vendredi 24 mai 2013

Vers un conspirationnisme éclairé

Regarder la série anglaise Utopia m'a fait regretter les grrrandes séries conspirationnistes : Wild Palms, X-Files, les Invisibles de Grant Morrison...
L'ancêtre, c'est peut-être Jacques Dartan, qui m'avait fait froid dans le dos dès la fin des années 70 avec son cours d'initiation à l'orthologique :

"L'industrie a eu pour effet de substituer les conditions de l'abondance au régime de pénurie qui, biologiquement, fut celui des hommes depuis toujours. Certes, la plupart des économistes contestent cette substitution. A leurs yeux, l'abondance est restée utopie,  et ils n'ont pas tout à fait tort : un régime d'abondance n'a été toléré sur cette planète que dans l'unique cas de l'Allemagne hitlérienne. Mais les Allemands eux-mêmes ne savent ni comment cette chose s'est faite ni pourquoi elle ne fut possible qu'en Allemagne. Ils l'ignorent parce qu'ils ne veulent pas le savoir, et ce phénomène d'intolérance au vrai est universel. Il faut donc qu'il obéisse à des raisons spécifiques, qui affectent notre espèce tout entière.

Quelles peuvent-elles être ? C'est la question que se posa Léon-David Steiner. Il y répondit par une hypothèse qui avait le mérite de prendre appui sur un FAIT indéniable : l'autorité ploutocratique repose sur la pénurie. Nous verrons l'hypothèse steinérienne tout à l'heure. Commençons par un coup d'oeil sur le FAIT invoqué, pour nous assurer de sa réalité. Il est clair, en effet, que les hommes dont les besoins sont comblés peuvent devenir indociles à l'argent. On peut les tenter, les séduire, mais ils ne se laissent pas contraindre. Les affamés, eux, sont sans défense : ils ne discutent ni les salaires ni les ordres. les colonisateurs du siècle dernier s'en sont aperçus : ils se virent obligés de créer des besoins à la main-d'oeuvre indigène lorsqu'ils ne pouvaient la forcer. Donc, si la "loi d'airain" (celle de la faim, de la concurrence à mort ) cessait de gouverner les humains, les conséquences seraient celles-ci :

1. La contrainte par la faim échapperait aux puissants.
2. Il leur faudrait agir sur les classes dirigées par des moyens humains au lieu de préhumains.
3. Ils devraient apprendre  à exercer l'autorité au lieu d'en hériter les moyens sans nulle peine, ou de l'asseoir sur la force policière.
4. Bref il leur faudrait substituer la conscience humaine à l'instinct animal dans les rapports sociaux.

Ce serait le monde à l'envers : un renversement des idoles, une inversion des traditions, des usages, des habitudes, des valeurs matérielles, intellectuelles, morales. Les puissants et les maîtres y perdraient tout ce qu'ils possèdent. Il leur faudrait céder les postes de commandement à des hommes simples et vrais , qui n'auraient pas plus le besoin de paraître importants qu'Einstein n'éprouvait celui d'éblouir ses contemporains par l'élégance de ses vêtements. Lorsqu'ils sont libérés du besoin de paraître ce qu'ils ne sont pas, les humains deviennent ce qu'ils sont. Face à des hommes de cette sorte, les imposteurs de la puissance, du savoir et de la gloire seraient vite engloutis dans un abîme de subalternité et d'oubli.

On conviendra que, si les puissants et les maîtres avaient été conscients des conséquences inévitables d'un régime d'abondance, il y aurait eu de quoi leur engendrer une terreur panique. Tout plutôt que cet indicible désastre ! Mille fois plutôt la mort que cette humiliation totale ! Et cinq mille fois plutôt le collectivisme et ses policiers, qui, au moins, seraient des hommes tout pareils à eux. Une chose, cependant, est certaine : les puissants et les maîtres n'ont jamais été conscients de ces choses : tout ce qui a été publié depuis deux siècles en fait une avalanche de preuves.

Mais il faut quand même se poser une question : qu'auraient-ils pu faire s'ils en avaient été conscients ? Quels actes auraient-ils pu poser si leur objectif conscient avait été de s'abriter des conséquences d'un régime d'abondance ? De quels moyens disposaient-ils et dispose-t-on pour ôter aux humains toute possibilité de désobéir à leurs chefs ? Et, à défaut, pour faire durer la pénurie dans un monde où la productivité a pris le mors aux dents ? Trois solutions évidentes sautent aux yeux :

1. La plus sûre et la plus définitive est celle qui substitue le collectivisme au capitalisme. L'esclavagisme résout idéalement tous les problèmes de l'autorité préhumaine.

