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jeudi 16 septembre 2021

[Repost] Gérard Manset - l'atelier du crabe (1980)

24/09/2009

Tous les matins, le boss arrive le premier au bureau.
Sinon, c'est pas un bon boss.
J'ai ressorti ma platine vinyle, et à l'aide d'un simple câble minijack / cinch, du logiciel audacity et d'un peu de bon sens, j'ai rippé un vieux Manset de derrière les fagots. Peut-être son moins pire, empreint d'une certaine sobriété malgré le fil du rasoir de la complaisance... enfin bref, Manset selon la formule consacrée on aime ou on déteste, et que dire de ceux qui s'en moquent, en tout cas celui-ci me semble plus réussi (parce que plus léger) que beaucoup d'autres, on le devine même sourire sur le titre "l'atelier du crabe", ce qui est assez improbable... 
Des chansons comme Manteau rouge ou Les rendez-vous d'automne représentent peut-être la quintessence de son art fait d'angoisse existentielle ritualisée et traduite en lancinantes ritournelles. Et Marin'bar aurait pu être chantée par Julien Clerc, autre chèvre célèbre, bien que broutant dans une autre cour. Images mentales bien construites, arrangements dignes et implacables... Réjouissez-vous !

[Edit] 17/05/2014
Ils ont l'air contents. On dirait presque
qu'ils y ont pris du plaisir !

J'ai écouté son dernier ralbome d'auto-reprises, je n'en attendais rien, ben j'ai pas été déçu. Mais bon, il a bien le droit à la redite, ou à mutiler son oeuvre, il est Seigneur en son château comme chacun d'entre nouille. Ah, tiens, trente ans plus tard, il rajoute deux petits vers inédits et bien inutiles à "Manteau Rouge", poussant ma verson vers le collector.
M'enfin, il n'y a plus guère que cette ispice di counasse de Pascale Clarke qui se pâme d'aise quand elle l'invite en studio et qu'il condescend à répondre à ses questions de midinette.
Et pourtant, Manset on y revient, car on peut tout à fait l'aimer et le détester en même temps, et parler de lui c'est parler de nous. Je vous épargnerai pourtant ma conférence "Connaissance immonde" pour aujourd'hui parce que je sens bien que tout ce que je pourrais dire de pas sympa me reviendra dans la figure par la loi du karma, et qu'au fond cet album plutôt léger et guilleret se bonifie avec le temps. Mais si on ne s'est pas fait des nœuds dans la tête avec les chansons de Gérard quand on était petit, il est sans doute un peu tard pour commencer.
http://www72.zippyshare.com/v/90716229/file.html

[Edit] 08/06/2014

Jeepeedee a rippé tous les vinyls originaux ici :
http://jeepeedee.blogspot.fr/2014/06/gerard-mansetvu-ca.html
Ca durera ce que ça durera.
Moins longtemps que les impôts sans doute.

[Edit & Repost] 16/09/2021
Pulls jacquart et guitares demi-caisse...la classe à Dallas !
C'était l'bon temps. Et dans le studio d'enregistrement, 
le masque restait sur le mur !

Quand on reposte un article déjà reposté, on devrait pouvoir inscrire "Repost2" dans le titre, mais ça fait tout péter l'interface. Tant pis. La semaine dernière, j'ai tenté de faire écouter du Manset à quelqu'un qui en ignorait tout, et que je ne connais que par internet, c'est à dire pas très bien du tout. Dans ce cas, il vaut mieux y aller mollo, sauf quand on est en crise hypomaniaque et qu'on passe à l'ouest du sens des nuances, et alors là, priez pour que votre femme ne vous chope pas derrière votre ordi en train d'écrire des conneries impliquées à des inconnus. Je disais simplement à cette personne comme ça me venait que Gérard Manset, c’est l’équivalent d’un test PCR anti-dépression : si tu n’es pas mise à bas en l’écoutant, tu ne seras jamais dépressive. Et du coup, tu n’as pas besoin de vaccin. Tu génères assez d'anticorps. C'était un peu fallacieux, comme argument. J'avoue. Limite antivax. Personnellement, je l’appelle Gérard Manchié, mais c’est parce que je l’ai beaucoup écouté, à un âge où ça rentrait comme dans du beurre, et le beurre dans le kouign amann. Soyons sérieux : le kouign amann n'a jamais rendu quiconque dépressif. Mais du coup m'est reviendu l'Atelier du Crabe, cet album atypique, pas du tout déprimant, à part peut-être "les Rendez-vous d'Automne" qui enfile des images vertigineusement angoissées et qui file des métaphores relatives à une apocalypse que le protagoniste sent venir sans pouvoir ni lui donner corps ni s'en défaire, comme dans le film "Take Shelter", disque léger, alors que tant d'autres du Maître semblent enregistrés sur Jupiter, ou au coeur d'un trou noir dont même la lumière ne peut s'échapper tant la gravité y est forte, disque postérieurement renié, mutilé, par Gégé-la-Saumure, l'alter ego décati-vieillissant de Gérard, son Gainsbarre, disque démembré comme beaucoup d'autres, dont il ne subsiste dans l'Histoire Réécrite par Gégé qu'une " version reconstituée tirée du coffret MansetLandia 2016. Version remixée, des paroles gommées (Automne), Manset relit au lance-flamme sa période 1970 - 1983 dont seul Orion sort indemne. À l' instar d' Yves Simon qui rejette sa période 1967 - 1971, Manset ne s' intéresse et ne respecte ses parutions qu' à partir de Matrice. La technique remplace la création originale. Regrets et gâchis."
C'est un commentaire utilisateur par celui qui l'a mis en ligne sur un fofo bittorent, du coup je n'ose même pas la télécharger, ça sert au moins à ça.
Concernant cette ressortie du frigo des originaux de l'atelier du crabe, que dire ? d'habitude, quand on met un crabe au frigo, ça pue, hier j'ai mangé une araignée de mer qui y séjournait depuis dimanche, franchement j'ai failli ravaler mon pass sanitaire et ma femme était grave incommodée par l'odeur, alors que là, non, tout l'album reste d'une insoupçonnable fraicheur, dense mais toujours élégant
Marin'Bar dresse le portrait flatteur d'une splendide gamine, dans un pays exotique non précisé, portrait à la fois équivoque et sans aucune arrière-pensée. Et en plus, c'est une chanson enjouée. Thème et traitement à cent mille lieux des obsessions coutumières du monsieur. On est ici deux ans avant un an après Royaume de Siam, chanson pleine de déférence envers le caractère opiniâtre et résilient des habitants de la Thaïlande, sans doute la meilleure période de ce monsieur Manset qui se ballade alors beaucoup à l'extrême-étranger, avec nos sous, à l'époque où nous achetions ses disques étonnants, avant que de devenir un odieux connard et de saloper son oeuvre passée avec des remix de merde.
De toute façon, qu'est-ce qu'on en a à braire, que Warsen écoute un vieux Manset et le trouve moins pénible que les autres ? Il mourra moins bête, mais il mourra quand même


Et pendant ce temps, que devient Gérard Manset ?
Des fois, y vaut mieux pas savoir.
Faudrait pas que ça grandisse.

mardi 20 mars 2012

La mort d'Orion - Gérard Manset

 http://des-chibres-et-des-lettres.blogspot.com/2009/12/gerard-manset-la-mort-dorion.html
C'est son avis et je le partage.
Et ça fait longtemps que j'aurais dû effectuer son rapatriement sanitaire sur ma tombe.
Sauf que le lien vers Groove Shark semble en vrac.
Je le remets .
Et dans le bon ordre.
Ah Flûtabec alors ça marche pas.
Faut le faire en kit : on débarque sur le moteur de recherche, on tape "Gérard
Manset la mort d'Orion" dedans, et voilà.
Punaise, quelle interactivité !


