D'après mon libraire, c'est aujourd'hui que ressort La Tétralogie noire de John Brunner, regroupant quatre romans parus dans les années 70, quand la Science-Fiction était une littérature prospective décrivant de manière un peu mortifère et hallucinée les hideux avenirs qui nous guettaient, tapis dans l'ombre, pour peu que nous ne fassions pas les choix douloureux mais nécessaires de changer de modèle de société, et de réduire la capacité de nuisance du capitalisme, qui semblait déjà bien parti pour détruire la planète. Cinquante ans après, comme on n'a rien branlé à part nous-mêmes, Brunner fait un prophète mort très présentable, et plus personne ne lit de la Science-Fiction puisque nous vivons désormais dans le monde qu'elle décrivait hier comme pouvant advenir demain. Aujourd'hui, c'est le demain d'hier, mais comme c'est aussi le hier de demain, calcule l'indice de gravité de ce qui nous attend vendredi prochain si tu persistes à préférer la littérature d'évasion.
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une couverture toute moche et donc délicieusement vintage d'une ancienne édition. Mais à l'époque, on trouvait ça moderne ! |
Sous prétexte de préserver les arbres alors qu'il est déjà trop tard et d'alléger votre empreinte carbone parce que les industriels sont parvenus à culpabiliser les consommateurs et à détourner leur attention des vrais responsables de notre prochaine extinction en tant qu'espèce, n'achetez pas l'édition numérique de votre La Tétralogie noire auprès d'un vendeur à la sauvette, comme sur le site de la Fnac, par exemple, c'est des voleurs qui vous feront croire qu'ils vous fournissent un fichier ePub, alors qu'ils ne peuvent être lus que par leur liseuse Kobo, et uniquement depuis certains smartphones et tablettes. Mieux vaut encore faire un emprunt à long terme sur une médiathèque numérique genre z-library. Ne l'achetez pas non plus chez Amazon, bien qu'Amazon fasse subir à la Fnac ce que la Fnac infligea jadis aux libraires et aux disquaires, on pourrait être tenté de cliquer d'un index vengeur, mais à un moment donné il faut sortir du cycle des violences et de la vendetta décérébrée, si on veut léguer autre chose que des cendres radioactives aux enfants de nos petits-enfants (en admettant le postulat qu'il survive d'ici quelques décennies autre chose sur le globe que des cafards et des vendeurs en télémarketing, ce qui revient au même).
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la première fois que j'ai lu "Tous à zanzibar", il avait cette tête-là. |
Allez plutôt chez un vrai libraire, qui vend des livres en pelure de bois d'arbre. S'il n'en reste plus autour de vous, donnez un sens à votre vie, sacrifiez-là en devenant libraire, comme ça en plus vous pourrez lire La Tétralogie noire de John Brunner au travail.
Avoir sous la main et en un seul volume Tous à Zanzibar, L’Orbite déchiquetée, Le Troupeau aveugle, et Sur l’onde de choc c'est la garantie de disposer d'un panorama varié d'apocalypses sociétales, démographiques, culturelles, technologiques et environnementales, et de n'être jamais pris au dépourvu quand l'une d'entre elles se présentera à la grille du parc pour vous présenter ses voeux. Y'en a bon pour tous les goûts, banania.
...punaise, ça c'est du billet de boomer décliniste, ou je ne m'y connais pas !
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Les couvertures de Caza n'ont rien perdu de leur charme, sauf que maintenant on habite dedans. |
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