2. A défaut, une pénurie artificielle  peut sauvegarder l'autorité ploutocratique. La création de besoins nouveaux et la stimulation de ceux qui existent peuvent contribuer aux mêmes résultats.

3. Si, malgré ces précations, la productivité devenait menaçante, un moyen sûr de perpétuer le règne de la faim serait la multiplication des hommes. Tout rentrerait dans l'ordre (préhumain) le jour où les ressources de la planète seraient à nouveau insuffisantes pour les nourrir tous. Pour aller plus vite, il serait sage de veiller en même temps au saccage des dites ressources : il faudrait hâter l'érosion des terres arables, ralentir la percolation des eaux et polluer les océans."

C'était assez bien pointer les mécanismes plus ou moins inconscients qui nous font bousiller le futur depuis la dernière révolution industrielle, et suffisamment confidentiel pour séduire les aficionados de la pensée consciente et lucide.

J'ai des amis conspirationnistes, comme on pouvait dire avant l'avènement du mariage gay "j'ai des amis homosexuels" : une minorité ethnique de plus, engendrée par la déréliction des mass media (admirons au passage l'obsolescence programmée du terme, malgré sa pertinence sans cesse renouvelée) et l'incapacité des foules à admettre que le gâchis engendré par le passage éclair de l'homme sur Terre soit dû à son inconscience plutôt qu'à de la malveillance. 
De plus, les conspirationnistes ont fort à faire : non seulement ils sont entourés d'anti-conspis imperméables à leurs arguments, mais personne ne peut les blairer, et les non-conspis n'ont de cesse de les tourner en ridicule et de dénoncer leur parano, pourtant loin d'être infondée.

Bibliographie éclairante :

http://www.conspiracywatch.info/Bonnes-feuilles_r28.html

Pas besoin de conspis pour expliquer l'aveuglement des élites :

jeudi 23 mai 2013

L'auto-fictif

Ca faisait des siècles que je n'étais pas allé voir le blog d'Eric Chevillard.

C’est incontestable, on a parfois besoin d’autrui. Je n’aurais jamais réussi à m’ennuyer comme ça tout seul.

Je suis évidemment favorable au don d’organes et tout à fait disposé, quand je mourrai, à recevoir d’autrui un cœur battant et un cerveau bien irrigué.

Tandis qu’une méchante petite pluie grise déprime notre printemps, une formidable tornade dévaste l’Oklahoma. Que peut décidément le cinéma français contre les blockbusters américains ?

La brute sanguinaire n’attend qu’une chose pour assouvir ses pulsions sadiques : que tu te moques de sa religion d’amour.

Au terme de ses jours, quelqu’un lui demanda ce qu’il changerait à sa vie si c’était à refaire. – Peu de choses, répondit le vieil écrivain, mais j’éviterais cette fâcheuse répétition du mot tabouret à la page 3 de mon premier livre qui m’a complètement pourri l’existence.

Voilà, c'est peu et c'est déjà beaucoup pour aujourd'hui.

mercredi 22 mai 2013

Butcher Baker, The Righteous Maker - Joe Casey + Mike Huddleston (2012)

Seul le medium BD rend ce type d'oeuvre possible et à la fois indispensable, ou du moins totalement jouissive.


Une histoire de superhéros qu'on pourrait croire écrite par quelqu'un qui les exècre, qui de surcroît écrit bourré et sous acide.
Démesure et Outrance à tous les étages : un personnage qui emprunte beaucoup au Comédien des Watchmen, mais traité à la sauce Mark Millar /  Jerry Frissen période Lucha Libre.

Joe Casey avait déjà été remarqué par nos services pour son travail de mécanique ondulatoire sur les comics (Automatic Kafka) mais notre niveau d'anglais plus proche de Warren Ellis que de Grant Morrison ne nous avait pas permis d'en saisir toutes les finesses, voire d'y pomper autre chose que le minimum syndical en matière d' interjections ordurières.

