jeudi 3 septembre 2020

Alabama 3 [ The Singles ] Speed Of The Sound Of Loneliness (1997)

En 1986, John Prine, chanteur de country-folk, sort une chanson intitulée "The Speed Of The Sound Of Loneliness" sur l'album "German Afternoons" avec lequel il comptait envahir la Pologne.
La chanson devient un classique instantané, à Nüremberg comme ailleurs.

Le prototype de l'arme fatale de John Prine

Le critique assermenté David Fricke la décrit comme "un chant hypnotique de mélancolie amoureuse sur un rythme qui sonne comme le tic-tac désolé d'une horloge murale".
"Ouais, c'est venu d'un coup", confesse l'auteur, "d'une relation fichue dans laquelle j'étais pris. Je ne parvenais pas à comprendre ce qui avait foiré, et j'ai dû me l'expliquer à moi-même, et je l'ai fait à travers cette chanson. Le lendemain, je me suis dit, Jésus, c'est magnifique. Je n'ai rien reconnu, ça coulait juste de moi".

En 1997, Alabama 3 reprend la chanson sur son premier album Exile on Coldharbour Lane, que du coup j'ai remis en ligne, et dont un amateur éclairé dira plus tard :
"Sweet acid house country is what they call their music themselves, one of the most original groups to emerge from the UK in a long time. Musically skilled (as evidenced by the acoustic "Last Train to Mashville Vol.2"), constantly inventive, they mix the best parts of dance music with liberal doses of country, folk, gospel and more. Toppped up with radical left-wing politics and an interest in promoting human rights, Alabama 3 are a band to check out - especially live. It's a pity, though, that most of their singles are full of remixes that miss the point of the band and, to be honest, suck."

Vingt trois ans plus tard, Warsen hérite d'un ancêtre teuton l'intégralité de la collection de singles d'Alabama 3, dont certains même pas déballés de leur pochette. Honnêtement, c'est vrai que je n'ai jamais entendu une série de remixes sucker et misser le point à ce point. 
John Prine est tombé par hasard dessus au mois de mars et s'est éteint du Covid le 7 avril. C'est cette série de singles aussi éventés qu'une vieille compile Big Beat de Ninja Tune que nous avons choisi de vous présenter ce soir.

La fiche technique est là :

et le maxi 45 ici :

mardi 1 septembre 2020

Alabama 3 [ The Singles ] Ain't Goin' To Goa (1996)

Vu la tournure dépressive de mes derniers articles, juste avant qu’Alabama Trois m’ait redonné la foi, je n’ose plus rien prétendre. Mais je me retiens de prétendre que je ne prétends plus rien. Sinon ça va encore poser problème. Je vais rester dans le sens du courant, car même les prétentieux comprennent les inconvénients à contrarier la marée haute.
Et si je ne prétends plus, je peux encore traduire, diffuser, répandre.

Répandre la bonne nouvelle, par exemple : Une nouvelle amende de 200 euros pour usage de stupéfiants sera généralisée à l’ensemble du territoire, mardi 1er septembre. Qui est le aujourd'hui d'hier. Allelouia.
Alors que certains sont verbalisés pour fumer un joint sans masque, d’autres se pavanent dans la semi-obscurité de leur tombe parce qu’ils redécouvrent sur un tracker russe bien achalandé les joies de la Sweet acid house country music sans même faire usage de produit.


 « Larry Love, do you remember when I came upon you in that place of suffering in the valley of darkness? I took away all your pain and put love in your cold cold heart and from that day forward told you to go out and spread my words through music, sweet pretty country acidhouse music. From that day Larry, you not only joined my church, you embraced my whole philosophy, my whole way of life, because remember little man – don't you go to Goa. » 
the Very Reverend D. Wayne Love, First Minister of The Presleyterian Church of Elvis The Divine


Je ne peux pas prétendre avoir trouvé sur discogs la référence exacte de ce premier single des Alabama 3, c'est pourquoi je vous colle la playlist, mais vous pourrez l'y dénicher vous-même, il n'en existe que 56 versions différentes.



