mercredi 11 novembre 2015

Cristal automatique - BabX (2015)

Le disque s'ouvre par une petite mélodie au piano, en majeur, d'abord un peu hésitante, murmurée en écho bouche fermée par Babx, puis elle prend de l'assurance et un peu d'ampleur, tandis que des fantômes de poètes disparus viennent y toaster dessus des fragments de phrases, qu'on entend comme une radio reléguée en arrière-plan sonore, à la limite du hors-champ perceptuel, radio qui serait écoutée distraitement par l'ouvrier taciturne qui enduit généreusement de chaux les murs massifs de la propriété toscane inondée de flaques d’un soleil incandescent à travers les trouées de la vigne vierge, tandis qu'on caresse de deux doigts hésitants le clavier du grand piano à queue de bois laqué blanc disposé face à la mer, en cherchant à se rappeler et à reproduire cette mélodie naïve entendue jadis.
...si ça ne tenait qu'à lui, l'ouvrier il aurait bien mis les Grosses Têtes sur RTL, quoique le sémillant Ruquier lui fasse regretter les grandes heures de Philippe Bouvard, mais le maitre de maison lui a interdit d’écouter autre chose que France-Culture.

Et puis soudain, roulement de tambour, et BabX, le possédé du Verbe, comme d'autres sont possédés du Démon, du Blog, ou du Démon du Blog, commence à éructer avec des intonations de muezzin qui aurait maté l'Exorciste la veille, sur un fond de tango funèbre entrechoqué à la Tom Waits :



Au gibet noir, manchot aimable, 
Dansent, dansent les paladins, 
Les maigres paladins du diable, 
Les squelettes de Saladins.

Messire Belzébuth tire par la cravate 
Ses petits pantins noirs grimaçant sur le ciel, 
Et, leur claquant au front un revers de savate, 
Les fait danser, danser aux sons d'un vieux Noël !

Et les pantins choqués enlacent leurs bras grêles 
Comme des orgues noirs, les poitrines à jour
Que serraient autrefois les gentes damoiselles
Se heurtent longuement dans un hideux amour.

Hurrah ! les gais danseurs, qui n'avez plus de panse !
On peut cabrioler, les tréteaux sont si longs !
Hop ! qu'on ne sache plus si c'est bataille ou danse ! 
Belzébuth enragé racle ses violons ! 


Après Thanatos, et c'est pas trop tôt, Eros entre en scène.
Mais c'est pour "La mort des amants".
Un guitariste qu'on jurerait fraichement sorti du tombeau du Jeff Buckley de son unique album anthume tisse des guitares hypnotiques. 
BabX se perche sur un demi-ton et ne le quitte plus.


Moins bien qu'en studio, mais gratuit.



Un extrait de l'album.

"On peut, après tout, vivre sans le je-ne-sais-quoi, comme on peut vivre sans philosophie, sans musique, sans joie et sans amour. Mais pas si bien."
V. Jankélévitch

Rimbaud, Verlaine, Baudelaire et autres vieux macchabbées à la Artaud sont donc conviés à cet étrange festin de poésie vivante.
Même les inrocks trouvent ça bien, ce qui ne veut pas dire qu'il en vendra beaucoup.
Vous en mangez souvent, vous, de la poésie ? 
En 2015 ?

L'occasion de rappeler notre engagement constant à voler des disques à l'étalage, la transgression des lâches que nous n'aurions guère osé faire dans notre prime jeunesse, rapines sans lesquelles nous pensions naïvement à l'époque que les artistes maudits auraient pu vivre décemment de leur art, et du coup leurs chansons auraient été sans doute moins bonnes.



Babx : le genre de mec, 
que quand tu lui dis "A table !", 
il arrive au moins un quart d'heure plus tard.
Ca se sent sur la photo.
Encore un fils à Pénible, bien chiant, tu vois.
Il commet néanmoins un disque épatant
 pour commémorer ce 11 Novembre, 
grande fête des Poilus..

Le disque idéal pour faire fuir vos amis en fin de soirée, comme dirait Télérama.

mardi 10 novembre 2015

Good Hearted woman - Hank Williams III




Putain, j'adore cette chanson.

Et les paroles !!
Les paroles !!

Il faut toujours se méfier des paroles, quand il y a trop de sucre dans la musique.

