lundi 30 mars 2020

Frédéric Lordon : « Les connards qui nous gouvernent » (2020)

Le problème avec les grandes catastrophes — financières, nucléaires, sanitaires — c’est qu’il vaut mieux les avoir vues venir de loin. C’est-à-dire avoir pris le risque de gueuler « connards » quand tout allait bien, ou plutôt quand tout semblait aller bien — alors que le désastre grossissait dans l’ombre. L’armement, et le réarmement permanent de la finance, donc des crises financières, y compris après celle de 2007 : connards. La destruction de l’école, de l’université et de la recherche (notamment sur les coronavirus, quelle ironie) : connards. La démolition de l’hôpital public : ah oui, là, sacrés connards. Le surgissement des flacons de gel désinfectant dans les bureaux de vote quand même les personnels soignants en manquent : hors catégorie.

https://blog.mondediplo.net/les-connards-qui-nous-gouvernent

Rien que pour cet article d'un philosophe journaliste gaucho (pas l'insecticide, l'autre) qui a un blog sur le monde diplo, je suis content d'être retourné faire un tour sur ce forum de sociopathes dont je m'étais auto-banni un mois avant le confinement parce que je m'y sentais un peu asphyxié par macronnerie.

dimanche 29 mars 2020

American Horror Story : Confinature (2020)

En France il existe depuis peu un nouveau jeu de société, qui se serait rapidement répandu aux USA si la confinature n'avait pas contrevenu au premier amendement sur la liberté de circuler, jeu qui fait fureur dans les résidences secondaires où les Parisiens ont fui en masse pour contaminer endémiquement la province comme s'ils y étaient nés, c’est « devine où je suis confiné », mais il faut  disposer d'au moins 2 pièces de vie pour y jouer, cabinets non inclus.
Quand tu survis à 8 dans un studio de 15 mètres carrés, c’est moins fastoche et le jeu s'arrête beaucoup plus vite.
On peut pimenter la règle avec des faveurs sexuelles accordées aux gagnants, avec ou sans gel hydroalcoolique pour lubrifier les muqueuses qui n'étaient pas prévues pour accueillir un aussi grand nombre de candidats, ça dépend de l’état des stocks, je te laisse voir si la pharmacie a rouvert, c’est pas trop mon truc. Les Américains préparent déjà l'adaptation en série dérivée du jeu vidéo, décidés qu'ils sont à ne pas se laisser damer le pion par la Chine (je me demande s'il n'y a pas une contrepèterie, mais je dois passer à table et j'ai peur que ça me coupe l'appétit si je la trouve).
Bon dimanche des ramo(ns) à touffes et à troutes.

C'est toi le chat ! et au fait, dis donc, sans vouloir te vexer,
t'aurais pas un peu grossi depuis qu'on est coincés ici ?

samedi 28 mars 2020

Various Artists - Macron Dub Infection, Volume 2 (1996)

RIRES ET TOUSSOTEMENTS
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(Le clown entre en scène. Il a l'air habillé par Stephen King.) 
- Bonjour les petits enfants. 
Vous savez quoi ? 
La planète nous a pris en grippe.
(rires enfantins)
- Mais le capitalisme financier nous tient en otages.
(rires adultes, un peu gênés)
- Les négociations seront tendues.
(toussotements)
- Nous risquons d'en sortir abattus.
(toussotements gênés)
- Sans parler du syndrome de Stockholm.
(toussotements gênés, puis étranglés. Une maman au premier rang vomit,
puis fond en larmes.)





Macron Dub Infection, Volume 2
(je voulais prendre le Volume 1, mais y'en avait plus)

=> la panacée universelle, l'élixir de longue vie et le remède auditif à tous les maux du monde moderne, car on n'attrape pas les mélomanes avec des acouphènes.
Attention : ce médicament contient de la chloroquine.
Il est donc déconseillé à l'homme de peu de foi.
Et je retire tout ce que j'ai pu penser de Roselyne Bachelot.
Roselyne, si tu reviens, j'annule tout.

mercredi 25 mars 2020

Gébé - L'an 01 (1973)

Une fois achevé, ce banc public sera prêt à accueillir
les fesses d'un (maximum autorisé) amoureux masqué 
Message à caractère distrayant envoyé par un ami menuisier qui vit en Allemagne, parmi cent autres messages assez gais envoyés par des Portugais et d'autres plutôt gnols envoyés par les Espagnols, vraiment, ma boite mail ne désemplit pas d'occasions de fous-rires discount, bien que certains soient quand même un peu navrants.

