dimanche 4 décembre 2016

Gotlib est mort

On joue à un jeu con, avec un ami : c'est à celui qui envoie un mail ou un sms à l'autre le plus vite possible après la mort d'une célébrité dans le domaine artistique supposé référent commun (musique, cinéma, BD).
D'habitude c'est toujours lui qui gagne, parce qu'il reçoit des tas de flux d'info sur son smartphone, alors que mon paléofone n'est même pas relié à internet.
Mais là, en rentrant de la ballade hivernale, ma femme ouvre l'Ipad, et paf ! la mort de Gotlib, toute fraiche.
Un point pour moi, que du bonheur.
Et la photo toute pourrie, avec Goossens, toujours vivant, sur le site de Fluide Glacial.
Mon pote avait raté la mort du dernier frère Jacques la semaine dernière, aussi.
Il commence à m'inquiéter.
A part ça, ce billet est indigne.
Il ne rend pas hommage au génie de Marcel, qui a engendré à lui tout seul toutes les formes d’humour contemporaines sans jamais se résoudre à la méchanceté, et qui m’a accompagné un sacré bout de chemin, depuis Gai-Luron dans Pif Gadget jusqu’à Pervers Pépère dans Fluide Glacial, en passant par Rhaa Lovely dans l’Echo des Savanes.
Sans compter qu’il a introduit les Monty Python en France.
Salut, Marcel.


Un hommage émouvant de Goossens à Gotlib dans "Le romantisme est absolu".


Heureusement, la relève est assurée.


samedi 3 décembre 2016

Sabled Sun – 2148 (2016)


J’étais un rat normal, je craignais la lumière. 
J’écoutais Sabled Sun, tapi dans ma tanière.
(putains d’alexandrins, je devrais écrire des tragédies en vers)
Je me suis fait choper par un biologiste nommé Georges Ungar, désireux de tester ses hypothèses sur la transmission d'information culturelle par ingestion orale (non, pas tout à fait comme quand on se refile l’adresse de sites de download par la bouche ou sous le manteau)
A coups de décharges électriques, il a traité mon aversion pour la lumière, et m’a dressé à craindre l’obscurité, ce qui n’est pas très sympa et plutôt(1) contre-nature, mais bon, en tant que rat de labo, j’ai quand même la bouffe gratos, vaut mieux pas cracher dans la soupe quand on la reboit après.
Le résultat de cet apprentissage fut la production d’un peptide spécifique dans mon cerveau, qu’il appela scotophobine, (de skotos : obscurité et phobos : peur)…
Hé ouais, j’en connais des mots compliqués maintenant que j’ai été rééduqué, hein ?
Contraint à accueillir dans mes acides nucléiques une information opposée à celle que j’avais héritée de mes pères, je viole maintenant mes instincts de noctambule comme David Hamilton dérapait dans ses modèles prépubères au Cap d’Agde.
Et le plus fort de café, c’est que la scotophobine extraite de mon cerveau et injectée à des rats naïfs suscite les mêmes comportements, fait que eux aussi se mettent à fuir l'ombre, se plaire au grand jour et s'exposer idiotement aux initiatives de leurs prédateurs.
L'asservissement biochimique qui en résulte se nourrit en cercle fermé de sa propre substance : la crainte de l'obscurité produit la scotophobine qui engendre la crainte de l'obscurité.
Le résultat du conditionnement produit la substance qui renforçe le conditionnement.
Voilà pourquoi je ne peux plus écouter Sabled Sun.
Dommage pour moi.

https://cryochamber.bandcamp.com/album/2148

(1) le chien de mickey

mercredi 30 novembre 2016

Hommage tardif à What.CD




A côté de la musicothèque de What.CD, la Bibliothèque de Babybel était aussi pauvre dans ses choix que l’espace culturel Leclerc de Basse-Goulaine.
Géré par une équipe discrète, ce site était souvent considéré comme « la bibliothèque musicale définitive », comme le déplore un internaute sur le forum Reddit. Le service était réputé pour proposer les albums et morceaux les plus rares, introuvables ailleurs, avec des fichiers de la meilleure qualité possible.