Et visuellement, ça arrache : le dessinateur avoue Sienkiewicz, Dave McKean et Kent William comme influences graphiques majeures.
Mention spéciale donc à Mike Huddleston pour son graphisme électrique et protéiforme.
En v.o, c'est là :

Et en vf, c'est la belle édition de chez Ankama.


mardi 7 mai 2013

Doktor Sleepless & les Tulpas- Warren Ellis (2007-2009)

En vacances à Oléron, j'ai lu le comic-book "Doktor Sleepless" de Warren Ellis, écrit dans la période où sa productivité ne pouvait s'expliquer que par l'abus de substances et/ou par une auto-addiction carabinée.
La série commence bien, brassant pèle-mèle tous les épouvantails de la contre-culture geek, de Lovecraft au chamanisme, plus un certain nombre d'obsessions maison, on se sent comme chez soi dans l'incroyable foutoir que doit être l'atelier où Ellis bricole ses scénarios, mais après le fascicule #8, il y a un gros coup de mou à la fois dans la narration et dans le dessin, comme si le démiurge s'était lassé de son nouveau jouet (il avait je ne sais combien de séries en cours à l'époque)... Ensuite, tout se déglingue : l'ordinateur de Ellis tombe en carafe, toutes ses sauvegardes sont vérolées, puis son ordi prend feu, et depuis 2009 on reste coincés à l'épisode 13.
Fallait sans doute pas invoquer inconsidérément le nom de Cthulhu.
Toujours est-il que dans l'épisode #3, il fait une embardée en évoquant un épisode de la vie d'Alexandra David-Neel qu'on pourrait croire sorti des belles histoires de l'oncle Paul. Je ne sais si l'anecdote est avérée, mais elle est édifiante.
Pour ma part, je transpose aisément sur tous les fantômes que j'ai créés au fil des ans, et que j'ai parfois du mal à dissoudre. Y'a encore du boulot.
Mais c'est ça ou me fader la controverse entre Alan Moore et Grant Morrison.






samedi 4 mai 2013

Le paradoxe du vantard

Après 8 jours de vacances à l'écart du monde mais non loin d'un shop de tattoo, m'est venue cette pensée profonde : Je me ferais bien tatouer ma bite sur la bite, mais y'a pas assez de place.



samedi 20 avril 2013

Electro Bamako - Mamani Keita & Marc Minelli (2001)

J'étais bien décidé à ne plus engraisser ces salopards d'Amazon, champions de l'optimisation fiscale qui échappent à l'impôt sur les sociétés par des montages financiers pervers et alambiqués en implantant leurs sièges dans des paradis fiscaux, alors je me suis rendu à la Fnac de mon quartier, je croyais qu'Electro Bamako était sorti récemment et que comme je l'avais écouté sur Grooveshark je le trouverais en rayon. Mais le vendeur, par ailleurs compétent et sympathique, m'a expliqué que le disque était sorti en 2006, qu'il ne l'avait pas en rayon, mais qu'il pouvait le commander... Soudain possédé par les démons de "In cauda venenum" et du "Tout, tout de suite", je lui réplique stupéfait que je vais le commander sur amazon, sous prétexte de rapidité.
Après tout, Amazon fait à la Fnac ce que la Fnac a fait aux disquaires, ce que Hitler a fait à la Pologne, alors dans l'instant je vois pas pourquoi je me gênerais pour le faire au vendeur de la Fnac, qui n'y est évidemment pour rien.
Quelle erreur de ma part ! c'est pas comme ça qu'on va en sortir.
Seule solution, retourner à la Fnac, et en commander 10 exemplaires en pénitence.
En plus, j'ai mis deux heures à le trouver en download après avoir écumé les cyber-tavernes les plus louches.

-Bon, et à part tes affres vertueux, et la musique ?
-Ben, Electrobamako est un collectif qui brasse les influences indiquées dans son nom, qui indique clairement qu'ils ne jouent pas du dark metal, avec beaucoup de bonheur.
C'est l'éclectique Marc Minelli qui gère le projet, autour duquel s'agrègent des musiciens maliens.
Il y a 3 disques de sortis, dont le dernier très récemment, et voici le premier.
Apparemment, il y a eu deux pochettes, et j'ai entendu le premier titre de l'album comme générique d'une émission de radio, mais je ne sais plus laquelle.




mardi 16 avril 2013

Bons baisés de nulle part

Eric Wenger, qui avait jadis créé Bryce, logiciel de création 3D orienté paysages, avec lequel je m'étais quelque peu éclaté la rondelle avant Jésus-Christ, a commis Artmatic Voyager.
J'ai un peu testé, je n'ai pas trouvé la version 2 à pirater, c'est con, je ne vais plus pouvoir fuir la réalité en concoctant d'interminables travellings traversant de magnifiques canyons sur lesquels je baverais des textes houllebecquiens décrivant ma lassitude du monde contaminée du dégoût que je m'inspirerais secrètement à l'ombre de moi-même.
C'est la tuile.
La 3D, comme la pornographie, c'est le dépliant touristique d'une destination à laquelle on n'arrive jamais.
Bryce, je l'avais acheté, j'avais passé 18 mois dans le coma, j'avais eu très beau temps.
Je me suis fait quelques fonds d'écran avec la version de démo, puis j'ai lâché prise.
