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Amis confinants ! Vous vous emmerdez à la maison, j'ai la solution: ça vient d'arriver dans mes mails : Une fois le banc terminé, vous pouvez confiner dehors, mais n'exagérez pas... Une heure seulement !! 

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Je ne sais pas chez vous, mais moi je m'emmerde pas du tout à la maison, même si certaines routines sont suspendues en un éther suspect au Royaume du non-dit et de l'Inconcevable, j'ai entrepris de relire tout Sandman pendant mon heure de chaise-longue règlementaire après le déjeuner, et je donne de mon temps et de mon savoir-faire pour réaliser des vidéos en toutes les langues étrangères possibles pour vulgariser et rendre accessible le message de santé public sur le Covid-19 auprès de publics éloignés de la langue française et des consignes sanitaires, ce qui m'a aidé à atteindre mon niveau 2 de dolorisme participatif, auprès de petites blacks qui me font faire de gros progrès en Peul et en Soninké. (au niveau 1 je ricanais avec les loups, et au niveau 3 je ferai la morale aux gens qui m’envoient des blagues de mauvais goût sur le fait que l'Espagne est en tête du classement et talonne  maintenant l'Italie, et qu'on est vraiment les branleurs de l'Europe)
Et le coup du banc à monter soi-même de mon ami d'outre-Rhin, il me semble qu'avant de faire marrer des ébénistes allemands qui toussotent nerveusement au bureau en attendant qu'on les renvoie dans leurs foyers(1) ça faisait marrer des gauchistes français qui toussaient aussi, mais à l'époque c'était parce qu'ils fumaient trop de tabac à rouler.
Jugez-en plutôt : dans l'An 01, Gébé prophétisait le coup du banc dès 1973... à l’époque ça s’appelait "le coup du radiateur".
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(1) mon pote bosse encore, mais ça ne va sans doute pas durer autant que les impôts... attends... les impôts... ils sont pas prélevés sur mon salaire, maintenant ?... et mon salaire, en ce moment... mwah ha ha... bref, encore une expression qu'il va falloir repenser.



Hé oui y'avait pas Médiapart.

la science avance : en 2020 c'est plutôt :
"on est cloitrés, on s’ennuie, et c’est netflix... "
L’An 01 était une ode poétique à la décroissance, une utopie sans lendemain, un divertissement spéculatif sur ce qui se passerait si, soudain saisis d'un doute quand à la pertinence de notre mode de développement, une improbable prise de conscience collective provoquait la mise en pause du monde productiviste des trente glorieuses qui touchait déjà à sa fin pour laisser la place aux trente merdeuses
Un demi-siècle plus tard, tandis que nous glissons avec élégance vers une dystopie totalitaire soft, qu'une forme de vie très ancienne et rudimentaire nous rappelle avec une vigueur inédite qui c'est le patron ici, que la candeur spamoïde des réclames de chez Damart souligne crûment l'invraisemblance quasi-pornographique de  ces femmes souriantes de se voir si bien habillées,  on peut relire tranquillement L’An 01 à la lueur de ce nouvel éclairage, qui sera d'ailleurs bientôt coupé.




La bédé de Gébé :


Le wiki à son kiki, qui dit comme moi, mais en mieux :

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27An_01

Le film éponyme de Jacques Doillon :
(du coup, même si c'est le père de Lou, il lui sera beaucoup pardonné)
https://peertube.gegeweb.eu/videos/watch/755d0a1c-2fe8-4839-b802-912c9fd6fe83

mardi 24 mars 2020

Lovecraft Facts (12) : L'abomination thermolactyle

Version en vinyle expansé d'un paragraphe inspiré ailleurs il y a bien une éternité (3 jours).
Je me suis juste laissé glisser dans la pente.
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Hier soir, ma soeur m’envoie ça :
J'ai reçu ça aujourd'hui !! Je me demande s'ils vendent des masques thermolactiles ??
mail transféré :

Le 20/03/2020, à 10:24, Damart a écrit :


du coup, ce matin j’y propose des éléments de langage pour sa réponse :


formulaire XB12 (fourni par le Ministère de l'Intérieur) de modèle de réponse standard au spam de chez Damart :