Cette réputation de richesse, la communauté l’a également obtenue en fonctionnant de manière très fermée. Contrairement à des sites comme Megaupload, supermarché du piratage fermé en 2011, que n’importe qui pouvait utiliser. Pour rejoindre What.cd, il fallait soit être invité par un autre membre, soit passer une sorte d’entretien, par tchat, où l’on était interrogé sur ses connaissances en téléchargement, mais aussi en qualité de son, etc.

De nombreux internautes ont fait part de leur déception. Adrienne Charmet, coordinatrice des campagnes de la Quadrature du Net, une association française de défense des libertés numériques, a déploré sur Twitter la mort « d’un trésor ». « Nulle part ailleurs en ligne ou en magasins en France il n’y avait autant de diversité et de qualité », a-t-elle ajouté, regrettant « qu’en 2016 on [ne soit] toujours pas capable de comprendre que ce qui fait vivre la musique, c’est le partage »
. (Le Monde)

Je reste partagé sur ce mythe du partage.

Me revient en mémoire un sketch du regretté Patrick Font dans lequel il incarnait un ministre de l’Agriculture qui pêtait les plombs contre le productivisme :

« … on sait très bien que dans une communauté de 10 personnes, y’en a un qui travaille pour nourrir les dix autres, à tour de rôle, un jour sur dix. Alors quand les 52 millions de français auront compris l’absurdité du travail quotidien, quand la France sera devenue une immense communauté de 52 millions de gens… ON TRAVAILLERA UN JOUR SUR 52 MILLIONS !!!! »

What.CD, comme tous les sites de bittorent, c’était un peu ça aussi; une utopie nécessaire. J’achète un disque, je le rippe en FLAC, je le mets sur le serveur : le voici à la disposition de toute la communauté. Pas sûr que tous ceux qui l’apprécient aillent l’acheter à leur tour. Inquantifiable, et surtout inacceptable pour la monopolistique SACEM, gestionnaire inéquitable de la redistribution des richesses.

Indémerdable débat, comme je l'ai déjà évoqué ici pas plus tard que hier matin.

En attendant, les membres de What.CD, non contents d'être entièrement dévoués à la cause du partage, n'ont pas échangé que des fichiers, ils en ont aussi créé. 
Voici en exclusivité mondiale "The What CD Volume 3", une compilation de leurs oeuvres, mise en ligne peu de temps avant la fermeture du site.



Amen.
Requiescat In Paquets.
Surtout que tout ça, ça reste des problèmes de riches.

Epouvantés par la violence des combats qui opposent les troupes gouvernementales de la SACEM 
et les rebelles de What.CD, des milliers de Syriens fuient Alep.
Ils espèrent trouver refuge sur T.411, ainsi que des vivres, des sous-vêtements propres, 
et des uploads décents.

jeudi 17 novembre 2016

Chelle Rose : Blue Ridge Blood (2016)

Elle en a connu, des bises et des raclées.
Elle en a déroulé, du câble.
Son destin est édifiant.
http://exystence.net/blog/2016/11/14/chelle-rose-blue-ridge-blood-2016/
Le disque est agréable, sincère, et inspiré.
Elle me rappelle Lucinda Williams, avec une voix moins vieille.
Quoique entre sa photo de pochette et son vrai visage, y'a de la marge.
Le temps est cruel avec les jolies femmes, mais heureusement il est aussi impitoyable que Clint Eastwood avec les abrutis dans mon genre.

mardi 15 novembre 2016

Max Richter : Black Mirror - Nosedive (2016)

La très élégiaque musique que Max Richter composa pour l'épisode 1 de la saison 3 de Black Mirror.
C'est du classique minimaliste, il parait.
C'est bath.
Ce bon vieux Miror, pour faire les cuivres et le laiton, ça schmoutait grave.
Bien que çui-là soit black, pour décaper y décape.
A tel point que je n'ose pas regarder les autres épisodes, j'ai peur qu'ils soient moins bien.