Edit : en fait, son lien il marche très bien, ça dépan dekel ordi jmekonect.
Evidaman joré bien achté lalboum, mé sepauvr Gégé l'a piloné, ilété pakontan de son travail.
Ilorédu ékouté sépotes, mé p'têt kilan napa, ce qui expliquerait beaucoup de choses à son sujet, mais ne hurlons pas avec les loups pour ne pas mettre le feu aux poules.

jeudi 17 septembre 2009

Jean-Patrick Capdevielle - Les Enfants des Ténèbres et les Anges de la Rue (1979)



Pas de mémorial décent sans cet albome mitique.
Capdevielle, c'était un Manset de bazar, avec moins de classe (de préciosité) et plus de coffre : une voix qui louchait sur Springsteen, bien qu'a la relecture on puisse se demander si en fait le malheureux ne souffrait pas surtout d'un problème de transit intestinal, un univers qui se voulait dylanien...
Ca a marché le temps d'un album.
On a pu y croire, avant de découvrir brutalement l'os au milieu du pâté :
"qu'est-ce qui va rester quand l'rock'n'roll aura cessé d'exister, qu'est-ce qui va rester si vous m'tuez ?" dès le second opus, naufrage intégral dans le Ridikül.
Si vous voulez lui faire coucou, il a continué ici.
Tiens, faudra que je trouve un vieux Manset, aussi.
Avec mon fils en 2007 on a fait des délires genre "le dernier ralboum de Jean-Dick Capdegarn" (on trippait Capdevielle + Dick Annegarn) mais on n'a rien enregistré.
C'est ballot.
D'autant plus qu'à l'heure où j'écris ces lignes, il tape comme un sourd (mon fils, pas Capdevielle) dans le garage avec des potes à lui, métalleux au cheveu gras et à l'oeil terne, et que ça n'aide pas ma laborieuse rédaction.

http://www.megaupload.com/?d=MMKN8Z6D

jeudi 28 octobre 2021

Hector Zazou - Strong Currents (2003)

La pochette d'origine, classieuse
(je dis ça pour dissiper toute équivoque)

Il existe deux pochettes pour cet album, l'une assez élégante, l'autre beaucoup moins. C'est un des mystères de l'existence des directeurs artistiques à travers les âges. 

La réédition 6 mois plus tard, augmentée d'un titre
(pochette qui dissipe aussi toute équivoque, mais pas pareil)

Quand j'ai envie de pleurer sans prendre prétexte de réécouter Gérard Manset, j'écoute cet album d'Hector Zazou. Ou si je n'en ai pas l'opportunité, il me suffit de penser à la pochette version "mon cul sur la commode, avec la photo d'Hector mort au mur, et qui ne peut même pas en profiter, vu qu'il est du mauvais côté".
En effet, quand on est mort, la rigidité cadavérique nous interdit de nous retourner pour apprécier une paire de fesses dont nous n'avons pourtant plus l'usage (dans rigidité cadavérique, le mot clé c'est cadavérique, et non rigidité).
Voici un de ses projets les plus mélancoliques, sorte de symphonie trip-hop très 90's, tantôt anémiée, tantôt symphonique, réalisé avec une dizaine de chanteuses souffrant toutes d'une carence en lithium, l'ensemble se révélant d'une mélancolie brouillardeuse à ronger les os. Enfin, c'est l'effet que ça me fait, je ne veux forcer personne à ressentir mes états intérieurs qui sont copyright© moi.
Fragments d'une discographie zazouesque
Un article raisonnablement élogieux
où l'on peut en écouter des extraits, un peu comme à la Fnac quand le vendeur était d'accord pour fendre le cellophane du 33 tours sur la tranche et nous placer dans une cabine d'écoute, ce qui ne nous rajeunit pas.
Un autre
En tout une douzaine de titres souvent vaporeux, langoureux, cafardeux, mais le cafard susurré par une jolie voix féminine c'est quand même mieux que le cafard tout seul, des fois on jurerait entendre Björk, la chanteuse islandaise tellement ravagée qu'elle porte le nom d'un petit déjeuner aux céréales, d'autres fois la pulpeuse chanteuse de Elysian Fields, hé bien non, dans les deux cas on aurait tort. C'est pas elles. Mais on n'a pas peur d'avoir tort, ce qu'il faut craindre c'est le besoin d'avoir raison. 
Il y a sur l'album des chansons plus mortifères que d'autres. Mais le souci constant de Zazou de s'entourer de jolies femmes qui chantent avec suavité les effondrements de l'âme plaide en la faveur de quelqu'un qu'on ne peut vraiment suspecter de détester la vie, même s'il l'a quittée depuis. 
Parti pêcher le maquereau, Hector revint avec de belles morues. 
On pense aux remèdes à la mélancolie énumérés par Ramon Pipin dans Chèque baby chèque : "Je ne chante la solitude qu'entouré de vingt personnes / mes histoires d'amour sont prudes mais à tous les vices je m'adonne / les mélodies du malheur restent ma spécialité / et je mets toute ma ferveur à ne jamais rigoler." Certes, la stratégie d'Hector est plus subtile et n'inclut pas de dimension parodique; encore que, en contemplant la version 2 de la pochette, on puisse avoir des doutes. Et les photos du livret sont signées John B.Root, un pornographe qui eut son heure de gloire dans les milieuxXX autorisés; et alors ? Zazou est mouru en 2008, nous privant de la possibilité de l'interroger à ce sujet; s'est-il moqué du monde ou pas, avec ce trip-hop languide ? Rêvait-il de se taper son aréopage de chanteuses dépressives et mystérieuses, et ne le pouvant, il leur a sublimé des textes et des écrins musicaux pour les y enchâsser ? 
A la longue, la puissance vénéneuse des pièces du disque s'estompe, au profit d'un vague à l'âme complice. Si vous absorbez un champignon moyennement toxique tous les jours, l'effet du poison s'atténue. 
Autre cas : quand vous vivez avec un cancer, que vous apprivoisez, à condition d'être dépisté à temps, et que vous finissez par tutoyer. Si lui commence à vous parler, par contre, n'hésitez pas à consulter votre oncologue. Ou à lui passer Strong Currents. Les textes du disque semblent d'une insondable intimité. L'élégance le dispute-t-elle à la préciosité ? ou lui-colle-t-elle un atémi à la carotide, comme Chuck Norris ratatine Gérard Manset ? La gravité féminine qui nimbe le projet dans son ensemble est un peu intimidante, pour qui n'a jamais su parler aux femmes quand elles étaient en train d'enregistrer, parce qu'elles étaient bien capables de répondre "mais Chut-euh, tu vois pas que j'enregistre, connard ?"
Si l'on s'interroge sans fin, il faut alors scruter d'un oeil rougi par l'anxiété et le manque de sommeil les explications sur la genèse du projet :
qui n'expliquent rien en tout petit, mais évoquent bien le destin de Zazou, passeur.
Il faudrait sans doute fumer quelque chose de plus costaud que du CBD en écoutant ça pour avoir une révélation divine. Mais je ne fume pas de CBD, pour la même raison que je ne mange pas de cassoulet light.