Mes chers compatriotes, 
tout d’abord merci de me rappeler, dans cette période difficile, que c'est le printemps, que la contagion arrive et que je n’ai plus rien à me mettre. 
En effet, quoi de plus gênant que d'être placée sous assistance respiratoire à l'hôpital d'Annecy dans une petite robette de l'année dernière ? 
Du coup, c’est vrai que je me tâtais pour acheter un de vos ensembles écrus au Super U, histoire de faire marcher le commerce de proximité, mais j’en reviens, et y’a vraiment une queue pire qu'en Pologne devant le supermarché, alors comme vous proposez de gros rabais sur la vente par correspondance, je crois que je vais me laisser tenter.
Seul petit bémol : le facteur de mon quartier n’a plus reparu depuis qu'il est parti en réanimation, alors je me demande bien comment vous allez pouvoir me livrer, c’est ballot, je vous aurais bien pris aussi des masques thermolactyles, s’il vous en reste, j’ai peur d’être un peu juste. Mais je ne les vois pas sur votre catalogue en ligne, c’est ennuyant : j'ai parcouru votre site, depuis que mon employeur m’a mise au chômage technique, je n’ai plus que ça à faire de la journée, et je me dis que si cette pénurie de masques perdure du fait de notre désindustrialisation, et si la situation de l'hôpital public persiste à se dégrader du fait du grignotage du plan de santé ourdi par le gouvernement depuis des lustres, Damart sort quand même une très jolie collection de coussins avec imprimés fleuris pour étouffer ses enfants s'ils toussent trop, c'est bien pratique en cas de coup dur. 
Mais les enfants sont peu affectés par le virus, sauf exception ils ne font que le colporter aux adultes, comme dans un film de John Carpenter, tout le monde sait ça. 
Dois-je les préalablement les envoyer embrasser leur papi, de façon à respecter les différents stades de l’effondrement de la pyramide des âges ?
Merci de me répondre rapidement, j’ai hâte de claquer le pognon qu’il me reste peut-être sur mon compte (je n'ai pas osé aller voir) de manière intelligente.
Si vous prenez vous-même la livraison en charge, seriez-vous assez gentils pour me faire suivre le dernier Télérama, je ne l’ai pas reçu depuis la mort du facteur, et je ne sais pas trop quoi regarder la semaine prochaine à la télé, je suis déjà un peu lassé des actualités, j’ai l’impression que ça tourne un peu en boucle. Hier soir j'ai chialé devant un reportage Arte bien raide sur l'Italie, ça ne m'était pas arrivé depuis septembre 2001.
Enfin, pourriez-vous joindre à votre colis un de vos spameurs publicitaires (n’oubliez pas les petits trous dans la caisse pour qu’il respire) j'ai hâte de l'attraper par son col de chemise, de le mettre dans un micro-ondes et de le passer 30 secondes sur décongélation (200 watts, pas plus), c'est un traitement expérimental dont j’ai lu le plus grand bien sur un blog naturopathe : j’ai la quasi certitude que le virus n’y survit pas. 
Si le publicitaire n’a pas été testé positif chez vous, c’est pas grave, j’ai des voisins malades, on se débrouillera.

Cordialement, et puis tu signes.

Merci qui ?

sinon, pour ceux qui ont eu la gentillesse de me lire jusqu'ici, mais aussi pour les autres, les déshérités de l'âme qui ont tout sauté jusque-là, j'ajoute mes pensées du jour en eau peu profondes : 

Ca, ça sera vraiment le dernier recours.
La solution finale.
- pas un seul spam téléphonique depuis 1 semaine; j'attends impatiemment que les employeurs de ces petites mains sous-payées rebondissent et fassent accéder leur prolétariat au télétravail, mais quelque chose me dit qu'ils se demandent si c'est une bonne idée.
- hier un ami m'a parlé d'une de ses connaissances qui vient d'être libéré, il y a 3 jours, après 10 ans de prison. C'est quand même pas de bol.
- mes acouphènes ont quasiment disparu depuis dimanche, alors que j'ai cessé de pratiquer les exercices de sophrologie qui devaient les tenir à distance et dont le thérapeute m'avait bien dit qu'il fallait continuer. Je ne crois pas qu'Yves Montand soit dans le coup, mais je vais aussi ressortir un vieux Guy Béart, pour voir.

lundi 23 mars 2020

Yves Montand - Chansons Populaires De France (1955)

