Je crois que je refais une attaque de fièvre folkeuse, pour reprendre le bon mot d'un collègue qui n'a pas sa langue dans ma poche.
Moins handicapante que la grippe aviaire ou que la fièvre porcine (Grooouuuiiik !) mais quand même...
Tout à l’heure j’écoutais très scolairement "The Music Of Inside Llewyn Davis", la bande originale d'un film de les frères Cohen un peu beaucoup triste, qui raconte une semaine de la vie d'un jeune chanteur de folk dans l'univers musical de Greenwich Village en 1961.
Llewyn Davis est à la croisée des chemins.
Alors qu'un hiver rigoureux sévit sur New York, le jeune homme, sa guitare à la main, lutte pour gagner sa vie comme musicien et affronte des obstacles qui semblent insurmontables, à commencer par ceux qu'il se crée lui-même.
Il ne survit que grâce à l'aide que lui apportent des amis ou des inconnus, en acceptant n'importe quel petit boulot.
Des cafés du Village à un club désert de Chicago, ses mésaventures le conduisent jusqu'à une audition pour le géant de la musique Bud Grossman, avant de retourner là d'où il vient.
...là d'où il vient, c’est à dire au néant.
Comme ce clochard pas très céleste croisé en moins 32 avant WarZen, sur un quai hagard RER un lundi matin à Châtelet, qui brandissait triomphalement sa fiole emplie d'un liquide vermeil dont il était très friand, en dégueulant à la cantonade :
" Beuuaâârrr !! Je rreppars à Zérooo !!! "
Manifestement ravi de sa métaphore, il voulait qu'on sache qu'il était ravi d'y retourner, au Néant.
Et comme je le comprends, parfois.
Mais comme c'est parti, ça viendra bien assez tôt, as far as I am concerned.
Et les passants passaient, murés dans une indifférence coupable devant cette réincarnation avérée d'un grand sage de l'Inde mystique, sans doute Brahmapoutre-que-j'ai-dans-l'oeil, pas très chauds pour envoyer un message fort aux flics de la RATP, engoncés dans leurs problèmes égotistes de cancrelats cafardeux, enchainés à leur métro-boulot-parano-d'attentat.
Tandis que Llewyn Davis, lui, passe aussi beaucoup de temps dans le film éponyme à repartir à zéro dans les RER de New York, mais c’est un Bob Dylan en puissance, même s'il ne rencontre jamais les gens qu’il faut au moment opportun, et se trouve même assez souvent (pour ne pas dire toujours) au mauvais moment, at the wrong endroit, (un peu comme le manager des Fatals Picards au Bataclan l’autre soir), sans parler de son attitude d'esprit, franchement déplorable.
Un vrai Jo la Loose.
Il y a certainement un enseignement spirituel secret caché dans le film des frères Cohen, mais j'avoue que même avec ma pelle des 18 Joints, je ne l'ai pas encore excavé. A part les ruminations convenues sur le mauvais karma et comment finir de le foutre en l'air, j'veux dire.
Aparté à Dédé (oui, celui de DD et Mirlaine) :
Bon, le film m’a pas fait du tout penser à toi, lol.
D’ailleurs tu chantes pas, toi, t’as un parolier- interprète-nom.
Autant des fois, comme ici, les Cohen sont des fossoyeurs pisse-froids, tout baigne dans une sinistrose délicieusement glauquesque, réservée aux amateurs avertis accompagnés de leurs parents fraichement décédés, (Barton Fink, No Country for old Men, The Man Who Wasn't There, A Serious Man) mais au moins y’a toujours un truc à se goinfrer avec les bandes-sons de leurs films.
Et là, sur qui je tombe ?
Rhiannon Giddens !!! Celle de La viande rose dont tu m'inspiras jadis le post, pas plus tard que la semaine dernière !
Bon, je te mets pas sa chanson, mais une de celles chantées par l’artiste maudit lui-même, qui, parti de rien et arrivé nulle part, n’a eu de merci à dire à personne, comme disait Pierre Dac.
Bonne semaine !
Ca pourrait être pire : on pourrait habiter Bruxelles !
Tout de suite, la preuve en Images
et en caméra casher :
et en caméra casher :
Bruxelles :
la maison de Inside Llewyn Davis (vue de légèrement Outside)
où le pauvre Llewyn a squatté tout un hiver
avant de se faire jeter et de partir pour Nouillorque.
Bien mal lui en a pris, le pauvre lapinou.
la maison de Inside Llewyn Davis (vue de légèrement Outside)
où le pauvre Llewyn a squatté tout un hiver
avant de se faire jeter et de partir pour Nouillorque.
Bien mal lui en a pris, le pauvre lapinou.
Bruxelles :
une habitante en costume traditionnel,
dans un quartier cosmopolitre,
dans un quartier cosmopolitre,
à l'heure de l'appel allah soupe populaire.
- Oui d'accord, très bien, j'aime beaucoup ce que vous faites, mais et la musique alors, me direz-vous.
- J'y viens, mon bon :
- tout d'abord par une remarquable chronique, que j'eusse aimé écrire, if only I had a brain précâblé dans une autre gamme de coloris que celles que Dame Nature m'a offertes en héritage et que j'essaye de faire fructifier, parce que quoi faire d'autre ?
- et puis ensuite, il faut livrer le skeud, au mépris du Ministère du Blasphème et du Download, sans doute occupé à regarder ailleurs par les Temps Qui Courent au Jour d'Aujourd'hui.
(la galette virtuelle incluse dans ce numéro de
- et de trois, la chanson qui me hante, enfin plutôt qui m'a hanté jusqu'à ce que je fasse appel au service dératisation de la Mairie.
Hang Me, Oh Hang Me
Hang me, oh hang me, I’ll be dead and gone
Hang me, oh hang me, I’ll be dead and gone
I wouldn’t mind the hanging
it’s just the laying in the grave so long
Poor boy, I’ve been all around this world
I’ve been all around Cape Jerdo and parts of Arkansas
All around Cape Jerdo and parts of Arkansas
I got so Goddamn hungry, I could hide behind a straw
Poor boy, I’ve been all around this world
I went up on a mountain, there I made my stand
I went up on a mountain, there I made my stand
Rifle on my shoulder and the dagger in my hand
Poor boy, I’ve been all around this world
So put the rope around my neck, hang me up so high
Put the rope around my neck, they hanged me up so high
The last words I heard them say
it won’t be long now before you die
Poor boy, I’ve been all around this world
P.S. à nos amis djihadistes :
cette chanson n'est pas une incitation à remettre ça tout de suite.
Ne prenez pas tout au pied
Merci d'avance.
Et puis tiens, parce que c'est vous, voici encore la version bastringue, que n'aurait pas désavoué Tom Waits, qui pourrait à l'occasion, Tom, je sais que tu me lis, se fendre d'une cover quand il aura fini de s'empiffrer de chocolats à la liqueur à la santé des Assedic Spectacle indûment perçus :
Rappelons aussi que les frères Couenne,
quand ils ne se regardent pas filmer,
c'est quand même du bon cinéma, en principe :
.