mercredi 23 avril 2014

[Repost] Nino Ferrer - "Satanée Mirza" (1966/70)


13/04/09

Cher journal,
j'ai eu encore un éclair de lucidité au bureau, et pourtant j'y suis souvent.
"Moi j'ai pas envie de travailler, 
Je n'aime pas les congés payés"
chantait Nino dans "Le Blues anti-bourgeois", critique radicale de notre société productiviste qui nous suggère d'accumuler les biens de consommation et les disques rippés en mp3 sans rime ni raison, à moins que ce soit une mise en boite des loulous rive droite des années 60, et en tout cas je l'ai beaucoup écouté quand j'étais petit, moyen, grand, vieux.

Avant de saborder volontairement sa carrière de chanteur yé-yé à succès et devenir un certain hippie incertain, Nino Ferrer a commis une pelletée de 45 tours endiablés, empruntant au rythm'n'blues une fièvre communicative, lui tordant la gueule au passage en lui insufflant avec la bouche une orientation tragique et dérisoire par des paroles flirtant entre le narquois et l'absurde, donnant avant l'heure ses lettres de noblesse au namedropping sans que ça puisse dénoter chez lui d'un manque d'inspiration en prétendant le masquer.
http://home.nordnet.fr/jlegohebel/nino_ferrer/la_page_nino_ferrer_discographie.htm
Quand j'ai acheté ce disque, la photo de pochette était toute autre.
Méditons sur l'impermanence.


23/04/14

Cher Nino,
je n'ai pas grand chose à ajouter, sinon que tes chansons vieillissent mieux que moi.
J'ai repensé à toi et à tes ritournelles des années 60 lors d'un récent ouikende à Paimpol, car un de mes amis de collège méconnaissouzévaluait (approximativement traduit du néologisme américain misunderestimate que l'on doit à Georges Bush) un des titres de l'album, "Mao et Moa".
Et je me suis aperçu que l'album n'était plus tellement disponible ici ou là.
Tu ignorais alors que 25 ans plus tard, tu périrais de ta propre main, dans des circonstances vaguement inspirées des péripéties de l'héroïne de "Justine" (ta chanson, pas la rengaine sans gaine de Marquis de Sade)
Comme si ta vie avait été aussi pathétique, problématique, pathologique que dans ces petites fables énumératives où tu sacrifiais parfois le sens à la prosodie, pour la plus grande joie des petits et des grands.

Et puis j'ai retrouvé cette pochette du 45 Tours 4 titres que j'écoutais à donf à 4 ans 1/2, que même mon père il a failli jeter le tourne-disques, et j'ai regardé sur Youtube si je ne trouvais pas les titres qui n'étaient pas sur Satanée Mirza.
J'en ai trouvé une poignée, qui s'inscrivent dans la même veine peu exploitée depuis que tu l'as quittée début 70's, puisqu'elle emprunte autant à Gérard Manset par les thémes abordés qu'aux Charlots par l'interprétation.


J'ai aussi retrouvé la photo originale de ma compile, qui fait de toi le gendre idéal bien qu'un peu mélancolique de toutes les aventurières de l'entresol, dans les siècles des siècles.

Sur ce mini-album home-made offert en bonus, il y a au moins deux bijoux méconnus :
- une adaptation de "It's a man's world" de James Brown qui n'a pas grand chose à envier à l'original.
- "Ma vie pour rien" est une variation somptueuse sur The House of the Rising Sun revu par Johnny Hallyday, qui résonne comme une farce tragique et hantée, c'est à se demander si tu n'étais pas bipolaire.
Je suis bien content.

http://www.mediafire.com/download/259r2aq7btm2s7u/NF-Introuvables_mais_retrouvés.zip





lundi 27 février 2012

[ Repost ] Edmonds XII (12) - John Warsen, 2008



  Ressorti de mon frigo hyper-secret et d'une actualité intemporelle et néanmoins brûlante, enrichi de quelques hyperliens et maquillé en voiture neuve, cet article a pris moins de rides que moi, bien que je désenvahisse la Pologne à vitesse petit vé.

  Evidemment, si le malaise n’était que musical, on s’abstiendrait d’écouter des disques qui procurent inoportunément l’impression que le train est passé sans qu’on soit monté dedans, (cf posts précédents) et d’ailleurs où pouvait-il bien aller, surtout si notre besoin de s’emplir de musiques nouvelles évoque d’autres besoins plus anciens, et qu’on sait déjà par expérience que le trou à remplir est sans fond, et se dire (sans le faire) que tant qu’à ressasser, autant ressasser des mantras, ils sont là pour ça à condition d’y mettre du coeur à l’ouvrage. Mais bon, sur un blog consacré à l’auto-addiction®, quand on a épuisé le sujet on peut bien passer un peu de musique, ça finira bien par ramener au Sujet, épuisé. Un peu comme le cinéma, la musique et ses personnages hauts en couleur procurent des plaisirs de substitution à tous ceux dont l’emploi de bureau ne comble guère les besoins d’aventure. ET pourquoi la musique ? c’est aussi un monde d’où le doute est banni, ma perception m’informe immédiatement sur mes goûts et mes dégoûts, je n’ai que des certitudes. De là à croire que partager ses certitudes est enrichissant… c’est comme le gars qui lit la presse d’opinion pour être conforté dans les siennes, ça tourne un peu en rond, mirontaine mironton.
  Imaginons donc que je me la joue “aspirant-au-buzz musical se poussant du coude dans sa sphère d’influence réduite à lui-même” et que je me fasse l’avocat du démon du téléchargement; moins évident que les filles d’hier, parce que c’est compliqué de mettre un mp3 en ligne sur un blog du Monde, qui réduirait ma logorrhée à la portion qu’on grute; ayant néanmoins retrouvé le goût de la curiosité pour la chose sonore (pour cause de symptôme baladeur, et parce que j’ai toujours été un gros consommateur de musique, cet espace qui s’ouvre à l’intérieur de l’autre sans le recouper) je tombe récemment dans le bureau d’un collègue sur une obscure compilation d’artistes ayant participé il y a quelques années aux Transmusicales de Rennes, festival réputé à juste titre pour défricher de nouveaux territoires. Et qu’est-ce qui accroche mon oreille, mmh ? un groupe disparu, un disque introuvable (le groupe s’appelle Sweet back et le disque Amok, et le temps que je comprenne les implications il est déjà trop tard pour s’esclaffer) que je me procure donc par des voies licencieuses, et ô surprise, c’est pas comme dans les compils des Inrocks quand le seul morceau potable, celui qui justement était sur la compile, vous a fait acheter une daube pleine d’hormones, là tout l’album est du même tonneau. On dirait des sessions instrumentales inédites de Morphine période “Cure for Pain“. Hallelouia, merci ô démon du téléchargement.

