans le vide spatial, profitons-en.

Achevons de noyer le bébé avec l'eau du bain : le meilleur de The Expanse, finalement, c'est le générique, parce qu'il reste mystérieux. En matière de séries SF, faites-moi goûter Infiniti, Outer Range ou Station Eleven, mais ne me parlez plus de The EX. On est fâchés.

https://download-soundtracks.com/television-soundtracks/the-expanse-the-collectors-sounndtrack/

jeudi 12 mai 2022

Alexis - Fantaisies solitaires, Avatars et Coquecigrues (1975/78)

Commençons par la fin :

le 7 septembre 1977, peu avant son trente et unième anniversaire, alors qu'il allait entamer la dix-septième planche du Transperceneige et qu'il s'attaquait aux dernières cases de La croisade de Superdupont, Alexis meurt d'une rupture d'anévrisme. L'histoire de Lob est reprise par Jean-Marc Rochette, tandis qu'un Gotlib ému achève l'histoire de Superdupont, publiée dans le dix-septième numéro de Fluide Glacial. En sa mémoire, et afin que son nom reste associé au journal, Gotlib et Jacques Diament créent pour lui la fonction de « Directeur de conscience », qui est mentionnée dans l’ours de la revue ; cette fonction est illimitée dans sa durée. (wiki)

Le talent d'Alexis était fulgurant, surtout vers la fin. S'il suffisait de mourir jeune pour qu'on cryogénie, les librairies seraient remplies de chefs d'oeuvres posthumes. Il n'en est rien. Dans les deux recueils d'histoires courtes proposés ici, et publiés de son vivant pour le premier et post mortem pour l'autre, il y a du bon et du moins bon, des vieilleries de jeunesse et des perles intemporelles. 

Comme par exemple ce petit film de teensploitation, d'une crudité indicible et rarement atteinte dans la figuration narrative de l'époque, même dans Cannibal Holocaust III, et d'une virtuosité sans nom, parce que indicible, je l'ai déjà casé dans la phrase.

Bien qu'il ait surtout travaillé avec des scénaristes (Fred, Gotlib, Lauzier), on voit qu'Alexis avait un univers personnel très riche. Comme pour Jimi Hendrix, on ignore vers quoi il serait allé s'il avait vécu, mais au vu de la générosité des fées qui s'étaient penchés sur leurs berceaux, s'ils avaient fait ensemble un livre-disque, ils auraient sans doute révolutionné le domaine des arts, et nul doute que je l'eusse acheté.
Que la terre leur soit douce.



Fantaisies Solitaires


 Avatars et Coquecigrues  :

Meilleures évaluations Amazon : 
Il est difficile de trouver un dessinateur plus talentueux qu'Alexis. La facilité. La grâce. Le mec sait toujours où mettre les noirs et les gris pour obtenir la plus grande force. La précision aussi, la respiration de la planche et la sensualité de ses femmes (on est assez loin des demi-guenons d'un Hermann par exemple).
Volodymyr Zelensky, Président de l'Ukraine

Tout est bon et ce type force l'admiration. Son dessin est littéralement éblouissant. Il se balade au ciel du dessin de BD avec Chaland, Franquin, Gir et quelques autres...
Il est d'autant plus dommage que son immense talent ait été mis au service de la seule dérision ou de l'absurde stéréotypé un peu con-con de la contestation bien-pensante. 
Vladimir Vladimirovitch Poutine, Président de la fédération de Russie

Voici le musée moderne (visité dans le Bibendum Céleste de Nicolas de Crécy)
dans lequel on ne peut pas voir les oeuvres d'Alexis,
pasque elles ne sont pas assez nouvelles.
C'est une honte.

dimanche 8 mai 2022

Arno - Covers Cocktail (2008)

 https://www.mediafire.com/file/wtq2rdz4pzkfxlt/A-C_C.(2008).zip/file


Attention : cette offre discount post-mortem n'est valable 
qu'avec son supplément gratuit, explicatif et illustré.

https://jesuisunetombe.blogspot.com/2021/08/arno-covers-cocktail-2-unreleased-2021.html

Et je recopierai cent fois "Etre en rémission ne me rend pas immortel" sans faire usage du copier-coller.

jeudi 5 mai 2022

Fred et Alexis - Time is Money - Intégrale (2016)

« Le voyage dans le temps n’est pas moins riche d’avenir que de passé. »
Jacques Goimard, Histoires de Voyages dans le temps.