dimanche 30 août 2020

Alabama 3 - Exile On Coldharbour Lane - The Boxset (2020)

C'est la fin.
(Monologue enregistré avec 16 tonnes de réverbe et des très mollos dans la voua)
C’est dimanche. Matin. J’ai allumé les candélabres dans ma modeste église : la salle de montage 4 d’une station de télévision régionale. C’est encore moi qui suis de garde pour le sermon dominical. J’y étais prédestiné : mon nom de famille, au civil, désigne le curé de la paroisse, dans une langue celtique de la branche brittonique encore parlée dans l’ouest de la France. Y’a un moment, faut faire avec ce qu'on a reçu, et accepter ses prémisses de prêcheur en chaire.
Brothers and Sisters, ces derniers temps, j'étais dans le noir, puis j'ai reuçu la lumière, en plein sur la rétine de l’oreille. Je ne m’y attendais plus. Mes regrets éternels mais relativement récents (qui datent en vérité de cet été où je suis passé à Apt, berceau du groupe), de n'avoir pas vu plus souvent Raoul Petite en concert ou de ne pas m'être plus ébaubi la pointe à l'écoute de leurs disques m'avaient conduit au fond du trou. D’où je contemplais d’un œil morne la disparition du spectacle vivant, puis les mots « concert » et « festif » seront prochainement effacés du dictionnaire. Sans parler de l’effondrement probable du « collectif » Raoul Petite réuni autour de Carton, son chanteur et seul membre permanent, comme Robert Fripp avec King Crimson mais en un peu plus fun, Carton qui n’est pas éternel et qui a déjà 70 ans, et « collectif », un nom qu’on ne donne plus guère, l’individualisme a eu sa peau. Du fond du puits où la dépression m’avait jeté, je m’apprêtais à me crever l’œil avec une chandelle de bois pour ne plus voir ni cette misère ni la mienne.
Et l’inconscient, qui fait quand même bien son boulot, m’a miséricordieusement glissé un CD d’un autre collectif, Alabama 3 : un groupe britannique mélangeant rock, électronique, blues, country, gospel, acid house et franc parlé, fondé à Brixton, en 1995.
J'en avais parlé, de façon confuse, début 2012.
Avec des phrases sans verbes, et parfois même sans sujet.
Faut dire que début 2012, je découvrais les effets des antidépresseurs sur les bipolaires : c'est carrément contre-indiqué, mais en attendant j'ai bien plus ricané qu'avec de la bête coke.
Aujourd'hui j'expérimente sans produit la sortie d'un coffret hyper-luxe de 5 CD célébrant le (presque) jubilée de leur premier album effectivement jubilatoire et qui n'a fait que se bonifier avec le temps, bourré d'inédits qui auraient gagné à le rester, et qui m'a l'air tout à fait dispensable, à part pour le livret et  les morceaux de l'album original (les pistes 37 à 48 de la playlist bandcamp).


"Alabama 3 is a pop band. A punk rock, blues and country techno situationist crypto- Marxist-Leninist electro pop band. (..) We want to make you feel good. We know you've had trouble in your life, real bad trouble. We know you've got debts. We know you've had your heart broken so many times you're still finding pieces of it in your pillow. Maybe you've done some good things in your life, maybe you've done some bad things. We forgive you. Forgive yourself. Then dress up real sexy and come and party with us. We'll look after you. That's a promise."

mardi 25 août 2020

Raoul Petite ‎- Georges Cloné (2005)

Pour faire plaisir au jeune homme que je fus, qui commence à me saouler et qui me lâche quand il veut, et qui fut néanmoins bouleversé il y a 34 37 ans par leur prestation scénique, j'ai réécouté toute la discographie de Raoul Petite, mais ça m'a fait pareil que la fois d'avant. Un disque studio des Raoul, c'est comme écouter un CD de Jango Edwards
Et leurs disques en public, c'est pire : on sent bien qu'il se passe quelque chose, dont on est tesclu. Et puis aussi, dans les paroles des chansons, je trouve que le traitement n'est pas toujours à la hauteur des thèmes abordés. Sauf  pour Georges Cloné.
A tout cela, incluant des méditations mélancoliques sur leur relatif insuccès, je ne vois rien à quoi je puisse remédier.