Une bien belle pochette de Pif le Chien Andalou.

Quelques jours de diète sonore font d’ailleurs remonter à la limite du champ perceptif de vieilles rengaines : Johnny Rotten période Sex Pistols ou Howard Devoto période Magazine, ou encore quelques années plus tard les juifs ashkénazes de Minimal Compact et leur cold wave existentialiste, tous figés/empaillés dans la splendeur primordiale du nihilisme adolescent et jubilatoire, qu’on revisite comme dans un musée, puis qu’on combat avec des antibiotiques à large spectre : faux prêcheurs farceurs d’Alabama 3, ambient-dub de Bill Laswell, qui n’a jamais eu un jeu de basse extraordinaire, mais qui s’est toujours retrouvé au centre de collectifs hallucinants, et c’est peut-être ça la Sagesse, de savoir bien s’entourer, et qui a joué avec tellement d’avant- gardes expérimentales, qui vont du total planant au trash-jazz-métal en passant par une palette de styles musicaux étonnants, dont certains qu’il a inventés lui-même, qu’on se demande quand il a trouvé le temps de dormir, d’aller pisser et d’épouser la chanteuse éthiopienne Ejigayehu Shibabaw (gasp !), lui qui est à la musique moderne frappadingue ce que Steve Roach est au new-age mou du genou : le nouveau Balzac, et je n’en reviens toujours pas de découvrir des allumés qui passent leurs nuits à faire partager leur passion, certes au mépris des droits d’auteur, mais c’est quand même moins prévisible et plus audiovisuel que mes lancinances et rotomontades d’ex-futur rock critic… ceci dit, si je perds mon temps à écrire cet article en faisant comme si je voulais en venir quelque part, alors qu’il serait si simple de mettre en ligne l’intégrale de King Crimson remixant Gérard Manset et tout le monde verrait de quoi il retourne, il est normal qu’en retour je tente de vous faire perdre le votre, je veux dire, c’est humain… bon c’est vrai que je connais aussi des mecs qui mettent à la disposition de leurs frêres affamés leurs collections persos de photos de cul sur des serveurs plus ou moins accessibles, et qu’à une époque tant d’admirable philantropie me scotchait grave à mon écran, me mettant la larme à l’oeil et la goutte au nez… mais aujourd’hui je trouve ça moins élégant que de proposer de la musique en ligne, surtout si elle est très difficilement accessible ailleurs, alors que les robinets à porno sont omniprésents, et diffusent à l’envi leur totalitarisme soft (selon l’expression de Baudrillard) ou hard (selon la tronche défaite de ceux qui ploient sous son joug.)

Après tant d’excès et de rapines sonores, on se surprend à rêver la nuit de gens malhonnètes et de ruelles non éclairées, dans lesquelles on n’ose s’aventurer parce qu’on se doute bien que ce qui nous y guette tapi n’a rien du comité de quartier. Les souvenirs soit-disant personnels deviennent plus précis mais moins accablants qu’on croyait. Si on réussit momentanément à refaire un film tragique à partir du stock mémoriel, l’instant d’après on n’y croit plus, et puis qu’est ce que ça sera dans 20 ans si on n’essaye pas de changer de disque, même en ayant pris la mesure de l’inertie du navire, de moins en moins maniable au fur et à mesure qu’il accomplit son trajet vers sa destination finale et inconnue, ses cales emplies d’un amer bitume ?
“cause the righteous truth is there aint nothin worse than some fool lyin on some third world beach in spandex psychadelic trousers smokin damn dope, pretendin he gettin conciousness expansion, I want conciousness expansion I go to my local tabernacle and I sing!



Alabama 3 “Ain’t Goin’ To Goa” (1997)

Commentaires

  1. A propos de Steve Roach, tu connais “Secret Rooms” de Kevin Braheny ?
  2. non, mais je viens de le trouver là (encore un site de partage, et j’ai même pas fait exprès, décidément…) http://stigmarestroom.blogspot.com/2007/05/kevin-braheny-secret-room-1991.html
    à la première écoute, ça me rappelle plus Vangelis que Roach… et les sons synthétiques m’en semblent bien naïfs…mais vu ce que j’écoute en ce moment, je me rappelle que quand je buvais beaucoup de mezcal je trouvais que la tequila c’était de la flotte… et que quand je trouve quelque chose cucul, j’ai intérèt à gratter pour voir s’il n’y aurait pas une vraie émotion derrière.
  3. Si je l’ai cité avec Steve Roach c’est qu’ils ont fait un album ensemble, Western Spaces (pas inoubliable), et la piste 6 de Dreamtime Return 1 sent très fort le Braheny aussi, mais je ne sais plus où j’ai mis la pochette du CD pour vérifier.
    Ce que j’aime surtout chez lui c’est son violon synthétique qui a une texture sonore très intéressante (et qui est l’élément principal de Dreamtime Return 1-6).
  4. p’tain c’est super-technique comme discussion mélomaniaque… j’ai du mal avec tout ce qui est narratif chez Roach, je préfère les immersions ambient gloubi-boulguesques. Bon comme c’est toi la prescripteuse, je vais réessayer dreamtime return, je te l’échange contre les tibétains de mon nouvel ami (essaye de trouver sa photo, c’est une publicité vivante pour ce qu’il écoute)
    http://music-share.blogspot.com/2008/01/3-laswell-ambient.html
  5. Trop chiants les tibétains… Pour le reste, rassure-toi, on n’est pas obligés d’avoir les mêmes goûts musicaux.

lundi 19 mai 2014

[Repost] Imago - portraits (1977)


3/02/2009

Le mec qui a rippé le vinyle avait pas mal usé le sien... il est rayé, il craque... pourquoi donc ai-je vendu le mien, qui était nickel, aux Puces il y a 25 ans ? pour pouvoir ensuite souffrir de son absence ?
On écoutait ça chez Claude Villers, dans "Marche ou rêve", où Nicolas Hulot faisait ses débuts de chroniqueur... heu, non, c'était dans son émission précédente, "Pas de panique", avec Patrice Blanc-Francard qui faisait le couillon sur "les aventures d'Adolf, le petit peintre viennois", un truc que plus personne n'oserait faire aujourd'hui.
Bref.


On croyait qu'écouter de la musique était un acte politique, parce que c'était de la chanson engagée.
Si vous avez une meilleure copie, n'hésitez pas...
Le lien est dans les commentaires, si je mens je vais en enfer !