Country music at its finest :
En voilà une chouette chanson apte à donner bonne conscience à tous ces bâtards du MidWest et d'ailleurs pour continuer à se comporter comme des trous de balles avec leur femme en se disant qu'elle a le dos large.
Good hearted woman, c'est comme les doubitchous dans le Père Noël est un scumbag :
sous le nappage onctueux et entraînant en diable (en tant que femme, j'ai un faible pour la pedalsteel guitare et les violons campagnards quand ils sont déchainés comme ici), un coeur ranci et phallocrate, l'hypocrisie masculine conçue comme un hommage du Vice à la Vertu.
Yippie yeah, les amincies.

Pourtant, comme le disait en d'autres temps le Schtroumpf à lunettes, "c’est très simple d’ouvrir le cœur, pas besoin du kamasutra. Il suffit de regarder l’autre comme une fin en soi, et non comme un moyen (pour reprendre l’expression de Kant). De le voir comme un individu, comme une totalité, au lieu de le voir comme le moyen d’obtenir quelque chose pour soi (de la reconnaissance, des sous, du plaisir…). C’est d’ailleurs pour cette raison que les nanas sont frustrées. Elle sont là comme des huîtres et c’est les mecs qui doivent les ouvrir. Dès ce moment, le mec est considéré comme un moyen (le couteau qui va ouvrir l’huître), donc ça ne risque pas de marcher. D’où la frustration. On a juste pété le bord de la coquille, mais l’huître est toujours fermée. Si l’huître pouvait voir qu’elle a en face d’elle un individu, un vrai, ça irait beaucoup mieux. Et vice-versa. Si les mecs arrêtaient de voir les nanas comme des poubelles où déverser leur frustration, ça irait mieux aussi.
Les centres énergétiques s’ouvriraient naturellement si on arrêtait de les fermer et de les verrouiller comme les coffres-forts de la Banque de France. "

Allez, redonnez-moi un morceau de cette chose longue et molle.

lundi 9 novembre 2015

Tribute to ma femme - [JW Team] (2015)

Quoi ?
Qu'acousticai-je ?
Encore une compile pour ma femme ?
Je dois vraiment avoir quelque chose à me faire pardonner.
Mais quoi ?
La photo de sa vieille chatte pleine de poussière ?
Bon, d'accord, j'avoue que c'était assez malvenu, mais à part les couillons qui s'égarent sur mon blog au lieu d'élever leurs gosses dans le respect des enseignements du Bouddha, who gives a fuck ?
Ma compile lui a plu, je suis content.


dimanche 8 novembre 2015

Guy Béart : Je suis vivant et vous êtes morts (clap de fin)

Clique sur l'image, et il se passera un truc.
C'est l'automne.
Les vieillards ne passeront pas l'hiver, même celui qui a écrit "Feuille vole", cette redoutable antienne des années 60. (antienne = refrain, souvent bref et de préférence chanté, avant et après un psaume) :

"et moi, j'aime cette feuille qui voudrait voler, 
car qui ne veut pas voler est déjà enterré
Feuille, vole vole, tombe, tombe aussi. 
Pauvre feuille folle, merci !" 
Sic transit.

Evidemment, nul n'ignore aujourd'hui que Guy Béart était le pseudonyme de Philip K. Dick, que celui-ci avait choisi pour disparaitre de la scène publique et échapper au fandom SF, parce qu'il ne parvenait plus à écrire de SF sans glisser de nouvelles théophanies dedans, et ça l'agaçait.
C'est pourquoi il se contenta entre sa pseudo-mort en 81 et sa crise cardiaque sous pseudonyme le mois dernier, de trousser quelques ritournelles SF, que seuls les happy fews pouvaient décoder (la puce leur avait été mise à l'oreille par la pochette de disque que Moebius lui avait torchée entre deux crobards dégueulasses pour Inside Moebius, son décevant journal intime. Lui seul était au courant, et il emporta son secret dans la tombe.)


La preuve irréfutable de ce que j'avance.

Ce coup-ci, je crois bien qu'il est mort pour de vrai. 
Mais au fait, lequel des deux vient de disparaître ?
Est-ce le Guy Béart qui rédigea "Le dieu venu du Centaure", roman qui préfigure les affres et les D-Liss de la pornodépendance 30 ans avant l'apparition d'Internet sur Terre, ou le Dick qui composa "Les collines d'acier", redoutable ritournelle SF qu'il chanta à la fête de l'Huma en 71 ? 

Dans sa biographie très documentée, Emmanuel Carrère reste étrangement muet sur la question. 
En tout cas, c'est l'occasion inespérée de réécouter l'album qui me plaisait bien quand j'étais petit, et qui me plait toujours aujourd'hui.
Ca valait le coup d'en faire un gif animé, bondiou.
C'est dommage qu'il ne se déclenche qu'une seule fois, à l'ouverture de la page, ou en cliquant sur l'image ci-dessus. 
Mais nos ingénieurs sont sur le coup. 
Tout porte à croire que c'est un problème de cache.
Nous vous tiendrons informés d'heure en heure.