A part en achetant leur dernier disque.

[EDIT]
Poster toute la discographie de Raoul Petite ne me restituerait pas l'émerveillement ressenti pendant leur concert de 1983.
Il existe une archive d'époque qui musicalement envoie du bois, mais la vidéo au format 4/3 a été écrasée en 16/9, c'est moche.
Et puis méfions-nous du sentiment élégiaque : la dernière fois que j'ai eu envie de réécouter un truc qui m'avait beaucoup plu pendant les années 80, j'ai rappelé Dédé et Mireille, ils se sont incrustés chez moi pendant 8 jours, on a enregistré trois clips, je leur ai créé un blog et quelques années plus tard j'ai filmé leur concert.
Là, si je fais ça avec Raoul, ils ont l'air beaucoup plus nombreux, ça va me ruiner en frais de bouche.  

dimanche 23 août 2020

Guy Béart - Best of 3 CD (2010)

Guy mimant Ronald Reagan dans un  vieux film de coboyes.
Juste avant de tester son vaccin anti-Covid sur son principal opposant, (rires) prolongeant ainsi une tradition de farces et attrapes qui ne date pas d'hier, (rires) Vladimir Poutine m'a transmis le best-of de Guy Béart en 3 CD pour que je le teste sur vous.
Je dis ça parce que je l'ai trouvé sur rutracker, alors qu'en France, pour boutiquer une compilation de cet acabit, faut se lever tôt et se coucher tard.
Putain de ta race, Poutine. (rires étranglés)
Mais ne disons pas trop du mal de la patrie de Nicolas Googol et de Dostoïevsky, qu'on peut lire maintenant en un quart d'heure sur wikipedia même si on sait pas bien comment ça s'écrit.
Merci, Vlad. (il me permet de le tutoyer depuis que j'ai lu le Limonov d'Emmanuel Carrère dans lequel il apparait affable et familier). Tu as sans doute fait ça en souvenir des passages de Guy à la fête de l'Huma, avant que l'URSS n'envahisse l'Afghanistan et que les intellectuels du Parti dénoncent l'inféodation du PC français à Moscou, provoquant un exil de masse, ce qui fait qu'au bout d'un moment, il y eut plus de communistes à l'extérieur du Parti que dedans, ce qui le fit brièvement ressembler à la planète Shadok, parce qu'on ne peut pas faire de blagues avec Israël. Exil qui avait fait dire à mon grand-père, juste avant qu'on l'abatte : "Peut-être que le Parti se trompe, mais moi je me suis pas trompé de parti." Du coup, je découvre des tas de chansons de Guy que j'ignorais, souvent bien écrites, et avec des mélodies rusées. Je veux dire, en plus de retrouver ses chansons de fin du monde, avec des arrangements dignes de la Messe pour le Temps Présent de Pierre Henry, dont jamais je ne me lasse. C'est quand même autre chose que l'album de reprises récemment proposé par Emmanuelle Béart, en attendant l'intégrale de son papounet et la deuxième vague pandémique en septembre.
A part la version chéper de "Vous" par feu Christophe, qui m'esbaudit.
Dans laquelle d'ailleurs Guy chante "Tout le bien et tout le mal / s'additionnent, c'est normal", ce qui est quand même quand on y songe un instant théologiquement énorme, car des fois ça le travaillait aussi de ce côté. 
C'est rare, les chanteurs qui rendent enthousiaste. 
Profitons-en, ça ne durera peut-être pas.