[Edit] 19/05/2014

Sidéré par cette époque où les chanteurs avaient quelque chose à dire sur le monde et la société, sauf Gérard Manset, qui en bon bourgeois issu du XVIeme arrondissement proclamait dès 1976 "je n'ai rien à raconter", alors que ça allait mettre 10 ans à se confirmer.
Et ça avait de la gueule aussi, bien que le volet social de ses vertiges métaphysiques s'en soit toujours ressenti, l'empêchant pour toujours de participer aux meetings de Jean-Luc Mélenchon.
Comme un gentil auditeur me faisait remarquer que les 2 albums d'Imago n'étaient plus dispos en download, j'ai trouvé un enregistrement de ce second opus bien meilleur que l'ancien.

http://www.mediafire.com/download/n6nppf22kffe599/IP77.zip


[Edit : repost mortem] 18/05/2019


Ce coup-ci, j'ai trouvé un fichier flac, dont j'extraits un mp3 à 320.

https://www.mediafire.com/file/rctrz415b846qvd/Imago_-_Portrait.zip/file

1977, nous voilà !


lundi 1 décembre 2014

Le nouveau Thiéfaine !

Un nouveau Thiéfaine !
Qu'est-ce qu'il vaut ?
On s'en fout, c'est Le Nouveau Thiéfaine !
On peut l'écouter les yeux bandés, et savourer chacun de ses albums comme si c'était le dernier !
On me parle souvent de « Tout corps vivant » (son premier album, à Hubert-Félisque, pavé d’une radicale altérité dans la mare de la chanson française de l’époque) mais celui qui récolte mes faveurs en tous temps c’est le second, « Autorisation de délirer », et dans une moindre mesure « Dernières balises avant mutation » quelques années plus tard. Variété des thèmes, originalité du traitement, et incommensurables réjouissances neuronales à l’époque.
Après, il s’est un peu enschnoufé la truffe, et s’est mis à s'autoparodier sans le vouloir, bien qu’il soit un peu revenu à la barre ces dernières années, après avoir survécu à ses pulsions d’autodestruction.
Et pourquoi son capital-sympathie est-il intact, alors que celui qu’on avait pour Lavilliers s’est effondré pire que la Bourse en 2008 ? En fait, Lavilliers, ça va mieux aussi, merci, depuis quelques albums, la résilience c’est la bonne ambiance. C’est Manset qui apparait enfin comme un vieux con prétentieux même à ses plus ardent fans.
C’était la rubrique « on s’en fout, les disques ne faisaient que 45 minutes et les journées n’avaient que 24 heures, et ça ne s’est guère arrangé depuis. » 

http://laspikedelycmusic.bloguez.com/laspikedelycmusic/6028011/Hubert-Felix_Thiefaine_-_Strategie_de_l_inespoir_2014320#.VHsURItODvU

samedi 25 septembre 2021

Gérard Manset - Royaume de Siam (1979)

Je n'aime pas du tout ce disque, hormis le titre qui ouvre l'album. Complaisance, prétention, facilités d'écriture et médiocrité des arrangements s'y donnent gaiement la main. Mais il y a quarante ans, je ne disais pas ça. Et sans celui-ci, il n'y aurait peut-être pas eu celui d'après, "l'atelier du crabe". Et j'ai mis quelques semaines à trouver des versions correctes des fichiers (il circule partout une version 160 kbps trop aiguë.) Et Gérard l'a mis au pilon, toutes les versions postérieures à 1983 sont tronquées, avec des titres empruntés à d'autres albums. Donc il doit quand même y avoir quelque chose de bon dedans.


https://www.mediafire.com/file/26tfphereqn43np/GM_1979_RdS.zip/file

jeudi 21 octobre 2021

Les voix du monde - florilège d'un podcast sans frontières (2021)

Les blogs de chanteurs morts : plus jamais ça !
Contrairement aux blogs de chanteurs morts et de Vénérables Variétés Verdâtres dont d'enthousiastes et cacochymes thuriféraires tentent de répandre les spores et les moisissures au-delà du cercle des aficionados disparus sous la neige à bord de leurs pantoufles à l'heure de la soupe froide à l'Ehpad de Champigny-sur-Morne où ils résidaient en pension complète, blogs qui sont autant d'ouvertures béantes, lépreuses et nécrosées donnant sur le mur décrépit de la prison d'en face, les podcasts de musique du monde peuvent être une formidable fenêtre sur l'ailleurs, un ailleurs vivant et vibrant, et chantant à en perdre Hélène par-dessus le marché, fenêtre à travers laquelle a soudain lieu (ou pas) la rencontre du Tout Autre, au hasard d'un cocktail musical bien frappé. Par exemple, si je suis un vieux mâle européen et que je chante faux, mon Tout Autre musical est une jeune bergère lettone qui fait des trilles dans la prairie comme des perles de rosée, tout en jonglant de l'autre main avec ses moutons sortis du Génie des Alpages. Ou pas.
Un ancien collègue de bureau anime depuis 18 ans (mais en fait de toute éternité) une émission de dépaysement sonore sur une radio rennaise, et confectionne l'air de rien une somme toujours augmentée en forme de magnifique podcast bimensuel au cours duquel il ouvre, tel un Rémy Kolpa Kopoul en chemise hawaïenne, cent mille fenêtres sur cet Ailleurs musical plein de bergères lettones, de Brésiliens déjantés et d'Afghans désappointés mais qui peuvent quand même se ressourcer ailleurs que sur youtube. 


Jean diffuse en léger différé de sa yourte, au Kazakhstan.
L'émetteur radio est alimenté grâce à un groupe électrogène au charbon de bois.

C'est très rafraîchissant. Et on sort du cadre. Celui que nous nous étions tracés pour nous rassurer, ignorants que nous étions qu'il deviendrait notre prison. Mais le griot même pas albinos et pas tellement nègre non plus n'a de cesse d'élargir nos horizons, en nous donnant à entendre le gai tintamarre des voix du monde, bien plus harmonieuses que ce qu'on pourrait croire si on restait frileusement ancré dans la brit-pop des 60's.
Son émission, c'est le contraire des incantations/injonctions à la reviviscence (retour à la vie active de formes vivantes (rotifères, tardigrades, anguillules, ciliés, amibes, mousses, graines, spores) qui étaient entrées en anhydrobiose (vie latente) sous l'effet de la dessiccation) des cultures mortes, puisque les traditions s'y révèlent vigoureuses, métissées, modernes, incarnées, et transnationales. 
Souvent, quand je crois pouvoir apporter de l'inédit, du farfelu voire du savoureux à l'auteur du podcast en question, en lui soumettant mes Tout Autres, comme  Turfu ou encore des Sibériens qui reprennent les Beatles dans un monde post-vergogne, il me dit souvent qu'il connait déjà, m'en sort trois dans la même veine, en mieux, et me rabat mon caquet sans peine, me renvoyant au Pléistocène (la première époque géologique du Quaternaire et l'avant-dernière sur l'échelle des temps géologiques. Elle s'étend de 2,58 millions d'années à 11 700 ans avant le présent), repoussant au loin, entre l'horizon évènementiel de la Réalité Réelle Ratée et les innombrables aux-delàs du Multivers de Grant Morrison les bornes de mon incrédulité sonique, et m'évitant l'enflure d'Ego (qui guette tous les bloggueurs au coin du bois, ne l'oublions pas et restons vigilants). Quand je pense aux aventures de Gérard Manset en Thaïlande, que je n'ai toujours pas lues mais que j'appréhende gravement, je me dis que la curiosité musicale est tout aussi légitime mais beaucoup moins dangereuse pour la santé que la curiosité sexuelle, et bien plus facile à satisfaire !