http://www.mediafire.com/file/b61pm2ww732fqii/BM_ND.zip







Avant, pendant, après : 
Elle est passée au Black Miror,
et ça se voit.
Merci, Black Miror !







lundi 14 novembre 2016

Funki Porcini : Conservative Apocalypse (2016)

Y'a pas que le titre qui soit de circonstance.
De mémoire, Funki Porcini produit ces dernières années (il n'a pas toujours été comme ça) une musique downtempo suscitant une torpeur à la limite du coma politique.
Serait-il en train de se réveiller ?

"Made as a complete album rather than a collection of tracks, Conservative Apocalypse is a journey through the subconscious. I have experimented with augmenting recorded sound with electronic instruments to give atmosphere to commonplace situations, and originally the record was to be entitled Augmented Aurality. However due to the appalling lurch towards fascism that is taking place in the western world I thought it more appropriate to call the album Conservative Apocalypse after the eighth track. This was made deliberately as an accelerating train journey, I found a picture of the inside of a railway carriage that seemed particularly evocative and after cutting out the window, began the journey of creating the film. Nearly all the material was found online and patched together into this composite of a trip through our confused modern world. The slow start and acceleration of the ride I felt was analogous to how nasty social movements start."



https://funkiporcini.bandcamp.com/album/conservative-apocalypse


En complément de programme :




Je jure que je vais prendre le temps de les regarder, et d'en penser quelque chose que je viendrai pondre dans les commentaires. Mais pour l'instant je suis occupé à autre chose.



jeudi 10 novembre 2016

Alabama Shakes : Miss You (2015)



Si Otis Redding était blanche et pesait 120 kilogs, il chanterait dans les Alabama Shakes, et Donald Trump ne l'inviterait pas à chanter à la Maison Blanche comme Obama l'a fait.
J'aime bien la version studio, et puis j'aime bien la version live.
Merci à Michka Assayas, sans qui je resterais un gros plouc farci de pruneaux new age & dark ambient.




jeudi 27 octobre 2016

Loren Nerell - The Venerable Dark Cloud (2016)



https://projektrecords.bandcamp.com/album/the-venerable-dark-cloud

J'ignore pourquoi Loren Nerell m'apparait plus sincère et créatif dans sa démarche que tous les bras cassés qui vivent à la cour du roi Steve Roach et qui vivent au crochet des Assedic Spectacle de l'Oregon. Sans doute parce qu'il revendique une inspiration ancienne et qu'il a étudié la musique traditionnelle balinaise.
Toujours est-il que les fantômes de Brian Eno et Jon Hassell (période Fourth World Possible Music) planent gentiment sur ce disque qui ravira petits et grands amateurs de musique ambiente à base de nappes synthétiques indicibles et de tintements de clochettes.

samedi 15 octobre 2016

King Crimson – Radical Action To Unseat The Hold Of Monkey Mind (2016)

King Crimson s'est re-re-re-re-re-formé. Même pour un aficionado comme moi, c'est une fois de trop.
J'ai écouté l'album, j'ai regardé la vidéo du spectacle, en espérant retrouver la foi.
Rien.
Fripp a viré Adrian Belew, il a cru trouver un nouveau John Wetton en la personne d'un polonais au nom imprononçable mais qui s'y croit (c'est un peu normal vu qu'il y est), Bruford a pris sa retraite, et on a droit au patrimoine revisité.
Je n'ai pas besoin d'entendre une énième version de Lark's Tongue in Aspic Part 1, même parfaitement exécutée, et il est désormais inutile d'attendre un peu de créativité de la part d'une bande de mercenaires recrutés par le Coincé du Cul en chef, énigmatique despote aux lèvres éternellement crispées.
Je rends mon tablier, je jette l'éponge, je crache le bébé avec l'eau du bain.
Me voici passéiste et réactionnaire.
Tralalère.




C'était le bon temps