CD 1
CD 2
CD 3

mercredi 19 août 2020

The Andromeda Strain AKA Le Mystère Andromède (1971) de Robert Wise

Au début de son émouvante chronique sur ilaosé, Félix raconte comment, quand il était adolescent, un certain numéro de Mad Movies lui vendait du rêve sur "les 100 meilleurs films fantastiques" qu'il n'avait pas encore vus. Quand j'étais ado, un peu plus tôt que lui dans l'histoire de l'humanité, le règne de Mad Movies n'était pas encore advenu, et c'est la contemplation de la liste des films de genre dans le Pariscope, le défunt petit format hebdomadaire des sorties parisiennes, ces pellicules mythiques (car le mot culte n'existait pas encore, ou du moins il ne désignait que les rites impies chez Lovecraft et les pratiques douteuses du curé de Pleumeur-Bodou) qui passaient par camions entiers dans les salles du 5ème arrondissement de Paris à des heures hindoues, qui me procurait un vertige inconnu quand je m'arrachais à la Bretagne pour m'en aller visiter mes grands-parents à Créteil.
Je montais alors des expéditions insensées à partir du métro Maisons-Alfort-les-Juillottes, distant d'à peine une heure de marche à condition d'avoir de bons porteurs, pour aller voir Zardoz, Soleil vert ou Little Big Man à l'Epée de Bois ou aux 3 Luxembourg, et me ravitailler au passage en vieux numéros de Métal Hurlant chez Boulinier, le bouquiniste broker du boulevard Saint-Michel. D'où l'importance des porteurs. Puis je ralliais Créteil en pirogue, retrouvant mes grands-parents, Télérama, l'avis de l'office catholique du film dans leurs critiques de cinéma, ce qui ne choquait ni René ni Lucienne, et pourtant c'était des bouffe-curés convaincus.

Si j'avais découvert Soldat Bleu à l'affiche du Pariscope,
j'aurais hallucimaginé un film un peu osé
dénonçant la promiscuité sexuelle chez les Schtroumpfs.
Mais je ne l'ai découvert que très récemment, grâce à Internénette,
et le spectacle est bien pire que ce que je pensais.
Je n'ai jamais vu un film aussi trash sur le génocide amérindien.