dans les années 80, on n'avait pas besoin de pass sanitaire pour partir en Turquie en moto.
Mais y'avait pas internet, et on s'y faisait chier un max. (Collection privée de désert)

Le problème de tous ces podcasts musicaux, qui infestent désormais le Web et relèguent les blogs de chanteurs morts au rang de ringardises innommables, c'est le flow des animateurs, qui essayent d'expliquer des trucs entre les morceaux, 
qui imaginent des transitions, qui s'évertuent à fournir l'arrière-plan culturel qui permet de resituer la musique dans son contexte. Un peu comme les vieux geeks sur les blogs de vieux geeks. On s'en lasse. L'arrière-plan culturel, on s'en cogne, on perçoit la musique directement par les chakras. Faites péter les skeuds, et fermez vos gueules, putain. La vie est si courte. Mais si on part à tronçonner leurs podcasts dans un éditeur audio, pour se débarrasser du bla-bla en ne conservant que la partie musicale, on se retrouve comme par enchantement (mais plutôt maléfique, donc ça s'appelle plutôt un sortilège) dans la peau du vieux geek qu'on essayait justement de s'extraire en ouvrant une fenêtre sonore sur le monde. Et les inimitables incantations des auteurs des podcasts finissent par nous manquer, car les échos de leurs voix détimbrées d'érudits mélomanes résonnent encore sur les plages qu'ils nous ont ouvertes, mais leur babil entré dans l’invisible n'a plus rien d'intelligible. 
Ça m'est arrivé avec les podcasts de l'herbe tendreceux de radio vedette, mais pas en écoutant celui de Fabrice Drouel sur l'histoire de Carbone 14. Faut dire que si je tronçonne les podcasts de Fabrice Drouel en enlevant les moments où il parle, il ne  va pas rester grand-chose à écouter. Quelle chance ils ont, pourtant, sur Inter, d'avoir le Pierre Bellemare de sa génération.

Pendant ce temps, en Inde, les enfants sont traités à tour de bras à l'ivermectine
en prévention du Covid, et des milliers de faux villages de Schtroumpfs
hâtivement montés vont pouvoir ouvrir pour contenter les touristes,
qui affluent comme avant-guerre. Gérard Manset a déjà pris son billet.  

J'ai écouté les 8 derniers épisodes du podcast "les voix du monde", soit de juin à septembre, j'ai un peu triché parce qu'il m'avait indiqué une émission spéciale "reprises" qui m'a beaucoup plu, j'ai sélectionné selon ma sensibilité, j'ai agité mes doigts et mes cutters au-dessus des pistes, et je ramène des musiques du monde entier, comme en témoigne la playlist ci-dessous. Au passage, j'ai bien peur d'avoir réinventé fip, sans les fipettes. Mais l'idée, c'est de suivre ces artistes, dont certains habitent près de chez moi malgré l'exotisme supposé de leur musique, et d'aller les voir en concert avant qu'arrive la nouvelle mutation du virus mutant qui nous clouera définitivement dans nos souterrains, pire que dans 10 Cloverfield Lane.  Voilà, vous ne pourrez pas dire que vous n'aurez pas été prévenus.
"Jean, à la technique" comme il se présente sobrement sur sa page d'accueil, est un passeur. Il fait son miel de l'émerveillement muet qu'il suscite auprès des auditeurs qui auront su laisser de côté leur incuriosité pour le temps de l'émission.
Il y a 189 épisodes disponibles en téléchargement. 





article sous licence Loisirs créatifs® avec utilisation raisonnée du clavier bien tempéré.

vendredi 20 juin 2014

Petit ours mort

On peut rigoler des magazines féministes, on peut aussi parfois les lire quand votre femme les laisse trainer aux cabinets, et reconnaitre leur pertinence quand les mâles de l'espèce continuent de mettre la planète à sac.
Ces deux pages sont parues dans Causette en mai 2014. 
Les vanités de Gérard Manset dans la mort d'Orion, à côté c'est Guy des Cars.


dimanche 3 février 2013

Contes de traviole - Richard Gotainer (1979)

Ma connaissance de l'oeuvre de Richard G., qui à l'époque ressemblait à mon oncle Jean-Louis comme à une goutte d'eau, s'arrête ici.
Je ne pouvais décemment pas écouter Gotainer ET Thiéfaine, sans parler de Gérard Manset, alors j'ai choisi  Thiéfaine.

Merci à mediafire, les liens restent en dur. C'est en regardant si ma bédé était toujours en ligne que je m'en suis rendu compte.

samedi 14 janvier 2017

Benjamin Paulin - Au sud de la banlieue nord (2016)


Punaise, il a bien changé, Benjamin Paulin, depuis la dernière fois que je l'ai croisé (en bas de l'article).
Moi qui voulais passer un week-end peinard, sa chanson me colle le bourdon pire que Gérard-Manset-J'me-lamente-Y'a-plus-d'route.
Ca m'apprendra à me branler sur Internet.

 [Edit]

Ce qui m’avait accroché l’oreille dans son « Déserteur », c’est que c’était l’antithèse absolue de la chanson éponyme de Boris Vian, dans laquelle le narrateur refuse d’aller se battre au nom de principes moraux et humanistes. 
Paulin, lui, campait la veulerie dans toute sa splendeur :
«Je suis un déserteur, la peur est mon moteur, 
Je suis un lâche, et un menteur, un tricheur 
J'aime pas la dignité, vos histoires de code de l'honneur 
J'ai pas d'fierté, j'ai pas cet orgueil de camionneur 
S'il faut se battre pour ses idées, 
Comptez pas sur moi 
Demain j'en aurai p't'être changé, 
Han-han, han-han
(…) Je n'aime pas la bagarre, moi je suis au-dessus de ça, 
J'suis un peu comme l'autre connard de Dalaï Lama… »

On est dans le registre du blasphème, et c’est bon de rire parfois. 
6 ans plus tard, le registre a changé :
«Qu'est ce qui n'a pas marché pour qu'on se retrouve là,
Toi six pieds sous la terre et moi qui l'espère parfois.
Dis-moi,
Combien sont tombés
En prison ou à Saint-Anne
Ont fini dans la com', ont fini dans la cam'.
Au sud de la banlieue Nord,
Oh au sud de la banlieue Nord...
On était bien élevé mais à force de faire semblant,
À force de jouer les fous toi tu l'étais devenu vraiment.
T'étais supposé finir un peu comme tes vieux :
Héros de la classe moyenne dans un bureau poussiéreux.
Tu t'y voyais déjà :
Coincé, cravate, chemise,
Chien obèse, gosses qui te détestent et femme dépressive.
À rêver de jeunettes à
Rêver d'être libre,
Te branlant sur le net jusqu'à ce que mort s'en suive.
Au sud de la banlieue Nord..."