J'écrirai le rédactionnel de cet article plus tard, je suis un peu charrette cette semaine. Il s'agira de chanter la gloire de Fred et Alexis, qui créèrent dès 1969 une série de bandes dessinées de science-fiction ayant pour principal ressort comique une machine à explorer le temps, mise au point par un vieux fou grincheux en plein XIXème siècle et assisté par un représentant en machines à vapeur à rouler les cigarettes feignant comme pas deux et goulafre comme quatre. Du coup je me demande si Fred et Alexis n'ont pas inventé le steampunk, 30 ans avant tout le monde. 


A moins qu'ils soient allés le subtiliser dans les Couloirs du Temps, avec la complicité de la bande de nains fugueurs échappés à la vigilance de l'Etre Suprême dans le Time Bandits de Terry Gilliam. Le mieux c'est que j'enfourche ma propre mobylette quantique et que j'aille regarder par dessus l'épaule de mon moi du futur l'article qu'il ne manquera pas de rédiger, la semaine prochaine au plus tôt, puis que je vienne le recopier ici. Au passage, je soulignerai que la paternité de toutes ces foutaises de voyage temporel revient à H.G.Wells, que les variations possibles autour du thème sont plus nombreuses que les atomes dans l'univers connu, et que les futurs imaginés reflètent souvent l'état d'esprit des périodes qui les voient naitre; ainsi des historiens de l'an 50 000 qui décrivent à Blake (de chez Blake et Mortimer) la venue de Mélenchonator 2.0 trente siècles plus tôt, dans "le Piège Diabolique", une bande dessinée de 1962 qui m'avait terrifié quand j'étais petit.

Quand notre turfu devient leur passé, il est bien trop tard
pour que nos arrière-petits enfants nous reprochent quoi que ce soit.
Surtout quand on sera mourus depuis 30.000 ans.

Sans parler des mille et une façons de tuer Hitler avant qu'il accède au pouvoir, toujours très stimulantes pour les révisionnistes de tout poil, et même sans poil du tout.

https://www.tor.com/2011/08/31/wikihistory/

Je mettrai en relief l'aspect historiquement précieux de la saga, là où d'autres ont perçu une étude en morbidité, à l'aide d'observations pertinentes sur le caractère souterrainement lugubre de la série (la machine temporelle est installée à la cave, mais on est quand même loin des tunnels de l'usine Azovstal de Marioupol) 

https://www.labandedu9.fr/article-timoleon-de-fred-et-alexis-par-morel-1411.html

J'insisterai sur le dessin progressivement délié d'Alexis

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexis_(auteur)


Evolution de la machine à voyager dans le temps à travers les âges : 1969

Evolution de la machine à voyager dans le temps à travers les âges : 1973

Je conclurai en rappellant que l'esprit ne se gêne pas pour cavaler dans le passé ou s'évader dans le futur, ou dans n'importe quel continuum qui lui évite de réaliser qu'il ne vit jamais que dans l'ici et maintenant, que la peau est la membrane élastique qui enveloppe l'ensemble du corps, et qui nous permet de nous déplacer dans le temps sans transporter avec nous nos organes et fluides vitaux dans une bassine, à la vitesse sidérante de vingt-quatre heures par jour. Que la lecture de cet ouvrage est donc totalement superflue bien qu'il soit délicieusement suranné. Je n'ajouterai pas que ça la rend totalement indispensable, parce que y'a pas marqué télérama.

https://www.comixtrip.fr/bibliotheque/time-is-money/


Mais cette semaine, j'ai vraiment pas le temps. Même pour de l'argent.