Le Mystère Andromède faisait partie de ces films invisibles ailleurs que dans le circuit alternatif des salles du Quartier latin, obscures à plus d'un titre, alors qu'aujourd'hui, si je donne 3 clics par ici je te sors une copie HD, et je te déniche des sous-titres par là, c'est normal après 10 000 heures de vol je sais un peu mieux où chercher, mais le vertige émerveillé de ma curiosité inassouvie, il est où ?
Je ne pouvais pas tout voir, bien que je m'en sois sans doute cru capable sur le moment, et les porteurs se lassèrent de la programmation erratique du Saint-André des Arts. Andromède conserva son Mystère Impercé jusqu'au Confinement 2020, dont on saura plus tard si ça valait un bon film de genre, en tout cas c'est au printemps de cette année que je fus pris d'une boulimie de films pandémiques, histoire de me changer les idées.
Excusez-moi par avance pour la blague conclusive avec le chat, déjà postée dans mon article sur The Last Picture Show.
Je ne me lassais pas de faire des niches à ce brave Pandémiaou pendant la période de réclusion préventive dont datent les deux articles, écrits sans rigueur en ricanant un peu nerveusement au milieu du Bug sociétal, sur un forum hyper-secret où j'avais mes aises et où je ne veux plus aller croupir dans mes replis communautaristes baignant dans cet entre-soi d'une familiarité suffocante, puisqu'ils acceptent des gens comme moi dans leur club underground.
Je préfère de beaucoup m'auto-confiner dans ma caverne de bloggueur, où je ne dépends pas des humeurs de mes coreligionnaires pour oser dire ce que je pense, ou simuler quand je n'en pense rien, ce qui est très souvent le cas. Et ça me prend de moins en moins souvent. J'arrive à un âge où le démon de la culture, mais aussi celui de la contre-culture, me délèchent, pour s'en aller envoûter des candidats plus enthousiastes.
Voici un film assez atypique et pour tout dire inattendu, dans le paysage du cinéma de la SF américaine et spéculative des années 70. Andromède, ça faisait donc des années que j’atermoyais autour du pot, je le regarde, je le regarde pas, et puis finalement c'est mon chat Pandémiaou qui m'a mis la puce à l'oreille en me mordant jusqu'au sang : j'ai compris qu'il fallait aller le faire vacciner, et qu'ensuite on allait mater ça tous les deux, confinés comme des cons sur le canapé du salon, un peu à la Greg Feely dans The Filth, car après que la femme et le cheval, ces ex-meilleurs amis de l'homme par ordre décroissant, aient été décimés par le Covid, le chat arrive en bonne place dans la gamme des espèces domestiques consolantes, en plus Pandémiaou se moque bien de ma HD-light, du moment qu’il y a des couleurs qui bougent et du son qui vibre dans ses moustaches, car je l’ai trouvé dans une poubelle de l’hôpital de jour et il est sourd comme un pot.
Donc on a regardé le Mystère Andromède et on a été bien attrapés, c’est un film assez lent et aride, peu spectaculaire, de plus assez vieillot et empesé dans sa forme, distillant pour tout dire un ennui plus mortel que le virus extra-terrestre imaginé par Michael Crichton dans le roman dont il est tiré. En littérature de SF ce courant scientiste s'appelle hard science, au cinéma on se contente de dire que c'est chiant. La plus grande partie du métrage se passe en laboratoire, au plus près des chercheurs, au milieu de ces décors pas possibles de ce Douglas Trumbull dont on nous a bassinés pendant toutes les seventies, qui assurent un cachet de chloroquine vintage au film, et ces scientifiques qui s’échinent à trouver une explication à ce mystère viral en pleine ébullition sous leurs microscopes, ah là là je voudrais vous y voir, avec leurs petits problèmes humains qui interfèrent avec l'avancée de la Science, et cette cause de l'Avenir de l'Homme bien plus grande qu’eux, qui les pousse à se dépasser et à faire plein d’heures sup pas payées pour restreindre l'Empire de l'Ignorance.
- Je vous dis que ce bébé est verdâtre.
- C'est vous qui êtes verdâtre, Gary.
Ce qui est donné à voir, et partant le véritable sujet du film, c’est la démarche scientifique pure. Comment les grandes avancées du savoir se font à travers la répétition de besognes infimes et fastidieuses, la rigueur que réclament les hypothèses de travail pour être validées ou infirmées... de ce point de vue, la bobine tient encore la route, même si la quincaillerie informatique et l'imagerie électronique générée sont hilarants de ringardise et complètement obsolètes, et la fin du film est bien anxiogène, on était assez contents de nous, avec Pandémiaou, on s’est regardés, on avait passé 2h10 d'une chaude complicité sans avoir besoin de se parler puisqu’il est sourd, il s’est allongé langoureusement sur son canapé de jardin, j’ai compris qu’il était prêt à manger, et voilà, coïncidence troublante, ça s'est presque fini comme dans la nouvelle "Un gars et son chien" d'Harlan Ellison, sobrement traduit lors de son adaptation cinéma par Apocalypse 2024, d'ailleurs plus que quatre ans à attendre, j'ai hâte.

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So long, Pandémiaou.
Burp.
Si vous entendez parler d'un chaton à adopter, faites-moi signe.

Pour une chronique un peu plus straight du film, vous pouvez consulter un collègue :
Mais alors, 50 ans plus tard, le film vaut-il d'être vu ?
Faut-il tenter de percer Le Mystère Andromède ?
La Science-fiction peut-elle nous sauver des futurs inhabitables ?
Et la science ?
Et la fiction ?
Et la culture ?
Vastes questions.
Le Fahrenheit 451 de Bradbury nous a-t-il épargné Donald Trump, par exemple ?
aah celle-là, déjà, c'est un peu plus fastoche, on peut répondre.

dimanche 16 août 2020

Espers - Espers (2004)

