Un jour récent où je n'avais envie de rien, ça n'a pas duré longtemps, et je me suis vite retrouvé accablé du désir subtil mais impétueux de revoir le recueil de nouvelles de Robert Sheckley qui avait enluminé mon adolescence. En ce temps-là, le Club du Livre d'Anticipation de chez Opta était le sceau de la Valeur Absolue de la Science-Fiction. Ses membres étaient de fins lettrés qui nous prêtaient les grimoires fleurons de leur bibliothèque parce qu'ils voyaient bien qu'on bavait devant, grelottant sous l'effet d'une fièvre maligne.
Mais ça, c'est passé, et ça ne reviendra pas. Je ne vois guère le Club du Livre d'Anticipation renaitre des cendres de ses éditeurs, de ses auteurs ou de ses adhérents. L'autre jour, donc, je n'avais pas envie de posséder l'objet, non, les objets, on m'a déjà fait le coup plusieurs fois, et j'en possède aujourd'hui tant que j'ai du mal à passer l'aspirateur dans la chambre devant l'amoncellement de livres non lus, et j'apprends avec les jeunes à à faire mon deuil des objets et à accueillir les flux, qui sont les vrais objets du futur d'hier qu'est aujourd'hui, à la fois ondes et particules, et d'ailleurs Les univers de Robert Sheckley, j'ai regardé, on peut très bien l'acquérir chez les vendeurs d'occasion du net, entre 40 et 60 €, mais ce dont j'avais envie c'était de relire les nouvelles, pas de m'encombrer de l'objet, même si je me rappelais de chouettes illustrations de Moebius dans les teintes verdâtres.
J'ai relu mon petit Kornfield de poche (Après l'extase la lessive) pour saluer mon deuil des objets :
Le véritable devoir de la vie spirituelle ne se trouve ni dans des lieux éloignés ni dans des états de conscience sortant de l'ordinaire. Il prend place ici, dans l'instant présent. Cela exige un esprit bienveillant, prêt à accueillir d'un cœur sage, respectueux et bon, tout ce que la vie nous présente. Nous pouvons saluer aussi bien la beauté que la souffrance, nos troubles, notre confusion, nos peurs et les injustices de ce monde. Honorer ainsi la vérité est le chemin de la libération. S'incliner devant ce qui est, plutôt qu'au pied d'un idéal, n'est pas nécessairement chose facile mais, quelles que soient les difficultés, c'est l'une des pratiques les plus utiles et louables.
C'était largement hors-sujet, mais ça avait de la gueule, et ça pourrait toujours servir.
Renonçant derechef à ma quête, je donnai deux-trois clicks quand même pour être sûr, et sur quoi tombai-je, sur un serveur russe ?
Je vous le donne Emile ?
(au format epuB)
Le jour où ils voudront déstabiliser l'Occident, ils n'auront pas de gros efforts à fournir. Un candidat aux municipales un peu branlant, une vidéo rigolote, et hop, tout le château de cartes de la démocratie parlementaire par terre, et 20 points de plus au RN aux élections, fingerz in the noise.
Pour en revenir à Sheckley, c'est de la SF un peu vintage, et relativement bon enfant par rapport à celle de maintenant, beaucoup de ses nouvelles confrontent l'Homme (enfin, l'homo americanus des années 60) à des civilisations plus raffinées ou si différentes de la notre qu'elles nous apparaissent barbares, mais au final c'est nous qui en faisons les frais par notre compréhension étriquée, et il a un sens de l'absurde superbement développé, je m'amuse bien à relire ça.
Et il y a une justice : les illustrations de Moebius sont très mal reproduites, pour ça il faudrait revenir à l'objet, mais heureusement, j'ai mon mantra de Kornfield pour éviter ça, plaquette Vapona.