https://turbobit.net/download/free/8q7ikynik3iv

jeudi 28 avril 2022

[Repost] Métal Hurlant #11 à 20 (1976/78)

mer. 26 sept.
Entre la mort de Métal Hurlant (je me désintéresse de la revue vers 1983, et à moyen terme, elle ne s'en remet pas) et la découverte d'un comic book qui ne parlait pas de superhéros (Blood par JM de Matteis et Kent Williams, dans le grenier de chez Ptiluc, vers 1998) il se passe 15 ans, 15 ans à apprendre à vivre sans drogue métallique ! 

jeu. 28 avr.
Il est pas mal, finalement, le Nouveau Métal Hurlant n°2 dont j'ai dit du mal sans l'avoir lu. Mais il est entièrement constitué de rediffusions du Vieux Métal Hurlant, agrémentées de notules biographiques et de souvenirs rédactionnels de ceux qui l'avaient conçu; ça fait bizarre d'assister à un tel revival, on a l'impression d'en avoir oublié de mourir à temps (pour pouvoir renaitre, en tout cas pour ceux qui y aspirent, parce qu'à force de tourner comme un hamster décérébré dans la roue du samsara, on peut légitimement aspirer à l'extinction sans rébellion). Voici donc les numéros suivant ceux qui les précèdèrent.


les précédents numéros rediffusés, en léger différé des années 70 :

attention à l'effet "machine à voyager dans le temps", dont les effets secondaires sont imprévisibles, mais qui peuvent laisser légèrement nauséeux.

Ce monsieur Soulcié n'est remonté que jusqu'aux présidentielles 2002
sur sa pétrolette temporelle, c'est pour ça qu'il est un peu pas bien.




dimanche 24 avril 2022

Sanseverino - Je n'en veux pas (2021)


"Payer 135 euros parce que
mon tarin dépasse du masque
ou rentrer coupable et merdeux
20 minutes après le couvre-feu
Areva s'appelle Orano
le nucléaire a changé de peau
l'EDF qui s'appelle Engie
me propose un compteur Linky
ben j'en veux pas 
(...) 
Voir la police du roi taper 
sur des ados, sur des mémés
la bombe lacrymo, c'est pas bon
ni pour l'acné, ni pour la tension
obligé d'partir en courant
Avant 'voir débouler les agents
c'est le karting de la matraque
et me faire courser par la BAC
je ne veux pas
ça je n'veux pas"
Sanseverino continue d'écrire des chansons (un peu trop vite à mon goût, elles mériteraient d'être plus travaillées) et à sortir des disques à fond les ballons, mais c'est peut-être parce qu'il a une conscience exacerbée de sa finitude, qui est aussi la notre. 
Surtout le jour du deuxième tour. 
Le jour du "Je n'en veux pas". 
On vit vraiment maintenant au jour d'aujourd'hui dans une société du rejet et de la répulsion mutuelle.
Pour les ni-ni, les adeptes du barrage républicain et tous ceux qui vivent encore en démocratie, qu'ils le croient ou non. Si le premier quinquennat n'était que le teaser du second, on risque d'en avoir pour notre argent, et on va pas s'embêter une seule minute.
" oui mais
je cours tout nu la teub à l'air
chercher une guitare, un revolver
ceinturé par les infirmiers
qui m'attachent devant BFM TV
une soupe de légumes une compote
sur mon carrelage, moi qui grelotte
mourir tout seul pyjama crade
abandonné dans un EHPAD
je ne veux pas
ça j'en veux pas"
J'espère que c'est pas une prophétie auto-réalisatrice, pour lui comme pour nous. Si tous les gens qui méprisent le peu de choix qui nous est laissé devant les urnes s'abstiennent d'aller voter, ils pourraient bien hériter du présidentiable qu'ils méritent. Sauf Arno, le Flamant rock qui est mort hier. Vraisemblablement du fait que en tant que citoyen belge, il ne pouvait pas aller voter, donc c’est tout ce qu’il a trouvé pour protester contre l’équation du second tour
Ah  ça, pour protester, on est là. 
C'est pas demain qu'il faudra venir couiner.
Ca sera trop tard.

l'image de Sanseverino qui va bien, quelle que soit l'issue du scrutin.
L'enterrement de la démocratie ? N'ayez pas de chagrin, elle n'a pas souffert.