Ceci est la pochette du premier album.
Espers est un groupe folk américain dont on peut entendre plein de morceaux sur soundcloud, alors que leur flux bandcamp est aussi étroit que la bouche de Michel Bouquet au repos. (un titre par album, je veux bien qu'on soit chez les pauvres, mais quand même, c'est ratche pingre)
Au départ Espers ils étaient trois, ils montèrent jusqu'à six, après quoi leur deux chevaux rendit l'âme. 
Les jeunes diront qu'il y a une faute, que s'il y a deux chevaux il faut dire "rendirent l'âme", mais les jeunes sont réputés ne pas savoir ce que c'était qu'une deux chevaux.
Les musiciens d'Espers, eux aussi furent jadis des jeunes gens, qui semblaient honnêtes et sincères dans leur démarche de dénudement musical, et on ne peut dès lors les taxer d'un revivalisme suranné ou mercantile, malgré notre envie compulsive de leur coller le sticker "néo-psyché" pour avoir l'air malin sur les blogs sur lesquels on ne cause pas, on seede. Leur musique acoustique un peu ramollo-dépressive mais somme toute relaxante sauf pour ceux que ça énerve, nous renvoie aux décennies d'avant la musique électronique, elle est tour à tour intrigante, lancinante, entêtante, vaporeuse, hypnotique, triste, naïve pas du tout faussement, tantôt même parfois carrément un peu ennuyante, mais pas plus saoulante que le glouglou d'un ruisseau qu'on regarderait couler dans la forêt en pensant à la vie qu'on aurait pu avoir si on n'avait pas ingurgité tout ce glyphosate, et d'ailleurs quand on voit dans quel mur l'obsession mortifère pour les musiques festives a mené le gang des Raoul Petite, on se dit qu'un peu de tristesse ne peut pas faire de mal, et la langueur un peu souffreteuse des morceaux du premier album d'Espers l'inscrit dans la mouvance des groupes musicalement conservateurs voire rétrofuturistes, moussus et mélancoliques, avec des guitares pas vernies et des pipeaux en bois d'arbre, exception faite de ceux qui ont eu une dispense de la Préfecture pour jouer un peu de fuzz de façon légère et discrète.
Les critiques de leurs disques par les Inrocks furent acclamées par les bloggeurs, mais Télérama n'en dit pas un mot.

Wikipédia se fendit d'une notice admirable de précision, qui fut scrupuleusement traduite en 18 langues dont le français, sans grande incidence sur les ventes.
Warsen faillit les mettre en ligne, mais y renonça, après des mois de tergiversations. Car il se rappelait la voix off au début de Phantom of The Paradise : "Ce film est l’histoire de cette musique, de l’homme qui les créa, de la fille qui les chanta, du monstre qui les vola."  et il ne voulait pas endosser le mauvais rôle et basculer du côté obscur du frilitche.
Car tous les albums du groupe sont bien sûr disponibles chez Vladimir_Illitch_Poutine.org.
Les disques ont été réédités physiquement en début d'année chez Bandcamp, mais tout est parti. Vous pouvez encore sangloter sur les fichiers numériques, au moins ça ne tachera pas les pochettes.
Comme l'a dit Edouard Leclerc lors de cette réédition, "même moi j'en ai pris une caisse pour miser sur le néo-rural dans mes espaces culturels à moi que j'ai, même si le confinement a commencé quatre jours plus tard, je ne regrette rien." 

vendredi 24 juillet 2020

Raoul Petite ‎– C'est Sur Si T'assures C'est Pas Dur (1984)

Le premier album de Raoul Petite date de 1984. Je me souviens qu'il y avait deux tendances dans le groupe, une mouvance Zappa et une autre rock FM. Le combat eut une issue incertaine, mais les concerts valaient mieux que les disques. Et cette première galette m'évoque de très chouettes souvenirs d'un concert à la salle Victoire à Montpellier, circa 1983 - comme dans les prières, qui emprisonnent et nous libèrent, s'y associe qui veut ! ici c'est la version ressortie en 1991 avec un inédit + un morceau live du premier album que j'ai trouvé ailleurs, et c'est du mp3 à 160kbps car n'est pas pauvre qui désire beaucoup.
voilà voilà
- le disque - 
Enjoy Bunnies !
[EDIT]
J'ai manqué de respect à Raoul en écrivant ma note par-dessus la jambe, et je suis bourrelé de remords : comme par hasard qui n'existe pas, Raoul Petite c'est quand même le plus vieux groupe français en activité, et ils n'ont pas trahi leur cause comme ces pervers pépères fumistes de ZZ Top qui alignent une décennie supplémentaire de longévité ; après avoir regardé quelques clips de leur nouvelle chaine Youtube, je me rappelle ce qui cloche sur leurs disques : la moitié de l'ironie globale disparait car elle tient à la mise en scène, aux costumes, au délire festif, inimaginable à notre époque. Je me rappelle avoir vu Carton se jeter sans précautions dans les premiers rangs  des spectateurs longtemps avant qu'on invente le stage diving, et on ressortait de leurs gigs éblouis par la pyrotechnie musicale et la fantaisie à tous les étages de la fusée. Comme en plus j'étais jeune, beau et amoureux, c'est un peu râpé pour prétendre que c'était pas le bon temps. 