C’est bien troussé.
Sobriété des arrangements, élégance de la voix.
La chanson est un peu courte, on ne saura jamais vraiment si la mort de son ami va favoriser chez le personnage incarné par Benjamin une prise de conscience de la précieuse existence humaine.

jeudi 24 février 2022

[Repost] Mark Lanegan - Elégie Funèbre (2014)

ven. 8 juin 2018

Quelque part dans le Multivers, plus précisément sur Terre_42, il existe une version de la bande son de la saison 2 de Lésion exclusivement composée de fragments de La mort d'Orion de Gérard Manchié (je suis d'accord que son nom diverge un peu trivialement de celui qu'il porte sur notre bonne vieille Terre_13).
Gérard avait Orion,
nous on a l'Ukraine.
Rappelons à nos plus jeunes lecteurs tentaculaires et/ou pseudopodés que la mort d'Orion, dans la plupart des mondes connus, c'est un opéra rock concocté en studio par Gérard Manset au début des années 70, un invraisemblable salmigondis musical à base de space opéra, de nuages de violons gorgés de reverb, de bouts de scénario galacticoedipiens déclamés par des mercenaires de la Comédie Française qui à l'époque faisaient aussi des piges pour "les grands disques de l'aventure" car j'ai reconnu des voix issues de Blake et Mortimer contre la marque Jaune et de Bob Morane contre l'ombre jaune aussi, bref la mort d'Orion c'est un artefact alien à nul autre pareil dans l'histoire de l'onirisme musical français, un geste d'une originalité et d'une audace comme il n'y en a qu'un par décennie et par galaxie...
Voici donc la version du cantique de fin d'album qui a fait fureur sur Terre_42 dans la saison 2 de Lésion, reprise par le farouche Farouk (dont nul n'ignore que c'est le pseudo scénique le plus usité de Gérard Manchié, et vu qu'il n'a plus de corps depuis la saison 1 de Lésion ce n'est guère étonnant qu'il ait de tels problèmes intestinaux) et l'abrasif Mark Lanegan, qui est décidément partout sauf là où on l'attend pour le Ramadan.



Je l'ai trouvée là, assortie de commentaires de l'intéressé.

http://gonzai.com/rencontre-avec-une-armoire-a-grace/

et la version Lanegan tout seul, en provenance de Terre_43



qui est encore plus meilleure, je trouve; apparemment, Lanegan s'est impliqué dans tellement de collaborations diverses ces dernières années, qu'il y aurait de quoi faire plusieurs compilations pour les regrouper, je ne sais pas ce qui m'empêche de faire une crise maniaque et de m'y mettre.

jeu. 24 février 2022

Fin de partie pour Mark Lanegan. C'est bien triste. 


Finalement, il semble que survivre à des addictions aussi puissantes que l'alcool ou l'héroïne ne rende pas immortel. 
En plus d'être triste, je suis déçu.
En tapant "Lanegan" dans le moteur de recherche interne de mon blog, il se passe des trucs. 
Ou pas.

jeudi 7 avril 2022

Guy Béart - 1966 - 1968 - La Vérité (2020)

La seule véritable vraie pochette de l'album authentique
dévoilant la Vérité de Guy Béart
 (attestée sur discogs devant huissier)
Une nouvelle compilation de chansons de Guy Béart ? Nan mais vous rigolez, ou bien ? après toutes celles que j'ai déjà chroniquées, en les truffant de blagues que je suis bien le seul à pouvoir décrypter ? Chroniques auxquelles on accède en sélectionnant #sauce béarnaise# dans les hachetagues de ce blog ? Vous rigolez moins fort, hein ? bon enfin, il faut bien que quelqu'un s'y colle, et ça sera mieux fait par moi que par vous. Au fil des z'ans devenus réglisse, le grand manteau de l'oubli a rabattu ses pans sur les laudateurs de Guitou, et je reste le meilleur seul dernier spécialiste mondial de son oeuvre anthume, quoique ultra-spécialisé dans la période 1966-68, parce que c'est les seuls disques de Guy qui passaient sur l'électrophone du salon. 

Première remarque : après toutes les anthologies consacrées au barde immortel déjà publiées, cette "nouvelle" compilation a un goût étrange au parfum de resucée. Seconde remarque : cette compilation, que je n'ai pas réussi à trouver ailleurs que sur internet, ce qui pose la question de sa réalité en tant qu'objet d'un éventuel discours discographique, ressemble comme le frère de lait d'un marchand de beurre à sa grande soeur "Les années Béart, Volume 5 : 1967-1968 (1987)" mais n'est pas tout à fait pareille, tout en n'étant guère dissemblable à bien des égards. Il y a de subtiles variations sur lesquelles le Temps n'aura plus Prise, l'auteur ayant rejoint les rangs des Non-vivants, alors y'a cabane. 

ceci est soi-disant la pochette de 
Les années Béart, Volume 5 : 1967-1968 (1987)
Et c'est tant mieux, car 
quiconque sort quelque chose de "nouveau" se condamne à voir son œuvre se flétrir dès l'instant Té de son émergence hors du vortex des virtualités possibles. Guy Béart avait lui-même paré cet écueil de la Nouveauté (Ontologiquement Démodable) en débutant sa carrière par les "Très vieilles chansons de France" relativement inoxydables même à l'époque, suivies par les "Nouvelles Très vieilles chansons de France", au cours desquelles il prenait un risque de péremption calculé. J'ignorais qu'à la même heure, Pierre Dac ironisait sur le dos de Jean-Marie Léopold Sallecomble "qui, après cinquante ans d'absence, revient à Villeneuve-la-Vieille, son village natal." L'eussé-je appris, je fusse été trop petit pour trouver ça drôle.

Et cette nouvelle compilation a le culot de s'appeler "La Vérité", mais moi j'étais là, j'ai tout vu, Guy était encore vivant quand j'ai commencé à écrire sur lui, et il n'est guère venu me démentir sur mon blog, et je puis vous dire que c'est pas toute la vérité. Dans l'intégrale "Les années Béart, Volume 5 : 1967-1968", y'avait une version éhontément tronquée de "La Vérité" (sa chanson phare de 1968) qui avait été amputée du dernier couplet. Nous avions mis à jour l'imposture avec un jeune collaborateur stagiaire de l'époque, et nous nous attendions à subir le sort des lanceurs d'alerte tel que prophétisé par Guy dans la chanson elle-même, ce qui aurait occasionné une mise en abîme du type boucles d'oreilles de La Vache Qui Rit du plus bel effet, mais l'omerta d'indifférence qui entourait la carrière déclinante de Guy avait pesé comme une chape de plomb sur notre révélation du scandale. Tous les détails en pages intérieures :

Ils ont beau l'attendre devant l'église, il ne viendra plus.
Pourtant, plutôt que de revisiter ad nauséam ses succès des années 60,
Guy Béart aurait préféré se présenter aux élections 2022,
car malgré la présence de deux candidats d’extrême-droite,
les gens sont déçus par une campagne assez plan-plan.