dimanche 14 avril 2013

Suzuki - 2006 - (Anonyme)


En cherchant des vieilles photos dans mon ordi, j'ai retrouvé une blague qu'un pote m'avait envoyée en 2006, et elle marche encore mieux aujourd'hui avec Bernard Cazeneuve !

Sujet : Fw: Suzuki tare ta gueule à la récré

 Premier jour d'école dans une classe américaine.

L'institutrice présente à la classe un nouvel élève: Sakiro Suzuki. L'heure commence.
L'institutrice :
- Bon, voyons qui maîtrise l'histoire de la culture américaine. Qui a dit: DONNEZ-MOI LA LIBERTE OU LA MORT ?

Pas un murmure dans la salle. Suzuki lève la main :
- Patrick Henry, 1775, à Philadelphia.

- Très bien Suzuki!  Et qui a dit : L'ETAT EST LE PEUPLE, LE PEUPLE NE PEUT PAS SOMBRER ?

- Abraham Lincoln, 1863 a Washington, répond Suzuki.

L'institutrice regarde les élèves et dit :
- Honte a vous ! Suzuki est Japonais et il connaît l'histoire américaine mieux que vous !

On entend alors une petite voix au fond de la classe :
- Allez tous vous faire f..., connards de Japonais !

- Qui a dit cà ? s'insurge l'institutrice.

Suzuki lève la main et sans attendre, dit :
- Général Mc Arthur, 1942, au Canal de Panama et Lee Iacocca, 1982, lors de l'assemblée générale de General Motors.

Dans la classe plongée dans le silence, on entend un discret :
- Y'm'fait vomir...

L'institutrice de hurler :
- Qui a dit çà ?

Et Suzuki de répondre :
- George Bush Senior au premier Ministre Tanaka pendant un dîner officiel à Tokyo en 1991.

Un des élèves se lève alors et crie :
- Pomp'moi l'gland !!!

Et Suzuki, sans sourciller :
- Bill Clinton à Monica Lewinsky, 1997 dans la salle ovale de la Maison Blanche, à Washington.

Un autre élève lui hurle alors :
- Suzuki, espèce de merde !

Et Suzuki :
- Valentino Rossi, lors du Grand Prix de Moto en Afrique du Sud en 2002...

La salle tombe littéralement dans l'hystérie, l'institutrice perd connaissance, la porte s'ouvre et le directeur de l'école apparaît :
- MERDE, j'ai encore jamais vu un bordel pareil !

Et Suzuki :
-       Thierry Breton , en arrivant au ministère du Budget et des Finances Français.

jeudi 4 avril 2013

Automatic Kafka - Joe Casey, Ashley Wood (2002)

Pas de réédition en album de ces 9 fascicules hallucinés, sauf en Espagne, et en espagnol.
En tout cas, en anglais ça le fait très bien.
Je ne connaissais pas Joe Casey, récemment découvert avec son Butcher Baker.
C'est un euphémisme de dire que j'en reste sur le Q.

http://avaxhome.ws/comics/Automatic_Kafka_01-09_2002_Complete.html 

vendredi 29 mars 2013

L'éditorial du vendredi soir

J'ai lu un article affreux et très documenté de Courrier International sur les exactions en Syrie.

J'ai entendu des histoires atroces sur France Inter à propos de narcotrafiquants au Mexique.

La jeune Léa, 11 ans, m'a écrit une lettre déchirante du fond de son fauteuil roulant, me demandant gentiment d'envoyer des sous à l'Association des Paralysés de France, me faisant clairement comprendre que si je ne le fais pas je renie toutes les valeurs humaines; par contre, si je le fais, il est clair que l'APF me poursuivra de ses mailings personnaisés dans les siècles des siècles.

Pour résister aux frimas printaniers, j'ai mis une veste polaire par dessus un pull polaire, et quand je me suis rendu compte que ça me rendait d'une certaine façon bi-polaire, comme si la prédiction de mon psy s'était auto-réalisée, je me suis tout de suite changé.

Mais j'ai lu un article cocasse, et j'ai passé un bon moment.