jeudi 23 juillet 2020

ZZ Top - El Loco (1981)

L'autre jour, j'ai regardé "That Little Ol'Band from Texas", un documentaire sur ZZ Top. 
On y apprend qu'il s'agit sans doute du plus ancien groupe de musiciens encore en activité, quelques historiettes amusantes sur Jimi Hendrix qui était fan ou sur le concert qu'ils donnèrent devant un unique spectateur au début de leur carrière, mais sinon, rien. Et un voile pudique est posé sur leurs 40 dernières années, peu créatives. 
Jusqu'à quel âge peut-on écouter ZZ Top ?
Jusqu'à ce que les acouphènes masquent les soli de Billy Gibbons.
Jusqu'à quel disque peut-on écouter ZZ Top ?
Jusqu'à Degüello (1979), disent les amateurs éclairés comme moi.
El Loco (1981) préfigure la fin des haricots du power trio en allant flirter avec le rock FM, catastrophe qui ne prend vraiment toute son ampleur qu'avec Eliminator (1983) : arrivée du gros son, disparition des idées musicales. 
Même si tout cela est très subjectif.
Une infinité d'autres avis peuvent être émis, à des coûts relativement bas :


et le disque :
https://www.mediafire.com/file/s7xunf1d0hkjnvg/ZZ_T.E_L.zip/file

mercredi 22 juillet 2020

Russian Circles - Blood Year (2019)

Depuis que j'ai infléchi ma politique éditoriale pour offrir des petits textes écrits avec des mains pleines de doigts sur des sujets aléatoires plutôt que de proposer des albums à télécharger, la fréquentation de ce blog a bougrement baissé. Tant pis : j'ai trop du mal à proposer maintenant des disques en partage, sauf s'ils sont vraiment introuvables ailleurs du fait de leur rareté. J'ai un peu épuisé mon stock de vieilleries. Mais il ne faut jamais dire jamais : par exemple, la semaine dernière, je suis passé à Apt, dans le Vaucluse, et je me suis souvenu que c'était la patrie de Raoul Petite, groupe français de rock rigolo qui faisait des concerts épatants et spectaculaires au début des années 80. Et que si ça se trouve, leur premier album "C'est sûr si t'assures, c'est pas dur" n'est pas disponible sur le net, et qu'il faudra y remédier. Même si le disque était décevant, quand il est sorti, en 1984, par rapport aux prestations scéniques de la bande à Carton, dont les délires apparaissaient soudain terriblement étriqués une fois passés à la moulinette du studio.
Les disques de Russian Circles, eux, sont impressionnants; pourtant ils ne sont que trois, alors sur scène, ça doit être terrible.

Russian Circles, comme leur nom l'indique, est un power trio de l'Illinois qui joue depuis plus de quinze ans une musique épique (et instrumentale) qui s'étend et parcourt la gamme du heavy metal apparenté au sludge, jusqu'à des passages softs, délicats et mélodieux. (wiki)
Et leur dernier album reste aussi vigoureux que les précédents, même si je préfère les précédents, parce que c'est dans ma nature.

Voilà, c'est tout ce que je peux faire aujourd'hui pour enrayer mon extinction virtuelle, avant que je me mette à nouveau à regarder le numérique comme un cancer dont je n'aurais plus le temps de mourir.