Avec sa tronche de Tintin rangé des voitures après le décès de Milou, le Père Yvon était un personnage haut en couleurs.
Il fut brancardier pendant la Grande Guerre, aumônier des terres-neuvas, curé révolutionnaire (s'il n'eut point été Moine, il eut été Rouge) et mille autre choses encore.
Lors de la confection du documentaire qui lui fut consacré, patiemment rapiécé à l'aide de documents d'archives, j'avais recherché plein de musiques traditionnelles indiennes pour coller sur sa période Bangalore; en effet, dans les années 20 il avait tellement mis la fièvre insurrectionnelle en Bretagne que la hiérarchie catholique avait cru le neutraliser en l'envoyant évangéliser les Hindous, où il recommença à mettre le feu partout en s'insurgeant contre le système des castes, la doctrine de la réincarnation et de la dette karmique, qui justifie par avance une stratification sociale immuable où nulle lutte des classes ne peut faire bouger les lignes de l'oppression (castes hautes contre castes basses, Brahmanes contre Intouchables)...
...et puis finalement la plupart des séquences ont sauté au montage.
Y'avait deux réalisateurs sur le coup, la production avait un peu merdé, et le montage a duré tellement longtemps que certains des interviewés, qui avaient connu de visu le père Yvon, mort au début des années 50, ont fusionné avec le grand Tout pendant la post-production.
Ils n'étaient plus de la toute première fraicheur, comme on dit.
Ca ne s'invente pas.
Et je suis resté avec ma bande originale d'un film indien qui n'existait plus dans sa version 5.2.
L'occasion de se replonger dans ces mélopées issues de voies purement dévotionnelles:
tablas, sitars et gémissements.
Voici cet oeuf de Pâques.
Le Père Yvon fut lauréat de la Société d'Encouragement au Bien.
Pour le mal, nul besoin de sponsor, et encore moins de majuscule.
http://www.mediafire.com/download/hs75td43rod0cki/Le_Père_Yvon_en_Inde.zip