(reste à savoir si c'est vrai qu'il n'a pas de compteur linky)

jeudi 21 avril 2022

Fred - Le petit cirque (2012)

Une famille pas nombreuse de bohémiens arpente la lande (infinie, et désolée de l'être) en tractant leur roulotte à la force des bras depuis que les chevaux-clowns leur ont faussé compagnie. Carmen héberge toute la tristesse humaine dans ses yeux de romanichelle. Léopold accueille stoïquement les aléas de leur existence nomade, faite de rencontres incongrues et tournant souvent à leur désavantage. L'enfant n'est pas envoyé mendier dans les grands centres urbains, et c'est toujours ça de moins affreux que si c'était pire.
Comme les tziganes sédentarisés de Kusturica dans le Temps des Gitans, la petite famille semble maudite, pas pour une raison ethnique comme le peuple Rom vu par Kustu, mais néanmoins vouée par le karma à errer, de déconvenue en déconvenue. 

C'est du grand art, avec beaucoup moins de moyens que Kusturica, et aussi un zeste de cruauté, puisque la série d'histoires courtes est d'abord parue dans le Hara-Kiri des années 60 (revue dans laquelle il était impératif de se montrer cruel sinon on pouvait passer prendre son chèque à la réception et bonsoir messieurs les censeurs) avant d'être régulièrement reprise en album depuis 1973. Fred abandonnera ensuite sa cruauté, au profit d'une grande gentillesse dans le choix de ses univers ainsi que beaucoup de tendresse pour ses personnages, pourtant bien moins héroïques que ceux du Petit Cirque, au temps béni des pionniers de la bédé adulte (sans cul dedans, parce que la bédé adulte avec du cul dedans est souvent un peu infantile). 


Peut-être que la tendresse nous vient quand on accepte enfin la cruauté du monde, tout autant que celle qu'on lui oppose pour s'en protéger, et ça ne marche jamais très bien, bien qu'en principe ça s'équilibre, comme le bien et le mal dans une chanson de Guy Béart. Fred considérait Le petit cirque comme ce qu'il avait réalisé de meilleur. C'est poétique, surréaliste, mélancolique. C'est là qu'on voit que l'âge d'or est derrière nous. On respire doucement, dans un silence respectueux, en parcourant ces planches magiques, c'est le patrimoine, c'est notre collection Morozov de chez Dargaud. Et en plus, on n'est pas emmerdés pour les rendre à la Russie, vu que Fred était d'origine grecque, et que tout le monde sait ce qu'on dit aux Grecs quand on est fâchés avec eux au point de refuser d'honorer leurs créances, même sans être un menteur crétois bourré de paradoxes.



Voici l'extrait qui explique implicitement pourquoi les pauvres n'iront pas se faire sauter en hurlant "Mélenchon Akbar !" dans les bureaux de vote au matin du second tour, eux qui sont trahis par les candidats restant en lice : c'est parce que les ors de la République les intimident. Même quand celle-ci est prostituée aux Valets de la Banque et du Patronat et aux Fripouilles Fascisantes.


Allez, on se quitte, c'est bientôt l'heure d'aller voter, selon tous les pourriels Nespresso, Leclerk, Samsong, Carouf et cdiscont que les Russes balancent pour perturber l'élection présidentielle.
J'espère que je vais pas me gourrer de bulletin. Il y a un somptueux trucage à réaliser sur l'image ci-contre en faisant pointer l'index du monsieur environ 7 cm
plus haut, mais j'ai la glu.



jeudi 14 avril 2022

Gomez & Dubois - Hotel Commissariat (2003)

Gomez et Dubois était un groupe humoristique éphémère de hip-hop français. Formé en 2003 et parodiant l'univers policier, le groupe se compose des rappeurs Faf Larage et Eben. Ils publient l'album Flics et hors la loi en 2003, qui se classe à la 24e place des classements français.  