La parodie est un genre difficile.
N'est pas Ramon Pipin qui veut.
Ramon Pipin qui avouait d'ailleurs volontiers, dans Rock et Folk n°458 de juillet 1974, qu'il s'appelait en fait Ramène Dupain, un nom qui fait rêver en ces temps incertains où le vigile de Super U m'a repéré, malgré mon masque de Zorro, et me refuse l'accès au rayon boulangerie du supermarché plus d'une fois par jour, alors que ça me fait quand même une sortie qui brise un peu le train-train de ces journées de plomb passées à clavarder avec des pixels qui simulent avec moi une amitié de circonstance pour ne pas que je me livre à un acte de désespoir.
La parodie n'est souvent drôle que si l'on connait l'original. Alors que l'oeuvre drôle est drôle en soi, ex nihilo, sans nul besoin de verser tribut aux gardiens du temple de La Culture.
Jusqu'ici, la traçabilité du "Confinés, confinés" du billet précédent n'était probablement accessible qu'aux personnes âgées cyberdépendantes, qui seules avaient pu avoir vent du collectif zebdoïte à l'origine du "Motivés" d'origine, nous confirmait hier un jeune lecteur des Deux Sèvres.
C'est pas faux, mais c'est pas le pire : le "Motivés" d'origine renvoyait en fait au Chant des Partisans, une chanson populaire que même les moins de 99 ans ont eu du mal à reconnaitre lors du blind-test musical effectué en double aveugle (le blackout est à 21 heures pour économiser le fioul du groupe électrogène) à l'EHPAD où je réside depuis peu, mes enfants en ayant eu marre de mes jérémiades autoapitoyantes sur l'état des soignants, qui finit fatalement par rejaillir sur celui des soignés, et vice-versa.

Concernant ce fameux Chant des Partisans, quoi de mieux que la version interprétée par Yves Montand dans le magnifique recueil de Chansons Populaires De France qui a bercé mon enfance derrière la gendarmerie de Perros-Guirec, tout en instillant dans mes veines et par les oreilles une terreur qui confine (lol) au sacré  ? Chants de soldats mourant au combat, complaintes de prolétaires d'époques reculées, brâmes d'amours déconfites, certaines de ces chansons m'emplissent encore d'une tristesse indicible, plus de cinquante ans après. Allons, camarades. Quand le futur devient illisible,  et que même le passé devient de la science fiction, il faut resserrer les rangs (et les fesses) autour du patrimoine, c'est pourquoi Je suis une tombe contribue à sa façon à l'effort de guerre. Repos.


L'acquisition possible d'une maxidose :
non mais ça c'est la pochette de la réédition de 76
alors que l'album de 56 porte un bandeau latéral noir,
c'est vraiment n'importe quoi ce blog
Je pensais y entendre "Le galérien", atroce rengaine sur un drame du déterminisme social en forme de prophétie auto-réalisatrice que n'aurait pas reniée Bourdieu, mais la nostalgie m'égare et je mélange tout, elle a été publiée sur un autre album, "Je Soussigné Yves Montand", introuvable chez les Russkoffs, et pourtant à l'époque mon père militait au PC, et mes parents, peu au courant des risques induits de psychose maniaco-dépressive, avaient aussi laissé trainer cet album près de l'électrophone, et évidemment, va trouver du lithium dans le Perros-Guirec des années 60, en termes d'anti-dépresseurs on avait droit au cidre brut et c'était tout. 
Il faudra que je lance un appel à contributions auprès des bloguistes spécialisés en Arkhameries sonores. 
J'en connais un paquet qui sont encore ouverts.

dimanche 22 mars 2020

Confinés, le chant des partisans (Remasterisé) (2020)



Je vous préviens tout de suite que je ne m'y collerai pas, mais l'idée m'est tombé dessus depuis l'armoire, et à mon avis si l'un d'entre vous veut faire le malin sur youtube, je ne m'y opposerai pas, et en vérité il y a un coup à faire avec la chanson "Motivés" du collectif éponyme, le tube de l'été 1999 sur lequel on a tous emballé (à l'époque) la vendeuse de merguez à la fête de l'Humanité. 
Qui sert aujourd'hui du couscous jambon à la fête du Rassemblement National, mais c'est une autre histoire.
De toutes façons, ça tombe bien, aujourd'hui j'aurais pas su quoi voter au second tour.