L'album hyper-secret de Dick Béart :

http://www.mediafire.com/download/dqboobi6boq7gll/LAB_Vol4.zip

Ne ratons pas une occasion de  nous monter le bourrichon, en évoquant nos précédents travaux sur le Très Saint Homme.

http://jesuisunetombe.blogspot.fr/2014/08/les-annees-beart-volume-4-1965-66.html

http://jesuisunetombe.blogspot.fr/2009/12/guy-beart-nest-pas-mort.html

Repose en pé, guy.
Désolé d'avoir lâché le morceau sur ta nécro, phil.

Je vous lèche, parce que j’entends l’ambulance arriver et je vois les infirmiers en sortir, ils n’ont pas l’air très contents et il va falloir que je vous quitte.

samedi 7 novembre 2015

I shall be no more - Coph Nia (2003)




Les mystères de la foi...
Repéré il y a quelques mois sur novaexpress, I Shall be no More m'a bien fait marrer.
La chanson aurait pu être écrite par le Cioran de "De l'inconvénient d'être né".
Mais j'ai mis quelques temps à fouiner plus avant, et à être un peu déçu ...



J'ai trouvé Tree of Life and Death assez ennuyant, pour du dark ambient.
Notre nouvel ami Coph Nia prétend avoir foi dans les Ténèbres.
C'est son choix.
Je trouve dommage de ne pas avoir toujours les moyens de sa prétention :
on voit vite les ficelles de sa petite tambouille.






vendredi 6 novembre 2015

Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée

La société nous rend malade par son absence de sens, puis elle nous vend des médicaments pour abréagir les symptômes les plus gênants socialement.
Justement, je dois faire face à une grève-surprise des pharmaciens.
Plus d'antidépresseurs à se mettre dans le cornet.
Fini de rire.
Retour aux fondamentaux.
Nous cessons de diffuser jusqu'à ce que nos non-revendications soient satisfaites, ce qui risque de prendre un moment.
Plus sérieusement, c'est un peu agaçant d'avoir des idées, de les mettre en ligne, puis de revenir dessus parce que je ne suis pas allé au bout.
Ca fait sérieusement baisser ma productivité.
Je fais une pause pour finaliser mes prochains articles avant diffusion en prime time.
Comme je le lis ici, "Vouloir nous brule et pouvoir nous détruit, mais savoir laisse notre faible organisation dans un perpétuel calme".


Franchement, des fois je ferais sans doute mieux
de regarder la télé plutôt que de débloguer.


mercredi 4 novembre 2015

Early man - Steve Roach (2001)



Un trilobite, des zigouigouis australiens...
tout est bon pour faire marcher le commerce new age.
Ceci dit, l'album est richement tissé d'ambiances organiques à souhait.
Je ne prétends pas que son écoute répétée me précipite dans le Temps du Rêve, mais c'est assez plaisant.
http://www.mediafire.com/download/4tdjo4fjjd3tx22/SR_ER.zip

lundi 2 novembre 2015

Tends ta kühle et prends la mienne...

Ne me demandez pas comment j'ai atterri sur la planète des tentacules, je n'en sais fichtre rien.
Ce qu'on appelle le cinéma bis, ou les films de série Z, en regrettant au passage que l'alphabet n'ait que 26 lettres, possède ses thuriféraires.
Je m'en doutais un peu, mais je n'avais jamais mis le pied dans la termitière.
Et quand je dis le pied...

Les deux premiers, c'est un peu "Mon canard est mort, mais mon chien a vu Dieu".

http://www.myduckisdead.org/?zx=21fd03578b9e01d

http://muaddib-sci-fi.blogspot.fr/2015/10/le-chien-qui-vu-dieu-1970-fr.html

Après, ça part en live...

http://humungus-cinebisart.blogspot.fr/2015/05/mise-jour-les-diables-1971-nouveau.html

http://humungus-cinebisart.blogspot.fr/2015/11/doc-cinema-perverso-le-merveilleux.html#more

http://lantreauxintrouvables.blogspot.fr

http://atreyucinema.blogspot.fr


http://pizzakroscope2.blogspot.fr

dimanche 1 novembre 2015

Vive la Toussaint



Le mois dernier, j'hésitais sur le message à graver dans le marbre de mon ultime post.
Comme disait Roland Topor dans "100 raisons de se suicider tout de suite" : 
26. Pour que la prochaine Toussaint soit ma fête.