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gomez_et_Dubois

Je n'ai pas encore remis la main sur l'album, sauf sur Youtube

mais Youtube, c'est le mal, et l'impact environnemental des vidéos en ligne nous sera reproché par nos arrière-petits enfants (des cancrelats télépathes, selon mes pronostics de l'entre-deux tours) dans Métal Hurlant n° 3465 qui sortira en décembre 5674. En attendant ce jour, j'ai retrouvé le single acheté avec mes sous dans la joie de découvrir un groupe de rap parodique, inventant au passage le rapodique, la France étant déjà le berceau du rock parodique. J'ai même réencodé le clip vidéo avec Handbrake.
Face A, "Hotel Commissariat", dérivée d'Hotel California,  ha ha. Mais surtout, la face B, "Le 3eme Doigt", énorme, hymne au nihilisme électoral rappé en duo par des avatars de Charles Pasqua et Joey Starr. Warsen en a aussi fait un youtube, j'ai beau lui dire que c'est le mal, il est terrible. Et pourtant, il a pris ses médocs, je le sais parce que Tyler Durden le sait.

jeudi 7 avril 2022

Guy Béart - 1966 - 1968 - La Vérité (2020)

La seule véritable vraie pochette de l'album authentique
dévoilant la Vérité de Guy Béart
 (attestée sur discogs devant huissier)
Une nouvelle compilation de chansons de Guy Béart ? Nan mais vous rigolez, ou bien ? après toutes celles que j'ai déjà chroniquées, en les truffant de blagues que je suis bien le seul à pouvoir décrypter ? Chroniques auxquelles on accède en sélectionnant #sauce béarnaise# dans les hachetagues de ce blog ? Vous rigolez moins fort, hein ? bon enfin, il faut bien que quelqu'un s'y colle, et ça sera mieux fait par moi que par vous. Au fil des z'ans devenus réglisse, le grand manteau de l'oubli a rabattu ses pans sur les laudateurs de Guitou, et je reste le meilleur seul dernier spécialiste mondial de son oeuvre anthume, quoique ultra-spécialisé dans la période 1966-68, parce que c'est les seuls disques de Guy qui passaient sur l'électrophone du salon. 

Première remarque : après toutes les anthologies consacrées au barde immortel déjà publiées, cette "nouvelle" compilation a un goût étrange au parfum de resucée. Seconde remarque : cette compilation, que je n'ai pas réussi à trouver ailleurs que sur internet, ce qui pose la question de sa réalité en tant qu'objet d'un éventuel discours discographique, ressemble comme le frère de lait d'un marchand de beurre à sa grande soeur "Les années Béart, Volume 5 : 1967-1968 (1987)" mais n'est pas tout à fait pareille, tout en n'étant guère dissemblable à bien des égards. Il y a de subtiles variations sur lesquelles le Temps n'aura plus Prise, l'auteur ayant rejoint les rangs des Non-vivants, alors y'a cabane. 

ceci est soi-disant la pochette de 
Les années Béart, Volume 5 : 1967-1968 (1987)
Et c'est tant mieux, car 
quiconque sort quelque chose de "nouveau" se condamne à voir son œuvre se flétrir dès l'instant Té de son émergence hors du vortex des virtualités possibles. Guy Béart avait lui-même paré cet écueil de la Nouveauté (Ontologiquement Démodable) en débutant sa carrière par les "Très vieilles chansons de France" relativement inoxydables même à l'époque, suivies par les "Nouvelles Très vieilles chansons de France", au cours desquelles il prenait un risque de péremption calculé. J'ignorais qu'à la même heure, Pierre Dac ironisait sur le dos de Jean-Marie Léopold Sallecomble "qui, après cinquante ans d'absence, revient à Villeneuve-la-Vieille, son village natal." L'eussé-je appris, je fusse été trop petit pour trouver ça drôle.