Si quelqu'un veut s'y mettre, je dépose ici l'idée et le début des paroles,
sous licence Creative Commons Everybodys

[les nouvelles paroles sont entre crochets]

Le début, c'est facile :

Ami entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines

[Ami entends-tu le vol du Corona sur nos têtes]

Ami entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne

[Ami entends-tu les cris du sourds du Macron qui t'enferme]

Ohé, partisans ouvriers et paysans c'est l'alarme

[Ohé, commerçants, salariés et soignants c'est l'alarme]

Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes

[Ce soir l'hôpital paiera le prix du manque de masques]

Motivés, motivés

[Confinés, confinés]

Il faut rester motivés !

[Il faut rester confinés ! ]

Motivés, motivés

[Confinés, confinés]


Il faut se motiver!

[Il faut se confiner ! ]


Bon, je n'insiste pas, vous voyez le genre.
Si c'est ça le nouveau chant des partisans, alors c'est un peu comme dans "le camp du schmock", la chanson de Dédé et Mireille en vente dans cette salle, quand Mireille fait dire à son personnage "si j'étais partisan, je suis revenu réglisse".
A moins que ça soit Dédé.
En tout cas, prions pour que Francis Lalanne ne tombe pas sur mon brouillon.
Quelqu'un l'a vu récemment ? je crois que je vais passer chez lui resserrer son bâillon, en lui faisant croire que c'est un masque nouveau modèle.

vendredi 20 mars 2020

Lorenzo Esposito Fornasari - Hypersomniac (2017)

Contrairement à ce que laisse penser la contemplation des actualités télévisées, l'oeil vitreux et la bouche pâteuse de purée U rationnée, le pire n'est jamais inéluctable, mais il arrive parfois quand même : je suis confiné sur une chaise longue dans le jardin, un peu ivre de gel hydroalcoolique bu par erreur, le soleil de Mars me caresse la couenne comme dans un vieil Higelin, je songe à ces pauvres gens des villes contraints de sortir dans la rue affronter la maréchaussée (obligée de faire appliquer des règles absurdes) pour ressentir le douloureux privilège de se sentir exister, et si la météo persiste dans le beau temps, je vais me signer une dérogation pour aller courir un peu plus loin que les deux kilomètres autorisés, ça part donc assez mal ce confinement, si je ne suis pas capable de suivre les injonctions schizoïdes du gouvernement. 

Heureusement, bandcamp vient me rappeler à l'ordre :

Salutations!
La pandémie de Covid-19 a particulièrement touché les artistes, car les tournées et les spectacles sont annulés dans un avenir prévisible. Pour aider à soutenir les personnes concernées, nous renonçons à notre part des revenus sur toutes les ventes ce vendredi 20 mars, de minuit à minuit (heure du Pacifique). Si vous le pouvez, joignez-vous à nous pour mettre de l’argent bien nécessaire directement dans les poches des artistes.
Pour de nombreux artistes, une seule journée de ventes boostées peut faire la différence entre pouvoir payer un loyer ou non. Les musiciens continueront de ressentir les effets de la perte de revenus des tournées pendant de nombreux mois à venir. La meilleure façon d'aider les artistes est votre soutien financier direct, et nous espérons que vous vous joindrez à nous vendredi et au cours des prochains mois alors que nous travaillons pour soutenir les artistes en cette période difficile.

Je choisis de faire un geste, et d'acheter Hypersomniac, de Lorenzo Esposito Fornasari. D'après sa photo, il s'agit d'un Italien ombrageux qui a importé le virus à Londres.
Qu'il en soit loué.
Regardez le line-up :
Eivind Aarset – guitars, electronics
Nils Petter Molvaer – trumpet
Rebecca Sneddon - saxophone
Bill Laswell – bass
Ståle Storløkken – hammond organ and keyboards
Kenneth Kapstad – drums
Même si j'étais sourdingue, j'achèterais ça les yeux fermés si j'étais aveugle.

https://lefmusic.bandcamp.com/releases

Et sinon, c'est comment ?
Etonnamment bruyant. Rien que des tcha-tchas endiablés à danser avec les voisins et lélectrophone à fond  (mes chers compatriotes, les mots en italiques sont désormais interdits et seront remplacés d’ici midi par d’autres, livrés par des brigadiers en tenue.)
Et il y a aussi une abondante documentation, que je n'ai pas encore eu le temps de dénoncer à la Préfecture, il faut d'abord que je me signe une autorisation.
http://www.hypersomniacproject.com/

jeudi 19 mars 2020

Talking Heads : The Name of This Band Is Talking Heads (1982 - Reissue 2004)