Ou alors tout le monde s'en foutait déjà au moins autant que maintenant, à l'heure où Joe Staline (le vrai) revient, et pas que dans Métal Hurlantà l'heure où tout le monde s'enrhume dans les courants d'air parce que quelqu'un a laissé la porte ouverte à la guerre froide, et au retour des années 60. Et donc à Guy Béart. A l'heure où nous sommes entrés dans un monde de post-vérité et de post-vergogne, où l'on peut enfin apprécier "La Vérité" comme l'album reflétant la meilleure période créative de Guy, si tu permets que je t'appelle Guy, GuyCette vérité dont Vladimir Jankélévitch disait qu'elle ne triomphe jamais, mais que ses ennemis finissent toujours par mourir. Et Guy Béart ajoutait, 50 ans avant les lanceurs d'alerte, qu'elle était inaudible :" Le premier qui dit se trouve toujours sacrifié / d'abord on le tue. Puis on s'habitue. On lui coupe la langue. On le dit fou à lier. Après sans problèmes / parle le deuxième. Le premier qui dit la vérité / Il doit être exécuté. "

Dans cette nouvelle compilation de vieilles chansons du troubadour imbu, je découvre "Tant de sueur humaine", une chanson qui n'était pas sur  "La Vérité" d'origine  : 

Tant de sueur humaine
tant de sang gâté
tant de mains usées
tant de chaînes
tant de dents brisées
tant de haines
tant d'yeux éberlués
tant de faridondaines
tant de turlutaines
(quand tu décris des atrocités immémoriales, c'est important de finir tes couplets par "turlutaines" ou "faridondaines", d'abord ça fait folk, et puis ça fait passer le merlan de l'indicible souffrance humaine.)
tant de curés
François de Closets ne se prenait pas pour Guy Béart,
et n'avait de cesse d'alerter contre les inflations de l'ego 
tant de guerres et tant de paix
tant de diplomates et tant de capitaines
tant de rois et tant de reines
tant d'as et tant de valets
tant de pleurs tant de regrets
tant de malheurs et tant de peines
tant de vies à perdre haleine
tant de roues et tant de gibets
tant de supplices délectés
tant de roues et tant de gibets
Cette mélopée chantée à cappella m'émeut, et si Guy était encore parmi nous il pourrait la chanter à tue-tête à Boutcha ou dans ce qu'il reste de Marioupol sans que les Russes puissent prétendre par la suite que les Ukrainiens se sont auto-suicidés d'une balle dans la nuque sous les gravats pour ne pas entendre ça. Car ce qui rend les gens circonspects par rapport à Guy Béart, c'est le fait qu'il se prenait pour Guy Béart, alors qu'il aurait pu se contenter de l'incarner, vu qu'il l'était, mais ça ne lui suffisait pas car l'égo est assoiffé de toujours plus, comme l'a fait remarquer François de Closets.

En plus de ce toujours plus, je découvre après-coup que si Guy la ramène moins que d'habitude dans "Tant de sueur humaine" c'est qu'il n'en est que l'interprète, au départ c'est un texte de Raymond Queneau. Avec une énumération en guise de narration, comme si on était dans les aventures de Vincent Delerm au Royaume du name dropping. 
Sans vouloir remonter jusqu'à la complainte du Progrès de Boris Vian, la ruse n'est pas nouvelle :

Guy Béart se lamentant 
de n'avoir pas osé bâtir de chanson
sur des énumérations
sauf dans "A Amsterdam" 

 

Pas mal de journées sont passées
Depuis que l’on s’est quittés
Pas mal de journaux sont parus
Depuis que l’on s’est pas vus
Pas mal de chambres d’hôtel ont vu le jour
Pas mal de bombes et pas mal de discours
(Manset)

Et les hommes chantaient :
"On a mangé des tonnes de viande,
Picolé des tonnes de tonneaux.
Combien d'orgasmes, on se l'demande, a-t-on atteint ?
Liz Taylor is rich on veut l'être aussi.
On f'ra tout c'qui faut pour ça ici.
Combien de guerres brûlantes en tout a-t-on éteint ?"
(Jonasz)



L'énumération, 
les chansons de SF délicieusement vintage
(et financées en sous-main par les Russes et le PCF)
de Guy Béart, entendues dans la saison 5
de The Expanse
ça marche toujours, et ça pourrait servir de modèle pour le devoir d'inventaire de l'existence de chacun, y compris l'espèce humaine, à J moins pas grand chose du Doomsday.
- Espèce humaine, vous dites que c'est pas de votre faute, mais celle de votre striatum, mais quand même, combien d'espèces se sont éteintes sous votre règne ? combien d'hectolitres de ressources fossiles dissipées dans l'azur, et de gigatonnes de CO_2 dans l'atmosphère ? - Guy Béart, combien de chansons dont on se souvient ? - Warsen, combien d'articles qui ne valaient pas l'arbre en silicium pour les imprimer sur écran ? etc...
L'énumération, sèche comme un bilan d'entreprise, sobre comme un poème de Raymond Queneau.


les chansons de SF outrageusement kitsch
(et sous influence du lobby de la NASA)
de Guy Béart, entendues dans les space-operas
post-apo d'Adrian Tchaikovski
Car je semble me moquer de Guy Béart depuis des éons, mais je continue d'écouter ses disques, alors qu'il est extrêmement moins béarnais (quoique plus musical) que Jean Lassalle. Guy Béart dont les chansons de science-fiction me fascineront, dix ans avant la naissance de Métal Hurlant, le vrai, quand il chante la mort de la Terre par le feu nucléaire et la continuation de la vie dans les colonies spatiales, (les enfants sur la lune) la surveillance généralisée (les collines d'acier) les guerres galactiques (Étoiles, garde-à-vous ! dont le titre servira à la publication du roman militariste Starship Troopers de Robert Heinlein, longtemps avant que Paul Verhoeven repasse dessus avec le tracteur). Alors pourquoi cette malédiction ancestrale ? Aucun ouvrage de référence sur sa vie, son oeuvre. Seuls de tristes vieillards composent des articles obscurs dans des fanzines miteux. 

Peut-être parce que chez Guy Béart, comme chez Polanski il faut  apprendre à distinguer l'homme de l'oeuvre : si l'homme avait l'air assez pénible, l'oeuvre est remarquable.

La compilation qui a mis le feu aux poutres :

https://www.mediafire.com/file/k0134ce8f6okjze/1966+-+1968.zip/file

Sa nomenclature en écoute gratuite :


https://www.discogs.com/fr/artist/648082-Guy-B%C3%A9art

L'absence totale de références scientifiques dans les précédents épisodes :


Onsanfou un peu, mais pour renforcer son côté post-vérité, j'antidate cet article, qui était censé sortir le jeudi de hier, mais que j'ai eu un peu de mal à écrire. (onsanfou totalgrave)