Et cette nouvelle compilation a le culot de s'appeler "La Vérité", mais moi j'étais là, j'ai tout vu, Guy était encore vivant quand j'ai commencé à écrire sur lui, et il n'est guère venu me démentir sur mon blog, et je puis vous dire que c'est pas toute la vérité. Dans l'intégrale "Les années Béart, Volume 5 : 1967-1968", y'avait une version éhontément tronquée de "La Vérité" (sa chanson phare de 1968) qui avait été amputée du dernier couplet. Nous avions mis à jour l'imposture avec un jeune collaborateur stagiaire de l'époque, et nous nous attendions à subir le sort des lanceurs d'alerte tel que prophétisé par Guy dans la chanson elle-même, ce qui aurait occasionné une mise en abîme du type boucles d'oreilles de La Vache Qui Rit du plus bel effet, mais l'omerta d'indifférence qui entourait la carrière déclinante de Guy avait pesé comme une chape de plomb sur notre révélation du scandale. Tous les détails en pages intérieures :

Ils ont beau l'attendre devant l'église, il ne viendra plus.
Pourtant, plutôt que de revisiter ad nauséam ses succès des années 60,
Guy Béart aurait préféré se présenter aux élections 2022,
car malgré la présence de deux candidats d’extrême-droite,
les gens sont déçus par une campagne assez plan-plan.

Ou alors tout le monde s'en foutait déjà au moins autant que maintenant, à l'heure où Joe Staline (le vrai) revient, et pas que dans Métal Hurlantà l'heure où tout le monde s'enrhume dans les courants d'air parce que quelqu'un a laissé la porte ouverte à la guerre froide, et au retour des années 60. Et donc à Guy Béart. A l'heure où nous sommes entrés dans un monde de post-vérité et de post-vergogne, où l'on peut enfin apprécier "La Vérité" comme l'album reflétant la meilleure période créative de Guy, si tu permets que je t'appelle Guy, GuyCette vérité dont Vladimir Jankélévitch disait qu'elle ne triomphe jamais, mais que ses ennemis finissent toujours par mourir. Et Guy Béart ajoutait, 50 ans avant les lanceurs d'alerte, qu'elle était inaudible :" Le premier qui dit se trouve toujours sacrifié / d'abord on le tue. Puis on s'habitue. On lui coupe la langue. On le dit fou à lier. Après sans problèmes / parle le deuxième. Le premier qui dit la vérité / Il doit être exécuté. "

Dans cette nouvelle compilation de vieilles chansons du troubadour imbu, je découvre "Tant de sueur humaine", une chanson qui n'était pas sur  "La Vérité" d'origine  : 

Tant de sueur humaine
tant de sang gâté
tant de mains usées
tant de chaînes
tant de dents brisées
tant de haines
tant d'yeux éberlués
tant de faridondaines
tant de turlutaines
(quand tu décris des atrocités immémoriales, c'est important de finir tes couplets par "turlutaines" ou "faridondaines", d'abord ça fait folk, et puis ça fait passer le merlan de l'indicible souffrance humaine.)
tant de curés
François de Closets ne se prenait pas pour Guy Béart,
et n'avait de cesse d'alerter contre les inflations de l'ego 
tant de guerres et tant de paix
tant de diplomates et tant de capitaines
tant de rois et tant de reines
tant d'as et tant de valets
tant de pleurs tant de regrets
tant de malheurs et tant de peines
tant de vies à perdre haleine
tant de roues et tant de gibets
tant de supplices délectés
tant de roues et tant de gibets
Cette mélopée chantée à cappella m'émeut, et si Guy était encore parmi nous il pourrait la chanter à tue-tête à Boutcha ou dans ce qu'il reste de Marioupol sans que les Russes puissent prétendre par la suite que les Ukrainiens se sont auto-suicidés d'une balle dans la nuque sous les gravats pour ne pas entendre ça. Car ce qui rend les gens circonspects par rapport à Guy Béart, c'est le fait qu'il se prenait pour Guy Béart, alors qu'il aurait pu se contenter de l'incarner, vu qu'il l'était, mais ça ne lui suffisait pas car l'égo est assoiffé de toujours plus, comme l'a fait remarquer François de Closets.