Comment ai-je pu passer à côté de cet album ? ben, faut dire que malgré les dilatations égotistes engendrées par l'animation d'un blog à large spectre autistique, consacré à la maitrise de son avenir par la rumination de son passé passé, par opposition au passé présent ou au passé futur, qui ne sont pas de même nature, comme le démontrent Einstein et Stephen Hawking, et malgré ma vie d'agent infectieux réduit à son strict minimum, soit une capsule en protéines protégeant un brin de matériel génétique codant pour lui-même en HTML et pour la survie culturelle de mon pote Paul fidèle lecteur Paulo dans sa capsule à Paulo,  faut reconnaitre qu'on peut pas être partout, tout le temps.
Même quand on est auto-confiné chez soi par le chômage en temps de paix. Alors là, confiné par les autorités pour des raisons sanitaires en temps de guerre, afin de savoir qui est plus fort ici, le virus ou l'homme, on va voir ce qu'on va voir.
https://pitchfork.com/reviews/albums/8266-the-name-of-this-band-is-talking-heads/
et les liens :
https://www.mirrored.to/files/YCZVC1NY/2004
D'ailleurs sitôt fini, on peut tôssi revoir le concert à Rome (avec le Pape en guest star, déguisé en Adrian Belew)

mercredi 18 mars 2020

Rouhaud, Reuzé : Faut pas prendre les cons pour des gens (2019)

Le titre du livre ne m'inspirait pas. 
J'ai un problème avec le Mépris. 
Pas le film de Godard, le procédé de distanciation sociale, qui travaille souterrainement ma famille élargie comme une tumeur cancéreuse.  
J'ai de plus en plus de mal avec ça. 
Je suis moi-même bien infecté. 
Mais dans la vitrine de la librairie fermée, le gag en quatre cases me fait sourire (clique sur l'image, tu verras Montmartre désert), parce que j'ai des amis qui ont adopté un bébé noir quand ils étaient plus jeunes, et ils lui ont fait des blagues. Mais pas celle-là. L'ordonnance signée par mon médecin traitant précise : Faut pas prendre les cons pour des gens est un album d'humour absurde sur la bêtise ordinaire, de plus en plus présente autour de nous. À la manière d'un Goossens ou d'un Fabcaro, il tord et maltraite les clichés de la société dans une BD hilarante et grinçante à souhait. Racisme ordinaire, mesures gouvernementales ubuesques, maisons connectées, quotas policiers, surpopulation carcérale, rejet des laissés-pour-compte... 
Je vous copie-colle quelques pages, qui prennent un relief particulier, mes chers compatriotes, dans les temps difficiles de décroissance subie que nous vivons, sans vouloir présumer de la suite. Ca vous fera un peu de lecture, bien qu'il soit un peu compliqué d'aller l'emprunter à la médiathèque ces jours-ci. Même si vous vous bricolez un Ausweis avec Photoshop, elle sera sans doute fermée. Plutôt que Goossens ou Fabcaro, la suite de gags tragico-tragiques m'évoque le Brazil de Terry Gilliam. Les adeptes de la noirceur ricanante seront à la fête, bien que le dessinateur soit un peu désinvolte, et singe la BD contemporaine qui n'hésite pas à reprendre le même dessin sur plusieurs cases. Comme vous l'aurez compris, ce bougre ne prend vraiment rien au sérieux, pas même son éditeur !
Je ne sais pas où le rédacteur de cette note d'intention a vu jouer ça, mais je trouve que c'est surtout un mépris de lui-même, du don que Dieu lui a donné, et de ses lecteurs. 
Je voulais conclure en beauté par un échange avec un ami à propos de cet album dont je lui ai fait lire quelques planches (le père adoptif de l'enfant noir, d'ailleurs) et qui m'a dit "J’ai bien aimé. L’autre disait « Aimez-vous les uns les autres » mais des fois l’effort demandé est surhumain. La connerie est universelle, éternelle et sans limite. Au-delà de nos limites d’acceptation sont-ils encore nos semblables ? Sont-ils vraiment des gens ?" Je lui ai répondu des choses admirables repiquées dans un livre sur Limonov, mais j'ai déjà vendu l'extrait à la maison-mère la semaine dernière.
Et Limonov est mort hier (d'autre chose, je précise).
Je passe donc au plan B : au jour 1 du confinement, les gendarmes disaient hier « on ne verbalise que ceux qui nous prennent pour des cons ».
Ca doit faire quand même faire un paquet de monde, non ?
Restez chez vous.








c’est un peu triste comme humour, je trouve.
ca doit être post-humour.