En plus de ce toujours plus, je découvre après-coup que si Guy la ramène moins que d'habitude dans "Tant de sueur humaine" c'est qu'il n'en est que l'interprète, au départ c'est un texte de Raymond Queneau. Avec une énumération en guise de narration, comme si on était dans les aventures de Vincent Delerm au Royaume du name dropping. 
Sans vouloir remonter jusqu'à la complainte du Progrès de Boris Vian, la ruse n'est pas nouvelle :

Guy Béart se lamentant 
de n'avoir pas osé bâtir de chanson
sur des énumérations
sauf dans "A Amsterdam" 

 

Pas mal de journées sont passées
Depuis que l’on s’est quittés
Pas mal de journaux sont parus
Depuis que l’on s’est pas vus
Pas mal de chambres d’hôtel ont vu le jour
Pas mal de bombes et pas mal de discours
(Manset)

Et les hommes chantaient :
"On a mangé des tonnes de viande,
Picolé des tonnes de tonneaux.
Combien d'orgasmes, on se l'demande, a-t-on atteint ?
Liz Taylor is rich on veut l'être aussi.
On f'ra tout c'qui faut pour ça ici.
Combien de guerres brûlantes en tout a-t-on éteint ?"
(Jonasz)



L'énumération, 
les chansons de SF délicieusement vintage
(et financées en sous-main par les Russes et le PCF)
de Guy Béart, entendues dans la saison 5
de The Expanse
ça marche toujours, et ça pourrait servir de modèle pour le devoir d'inventaire de l'existence de chacun, y compris l'espèce humaine, à J moins pas grand chose du Doomsday.
- Espèce humaine, vous dites que c'est pas de votre faute, mais celle de votre striatum, mais quand même, combien d'espèces se sont éteintes sous votre règne ? combien d'hectolitres de ressources fossiles dissipées dans l'azur, et de gigatonnes de CO_2 dans l'atmosphère ? - Guy Béart, combien de chansons dont on se souvient ? - Warsen, combien d'articles qui ne valaient pas l'arbre en silicium pour les imprimer sur écran ? etc...
L'énumération, sèche comme un bilan d'entreprise, sobre comme un poème de Raymond Queneau.


les chansons de SF outrageusement kitsch
(et sous influence du lobby de la NASA)
de Guy Béart, entendues dans les space-operas
post-apo d'Adrian Tchaikovski
Car je semble me moquer de Guy Béart depuis des éons, mais je continue d'écouter ses disques, alors qu'il est extrêmement moins béarnais (quoique plus musical) que Jean Lassalle. Guy Béart dont les chansons de science-fiction me fascineront, dix ans avant la naissance de Métal Hurlant, le vrai, quand il chante la mort de la Terre par le feu nucléaire et la continuation de la vie dans les colonies spatiales, (les enfants sur la lune) la surveillance généralisée (les collines d'acier) les guerres galactiques (Étoiles, garde-à-vous ! dont le titre servira à la publication du roman militariste Starship Troopers de Robert Heinlein, longtemps avant que Paul Verhoeven repasse dessus avec le tracteur). Alors pourquoi cette malédiction ancestrale ? Aucun ouvrage de référence sur sa vie, son oeuvre. Seuls de tristes vieillards composent des articles obscurs dans des fanzines miteux. 

Peut-être parce que chez Guy Béart, comme chez Polanski il faut  apprendre à distinguer l'homme de l'oeuvre : si l'homme avait l'air assez pénible, l'oeuvre est remarquable.

La compilation qui a mis le feu aux poutres :

https://www.mediafire.com/file/k0134ce8f6okjze/1966+-+1968.zip/file

Sa nomenclature en écoute gratuite :


https://www.discogs.com/fr/artist/648082-Guy-B%C3%A9art

L'absence totale de références scientifiques dans les précédents épisodes :


Onsanfou un peu, mais pour renforcer son côté post-vérité, j'antidate cet article, qui était censé sortir le jeudi de hier, mais que j'ai eu un peu de mal à écrire. (onsanfou totalgrave)

jeudi 31 mars 2022

Môrice Benin - Passage (1979)

Qui rippe des vieux disques affirme le primat de ce qui est disparu et de ce qui n'est plus sur ce qui est présent, ou en tout cas disponible dans l'instant. Un peu comme Alain Souchon quand il chante Je voudrais que tout revienne / Alors que tout est passé / Et je chante à perdre Hélène haleine / Que je n'ai que des regrets.
Mais c'est Souchon, ça fait partie de son charme de chien triste aux oreilles de cocker fou, qui ne craint pas de flirter en eaux troubles avec la frange la plus interlope de la variété française tout au long de sa carrière. 

une vignette de Môrice est cachée dans cette mosaïque.
Concernant Morice Bénin, c'est autre chose. A ma connaissance, il n'a jamais chanté la nostalgie pour la nostalgie, pour s'affliger du lustre de ce qui est resté derrière, et n'a cessé de changer de genre et d'inspiration tout au long de sa vie artistique.
 Et il y a un peu plus d'un an que Benin est finalement mort à Die. Mourir à Die. C'est pas bénin, ça. Lafesse était bien mort à Vannes. Et le seul autre bloggueur de France et de Belgique francophone qui nous proposait des albums de Momo suce les compiles par la racine depuis novembre dernier.

Le monde, a écrit Rushdie, est le lieu dont nous prouvons la réalité en y mourant. La belle affaire. La mort n'est qu'un passage (comme le titre du disque à Môrice rippé aujourd'hui !), la mort c'est pas le contraire de la vie, c'est le contraire de la naissance. La vie n'a pas de contraire. Jean-Michel Blanquer a décidé d'alerter les bébés dès son prochain séjour à Ibiza sur cette vérité vraie, car le sachoir est une arme contre les gens qui croivent, et de l'enseigner dans toutes les écoles à partir de la grande section d'école maternelle dès la rentrée prochaine.
Quelque part ailleurs, ici, en 1979, Maurice Benin s'appelle Môrice Bénin, et déballe ses questions sur le genre (Tout va mâle et femelle), apostrophe son public pour le faire sortir de son rôle de spectateur (Quand tu te cognes), public sur le dos duquel il poursuit sa psychanalyse (Jeux du Je), on ne ricane plus ni ne rigole, hormis à l'écoute des aventures bovines de Paralal et Marginelle.

et ça c'était le dos de l'album,
cheval dire à ma mère.
Et de qui Moïse Ben-Haïm était-il le nom ? hein ? bien malin qui le dira. Selon les époques, il se décline en Maurice Benin ou Bénin, Môrice Benin, Môrice Bénin. Bien sûr, dès qu'on l'entend, toute équivoque est dissipée. On sait très bien de qui il s'agit. Le type qui fut un énergumène gauchiste auto-produit sur les plateaux du Larzac ou de l'Ariège, le prophète auto-proclamé-dénigré des temps nouveau qui exhortait les spectateurs à quitter leurs fauteuils de spectateurs pour co-créer avec lui une nouvelle utopie, devenu au fil des ans poète assagi, mettant en musique René-Guy Cadou, mais restant toujours en marge des maisons de disques et du cirque médiatique... je méconnais cette période, je me suis arrêté quand Môrice a cessé de m'implorer à me transformer en papillon alors que je me complaisais dans ma chrysalide, un doigt dans le cocon.
Et l'autre jour, j'ai vu plein de vinyles de la grande période révoltée de Maurice dans les bacs du nouveau disquaire du marché de ma petite ville. Mais rien ne m'a tenté, je les ai tous, alors je suis reparti avec un Béranger, et des huitres.
Qu'est-ce qui se passe quand on rippe un disque de Morice ? et quand on l'écoute ?
Quand on met un disque de Mozart, est-ce que Mozart est là, ailleurs que sur la pizza ?
une des incarnations de Momo, circa 1980. 
il ne faudrait pas juger les gens sur leur apparence,
mais toujours les pénétrer par la porte de service.
Wouah la tronche, quand même !

http://moricebenin.fr/